LES AVENTURES D'HERCULE (Luigi Cozzi)

REALISATEUR & SCENARISTE

Luigi Cozzi

DISTRIBUTION

Lou Ferrigno, Milly Carlucci, Sonia Viviani, William Berger…

INFOS

Long métrage italien
Genre : aventures/fantastique
Titre original : Le avventure dell’incredibile Ercole
Année de production : 1985

La simple évocation de la Cannon évoque de savoureux souvenirs aux cinéphiles déviants qui ont grandi dans les années 80 en regardant en boucle les V.H.S. des ninjateries avec Michael Dudikoff, des Justiciers avec Charles Bronson, des sous-Indiana Jones avec Richard Chamberlain, des séries B d’horreur et de S.F. de Tobe Hooper et des plus mauvais films de Sylvester Stallone. La Cannon distribuait des films d’auteurs tout en bouclant des nanars à la pelle, ces sacrés roublards de Menahem Golan et Yoram Globus ayant été à bonne école puisque le premier a débuté aux U.S.A. en tant qu’assistant de Roger Corman.

Au début des années 80, la Cannon ouvre une filiale en Italie et tente de ressusciter un genre tombé en désuétude, le péplum (drôle d’idée vu la situation du cinéma d’exploitation italien pendant cette décennie). Comme beaucoup d’autres producteurs de bisseries, Golan et Globus veulent surfer sur le succès de Conan le Barbare avec Arnold Schwarzenegger et engagent l’impressionnant culturiste aux énormes pectoraux Lou Ferrigno. Celui qui restera à jamais associé au rôle de l’Incroyable Hulk dans la série télévisée diffusée entre 1977 et 1982 est alors envoyé en Italie pour tourner 2 films d’affilée : Hercule de Luigi Cozzi (le chouette Starcrash, le Choc des Etoiles) et Les 7 Gladiateurs du redoutable et nanardesque duo Claudio Fragasso et Bruno Mattei (le nullissime Virus Cannibale).

Golan et Globus sont satisfaits d’Hercule (que je n’ai pas encore vu), qui sera d’ailleurs très rentable…et nettement moins des 7 Gladiateurs, autre libre adaptation des 7 Samouraïs de Akira Kurosawa, qu’ils jugent catastrophique (Bruno Mattei, les gars !!!). Les deux compères rappellent alors en catastrophe Luigi Cozzi et lui demandent d’essayer de sauver les meubles en tournant de nouvelles scènes avec Lou Ferrigno pour les intégrer à un nouveau montage charcuté des 7 Gladiateurs. Mais en regardant les rushes, Golan & Globus ont alors une nouvelle idée : sortir Les 7 Gladiateurs tel quel (de toute façon, il n’y avait rien à sauver) et utiliser le nouveau métrage pour bricoler un troisième film…une suite non prévue à l’origine d’Hercule pour laquelle Lou Ferrigno n’a même pas été payé puisqu’il pensait n’être là que pour des scènes additionnelles.

Sans sa star repartie aux Etats-Unis (Lou Ferrigno est ensuite apparu dans plusieurs séries TV comme Mike Hammer et L’Homme qui tombe à pic), Luigi Cozzi n’a à sa disposition qu’une quarantaine de minutes utilisables et doit ruser pour livrer un long métrage d’une durée de 85 minutes. Première étape : un générique début interminable qui résume l’opus précédent (comme je l’ai écrit plus haut, je ne l’ai pas vu et il m’a l’air sacrément croquignolet) complètement pompé sur celui de Superman II…ce qui fait déjà 8 minutes de comblées !

Ces Aventures d’Hercule ont été complètement improvisées. Avec son scénario qui tient sur un timbre-poste (Hercule doit retrouver les 7 éclairs de son papounet dérobés et cachés sur Terre par quatre dieux rebelles), Luigi Cozzi monte tant bien que mal une suite de scènes qui ne se caractérisent pas par leur cohérence : Hercule n’apparaît qu’au bout de 15 minutes, aide deux beautés légèrement habillées à combattre un démon amateur de vierges qui ressemble à la créature de Planète Interdite, combat des monstres ridicules (dont une Méduse en pâte à modeler hideuse) et affronte le méchant ressuscité du premier volet (toujours interprété par un William Berger, vieille gloire du western spaghetti, qui cabotine comme un beau diable).

Le point culminant de ce nanar goûtu est un final hallucinant sur fond d’Olympe de pacotille à l’esthétique digne d’une série Z turque où le héros et le vilain nous refont un Choc des Titans bas de gamme en se métamorphosant en singe géant et en dinosaure (imaginez une version fluo et animée de façon très rudimentaire d’une scène d’un film de King Kong). Il fallait bien pallier l’absence de Lou Ferrigno et les trouvailles de Luigi Cozzi ont atteint des sommets de grotesque absolu.

Grotesque, l’interprétation l’est aussi. Lou Ferrigno est l’homme d’un seul rôle, Hulk. Quand il n’avait qu’à éructer enduit de peinture verte, il faisait illusion. Mais donner lui des dialogues à déclamer et c’est la cata. Devenu culturiste pour surmonter les complexes dus à son handicap (il est quasiment sourd), Lou Ferrigno était, d’après Luigi Cozzi, « un homme adorable sur les tournages »…mais il s’est vite révélé un acteur exécrable (Golan et Globus ont même doublé ses dialogues par un autre comédien, mésaventure qui était arrivé à Arnold Schwarzenegger sur Hercule à New-York).

Après ses expériences italiennes, Lou Ferrigno a enchaîné les navets et les apparitions dans des séries TV, tout en reprenant à quelques occasions son rôle emblématique à la télé et au cinéma (c’est lui qui grogne dans les deux Hulk et les deux premiers Avengers).