LE METRO DE LA MORT (Gary Sherman)

REALISATEUR

Gary Sherman

SCENARISTE

Ceri Jones, d’après une histoire de Gary Sherman

DISTRIBUTION

Donald Pleasence, Norman Rossington, David Ladd, Sharon Gurney, Hugh Armstrong, Christopher Lee…

INFOS

Long métrage britannique
Genre : horreur
Titre original : Deathline (UK) / Raw Meat (USA)
Année de production : 1972

À la fin du XIXème siècle, des ouvriers (hommes et femmes) payés une misère pour creuser les galeries du futur métro de Londres se sont retrouvés coincés suite à un éboulement. L’entreprise en charge des travaux a fait faillite et personne ne s’est donné la peine de les sauver. Au milieu des rats et de la pourriture, ils ont fondé une communauté souterraine consanguine, qui pratique le cannibalisme pour survivre. Les années passant, le Londres moderne s’est littéralement érigé sur ces pauvres gens, des « esclaves » de l’époque victorienne dont les vies ne valaient pas un sauvetage. Et les Londoniens qui ont le malheur de se retrouver seuls dans les couloirs du métro servent depuis de repas à cette « famille » dégénérée…

Ces cas de disparitions n’ont jamais été résolus…mais un soir, un homme d’apparence distinguée venu s’encanailler dans les bas-quartiers est retrouvé sans vie par un couple d’étudiants. Lorsqu’ils reviennent avec un agent de police, le corps n’est plus là. Il s’avère qu’il s’agissait d’un haut-fonctionnaire décoré de l’Ordre de l’Empire Britannique. L’inspecteur Calhoun est chargé de l’enquête…

La légendaire Hammer a dominé le cinéma horrifique britannique pendant deux décennies, mais au début des années 70, ses recettes habituelles se sont retrouvées en quelque sorte ringardisées par le renouveau de l’horreur venu des Etats-Unis, représentées par des films comme Rosemary’s Baby ou le traumatisant La Nuit des Morts-Vivants. Pendant que la Hammer s’obstinait encore et toujours à produire des Dracula en transposant le célèbre comte à l’époque moderne, un long métrage comme Le Métro de la Mort (connu en V.O. sous deux titres différents, Deathline dans son pays d’origine, Raw Meat pour l’exploitation américaine) offrait une rupture avec le modèle gothique classique.

Evoquant avec quelques années d’avance les atmosphères de longs métrages comme Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper et La Colline a des yeux de Wes Craven, Le Métro de la Mort est la première réalisation de l’américain Gary Sherman, principalement connu pour les films d’horreur Réincarnations et Poltergeist 3 (ainsi que pour le film d’action Mort ou vif, dans lequel Rutger Hauer incarne le descendant de Josh Randall, le chasseur de primes joué par Steve McQueen dans la série télévisée Au nom de la loi) avant que sa carrière ne redevienne plus confidentielle passée la fin des années 80.
Il a tourné ici en décors naturels et s’est révélé particulièrement inspiré dans la représentation d’un Londres poisseux et la description des détails sordides de la vie du dernier survivant des emmurés vivants.

L’une des scènes les plus réussies se situe au début du récit : la caméra glisse sur des restes humains, festin dont se régalent des énormes rats, avant de s’attarder sur un homme visiblement malade (il est couvert de pustules et on apprend plus tard qu’il est atteint de la peste) qui pleure sa compagne qui semble sur le point de rendre son dernier soupir. Il essaye de la stimuler en coupant la gorge de sa dernière victime et en faisant couler tendrement le sang dans sa bouche, mais c’est peine perdue.
Elle est morte, il est seul. Ses cris retentissent alors que la caméra s’éloigne, se perdant dans le labyrinthe des tunnels…troublant, dérangeant et très, très efficace…

L’un des aspects les plus intéressants du scénario est que la caractérisation de l’Homme, tel qu’il est désigné dans le générique, est empreinte d’un certain pathos…une véritable tristesse se dégage de cette caricature d’être humain, ce « Fantôme du Métro » qui n’a jamais vu la lumière du soleil et qui pourrit sur place. Mais l’étrange tendresse dont il peut faire preuve ne l’empêche pas bien sûr de planter une pelle dans la tête d’un homme…faut bien bouffer…

La partie « enquête » est la moins réussie du métrage…elle traîne un peu trop en longueur et certaines bifurcations sont totalement inutiles (comme la courte apparition de Christopher Lee, présent à l’écran à peine 3 minutes, peut-être pour profiter de l’aura commerciale de son nom). L’intérêt vient surtout de l’interprétation de Donald Pleasence (Halloween), qui se paye les meilleures répliques et qui est absolument excellent dans le rôle de l’inspecteur Calhoun, tour à tour sérieux et drôle, chaleureux et grincheux et surtout d’une ironie grinçante. Un sacré personnage pour une prestation absolument savoureuse !