RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR (Jacques Tourneur)

REALISATEUR

Jacques Tourneur

SCENARISTES

Charles Bennett et Hal E.Chester, d’après une nouvelle de M.R. James

DISTRIBUTION

Dana Andrews, Peggy Cummins, Niall MacGinnis, Maurice Denham…

INFOS

Long métrage britannique
Genre : thriller/horreur
Titre original : Night of the Demon
Année de production : 1957

Lorsqu’il accepte la proposition du producteur Hal E. Chester de venir tourner Rendez-vous avec la peur (Night of the Demon pour la version originale…le film est également sorti sous le titre Curse of the Demon pour l’exploitation américaine) en Angleterre, le réalisateur français Jacques Tourneur était alors dans la dernière phase de sa carrière. Après avoir oeuvré avec brio dans le fantastique (j’y reviens par la suite), dans le film noir (Angoisse, La Griffe du passé avec Robert Mictchum et Kirk Douglas…) , le western (Stars in my crown, Le Passage du Canyon…) ou encore le film d’aventures (La Flèche et le Flambeau avec Burt Lancaster), les projets intéressants commencèrent à se raréfier et Tourneur dut alors se tourner vers des commandes et la réalisation d’épisodes de séries télévisées pour le petit écran (des travaux alimentaires qu’il a avoué avoir détesté).

Tourné en 1957, Rendez-vous avec la peur était pour lui l’occasion de renouer avec le fantastique, genre auquel il a donné quelques uns de ses plus illustres représentants dans les années 40 (La Féline, Vaudou…et avec tout de même quelques réserves, L’Homme Léopard), grâce à une histoire (inspirée par la nouvelle Casting the Runes de l’écrivain britannique Montague R. James) qui était l’écrin idéal pour la démonstration de son intérêt pour le surnaturel.

Ceux qui connaissent le cinéma de Jacques Tourneur le savent bien : le réalisateur de La Féline était extrêmement doué dans le domaine de la suggestion, l’irruption de l’épouvante dans un cadre familier…ses marques de fabrique. Grâce à un savant travail sur le son, l’image, le contraste entre la lumière et les ténèbres (que l’on retrouve bien évidemment dans le film dont il est question ici), Tourneur sème autant le doute dans l’esprit de ses personnages que dans celui des spectateurs. Cette remise en question constante est au centre de l’enquête de John Holden, un psychologue américain cartésien qui s’emploie à dénoncer le Dr Karswell, un adorateur du Diable qu’il prend pour un charlatan. Mais une suite d’événements étranges vont ébranler ses convictions…

Très bien interprété (le trio composé par Dana Andrews, Peggy Cummings et Niall McGinnis est fascinant à suivre), Rendez-vous avec la peur demeure l’un des plus beaux films de Jacques Tourneur. Le récit mêle avec brio polar et horreur, le noir et blanc est sublime et l’atmosphère menaçante travaillée par Jacques Tourneur et son chef opérateur Edward Scaife est palpable, notamment dans les passages de la fuite dans la forêt ou lorsque Holden s’introduit de nuit dans la maison de Karswell pour rechercher un indice compromettant (l’occasion pour le metteur en scène de déployer des astuces de réalisation absolument brillantes).

Mais Rendez-vous avec la peur échappe aussi de peu à la réussite absolue, et tout cela à cause de son producteur, Hal E. Chester (un acteur raté reconverti dans la production…il a notamment co-produit les adaptations cinématographiques du comic-strip Joe Palooka et Le Monstre des Temps Perdus de Eugène Lourié). Pour Jacques Tourneur, « la plus grande peur est celle de l’inconnu ». Il voulait donc rester le plus évasif possible sur la menace pour en questionner la véracité. Mais à une époque où les longs métrages de la Hammer régnaient sur le box-office britannique, Hal E. Chester voulait au contraire montrer le démon à l’écran. Et il a eu gain de cause…d’où l’apparition de cette marionnette grotesque pauvrement intégrée à l’écran au début et pendant le climax du film…

Oui, parfois il vaut mieux ne pas savoir, pour reprendre la dernière réplique de Dana Andrews…

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Le meilleur film de Tourneur à ma connaissance. Même les « classiques » des années 40 qu’on cite plus souvent, Vaudou et a fortiori La Féline, sont à mon avis plusieurs crans en dessous.

Oui le film aurait sans doute été encore mieux si le doute avait été maintenu tout du long, sans l’apparition du démon, mais honnêtement même celle-ci ne me dérange pas tant que cela.

It’s in the trees! It’s coming!

À chaque fois que je le revois, ça me chiffonne quand même un peu parce que ça tranche vraiment trop avec le reste, ça sent vraiment la « pièce ajoutée »…
Mais bon, Rendez vous avec la Peur reste un sacré film malgré cela, hein…:wink:

Jay Fife :

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