REALISATEUR & SCENARISTE
Charlie Chaplin
DISTRIBUTION
Charlie Chaplin, Jackie Coogan, Edna Purviance…
INFOS
Long métrage américain
Genre : comédie dramatique
Titre original : The Kid
Année de production : 1921
Charles Chaplin a commencé sa carrière cinématographique en 1914, créant pour sa deuxième apparition ce qu’on peut considérer comme le « prototype » de son emblématique personnage du Vagabond (The Tramp en version originale), qu’il perfectionna par la suite. Le succès fut quasi-immédiat et Chaplin passa à la réalisation seulement quatre mois après ses débuts avec Un béguin de Charlot. Les tournages s’enchaînaient et Chaplin réalisait à l’époque environ un petit film par semaine (plus de 30 courts métrages sont crédités rien que pour l’année 1914). Chaplin devint ensuite de plus en plus perfectionniste et demandait des durées de plus en plus longues pour peaufiner ses films (comme 4 mois pour le moyen-métrage de 45 minutes Charlot Soldat en 1918), ce qui était inhabituel pour l’époque, occasionnant quelques démêlés avec les différents studios sous lesquels il était sous contrat.
Pour s’assurer plus d’indépendance, Charlie Chaplin a fondé United Artists avec le réalisateur D.W. Griffith et les acteurs Douglas Fairbanks et Mary Pickford en 1919. Mais il ne put commencer ses projets pour United Artists qu’en 1923 car il devait encore six films sur son contrat pour la First National Pictures. Et sur ces six films, il y avait ce qui allait devenir son premier vrai long métrage, et l’une des oeuvres les plus célèbres de l’ère du muet, le touchant Le Kid.
Le Kid fut le premier film de Charlie Chaplin à dépasser la durée d’une heure (68 minutes exactement, soit l’équivalent de 6 bobines contre deux pour les courts habituels) dans ses premières exploitations. Une durée qui a ensuite été réduite à 50 minutes par Chaplin lui-même, qui retravaillait souvent ses productions pour les ressorties, en resserrant le montage ou en ajoutant une nouvelle musique. La réalisation de The Kid dura pratiquement un an, entre août 1919 et mai 1920, une période où la vie personnelle de Chaplin a eu de profondes répercussions sur l’histoire qu’il racontait à l’écran.
Le Kid est en effet un des films les plus personnels de Charlie Chaplin. Les premières scènes montrent une mère désemparée (jouée par Edna Purviance, une des actrices fétiches et ancienne liaison de Chaplin) abandonner son bébé qu’elle n’a pas les moyens d’élever. Elle regrette vite son geste mais ne retrouve pas l’enfant à où elle l’a laissé car par un véritable concours de circonstances, son fils a été découvert par Charlot, un miséreux qui s’attache au bambin après avoir tenté de s’en débarrasser (le gag du landau est excellent) et décide de l’élever, malgré les conditions difficiles de son quotidien. Une description de la pauvreté et de la cruauté des figures d’autorité qui renvoie à la propre enfance difficile de Chaplin en Grande-Bretagne.
Avec Le Kid, Chaplin mêlait pour l’une des premières fois comédie et drame, mettant son art du pantomime au service de gags savoureux (la bagarre avec la brute du quartier est un petit régal) tout en jouant avec talent la carte de l’émotion. Les scènes où Charlot décide de prendre soin de l’enfant et de l’élever du mieux qu’il peut prennent une autre dimension quand on sait que Chaplin venait de perdre son premier fils, décédé à l’âge de 3 ans peu de temps après le début du tournage. Le duo qu’il forme ensuite avec le petit Jackie Coogan, talentueux enfant-star (et futur Oncle Fétide dans la série TV La Famille Addams des années 60) offre de beaux moments de rire et de tendresse, qui culmine dans la palpitante scène de la poursuite sur les toits, démonstration d’amour désespérée d’un père de substitution qui tente de reprendre son fils aux services sociaux.
Sur le premier carton de The Kid, il est inscrit : « un film avec un sourire, peut-être une larme ». Il y a des sourires, oui…des rires francs, aussi…et des larmes, ça c’est certain…
