LES PROJETS AVORTÉS

Un personnage d’ailleurs totalement inventé par Brendan McCarthy himself pour Morrison.

…. [size=150]L[/size]’histoire est assez connue, au début des années 1980 Alan Moore déjà auréolé d‘un Eagle Award (du meilleur scénariste 1982) reçoit au printemps 1983 un coup de fil de Len Wein scénariste américain et – à ce moment-là –responsable éditorial chez l’éditeur DC Comics. Moore qui habite en Angleterre, croit d’abord qu’il s’agit d’une blague de David Lloyd (avec qui il travaille sur V for Vendetta pour le magazine britannique Warrior), mais Wein insiste.

Il lui propose en substance, de reprendre l’écriture d’un des personnages de l’éditeur américain, en l’occurrence Swamp Thing (alias la Créature du marais).
Personnage qu’il a par ailleurs co-créé en 1971/1972 (avec Bernie Wrightson) et qui est alors publié dans une série mensuelle à suivre intitulée The Saga of Swamp Thing.
Un titre qui a vu le jour en 1982 pour capitaliser sur la sortie du film réalisé par Wes Craven (sobrement intitulé Swamp Thing : Pour en savoir +), et qui ne figure pas à l’époque, sur la liste des meilleures ventes de la maison d’édition new-yorkaise.

« *Lorsque j’ai repris le personnage de Swamp Thing, j’ai essayé de trouver le moyen de lui donner une forme nouvelle sans rien changer de la continuité admise, le transformer de ce que je voyais comme un personnage très limité en quelque chose qui ait bien plus de potentiel narratif *» déclarera Moore à Peter Bebergal pour la revue The Believer en juin 2013 traduction Yoko Lacour).
Moore applique à ce personnage de seconde zone, la même méthode innovante (pour l’époque) qui lui a si bien réussie sur Marvelman (Pour Warrior).

On connaît la suite de l’histoire : Moore arrive sur le titre au numéro 20, termine les intrigues en cours et dès le numéro suivant (La leçon d’anatomie) redéfini le personnage principal, et réoriente le titre en en faisant un titre d’horreur au succès critique et public grandissant & incontestable.
Swamp Thing devient aussi (à partir du numéro 31) la première série mensuelle de DC Comics à s’affranchir du sceau de la Comics Code Authority. Un pari risqué à l’époque.

Une série dont on s’attend qu’elle n’ait aucun tabou.

À partir du numéro 65 - la série est devenue entre temps Swamp Thing, tout simplement - c’est Rick Veitch, qui a déjà travaillé sur la série avec Moore qui en reprend l’écriture suite au départ (volontaire) de ce dernier qui considère avoir fait le tour des personnages.

…. Lorsqu’il entame son second arc narratif (Swamp Thing #80), Rick Veitch envoie la Créature du marais, par l’intermédiaire d’une race extraterrestre qui craint son pouvoir, à travers le temps.
Un périple au cours duquel il rencontrera plusieurs personnages de l’écurie DC Comics (Sergent Rock et la Easy Company, Enemy Ace, etc.). De son côté Abby, sa compagne, vivra aussi quelques turpitudes auxquelles seront mêlés le Sandman de Neil Gaiman, John Constantine, ou encore le Phantom Stranger (etc.) ; finalement Swamp Thing devait revenir dans son présent (au numéro 92*) pour assister à la naissance de son enfant, et pour y affronter son pire ennemi Arcane.

Mais cet affrontement aurait dû avoir des modalités différentes de ce à quoi on aurait pu s’attendre, grâce à l’une des rencontres qu’avait fait la Créature du marais lors de son voyage dans le Temps.

Or donc, dans le numéro en question (#88), qui se déroule en l’an 33 après J-C, Swamp Thing n’y rencontre rien de moins que Jésus en personne.

L’histoire écrite par Veitch, intitulée « Morning of the Magicien », et qui n’a pas eu l’aval de l’éditeur, n’est, en tout cas jusqu’à maintenant, jamais parue.
Une rumeur persistante, formée à partir d’une interprétation erronée (certainement) du crayonné de la couverture (dessinée par Veitch lui-même), voulait que Swamp Thing eut été le bois dont on fit la croix sur laquelle le Christ fut crucifié.
Mais si on regarde attentivement cette planche, on peut voir que se dessinent clairement, en arrière-plan, les trois croix bien connues, dont celle du Christ.

Le scénario que j’ai lu (voir lien infra), dont tout laisse croire qu’il est de Veitch lui-même, et les planche dessinées par Michael Zulli (dont ce devait être le premier travail pour DC), racontent donc une tout autre histoire ……

…. **[size=150]E[/size]**n effet, dans la version du scénariste étasunien, les Rois mages qui ont rendu visite à Jésus lors de sa naissance, sont en fait trois sorciers venus s’assurer à l’époque qu’il ne posera pas de problème (à leurs plans diaboliques suppose-t-on) au cours de son existence.
Trente trois ans plus tard, s’apercevant qu’ils ont fait une terrible erreur, ils invoquent un démon (Bilial) afin de la réparer.

