REALISATEUR
Jack Arnold
SCENARISTES
Harry Essex et Arthur A. Ross, d’après une histoire de Maurice Zimm et une idée de William Alland
DISTRIBUTION
Richard Carlson, Julie Adams, Richard Denning, Antonio Moreno, Whit Bissell…
INFOS
Long métrage américain
Genre : horreur
Titre original : Creature from the Black Lagoon
Année de production : 1954
Dernier des grands monstres classiques de la Universal, le « Gill Man » (ou « homme aux branchies ») est un humanoïde amphibien qui vit dans un lagon (et pas dans un lac comme le suggère l’inexacte traduction française du titre) au coeur de la forêt amazonienne. Ce lagon est « un paradis sur Terre » selon l’un des protagonistes de L’Etrange Créature du Lac Noir, le truculent capitaine du bateau…mais duquel personne n’est jamais revenu.
L’Etrange Créature du Lac Noir repose sur des recettes maintes fois éprouvées. Le long métrage de Jack Arnold se réclame de la pléthorique descendance du Le Monde Perdu de Harry O. Hoyt, l’adaptation du roman de Sir Arthur Conan Doyle datant de l’époque du muet, avec son expédition qui découvre une créature préhistorique au fin fond de l’Amazone. Le thème de « La Belle et la Bête », souvent repris dans de nombreux films de monstres, est également présent et L’Etrange Créature du Lac Noir a régulièrement été décrit, à juste titre, comme un « King Kong aquatique ».
Sur le fond, L’Etrange Créature du Lac Noir n’est donc pas d’une franche originalité. Mais c’est son traitement qui en fait tout l’intérêt. On retrouve à la très efficace mise en scène Jack Arnold, un spécialiste de la série B de S.F. et d’horreur des années 50, qui venait de réaliser Le Météore de la Nuit, un succès de 1953 qui allait être décisif dans la décision des producteurs de lui confier L’Etrange Créature du Lac Noir (et notamment car les deux films partagent la particularité d’avoir été tournés pour la 3D). Jack Arnold allait ensuite définitivement marquer l’Histoire du genre avec Tarentula en 1955 et L’Homme qui rétrécit en 1957.
Secondé par James C. Havens, Jack Arnold a concocté de fascinantes scènes sous-marines qui font partie des meilleurs moments du film. Le récit ménage des scènes d’action particulièrement tendues (avec une révélation de la créature qui a du faire sursauter le public des fifties…surtout avec la 3D)…et il y a aussi ce passage inoubliable du ballet aquatique, moment suspendu dans le temps (et qui ne manque pas d’une certaine poésie) qui voit l’amphibien subjugué par la belle Julie Adams dans son maillot de bain blanc.
Comme Kong, le Gill Man, dont l’apparence a été créée par la dessinatrice conceptuelle Millicent Patrick et le chef maquilleur Bud Westomore, fait partie de ces monstres qui finissent par inspirer la sympathie. Car après tout, il est dérangé et traqué sur son territoire par des hommes qui veulent soit l’étudier, soit le chasser pour en faire un trophée. Au terme d’un intense dernier affrontement contre le scientifique incarné par Richard Carlson (déjà à l’affiche du Météore de la Nuit), le long métrage se termine sur un dernier plan qui laisse planer le doute sur le sort de la créature.
Car en cas de succès, il fallait bien penser aux possibles suites…
Et suites, il y a eu. Jack Arnold a rempilé en 1955 pour La Revanche de la Créature, un deuxième opus dans lequel apparaît brièvement un débutant nommé Clint Eastwood. John Sherwood a ensuite pris la relève en 1956 pour La Créature est parmi nous, chapitre final de la trilogie de « l’Homme aux branchies ».