Horreur
Long métrage américain
Réalisé par George McCowan
Scénarisé par Robert Hutchinson et Robert Blees
Avec Sam Elliott, Ray Milland, Joan Van Ark, Adam Roarke…
Titre original : Frogs
Année de production : 1972
Après les monstres géants nés de la peur du nucléaire dans les années 50, la série B d’horreur s’est tournée vers un autre genre de menace au début des années 70 avec l’apparition d’un cycle de longs métrages à la thématique écologique dans lesquels la nature se retourne contre l’humanité. Bien entendu, les résultats étaient inégaux et pouvaient aller de l’inquiétante production australienne Long week-end aux lapins géants de ce croustillant nanar qu’est Les Rongeurs de l’Apocalypse, sorti la même année que Les Crapauds.
Réalisé par George McGowan (Alerte dans le cosmos), Frogs débute par la vision d’un reporter de la vie sauvage prenant des photos de la faune et de la flore d’un marais du Sud des Etats-Unis à bord de son canöe. Pickett (Peter dans la V.F.) Smith est campé par un Sam Elliott alors en début de carrière (sans compter son travail sur le petit écran, c’était son quatrième film et le premier en tête d’affiche) et il affichait déjà une solide présence. Il n’arborait pas encore son emblématique moustache…et je crois d’ailleurs que je ne l’ai pas souvent vu sans sa pilosité faciale.
Il ne faut pas longtemps pour que Smith découvre des traces de pollution avant d’être renversé par accident par le bateau de Clint et Karen Crockett, les enfants du richissime Jason Crockett, un homme d’affaire cloué sur un fauteuil roulant qui se trouve être le propriétaire d’une superbe maison coloniale sur une île isolée. Pour se faire pardonner, les Crockett invitent le photographe à la fête d’anniversaire du patriarche. Les premières minutes sont donc consacrées à la présentation du clan et ce ne sont pas les plus palpitantes. Les Crockett représentent la caricature de la famille aisée et horrible…seule la fille est sympathique, le père est un vieux râleur, le fils est alcoolique, la belle-fille est insupportable, l’oncle est arrogant, la tante est une vieille folle, le neveu n’en a rien à carrer…
Réunis pour fêter l’anniversaire (et espérer qu’il clamse enfin pour toucher l’héritage) du patriarche interprété par un Ray Milland perpétuellement en mode grincheux, les Crockett ne supportent plus l’incessant coassement des innombrables amphibiens qui peuplent les environs. Et il y a beaucoup de grenouilles et de crapauds, le réalisateur ne ratant jamais une occasion pour glisser un plan de ces bébêtes. Tout ceci est dans un premier temps laborieux et assez pantouflard et il faut attendre la première victime pour que Les Crapauds devienne un peu plus divertissant en jouant enfin sur l’absurdité de son histoire pour se transformer en une sorte de slasher animalier…
Le scénario ne détaille pas les raisons de cette « révolte » des animaux mais cela se devine : les Crockett possèdent une usine polluante, le vieux était un chasseur expérimenté et il n’hésite pas à utiliser du poison pour se débarrasser de la faune locale. Les attaques sont variées, violentes…et tout le monde participe, araignées (brrr…), crocodiles, serpents, des lézards bien organisés et même une tortue alligator (les grenouilles font plus dans la « guerre d’usure » en ne s’arrêtant jamais de coasser pour rendre fous les humains…il n’y a pas de très gros batracien avec une main dans la bouche comme sur l’affiche) ! Malgré les moyens (très) limités, George McGowan a su créer une bonne petite atmosphère dans cette deuxième partie de métrage, en appuyant notamment les effets par le travail sur le son et la musique…
À la production de Frogs, on retrouve le studio indépendant American International Pictures fondé par Samuel Z. Arkoff et James H. Nicholson, des habitués de ce type de bisserie puisqu’ils furent notamment les collaborateurs réguliers de Roger Corman une quinzaine d’années plus tôt.