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Tome 1
Scénario : John Ostrander
Dessin : Luke McDonnell, Erik Larsen (épisode avec la Doom Patrol), **Rob Leifeld **(Secret origins #28), Keith giffen (JL International)
Traduction : Mathieu Auverdin, Jérôme Wicky & Jean-Marc Lainé
Lettrage : Stephan Boschat (MAKMA)
Afin de protéger les intérêts et la sécurité du monde libre, Amanda Waller dirige un programme ultra-secret de recrutement d’anciens super-vilains condamnés à perpétuité. En échange d’une remise de peine, ceux-ci accomplissent les missions les plus dangereuses, risquant à chaque fois leur vie. Deadshot, Captain Boomerang, l’Enchanteresse ou Nightshade font désormais partie de ce qu’ils ont surnommé « la Suicide Squad ».
Contenu : Suicide Squad #1-16 + Secret Origins #14, 28 + Doom Patrol/Suicide Squad #1 + Justice League International #13[/quote]
… **[size=150]P[/size]**robablement innervée par des longs-métrages tels que Les Douze salopards (1967) et Enfants de salauds (1969), héritière de The flying Legion (1920) roman de l’auteur américain George Allan England prototype volontiers cité de tous les groupes d’aventuriers regroupant plusieurs personnages aux qualités complémentaires, L’Escadron Suicide a enfin franchit non pas le Rubicon mais l’Atlantique.
Ecrit dès 1987 par John Ostrander, le recueil publié dans l’Hexagone par Urbans Comics regroupe pas loin de l’équivalent d’an et 1/2 de lecture mensuelle.
Et la bonne nouvelle c’est que cette série n’a pas pris une ride (à la relecture non plus d’ailleurs).
Imprimée sur un papier mat (comme il convient) les couleurs ont toutes aussi bien vieilli que les scénarios.
… John Ostrander, venu du théâtre, et après un passage très remarqué chez l’éditeur étasunien First grâce à l’excellente série Grimjack au début des années 1980 (où il prouve qu’il parle parfaitement l’idiome du récit d’aventure), fait feu de tout bois.
En véritable travailleur du texte il varie les points de vue, enchaîne les péripéties, et joue avec modération du mercato darwinien (ce à quoi l’ivresse du concept aurait pu le pousser).
[size=85]Où le rôle des onomatopées est aussi d’informer de ce qui se passe hors-champ[/size]
Dans une certaine mesure le scénariste tente de prendre le contre-pied de ce qu’avance la maxi-série Watchmen (sans que forcément l’une influence l’autre).
Alan Moore mettait en scène entre 1986 et 1987 des super héros dont l’heure de gloire était passée : désabusés, ivrognes, tueurs, ou au-dessus des contingences humaines, les super héros de Watchmen agissaient en fonction de leur définition du Bien.
Une définition individuelle et non plus collective.
Ostrander via Amanda Waller, redonne du champ à un monde encore bi-polaire (mais pas forcément binaire).
De manière cocasse certes, puisqu’il s’agit ici de faire faire le job par des repris de justice. Pari réussi !
… **Luke McDonnell ** livre un prestation tout à fait adaptée.
Son dessin très sec, sans fioritures convient à la perfection aux ambiances des différentes missions accomplies par la Suicide Squad.
On remarque par ailleurs que si les cases dites panoramiques (ou 16/9ème) semblent être aujourd’hui la panacée, McDonnell les utilisait déjà à la fin des années 1980.
Mais plutôt que d’être une stratégie du moindre effort, chez lui elles s’intègrent à des formats différents (de cases) qui au contraire d’instaurer une routine souvent synonyme d’ennui, donne du rythme à la lecture.
Rythme qui n’est pas forcément d’ailleurs synonyme de vitesse, mais plutôt d’un réglage fin de l’impédance nécessaire pour une lecture optimale.
C’est un vrai plaisir que de se laisser emmener par un storytelling aussi efficace qu’il passe inaperçu.
Peu spectaculaire son style est pourtant diablement efficace.
Toujours au niveau de la mise en récit séquentielle, on peut constater avec cette série que l’utilisation des « bulles de pensées », loin d’être obsolète, est un puissant vecteur de sous-intrigues (pour qui sait & veut s’en servir).
… Lire (ou comme c’est mon cas, relire) presque 30 ans après ces aventures, et y trouver encore tout ce qui en faisait le dynamisme au siècle dernier est une cerise sur un gâteau pourtant déjà bien roboratif !