REALISATEUR
Terry Gilliam
SCENARISTES
Terry Gilliam et Charles McKeown
DISTRIBUTION
John Neville, Sarah Polley, Eric Idle, Jonathan Pryce, Jack Purvis, Oliver Reed, Uma Thurman, Robin Williams…
INFOS
Long métrage américain/britannique/allemand
Genre : aventures/fantastique
Titre original : The Adventures of Baron Munchausen
Année de production : 1988
Le fantastique Les Aventures du Baron de Munchausen est la troisième entrée dans ce qui a été ensuite appelé La Trilogie de l’Imagination de Terry Gilliam, les deux premières étant Bandits, Bandits (1981) et Brazil (1985). Les trois longs métrages partagent des thèmes communs, comme ce perpétuel conflit entre la fantaisie et ce que les gens perçoivent comme étant la réalité, un désir d’échapper par tous les moyens à la « folie de notre société grossièrement organisée » (pour reprendre les termes de Gilliam) et cela à travers les trois âges de l’homme : l’enfant pour Bandits, Bandits, l’adulte pour Brazil et le vieilllard pour Les Aventures du Baron de Munchausen.
Les récits extraordinaires de Karl Friedrich Hieronymus Freiherr von Münchhausen (1720-1797), dont on dit qu’il était surnommé le « Baron de Crac » (ou Baron du Mensonge), ont été popularisés par le compte-rendu qui en a été fait par l’écrivain Rudolf Erich Raspe, puis par les différents remaniements et déclinaisons imaginées par les auteurs qui ont suivi, l’allemand Gottfried August Bürger le premier. Des versions qui ont enrichies les aventures complètement dingues du personnage, tout en ne perdant pas l’esprit de sa tradition littéraire.
C’est le magicien George Méliès qui a le premier mis en images les exploits du Baron en 1911. Je n’ai pas vu toutes les adaptations et à part celle de Terry Gilliam qui demeure la plus connue, j’ai juste des lointains souvenirs des dessins animés de Jean Image datant de 1978 et 1984. Sorti début 1989 aux Etats-Unis (et complètement bazardé par son studio qui ne voulait plus entendre parler du film après une production longue et chaotique), Les Aventures du Baron de Munchausen est toujours plus trente ans après un véritable festin visuel, une ode à l’imagination rocambolesque qui prend un malin plaisir à brouiller les pistes…mais n’est-ce pas ce qu’il y a de plus savoureux dans cette histoire racontée par le plus grand des menteurs ?
Par l’intermédiaire de la petite Sally (l’un des premiers rôles de la canadienne Sarah Polley, vue notamment dans L’Armée des Morts de Zack Snyder et réalisatrice de Loin d’Elle en 2007), c’est aussi le spectateur qui prend part à l’incroyable aventure du vieillissant Baron de Munchausen (superbe John Neville, qui n’avait pas tourné dans un long métrage depuis plus de 15 ans pour se consacrer à la télévision puis au théâtre). Pour faire lever le siège d’une ville assiégée par les Turcs et dirigée par un bureaucrate rigide (excellent Jonathan Pryce), le Baron décide alors de partir à la recherche des ses fabuleux compagnons, qu’il n’a plus vu depuis des années. Le point de départ d’une suite de rebondissements plus fous les uns que les autres…
Pour retrouver ses serviteurs à super-pouvoirs (super vitesse, super ouïe, super vue, super force…des capacités délicieusement déployées à l’écran par un quatuor attachant), le Baron et Sally iront de la Lune (avec un Robin Williams survolté en « Roi de la Lune » non crédité au générique) aux entrailles d’un monstre marin en passant par le centre de la Terre où ils côtoieront les Dieux, Vulcain (truculent Oliver Reed) et Venus, interprétée par une magnifique Uma Thurman alors à peine âgé de 18 ans…ce qui n’a pas empêché ce vieux pochetron de Oliver Reed de passer son temps à la draguer à ce qu’il paraît.
Cosmique, comique, épique, poétique, féerique…Les Aventures du Baron de Munchausen est le genre de film qui vous vivifie, à l’image d’un héros qui reprend des forces et rajeunit au fur et à mesure de ses incroyables aventures. Si la production a, selon de nombreux témoignages, été un enfer (bref, la routine pour Terry Gilliam), le spectacle proposé procure du « sens du merveilleux » à l’état pur.