REALISATEUR
Tod Browning
SCENARISTES
Garett Ford, Guy Endore et Erich Von Stroheim, d’après une histoire de Tod Browning et un roman de Abraham Merritt
DISTRIBUTION
Lionel Barrymore, Maureen O’Sullivan, Frank Lawton, Rafaela Ottiano…
INFOS
Long métrage américain
Genre : fantastique
Titre original : The Devil-Doll
Année de production : 1936
Paul Lavond, un banquier accusé à tort d’escroquerie et de meurtre 17 ans auparavant, s’échappe du bagne de Devil’s Island avec Marcel, un scientifique qui a créé une formule capable de réduire la taille des êtres vivants…dans un but purement humanitaire (d’après lui, si la Terre est peuplée de personnes de petites tailles, ses ressources naturelles dureront plus longtemps). Le problème est que le processus endommage le cerveau des sujets (principalement des chiens) qui devienne alors facilement contrôlables.
Un soir fatal, Marcel et sa compagne Malita font leur première expérience sur un être humain…mais celle-ci se passe mal et Marcel meurt alors d’une crise cardiaque. Malita demande à Paul Lavond de l’aider à poursuivre l’oeuvre de Marcel…mais le banquier a d’autres plans pour ces « poupées du diable »…
Le décès du producteur Irving Thalberg et l’échec de Freaks, la Monstrueuse Parade, chef d’oeuvre maudit s’il en est, précipitèrent la fin de carrière de Tod Browning (L’Inconnu, Dracula…), qui n’a pu par la suite imposé ses propres projets. Il n’a ainsi réalisé que 4 autres longs métrages, et pour deux d’entre eux (dont Les Poupées du Diable) son nom n’a même pas été crédité au générique U.S., avant de se retirer du monde du cinéma en 1939.
Après le drame Fast Workers et le film d’horreur (même si le twist final peut questionner cette classification) La Marque du Vampire, Browning avait l’intention de réaliser une adaptation du roman de Abraham Merritt, Burn Witch Burn, mais il se heurta aux restrictions du Code Hays nouvellement promulgué et ses idées furent rejetées.
Le scénario de ce qui deviendra Les Poupées du Diable a été retravaillé par plusieurs auteurs, dont l’impressionnant réalisateur/scénariste/acteur Erich Von Stroheim (La Grande Illusion), ce qui donne un mélange de genres aussi fascinant que pas toujours convaincant, la science-fiction absurde se substituant rapidement à l’horreur surréelle avec une touche de drame social et romantique.
C’est justement ce dernier aspect qui fonctionne le moins. Pour retrouver ceux qui l’ont jeté en prison, Paul Lavond se déguise en vieille femme propriétaire d’un magasin de poupées et se sert de ses « poupées vivantes téléguidées » pour assouvir sa vengeance. Mais Lavond tente aussi de se rapprocher de sa famille et particulièrement de sa fille qui le déteste (Maureen O’Sullivan, la Jane de Johnny « Tarzan » Weissmuller). Celle-ci est pauvre et travaille pour un salaire de misère dans une blanchisserie, ce qui ne lui permet pas d’envisager un mariage avec son petit ami chauffeur de taxi. Une sous-intrigue ennuyeuse et qui est au centre d’une dernière scène pour le moins décevante.
Les scènes fantastiques sont les plus soignées : les effets spéciaux restent d’une très bonne qualité pour l’époque, avec des incrustations réussies dans l’ensemble et la conception de décors gigantesques afin de jouer sur les échelles. L’imagerie est saisissante et l’atmosphère étrange est efficacement déployée par la réalisation de Tod Browning.
En tête d’affiche, l’excellent Lionel Barrymore, membre d’une grande famille de comédiens (il était le frère de John Barrymore et le grand-oncle de Drew Barrymore), livre une savoureuse composition dans le rôle de Paul Lavond, qui passe une grande partie du film déguisé en vieille dame…tel(le) une Mrs Doubtfire avant l’heure !