REALISATEUR & SCENARISTE
Brian Clemens
DISTRIBUTION
Horst Janson, John Cater, Caroline Munro, John Carson, Shane Briant…
INFOS
Long métrage britannique
Genre : horreur
Titre original : Captain Kronos, Vampire Hunter
Année de production : 1974
Au début des années 70, la Hammer, légendaire studio pourvoyeur de grands films gothiques, est en perte de vitesse. Les échecs se multiplient et les investisseurs américains ne se bousculent plus au portillon. On peut même dire que les recettes de la Hammer se sont faites ringardisées par le renouveau de l’horreur U.S. (l’hallucinant La Nuit des Morts-Vivants ou encore L’Exorciste de William Friedkin). Michael Carreras, jusque là réalisateur et producteur, prend donc les rennes d’une firme moribonde, mais qu’il va s’échiner à essayer de sauver. Cela passe notamment par des tentatives de transposer Dracula à l’époque moderne, via Dracula 73 et Dracula vit toujours à Londres, mais Christopher Lee n’y croit plus. Carreras tente également les mariages les plus improbables avec un parteneriat avec les chinois de Shaw Brothers. Cela donne La Légende des sept vampires d’or (1974), dans lequel Peter Cushing reprend une nouvelle fois le rôle de Van Helsing pour combattre Dracula (qui n’est plus incarné par Lee qui a jeté l’éponge) en Chine. Ce sera le dernier long métrage de la longue série des Dracula de la Hammer, qui n’en a pourtant pas fini avec les vampires puisque sortira la même année (alors qu’il a été tourné deux ans auparavant) un certain Capitaine Kronos, tueur de vampires.
À l’origine de Capitaine Kronos, il y a Brian Clemens, une figure très importante du petit écran british. Parmi ses titres de gloire, il faut citer la mythique série Chapeau Melon et Bottes de Cuir, qu’il accompagna dès son pilote et dont il fut le producteur et le responsable de l’écriture pendant plusieurs saisons. Il créa également Les professionnels, succès qui dura 5 saisons. Pour la Hammer, il avait écrit une intéressante variation du roman de Stevenson, Dr Jekyll et Sister Hyde. Il propose donc à Carreras le concept du Capitaine Kronos, déclinable selon lui sous la forme de suites et d’une série télévisée. Mais il tient avant tout à réaliser lui-même la première aventure cinématographique de sa création.
Le capitaine Kronos et son acolyte le professeur Grost, des chasseurs de vampire professionnels, sont mandatés par un de leurs amis, le Dr Marcus. Celui-ci leur révèle que des jeunes filles des alentours ont été mystérieusement assassinées. Toutes les traces portent à croire qu’elles ont été tuées par un vampire. Mais celui-ci ne fait pas que boire leur sang…il absorbe leur énergie vitale, leur jeunesse !
Dans Capitaine Kronos, les éléments d’horreur gothique qui ont fait le succès de la Hammer sont toujours présents, mais Clemens leur donne un coup de fouet en injectant plusieurs influences, du western (Kronos a quelques caractéristiques du cow-boy à la Eastwood…et on a même droit à une bagarre de taverne, qui remplace ici le bon vieux saloon) au film de samouraï en passant par le film de cape et d’épées. Kronos est un héros dans le style swashbuckler, toujours par monts et par vaux à défendre les plus faibles contre les créatures des ténèbres suite à un drame personnel. C’est une figure héroïque un peu plus portée vers l’action et qui tranche avec les vieux médecins à la Van Helsing. L’allemand Horst Janson, qui manque tout de même un chouïa de charisme, l’interprète avec la présence physique nécessaire. Le savant est ici l’acolyte bossu, le professeur Grost, aussi sympathique que dynamique malgré sa difformité objet de moqueries. John Cater livre une excellente composition, jusque dans les aspects les plus touchants du personnage.
Et puis il y a la présence féminine assurée par la magnifique Caroline Munro alias Carla, que Kronos libère du pilori au début du long métrage et qui le suit alors dans son enquête tout en réchauffant sa couche (petite touche d’érotisme joliment suggérée par la réalisation).
Dans son scénario, Clemens joue avec les figures établies du vampirisme et en propose ses variations afin de se libérer des clichés d’usage, notamment au travers de tatonnements et d’expérimentations pour trouver le meilleur moyen de tuer ces créatures surnaturelles. Malgré un petit faux rythme (qui n’est pas gênant), l’enquête de nos chasseurs est bien menée, ponctuée de rebondissements et de fausses pistes, jusqu’à un final surprenant et un duel d’escrimeurs bondissant chorégraphié par un maître du genre, William Hobbs (Les 3 Mousquetaires, Les Duellistes…)…
Capitaine Kronos n’est pas un film parfait, loin s’en faut. Le petit budget alloué à la production a limité son réalisateur/scénariste : peu de figurants, des intérieurs peu travaillés, des maquillages très peu convaincants…mais Clemens a su tirer parti de ces moyens modestes et se servir de ses décors naturels de campagne isolée pour créer des ambiances sombres à souhait (ce qui se ressent notamment lors des scènes se déroulant au cimetière).
Ne manquant pas de trouvailles enthousiasmantes tant au niveau du scénario que de la réalisation, Capitaine Kronos, tueur de vampires fait (en ce qui me concerne, bien entendu) oublier ses menus défauts pour apprécier ce qui reste l’un des films les plus originaux de la Hammer. Jouant avec les références diverses tout en trouvant sans peine sa véritable identité, Capitaine Kronos n’aura pourtant pas rencontré son public et n’aura donc pas connu d’autres aventures. Mais celle-ci ne manque pas d’intérêt…
…et puis il y a Caroline Munro…