REALISATEUR
Robert Young
SCENARISTE
Judson Kinberg
DISTRIBUTION
Adrienne Corri, Anthony Higgins, John Moulder-Brown, Lynne Frederick, David Prowse…
INFOS
Long métrage américain
Genre : horreur
Titre original : Vampire Circus
Année de production : 1972
Comme je l’ai déjà mentionné dans mes précédents billets sur les films de la Hammer, les années 70 furent compliquées pour le studio, entre perte progressive de financements américains et suite d’échecs au box-office. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a rien d’intéressant dans les productions de cette période, même si on voit que les grands patrons (la famille Carreras) avaient un peu de mal à s’écarter de leurs recettes habituelles. Leur cycle vampires en témoigne…malgré ses réticences, Christopher Lee avait repris le rôle de Dracula dans une série de longs métrages le plus souvent assez décevants, très loin des qualités des premiers volets de la franchise réalisés par Terence Fisher.
C’est dans les autres métrages consacrés aux suceurs de sang que l’on pouvait trouver un peu plus d’inventivité, tels la trilogie Karnstein, Capitaine Kronos Tueur de vampires (un des mes Hammer préférés) et ce Cirque des Vampires, que James Carreras a rechigné dans un premier temps à tourner car il le trouvait trop vulgaire. Le projet a tout de même reçu le feu vert tout en jouant l’économie : pas de têtes d’affiches habituelles de la Hammer au générique, que des acteurs le plus souvent cantonnés aux seconds rôles (dont fait partie David Prowse, le futur Dark Vador), et de nombreux décors recyclés (ce qui était devenu une habitude).
Au XIXème siècle, les habitants d’un petit village serbe trouvent enfin le courage de se débarrasser du comte Mitterhaus, un vampire qui terrorisait les environs depuis bien trop longtemps, en s’en prenant aussi bien aux femmes qu’aux enfants. Avant de succomber, le comte maudit les villageois et leur descendance. Quinze ans plus tard, les notables de Schtettel se rappellent de ces funestes paroles lorsque la peste s’abat sur eux. La petite localité est mise sous quarantaine…jusqu’à l’arrivée d’un étrange cirque…
Dès ces premières minutes, le film est plongé dans une atmosphère sombre, désespérée, avec ces visions d’un village désolé en proie à la maladie, ces corps transportés dans des charrettes sous les yeux d’habitants fatigués. Le cirque représente la promesse de divertissements parfaits pour oublier les soucis du moment le temps de plusieurs nuits…mais ces artistes de la nuit, en fait liés au comte Mitterhaus, sont là pour se nourrir des spectateurs et de leurs enfants, ce dernier point renforçant encore plus la noirceur du récit…
Certains éléments peuvent faire penser à La Foire des Ténèbres de Ray Bradbury, notamment par la présence des deux enfants attirés par les mystères que renferment les attractions du cirque. Mais la comparaison s’arrête là. Pour son premier long métrage, le réalisateur Robert Young (qui a ensuite principalement travaillé pour la télévision) alterne entre ambiance onirique et scènes sulfureuses (la danse lascive de la femme tigre par exemple, troublante même si elle ne sert pas à grand chose) et ne recule pas devant le gore (les cadavres bouffés par les vers, l’affrontement final…).
Le Cirque des Vampires a ses faiblesses, il y a quelques raccourcis qui sont peut-être dus aux conditions de tournage (Robert Young avait dépassé ses délais et la Hammer a arrêté les frais alors qu’il restait encore des plans à tourner) mais malgré ses défauts, ce qui est devenu l’une des dernières incursions de la Hammer dans l’univers vampirique ne manque pas de fulgurances fascinantes.