Aventures/fantastique
Long métrage italien/américain
Commencé par Enzo G. Castellari et bricolé par Luigi Cozzi
Scénarisé par Enzo G. Castellari et Tito Carpi, d’après une histoire de Luigi Cozzi
Avec Lou Ferrigno, John Steiner, Alessandra Martines, Daria Nicolodi…
Année de production : 1989
Etrangement, Sinbad s’ouvre sur un portrait d’Edgar Allan Poe et une voix-off qui présente l’écrivain, sa vie (très rapidement, hein), son oeuvre. Quel rapport avec le schmilblick, me direz-vous ? Eh bien, ce bon vieil Edgar a écrit en 1845 une nouvelle intitulée Le Mille Deuxième Conte de Schéhérazade…qui n’a absolument rien à voir avec le film dont il est question ici mais il était coutume à l’époque de rattacher le nom de Poe à tout et à peu près n’importe quoi (voir le Demons 6 d’un certain Luigi Cozzi par exemple).
C’est Luigi Cozzi (Starcrash), grand fan de fantasy et du travail de Ray Harryhausen, qui a eu l’idée d’écrire un film sur les aventures de Sinbad le Marin alors qu’il terminait les Hercule pour le compte de la filiale italienne de la Cannon. Suite aux problèmes réguliers rencontrés par la boîte de Menahem Golan et Yoram Globus dans la deuxième moitié des années 80, le projet a été retardé jusqu’à ce qu’il apprenne que Sinbad avait été confié à Enzo G. Castellari (Les Guerriers du Bronx), qui a réécrit son scénario pour en faire une mini-série pour la télévision !
Production compliquée, Sinbad a été interrompue alors qu’il restait des scènes à tourner et les effets spéciaux à finaliser. Parce qu’il n’y avait plus assez de fric dans les caisses, la Cannon a rangé le métrage inutilisable dans un placard en 1987…avant de le ressortir deux ans plus tard pour essayer d’en tirer quelque chose (c’est dire si les cousins Golan & Globus étaient désespérés en cette fin de la décennie 80). Luigi Cozzi a donc été rappelé pour voir s’il pouvait bricoler un film de 90 minutes avec ce qui avait été mis en boîte par Castellari deux ans plus tôt.
Et point de surprises, cette version de Sinbad est une catastrophe industrielle. Après Douglas Fairbanks Jr, Kerwin Matthews ou encore Guy Williams, l’intrépide aventurier est incarné par Lou « Hulk » Ferrigno, ce qui représente une jolie erreur de casting. S’il était apprécié sur les tournages pour sa gentillesse et sa sympathie, l’impressionnant colosse (ses pectoraux sont un effet visuel à eux seuls) reste un acteur médiocre, aussi charismatique qu’une pièce de boeuf…et les rares fois où il tente de jouer la comédie confinent au comique involontaire, comme l’air benêt qu’il prend quand il tombe sous le charme de la reine des Amazones…
Face à Lou, John Steiner, disparu cet été, est le grand méchant vizir Jafar. Et là, c’est un festival tant l’éternel second rôle du cinéma d’exploitation italien cabotine comme un sagouin, les yeux exorbités à chaque réplique hurlées sans retenue. Pour empêcher Jafar de prendre le contrôle du monde (mouahahahah !), Sinbad et ses compagnons se lancent à la recherche des pierres sacrées de Basra, les gemmes étant les seuls artefacts capables d’anéantir les forces maléfiques de Jafar. Le budget étant ce qu’il était, il ne faut pas s’attendre à un bestiaire fantastique élaboré puisque les seuls créatures que Sinbad affronte sont des sortes de zombies marins aux masques de carnaval, un homme de pierre caoutchouteux et un géant dégoulinant de morve (!).
Pour relier les scènes entre elles, Luigi Cozzi a ajouté une narration à la Princess Bride (mais low-cost), l’histoire étant racontée à une petite fille sur le point de s’endormir par une maman jouée par une méconnaissable Daria Nicolodi (Les Frissons de l’Angoisse). Cette astuce n’empêche pas de multiples incohérences tant le montage est chaotique…et les deux voix (mal doublées) qui appuient absolument chaque action sont rapidement ennuyeuses…