REALISATEUR
Harry O. Hoyt
SCENARISTE
Marion Fairfax, d’après le roman de Arthur Conan Doyle
DISTRIBUTION
Wallace Beery, Bessie Love, Lloyd Hughes, Lewis Stone…
INFOS
Long métrage américain
Genre : aventures/fantastique
Titre original : The Lost World
Année de production : 1925
À l’aube du XXème siècle, le jeune Willis O’Brien quitta le domicile familial pour une vie de nomade. Pendant une dizaine d’années, il exercera de nombreux petits boulots. L’un de ces jobs, guide pour des paléontologues dans la région de Crater Lake, sera le déclencheur de sa passion pour ces grands monstres qui ont régné sur Terre avant l’apparition de l’Homme.
O’Brien était également artiste. Il s’adonnait notamment à la sculpture durant son temps libre et eut un jour l’idée d’animer image par image un dinosaure et un homme préhistorique avec l’aide d’un ami cameraman. Convaincu par ce bout d’essai, un exposant de la Grande Foire de San Francisco financa le tout premier film de Willis O’Brien, un court métrage d’animation d’une dizaine de minutes intitulé The Dinosaur and the missing link : A Prehistoric Tragedy (1915), que les plus curieux d’entre vous peuvent retrouver ci-dessous.
Impressionné par le résultat, Thomas Edison engagea Willis O’Brien afin de réaliser une série de bobines avec la préhistoire pour thème commun. Au début composés entièrement de personnages entièrement créés par ses soins, les oeuvres de l’artiste mêlèrent par la suite acteurs et créatures en stop-motion. Mais les conditions de travail de plus en plus difficiles, comme ses relations conflictuelles avec certains membres de l’équipe d’Edison (et surtout Herbert M. Dawley qui a charcuté et revendiqué la paternité des effets spéciaux de The Ghost of Slumber Moutain), sonnèrent le glas de cette période de la carrière de Willis O’Brien.
L’étape suivant fut tout naturellement le long métrage…et un film qui fut précurseur dans de nombreux domaines, Le Monde Perdu de Harry O.Hoyt.
Basé sur le roman de Sir Arthur Conan Doyle (qui apparaît rapidement à l’écran), Le Monde Perdu suit l’expédition du Professeur Challenger, prêt à tout pour prouver à une communauté scientifique particulièrement sceptique que les dinosaures existent. Le scénario reprend les grandes lignes du roman tout en incorporant quelques changements, comme un triangle amoureux qui permet d’assurer une présence féminine à l’expédition Challenger. Dans le rôle du professeur, l’exubérant Wallace Beery vole la vedette à ses congénères grâce à une interprétation pleine d’emphase et qui ne manque pas d’humour.
Mais le clou du spectacle reste ce Monde Perdu auquel Willis O’Brien et ses nouveaux collaborateurs Richard et Marcel Delgado ont donné vie. Depuis ses premiers courts métrages, O’Brien a amélioré sa technique et est passé de l’argile à des constructions en armature métallique, idéales pour une animation image par image. En se basant sur les dessins de l’artiste Charles Knight, Willis O’Brien crée une grande variété de créatures et de décors et soigne particulièrement un brontosaure qui sera lâché dans les rues de Londres (en remplacement du ptérodactyle du roman) dans un final d’anthologie qui servira d’inspiration à de nombreux films à venir…le premier étant un certain King Kong en 1933, le chef d’oeuvre absolu de Willis O’Brien. On peut d’ailleurs noter que Le Monde Perdu fonctionne comme un prototype de King Kong, puisqu’il en annonce une partie des péripéties ainsi qu’une ellipse bien connue (comme le voyage de Kong en Amérique, on peut se demander comment Challenger arrive à faire passer un bronto de son Monde Perdu vénézuélien aux eaux de la Tamise).
Le Monde Perdu fut un grand succès, mais la carrière de Willis O’Brien connut par la suite quelques difficultés avec plusieurs projets abandonnés à cause de la conjecture économique défavorable d’une Amérique alors en pleine crise. L’un de ces projets, Creation, fut tout de même remarqué par le producteur Merian C. Cooper qui engagea O’Brien pour développer les remarquables effets spéciaux d’un long métrage qui rentrera dans la légende du cinéma…King Kong !