Science-fiction/horreur
Long métrage américain
Réalisé par John Carpenter
Scénarisé par David Himmelstein et John Carpenter, d’après le roman de John Wyndham et le film de Wolf Rilla
Avec Christopher Reeve, Kirstie Alley, Linda Kozlowski, Thomas Dekker, Mark Hamill, Michael Paré…
Titre original : Village of the Damned
Année de production : 1995
Une ombre mystérieuse survole la petite ville de Midwich en Californie. Soudainement, tous les habitants (ainsi que les animaux) perdent connaissance. Le phénomène alerte les autorités et pendant six heures, l’inquiétude règne. Puis tout le monde se réveille. Si plusieurs vies ont déjà bouleversées (certaines personnes sont mortes au moment de leur évanouissement), les choses se compliquent quand dix femmes se retrouvent enceintes, dont une vierge et une femme mariée dont le mari était à l’étranger depuis plusieurs mois. Suite à un étrange rêve, elles décident de garder leurs bébés…qui deviendront des enfants pas comme les autres…
La nouvelle version du roman Les Coucous de Midwich de John Wyndham, déjà adapté sur grand écran en 1960 par Wolf Rilla, est entrée en développement au début des années 80. Lawrence Bachmann, alors patron de la MGM et déjà impliqué dans le premier film, souhaitait se lancer dans cette réactualisation à cause des limites de l’époque (qui n’ont en rien altéré l’efficacité du long métrage avec George Sanders). Dans les sixties, on ne pouvait parler de fécondation, d’avortement ou montrer des accouchements…et c’est d’ailleurs à cause de son sujet que Le Village des Damnés n’a pu être produit en Amérique, sous la pression des groupes religieux.
Pendant une dizaine d’années, le remake est entré dans les limbes du development hell avant que les droits soient rachetés par Universal. Le studio a proposé le projet à John Carpenter, alors plus intéressé par la possibilité d’une version moderne de L’Etrange Créature du Lac Noir (qui n’a finalement jamais vu le jour) mais il a tout de même donné son accord, étant fan de l’original. D’après des interviews d’époque, il semble que la relation avec la Universal fut bonne (ce qui n’a pas toujours été le cas dans sa carrière, loin de là), mais au fil des années, Carpenter s’est éloigné du résultat final, qu’il a décrit comme une « commande qui ne le passionnait pas vraiment ».
Si elle n’est pas mauvaise, cette deuxième adaptation reste une entrée mineure de la filmographie de Big John (surtout venant après l’excellent L’Antre de la Folie). Le scénario n’est pas inintéressant : tout en reprenant la même structure, il y a des petites variations plutôt bien vues, dans les portraits des différents protagonistes, l’effondrement progressif de cette petite communauté, la représentation de l’esprit collectif du groupe d’enfants déséquilibré par la mort de l’un d’entre eux à la naissance. Dans ces moments, Carpenter compose des plans à l’atmosphère troublante, cadrant avec précision les déplacements métronomiques des gamins aux pouvoirs terrifiants…
L’ensemble n’est toutefois pas complètement maîtrisé. La première partie n’a ainsi pas la même force que celle du long métrage de 1960 et certains rebondissements du dernier acte sont assez convenus (et même un brin ridicules comme la foule en colère, hommage direct aux scènes du même type dans les classiques Universal des années 30). Quelques protagonistes sont sous-utilisés (le prêtre campé par Mark Hamill par exemple) mais Christopher « Superman » Reeve (pour son dernier rôle avant l’accident qui le laissa paralysé) livre une belle prestation en médecin dépassé par la situation.
Il est notamment au coeur de beaux moments partagés avec le petit David interprété par le tout jeune Thomas Dekker (qui sera plus tard le John Connor de la série Terminator : Les Chroniques de Sarah Connor)…un ton plus intimiste qui fait partie des passages les plus réussis de cette inégale deuxième adaptation du livre de John Wyndham.