Drame
Long métrage américain
Réalisé par Tod Browning
Scénarisé par Waldemar Young d’après une histoire de Tod Robbins
Avec Lon Chaney, Mae Busch, Matt Moore, Victor McLagen, Harry Earles…
Titre original : The Unholy Three
Année de production : 1925
Le Club des Trois débute dans un spectacle de foire, une attraction mineure où les artistes répètent inlassablement les mêmes tours (endroit fortement associé au cinéma de Tod Browning). Il y a notamment Echo, le ventriloque incarné par Lon Chaney (surnommé L’Homme aux Mille Visages); le colosse Hercule, rôle revenu au massif Victor McLagen qui sera ensuite l’un des acteurs fétiches de John Ford et le nain Tweedledee, qui marque la première apparition à l’écran de Harry Earles dont Tod Browning fera l’une des têtes d’affiche de son mémorable Freaks, la monstrueuse parade.
Mais Tweedledee en a marre qu’on se moque de lui et tout dégénère le jour où il frappe un gamin au visage (c’est furtif mais on voit bien le sang, ce qui montre bien qu’Hollywood était encore dans sa période pré-Code Hayes). Echo propose alors à ses compères une idée de génie, former une association criminelle…Tod Browning fait un excellent usage du contraste entre ombres et lumières pour cette scène qui montre la création des Unholy Three, le Club des Trois en V.F., même s’ils ne seront pas vraiment trois puisque Echo ajoute aussi sa petite amie pickpocket Rosie dans l’équation…
Le plan de Echo est tout de même assez absurde. Il se fait passer pour une vieille dame (ce que fera également Lionel Barrymore dans Les Poupées du Diable du même Browning) qui dirige une boutique de vente d’oiseaux, ce qui lui permet de repérer des clients fortunés qu’il ira ensuite voler avec ses complices. Sa prochaine cible est un magnifique collier mais alors qu’il est retenu à cause de l’idylle entre Rosie et son vendeur Hector, les choses dégénèrent quand Hercule et Tweedledee se chargent du larcin eux-mêmes, tuant leur richissime cible par la même occasion…
Les Trois décident alors de faire porter le chapeau à Hector et ils partent se cacher en emmenant avec eux le singe gigantesque que Echo gardait enfermé dans son arrière-boutique. Oui, un singe dans une oisellerie…ça devait être une mode car il y avait beaucoup de primates dans le cinéma américain des années 20 aux années 50. Devant le désespoir de Rosie, folle amoureuse du sage Hector, Echo va prendre une importante décision…
Il y a tellement d’éléments bancals dans cette histoire que Le Club des Trois ne devrait pas fonctionner et pourtant Tod Browning a su concocter un cocktail efficace de suspense, d’humour, de romance et de drame tout en s’attachant à ses thèmes réguliers de l’identité, de la dualité et de la différence. L’interprétation des quatre acteurs principaux est excellente…Harry Earles est peut-être le plus vicieux du lot en précurseur du Baby Herman de Roger Rabbit, Victor McLagen est très bon en Hercule qui en a assez qu’on le prenne pour un idiot et Mae Busch, au visage si expressif, est touchante en voleuse qui veut changer de vie.
Et bien sûr, il y a Lon Chaney, toujours impeccable, passant par toutes les émotions jusqu’à sa très belle dernière scène. Il réussit même à exprimer le talent de ventriloque de son personnage dans un film pourtant muet…et sur ce point, Tod Browning a également trouvé une idée visuelle aussi simple que savoureuse…