LES LUMIÈRES DE LA VILLE (Charlie Chaplin)

Comédie/drame/romance
Long métrage américain
Ecrit et réalisé par Charlie Chaplin
Avec Charlie Chaplin, Virginia Cherrill, Harry Myers, Florence Lee…
Titre original : City Lights
Année de production : 1931

Le Cirque (1928) fut le dernier long métrage de Charlie Chaplin tourné à l’ère du cinéma muet. Chaplin a mal accueilli l’arrivée du parlant, il pensait même que c’était une mode qui ne durerait pas. Bien décidé à continuer de réaliser des films muets, il a conçu son oeuvre suivante, Les Lumières de la Ville, de la façon qui lui correspondait le mieux. Charlie Chaplin était un maître dans le registre du pantomime et il avait peur que son personnage du Vagabond, qu’il incarnait depuis 1914, perde de son côté universel en lui donnant pour la première fois une voix.

Alors que tout le monde à Hollywood était passé au parlant, Chaplin fut donc le seul à persévérer dans le muet, tout en étant perpétuellement stressé à la pensée d’être démodé. Il était également extrêmement perfectionniste, presque jusqu’à la folie comme il l’a lui même souligné (rien que la scène de la rencontre entre Charlot et la fleuriste aveugle a nécessité plus de 300 prises pour qu’il soit satisfait), et la production des Lumières de la ville a pris presque trois ans. Dans cette comédie mâtinée de drame social et de romance, le Vagabond tombe amoureux d’une aveugle qui le prend pour un homme fortuné et va tout faire pour assurer son avenir, notamment en trouvant la somme nécessaire pour lui payer une opération qui lui redonnerait la vue…

Ce n’est pas la seule intrigue puisqu’au hasard de ses déambulations urbaines, Charlot va empêcher un millionnaire excentrique, désespéré après le départ de sa femme, de se suicider. Début d’un génial running gag puisque le bonhomme (incarné par le prolifique Harry Myers…à l’affiche de plus de 300 films courts et longs avant son décès en 1938 des suites d’une pneumonie) ne reconnaît son sauveur que quand il prend des murges monumentales et l’oublie complètement lorsque les vapeurs de l’alcool se sont dissipées.

Si Les Lumières de la Ville reste un film muet avec intertitres, Chaplin s’est tout de même servi de l’évolution technique du son pour ajouter des bruitages afin d’accentuer les effets de certaines situations et utilise régulièrement de manière diégétique une musique qu’il a composée presque dans son intégralité. Pour l’humour, il s’en remet à son génie du mouvement, son sens impeccable du timing pour des péripéties qui ont pleinement conservé leur force comique : le chaotique dancing, l’attaque des voleurs chez le millionnaire ou encore l’irrésistible combat de boxe pour lequel il s’est inspiré de son court Charlot Boxeur (1915) en le rendant encore plus dynamique.

Il n’y a pas que le rire. Comme il l’avait déjà démontré avec Le Kid par exemple, Charlie Chaplin pouvait se montrer particulièrement émouvant. Sa relation de tournage avec sa partenaire Virginia Cherrill fut tendue mais les scènes qu’ils partagent sont très belles, le coeur et l’âme des Lumières de la Ville…et la toute dernière m’a fait monter les larmes aux yeux…

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Seth :