LES ARCHIVES DE LA SUICIDE SQUAD t.1-4 (Ostrander / collectif)

Oui, c’est de ça dont je parle depuis le début, de la mise en avant de ce personnage en particulier (ce qui n’est pas non plus un reproche, mais une « constatation »).

Merci Doc !

Je feuillete mon bouquin et je vois que M. Auverdin traduit Suicide squad… Wicky JLI mais tu es cité Jean-Marc… tu as traduit quoi dans ce gros volume ?

Aucune idée.
Ah si, attends… il doit y avoir une postface de Robert Greenberger, dedans, non ? Si c’est bien le cas, alors je l’ai traduite.

Jim

c est bien ca
merci,

De rien.

Jim

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Je viens de recevoir mes exemplaires. Et je découvre que le sommaire contient un épisode que je ne connais pas, un Secret Origins. Chouette, je vais pouvoir lire ça.

Je feuillette cet épisode et sur le coup, j’ai l’impression que c’est Marshall Rogers pas inspiré. En fait, il s’agit d’un travail d’un débutant appelé Rob Liefeld. Et franchement, c’est loin d’être dégueu.

Y a certes déjà tous les défauts de son style : des personnages trop cambré, des décors qu’on oublie, des perspectives bancales aux proportions ratées… mais l’ensemble est dense et généreux, ça sent le travail laborieux mais honnête. Il y a même des positions et des attitudes plutôt réussies, et un souci évident de bien raconter l’histoire.

Bref, Rob n’a pas encore la grosse tête et surtout il doit avoir une équipe éditoriale (Robert Greenberger au scénario et Mark Waid à la supervision) qui ne lui laisse pas la bride sur le dos. S’il n’était pas parti en roue libre, Liefeld aurait peut-être fait une carrière de dessinateur pas génial mais compétent.

Jim

J’ai été surpris aussi de découvrir ce jeune Rob Liefeld avec ce trait beaucoup plus classique qui rend pas si mal, on décèle toutefois de temps en temps certains tics de dessins qui reviendront ensuite, mais je suis d’accord, si il avait été mieux entouré peut être aurait on pu éviter certaines horreurs a défaut d’avoir un dessinateur important.
C’est triste de voir un petit jeune sur le point de chuter, :frowning:.

Comme tu dis.
Il a fait une mini-série Hawk & Dove, écrite par Karl Kesel, vers la même époque, et franchement, elle est très lisible.
Ça rajoute au gâchis général de sa carrière.

Jim

Et du coup c’est bien cette archive?? :smiley:

Ah bah moi, je connais depuis des décennies, et j’aime beaucoup, donc oui. C’est une des séries les mieux pensées du renouveau DC des années 1980 (avec Wonder Woman, par exemple), et c’est intéressant parce que ça pousse le genre super-héros dans les eaux de la politique et de l’espionnage, en rompant définitivement avec une côté gentillet d’une partie du catalogue. Sans Suicide Squad, je pense qu’il n’y aurait pas eu de Stormwatch, de Thunderbolts. Selon moi, la série a participé à un durcissement du genre, et a eu son influence sur des trucs comme les New Mutants de Liefeld, peut-être même les X-Men. C’est l’une de ces séries mésestimées et méconnues qui ont marqué un tournant, un peu comme le Squadron Supreme de Gruenwald : des récits qui pose la question de la définition de l’héroïsme.

Et c’est assez complet. Le recueil s’ouvre sur le Secret Origins d’Ostrander et McDonnel qui raconte la formation du groupe, et ensuite enquille sur la série régulière.
(Bon, personnellement, je trouve que c’est une bonne idée, parce que ça introduit bien le concept, mais j’aurais peut-être commencé par le premier épisode, à cause de sa séquence d’introduction qui est à la fois musclée et cynique, et pose bien les bases. Mais vraiment, c’est parce que je cherche la petite bête.)
Le sommaire contient aussi le numéro spécial Doom Patrol / Suicide Squad, dessiné par Larsen, et qui est pas mal, ainsi que l’épisode dont nous parlions plus haut. À vue de nez, ça doit correspondre aux deux premiers tomes de la réédition US.

