REALISATEUR
Basil Dearden
SCENARISTES
Angus McPhail et Diana Morgan, d’après la pièce de Denis Ogden
DISTRIBUTION
Françoise Rosay, Tom Walls, Mervyn Johns, Glynis Johns…
INFOS
Long métrage britannique
Genre : drame/fantastique
Titre original : The Halfway House
Année de production : 1944
Plus connu pour ses classiques de la comédie britannique (Noblesse Oblige, De l’or en barres…), le studio Ealing a aussi eu sa période « films de guerre » pendant le second conflit mondial et on leur doit également l’un des films fantastiques les plus importants des années 40, l’excellent Au coeur de la nuit. C’est un genre que le studio n’a pas souvent visité mais un an avant Au coeur de la nuit, Basil Dearden et Alberto Cavalvanti, deux des principaux auteurs de la maison Ealing, avaient déjà travaillé sur The Halfway House (L’Auberge Fantôme en version française), une histoire de revenants au ton particulier avec la Seconde Guerre Mondiale pour toile de fond.
S’il ne vaut pas Au coeur de la Nuit, ce premier essai de Basil Dearden dans le fantastique a de jolies qualités à faire valoir. Le premier acte souffre tout de même de quelques lenteurs. On assiste à la présentation des personnages qui vont tous converger vers « l’auberge fantôme » du titre. Il y a d’abord David Davies, un célèbre chef d’orchestre, un homme épuisé qui se voit ordonner par son médecin de prendre du repos car s’il continue son rythme infernal de concerts autour du monde, il pourrait bien n’avoir plus que trois mois à vivre. En instance de divorce, le couple Richard et Jill French se disputent sur l’éducation à donner à leur fille.
Le capitaine Fortescue est libéré de prison, après être passé en cour martiale pour avoir volé les fonds de son régiment. Oakley est un profiteur de guerre qui préfère s’éloigner de Londres pendant un temps. Dans un port du Pays de Galles, le marin Harry Meadows et sa femme Alice (jouée par la française Françoise Rosay, vue notamment dans Drôle de drame de Marcel Carné) se déchirent après la mort de leur fils, tué par les nazis. Et la jeune Margaret est déçue par le comportement de son fiancé, un diplomate irlandais préférant rester neutre dans la situation actuelle…
Tout ce beau monde est mystérieusement attiré vers la même région et ils font halte dans une auberge de la campagne galloise. Quelque chose d’étrange émane de cet endroit. Déjà, l’auberge semble sortir de nulle part et d’après les informations de Mr Davies, celle-ci avait été détruite dans un bombardement un an plus tôt. Les voyageurs s’installent tout de même, ce qui est l’occasion de quelques bonnes petites interactions entre les protagonistes, certaines amusantes, d’autres un peu moins…
Le réalisateur Basil Dearden prend donc son temps mais cela permet de bien connaître les personnages et la deuxième partie du métrage est plus intéressante. J’aime notamment la façon dont le fantastique est suggéré dans ce coin bucolique. C’est fait assez subtilement, par l’utilisation d’un miroir qui ne renvoie pas l’image du propriétaire des lieux, par l’absence d’ombre de sa fille lorsque celle-ci se promène au soleil…pas besoin d’en faire trop, l’interprétation des acteurs fait le reste…
Comme je m’en doutais un peu vu les indices disséminés, le final prend des allures de conte moral un petit peu trop appuyé…mais encore une fois, les choix de mise en scène et le beau noir & blanc donnent à ces derniers instants une atmosphère irréelle, presque « hors du temps », portée par la vision mélancolique et touchante d’un père et de sa fille réunis au-delà de la mort.