REALISATEUR
Eugène Lourié
SCENARISTES
Freid Freiberger, Louis Morlheim et Robert Smith, librement inspirés par une nouvelle de Ray Bradbury
DISTRIBUTION
Paul Christian, Paula Raymond, Cecil Kellaway, Kenneth Tobey, Lee Van Cleef…
INFOS
Long métrage américain
Genre : science-fiction
Titre original : The Beast from 20.000 Fathoms
Année de production : 1953
Le Monstre des Temps Perdus tient une place importante dans l’histoire du cinéma de genre américain : il s’agit de la première série B mettant en scène un monstre géant (ici, un dinosaure imaginaire, le Rhédosaure) réveillé ou créé par la détonation d’une bombe atomique. Le succès du long métrage du français d’origine russe Eugène Lourié (tourné pour 210.000 dollars, il en récoltera 5 millions) fut le déclencheur d’une vague de pelloches de monstres qui déferla sur les grands écrans américains dans les années 50. Il inspira également les japonais pour leur Godzilla.
Le Monstre des Temps Perdus fut d’abord développé sous le titre The Monster from Beneath the Sea. Pendant la pré-production, les producteurs apprirent que l’écrivain Ray Bradbury (Farenheit 451, Chroniques Martiennes…) avait publié dans le Saturday Evening Post une nouvelle intitulée The Beast from 20.000 fathoms, sur un monstre préhistorique surgi des profondeurs sous-marines pour détruire un phare (pour sa réédition en format anthologique, l’histoire courte sera retitrée The Fog Horn).
Pour tirer parti de la réputation et de la popularité de Ray Bradbury, la production acheta les droits de la nouvelle et demandèrent aux scénaristes d’inclure la destruction du phare…et The Monster from Beneath the Sea devint The Beast from 20.000 fathoms.
C’est Ray Harryhausen, grand ami de Ray Bradbury (ils avaient tous les deux la même passion pour les dinosaures et le King Kong de Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper), qui partagea cette information avec sa production. Après avoir travaillé en tant qu’assistant de son mentor Willis O’Brien (King Kong) sur Monsieur Joe en 1949, l’autodidacte Ray Harryhausen fut pour la première fois à la tête du département effets spéciaux d’un long métrage, ce qui lui permit de mettre en oeuvre les techniques d’animation en volume développées depuis son adolescence sur de nombreux courts-métrages.
Le récit ne perd pas de temps pour introduire la créature, qui est révélée dans le prologue (congelée dans les glaces de l’Arctique, elle est ramenée à la vie suite à un test nucléaire) avant qu’elle entame son long périple vers New-York ponctué par les destructions de bateaux de pêche et du fameux phare de la nouvelle de Ray Bradbury. Scènes saisissantes qui annoncent un dernier acte spectaculaire, dans lequel le Rhédosaure sème la panique dans les rues de la Grosse Pomme avant un climax explosif dans un parc d’attractions.
Des débuts remarqués pour Ray Harryhausen, qui modèlera des univers merveilleux et des créatures inoubliables pendant trois décennies.
Ce sont les passages les plus marquants d’un scénario qui tient sur un timbre-poste, plombé par des chutes de rythme et des creux un peu trop verbeux entre chaque attaque du monstre (le principal défaut de nombre bisseries des années 50). Car la star, c’est bien le Rhédosaure et pas un couple-vedette un peu trop transparent. Parmi les acteurs secondaires, on retrouve tout de même des valeurs sûres comme Kenneth Tobey (La Chose d’un autre monde de Christian Niby et Howard Hawks), habitué des rôles de militaire, et Lee Van Cleef (Le Bon, la Brute et le Truand), dans l’une de ses premières apparitions, courte mais décisive.
Après le succès du Monstre des Temps Perdus, le français Eugène Lourié, qui fut l’assistant de Jean Renoir sur La Grande Illusion et La Règle du Jeu, persista dans le genre avec The Colossus of New-York, Behemoth the Sea Monster et Gorgo. Se sachat catalogué, il délaissa ensuite la réalisation pour reprendre une prolifique activité de directeur artistique, poste qu’il occupa autant sur le petit (Kung-Fu) que sur le grand écran (La Bataille des Ardennes, Bronco Billy…).