Ce qui est intéressant aussi dans la série, et là pour le coup c’est à mon sens une influence des X-Men de Claremont, c’est que les personnages costumés évoluent avec d’autres protagonistes : le personnel médical et psychologique, le père Craemer, etc… De sorte qu’en fait, les surhommes ne se contentent pas de danser entre eux, mais ils évoluent réellement au sein d’un petit monde, qui sert également d’éclairage à leur personnalité (un peu comme Claremont qui utilisait des personnages comme Stevie Hunter afin de faire ressortir les mutants). C’est vraiment intéressant, on sent la tension, l’épuisement, une certaine forme de déprime, sur laquelle surnagent des bouées affectives auquelles s’accrochent les héros.
Rajoute là-dessus une bonne utilisation de l’univers DC, la volonté de ne pas laisser les idées et les intrigues en plan et une capacité forte à mélanger le drame (beaucoup) et l’humour (un peu), et ça donne un truc très agréable à lire.

Sur une note plus personnelle, je suis content que les années actuelles permettent de découvrir tout un pan de DC qui est méconnu, et qui pourtant marque la renaissance de ce catalogue. L’après Crisis a permis de dépoussiérer plein de choses. C’est également dû au fait que l’environnement éditorial est renouvelé, de nouveaux responsables appellent de nouveaux auteurs qui donnent une énergie différente et rafraîchissante aux personnages.
Bien sûr, Urban est très important à ce niveau, mais Panini a je crois un peu exploré cette période, et Semic tout timidement, si bien que, désormais, les lecteurs qui fouinent peuvent avoir un aperçu de ce qui se faisait à l’époque. On peut trouver Man of Steel encore facilement, je pense, par exemple. Et Legends et d’autres choses. Et là, Urban permet aux lecteurs de découvrir le Suicide Squad d’Ostrander et le Justice League de Giffen et DeMatteis.
Il est enfin possible, je crois, d’avoir un aperçu de la qualité d’ensemble du catalogue à l’époque. Je le dis depuis des décennies, on aurait pu avoir un mensuel à la Strange avec, disons, Superman par Byrne, Wonder Woman par Pérez, Flash par Baron et Guice, Justice League par Giffen, DeMatteis et Maguire (et je n’en cite que quatre afin de coller au format de l’époque). Je suis sûr que ça aurait marché. Et ça aurait changé la perception que le public français a de DC.

Après, il n’est jamais trop tard, et je suis content que, trente ans après, les lecteurs peuvent enfin découvrir ce que leurs aînés ont raté. Je trouve ça cool.

Jim

Par rapport à ce référent humain, je regrette parfois que cette tendance se soit raréfiée avec les années, et notamment avec les mutants qui ont tendance à rester entre eux, et à se couper du monde, en parallèle de la radicalisation de Cyclope. Faudrait voir à ne pas oublier que dans « homo superior » il y a aussi « homo » et que la ligne qui les sépare des personnes ordinaires est assez mince.
Le dernier exemple en date qui me vient à l’esprit cela doit être la maire de San Francisco à l’époque du run de Fraction. C’est aussi le cas pour Stark dans une moindre mesure, avec ses proches qui se retrouvent dotés d’une armure, avec du coup de moins en moins de personnages en mesure d’incarner la normalité, et qui surtout apportent un autre point de vue, une opinion qui diverge par rapport aux autres.

L’entourage de Stark c’est réduit à peau de chagrin. Quand tu vois les années 80 avec Mrs Abogart, Pepper, Happy, Rhodes, Bethany Cabes… Maintenant il ya quoi une IA ? Stark est plus isolé que jamais. ce fut aussi longtemps le cas pour spidey ou le support cast se résumait à MJ et tante May avec de rare fois Jameson. C’est d’ailleurs une des réussite de slott c’est d’avoir ramener ce support cast qui permet de faire vivre un univers, de créer des intrigues…

