Discutez de Les cités obscures
Série incomparable, qui n’a d’équivalent nulle part et dans aucun pays, Les Cités obscures de Peeters et Schuiten propose des variations sur les rapports complexes entre l’humain et la ville.
Dans La Fièvre d’Urbicande, Robick trouve un cube qui, posé de guingois sur son bureau, grossit et se développe de manière exponentielle, jusqu’à englober la ville elle-même. À une certaine taille, les ramifications du cube sont suffisamment grandes pour créer des ponts, permettant aux habitants de redécouvrir leur ville. Puis la structure grandit encore, au point de disparaître.
Les deux auteurs, déjà complices pour Les Murailles de Samaris, livrent ici une fable sur la communications et sur la vie en collectivité. Dans cet univers fantaisiste, ils font surgir le surnaturel dans l’ordre établi, et montrent comment l’imprévisible bouleverse tout.
Jim
Gardien d’une tour immense, presque infinie, à la fois en hauteur et en circonférence, au point qu’elle constitue un monde à part entière, Giovanni Batista entreprend d’en visiter les recoins à l’approche d’une inspection.
Comme souvent dans la série, Peeters et Schuiten questionnent la notion de réalité à partir de la dimension concrète de l’architecture (en gros : non pas les plans, qui sont des projections de l’esprit, mais les bâtiments, qui en sont la matérialisation), mais ce faisant, ils s’interrogent également sur la nature du support dans lequel ils s’expriment.
Là où la structure créée par le cube, dans La Fièvre d’Urbicande, imposait des lignes horizontales et verticales qui découpent le monde en autant de cases (rappelant la bande dessinée), cette fois-ci, Giovanni et le lecteur sont confrontés à l’émergence de la couleur dans un univers en noir & blanc. La couleur est indicible pour eux, et constitue une nouveauté surnaturelle, la preuve d’un autre monde au-delà des murs, en quelque sort.
Superficiellement, on peut comparer leur entreprise à celle de Frank Miller dans Sin City, qui fait apparaître des couleurs dans son noir et blanc (le rouge, le jaune, le rose, le bleu). Mais La Tour précède Sin City de quelques années. De plus, leur approche est différente : ce n’est pas seulement une couleur qui perce dans le monde contrasté de Giovanni, mais carrément des tableaux. Un autre monde, celui de l’art, envahit celui de la bande dessinée. Et pourtant, il est englobé dans la bande dessinée, comme si celle-ci l’absorbait, et le résumait en quelque sorte.
Jim
Au début du mois dernier, j’ai fait un petit tour (rapide, comme trop souvent) à Bruxelles. Et j’ai vu une fresque murale, comme il y en a plein dans cette capitale de la BD, liée au monde des cités obscures.
Allez, rien que pour le plaisir des yeux :
Jim
Dessin de Schuiten paru dans Le Soir (donc en Belgique) à la mi-mars :
Jim
Les cités obscures - : La Fièvre d’Urbicande - édition couleur
Prix du Meilleur Album à Angoulême en 1985, ce deuxième volume de la saga au long cours de Schuiten et Peeters paraît pour la première fois en couleurs. L’urbatecte Eugen Robick est insatisfait. La Commission des Hautes Instances, qui gouverne Urbicande, refuse l’aménagement d’un pont qui, selon Robick, rétablirait un équilibre urbain menacé. C’est dans ce contexte qu’un étrange objet fait son apparition sur le bureau de Robick : une structure cubique évidée d’origine inconnue, faite d’un métal indestructible, qui commence à lentement croître… Publiée dans le journal (A suivre) en 1983, La Fièvre d’Urbicande était au départ conçue pour paraître en couleur. Plus de 35 ans après sa première publication, l’un des épisodes majeurs des Cités Obscures est donc enfin colorisé. C’est le graphiste et illustrateur belge Jack Durieux qui a oeuvré pour souligner la majesté et la puissance de cette bande dessinée intemporelle.
Scénario : Benoît Peeters
Dessinateur : François Schuiten
Coloriste : Jack Durieux
Editeur : Casterman
Date de parution : 28/10/2020
Collection : Albums
Format : 24cm x 32cm
Poids : 0,0010kg
EAN : 978-2203202924
ISBN : 2203202920
Illustration : Illustrations couleur
Nombre de pages : 104
Format : 24,00 x 32,00 cm
Un élément de cette réédition serait presque anecdotique si cette nouvelle n’était pas une promesse inattendue ! En effet, sur l’un des pans de cette carte, là où les auteurs ont listé les albums « principaux » de leur série, on peut lire : « Le Retour du Capitaine Nemo (à paraître) ». Pourquoi ces quelques mots peuvent-ils soulever l’enthousiasme des lecteurs ?