C’est une tendance qui me semble remonter aux années 1990 et trouver son origine dans le lancement d’Image. Là encore, les titres Superman régis par Mike Carlin sont longtemps parvenus à maintenir un casting « humain » riche et en pleine évolution.
Mais au final, aujourd’hui, plein de grands runs, et non des moindres en termes d’importance et de qualité, présentent des personnages qui sont tous impliqués dans l’intrigue et presque tous nantis de super-pouvoirs. Si l’on prend le run de Morrison sur Batman, le moindre personnage secondaire sans pouvoir est en réalité lié à l’intrigue, Jesebel Jet au premier chef.
C’est selon moi l’une des qualités du travail de Slott sur Spider-Man (et je vois que Kab et moi partageons ce point de vue) : il parvient à maintenir un casting humain bien peuplé, il parvient à intégrer des personnages nouveaux qui ont une réelle personnalité, et il le fait sur la longueur. Ce qui d’ailleurs manquait terriblement à la série : le héros n’avait pas de bouffée d’air frais, il était coincé entre Mary-Jane et Tante May. « Brand New Day » et ses suites directes ont permis de lancer plein de pistes, ça a réélargi l’éventail. D’une certaine manière, Waid a fait de même avec Daredevil, mais le casting demeurait serré.
C’est l’un des gros trucs qui manquent dans les séries actuelles. Les editors ne semblent pas comprendre que les super-héros ne se distinguent qu’à condition d’être confrontés à des gens normaux, et que la présence de ces derniers permet l’humanisation des surhommes. Dans le cas de Superman, se débarrasser des parents, éloigner Clark du Daily Planet et le jeter dans les bras de Wonder Woman constituent un chapelet d’idées stupides qui ont contribué à vider le personnage de son essence, et à limiter l’intérêt des lecteurs.
C’est l’une des grandes réussites du DC post Crisis : les auteurs parviennent à développer des entourages crédibles, vivants, sympathiques. La grande rédaction du Daily Planet ou le Professeur Hamilton chez Superman, les Kapatelis et Myndi Mayer chez Wonder Woman, les différents conseillers de l’Escadron Suicide, les amis normaux des Jeunes Titans, etc etc. Bon, ça va aussi avec une certaine densité d’écriture, si on décompresse trop, si on se contente de grandes cases de baston et que le comic se lit en deux minutes, on n’a pas le temps de développer un casting. Et même si je pense que c’est encore faisable aujourd’hui, je crois que la narration dense de l’époque facilitait les choses.
Car je crois que l’on ne lit pas ce genre de BD pour le super-héros lui-même, on le lit pour les interactions qu’il entretient avec autrui.

Jim

Roger Stern l’avait bien compris en son temps avec la création de Sara Wolfe dans les pages de Doctor Strange.

De mémoire, Sara Wolfe est une création de Chris Claremont. Mais qu’importe, le principe est là, il développe le personnage, et surtout, Stern exploite très bien Victoria Bentley, aussi (personnage de la période Ditko). Et il joue aussi sur la présence de « gens normaux », dans l’épisode où le Docteur est interviewé, dans « Charlatan »…

Jim

Cela me rappelle l’excellent épisode avec le jeune homme américain qui abrite la réincarnation du Lama, le leader spirituel d’une congrégation orientale.
Celui-ci se révèle être quelqu’un de tout à fait normal, un choix inattendu, au sens où c’est quelqu’un de candide, un pur yankee (qui arbore une casquette MTV) peu au fait de ses aptitudes et qui ne connaît guère cette culture étrangère, ce qui rend l’épisode tendu dans certaines situations, mais aussi fun vu la conclusion malicieuse.

Pour en revenir au volume qui nous intéresse, ça devrait être enfin du vieux à la narration qui plaira à Blackie, parce qu’en feuilletant (oui, il est mien depuis peu !) rapidement, j’ai trouvé qu’il n’y avait pas tant de récitatifs que ça et même des cases sans bulle* !!!

[size=85]* bon, ça, pour le prince du KFC, ça pourrait le déranger, ça fera moins soda ![/size]

C’est marrant, en parcourant le dernier Amazing Spider-Man, je repensais à cette discussion et je me suis mis à compter les textes. Slott tourne entre 9 et 17 bulles (tout confondu) par page. Ce qui est quand même assez élevé, je trouve. Ostrander navigue dans les mêmes eaux, mais il a davantage de pages d’action avec, genre, trois bulles.
Comme quoi, hein, c’est parfois trompeur, ces impressions.

Tiens, j’ai lu le Secret Origins, qui ouvre le recueil, et dont je n’avais aucun souvenir. Et je découvre (si je l’ai su, je ne m’en souvenais pas) qu’Amanda Waller a vécu dans le quartier Cabrini-Green de Chicago, quartier tristement célèbre pour avoir été une expérience urbaine aux intentions sans doute louables mais que les décennies d’usure ont transformé en ghetto.

Et ce qui est intéressant, c’est que le Cabrini-Green, Miller et Gibbons en donnent une version carcéral et cauchemardesque dans Give Me Liberty.

Alors ?
Amanda Waller est à John Ostrander ce que Martha Washington est à Frank Miller ?

Jim

T’as regardé pour DeMatteis et Fawkes, dans le crossover magique de l’évènement Forever Evil ? Parce que qu’est-ce que c’était chiant à lire, ça !!!

Je crois qu’il aurait été chiant même avec moins de bulles.

Jim