Jim
L’émission Sur la planche avec Benoît Peeters en invité est en accès gratuit ce jour
Le Retour du Capitaine Nemo
Un être hybride émerge des eaux. À la fois créature animale et engin sous-marin, le Nauti-poulpe abrite à son bord un homme amnésique. Où l’emmène ce petit vaisseau qui arpente des lieux plus ou moins familiers ? " Capitaine, j’étais capitaine… Je suis le capitaine Nemo. " Porté par d’impressionnantes images en noir et blanc, le récit nous fait suivre le héros des romans de Jules Verne Vingt Mille Lieues sous les mers et L’Île mystérieuse, à qui Schuiten et Peeters imaginent un nouveau destin. Dans ce très beau livre se mêlent la bande dessinée, le récit illustré et l’histoire de Verne lui-même, installé dans la ville d’Amiens où sera bientôt érigée une monumentale sculpture en bronze du Nauti-poulpe. Les auteurs des Cités Obscures font ainsi revivre un personnage inoubliable qui a bouleversé les imaginaires…
- Éditeur : CASTERMAN (25 octobre 2023)
- Langue : Français
- Relié : 96 pages
- ISBN-10 : 2203254394
- ISBN-13 : 978-2203254398
Les Cités obscures - Brüsel: Nouvelle édition 2023
Ardent défenseur du progrès, le fleuriste Constant Abeels vit à Brüsel, à l’aube d’une révolution technologique qui devrait voir, avec l’avènement du plastique, la fin des miasmes malsains et de la dégradation des végétaux. Une malencontreuse coupure d’eau oblige Constant à retarder la réouverture de sa boutique. Au palais des Trois Pouvoirs où il se met en quête de son dossier, il est frappé par la beauté sensuelle d’une employée très compréhensive : Tina Tonero. Ensemble, ils vont découvrir la maquette du nouveau Brüsel, projet d’un entrepreneur mégalomane, Freddy De Vrouw…
- Éditeur : CASTERMAN (25 octobre 2023)
- Langue : Français
- Broché : 112 pages
- ISBN-10 : 2203276398
- ISBN-13 : 978-2203276390
François Schuiten est né à Bruxelles le 26 avril 1956, dans une famille où l’architecture tient une grande place. Il réalise deux albums avec Claude Renard : Aux médianes de Cymbiola et Le Rail. Avec son frère Luc, il élabore le cycle des Terres creuses. Depuis 1980, il travaille avec Benoît Peeters à la série Les Cités Obscures. Ses albums ont été traduits en une quinzaine de langues et ont obtenu de nombreux prix. Il a réalisé de nombreuses illustrations, affiches et timbres-poste partout en Europe. François Schuiten a également conçu les stations de métro " Arts et Métiers " à Paris et " Porte de Hal " à Bruxelles, et scénographié divers spectacles d’opéra et de danse. Il a participé à la conception des films Taxandria, Les Quarxs, Mr Nobody et Mars et Avril. Il a conçu des pavillons pour plusieurs expositions universelles : le pavillon du Luxembourg à Séville en 1992, le parc thématique des utopies à Hanovre en 2000 - qui a accueilli cinq millions de visiteurs -, et le pavillon belge à l’Exposition mondiale de Aïchi (Japon) en 2005. En 2002, il a obtenu le grand prix d’Angoulême pour l’ensemble de son oeuvre. Il a publié son premier livre en solo, La Douce, en 2012 et a conçu un musée du train, le Train World, qui a ouvert ses portes à Bruxelles en 2015.
Benoît Peeters est né à Paris en 1956. Son premier roman, Omnibus, est paru aux éditions de Minuit en 1976. Depuis lors, Benoît Peeters a multiplié les travaux dans les domaines du scénario, de la critique, de l’édition et de la conception d’expositions. Une longue complicité avec le dessinateur François Schuiten lui a permis de construire avec lui le cycle des Cités obscures. Quinze albums sont parus à ce jour ; ils ont obtenu de nombreux prix et ont été traduits dans une quinzaine de langues. Passionné par le récit sous toutes ses formes, Benoît Peeters a collaboré avec d’autres dessinateurs (comme Aurélia Aurita et Frédéric Boilet), une photographe (Marie-Françoise Plissart) et le cinéaste Raoul Ruiz. Spécialiste d’Hergé, il a publié trois ouvrages qui sont devenus des classiques : Le Monde d’Hergé, Hergé fils de Tintin et Lire Tintin, les bijoux ravis. Théoricien et critique aux intérêts éclectiques, il est l’auteur de nombreux essais sur la bande dessinée, le scénario et l’écriture en collaboration, mais aussi sur Paul Valéry, Raoul Ruiz, Jirô Taniguchi et Chris Ware. Il a publié aux éditions Flammarion la première biographie du philosophe Jacques Derrida, et tout récemment Sándor Ferenczi, l’enfant terrible de la psychanalyse.