Pendant ce temps, Marcus le Gladiateur d’or (The Golden Gladiator, un personnage de DC), promet à Marie-Madeleine qu’il va tout faire pour sauver Jésus lorsqu’on lui demandera de l’arrêter. Mais Bilial s’empare du corps de Marcus.

Pendant ce temps, Jésus médite sur le Mont des oliviers, alors que Swamp Thing y arrive sous la forme d’une olive**. À noter que dans le scénario tout laisse croire que Jésus est tout à fait conscient de la présence, voire des pensées de Swamp Thing à ce moment-là.
Swamp Thing prend ensuite la forme d’une plante et « pousse » près du Christ, puis déverse un « suc » dans une coupe - qui deviendra le Graal - qui se trouve devant Jésus.
Un montage alterné montre ensuite Swamp Thing en train de s’interposer entre Marcus (possédé par Bilial) et Jésus mais hors de sa vue, alors que ce dernier porte à ses lèvres le Graal (qui contient donc un peu de Swamp Thing dedans).
Il y a tout lieu de croire que Veitch suggère ici un moment intime très connu de la geste de la Créature du marais. Mais aussi que nous assistons à une eucharistie.
Et si mon interprétation est exacte on peut aisément comprendre la frilosité de DC Comics à publier cette histoire.

Marcus est délivré du démon, Jésus arrêté, Ponce Pilate s’en lave les mains, etc., jusqu’à la crucifixion.

Rich Veitch ambitionnait avec cet arc de donner une sorte de cohérence à plusieurs points de l’univers surnaturel de DC Comics, on voit par exemple lors de l’exorcisme de Bilial, Etrigan être recraché par celui-ci, ou encore (cohérence interne à l’arc qui va à rebrousse-temps) Joseph d’Arimathie recueillir le sang du Christ dans le Graal, et y déposer un morceau d’ambre qui apparaît tout au long de cet arc narratif.

…. Selon Rick Veitch il avait, avant de lancer cette aventure, donné oralement une version du scénario à Karen Berger (alors editor de la série) et à Dick Giordano (alors executive editor chez DC). Autrement dit des individus ayant un pourvoir décisionnel sur l’avenir du titre.
Lorsque Giorodano reçu le tapuscrit du scénario, il le fit lire à Jenette Khan qui était à cette époque la présidente et l’*editor-in-chief *de DC Comics, autrement la « seule maître à bord après Dieu » de la maison d’édition.
C’est cette dernière qui mettra son véto, alors même qu’au moins dix-neuf pages avaient déjà été dessinées par Zulli au moment de sa décision.

En l’apprenant, Veitch discute, écrit même un mémo pour défendre son scénario, envisage sérieusement de démissionner mais accepte quand même de revoir son script, puis d’en réécrire un nouveau – en une semaine chrono pour respecter les délais de parution – mais rien n’y fait, DC Comics ne veut pas publier cette histoire. Finalement le scénariste claquera la porte. (Ultime pied de nez, il donnera comme nom, à une série de comic books de super héros (bien déviants et barrés), qu’il créera le nom de King Hell. Un nom qui devait être celui d’un personnage inventé pour ses futurs projets chez DC)

Cela étant dit, il semblerait que quelqu’un chez Warner – qui possède DC Comics – au-dessus de Jenette Khan, se soit définitivement et irrémédiablement opposé à l’idée de publier cette histoire, même avec des ajustements.

Rétrospectivement on remarquera que ce numéro de Swamp Thing n’est jamais paru alors que par exemple, l’histoire de Warren Ellis (Shoot), tout aussi controversée à l’époque où il écrivait Hellblazer et qui n’avait pas non plus été publiée, l’a été ensuite dans un numéro spécial : Vertigo Resurrected.
Un recueil où Morning of the Magicien aurait largement pu figurer.

Rick Veitch est comme son prédécesseur sur la série, il se préoccupe autant de la forme, de la structure de ses histoires (regardez la troisième et la dernière planche par exemple) que d’échafauder un plan plus général (des histoires sur plusieurs numéros alors que la mode n’est pas encore aux recueils ou trade paperbacks) et qui englobe d’une manière ou d’une autre l’univers entier dans lequel il fait évoluer ses personnages.

Ici, je rappelle que nous sommes encore dans une ère pré-Vertigo, Rick Veitch - selon certaines sources - voulait redéfinir l’équilibre entre le Paradis et l’Enfer tel qu’envisagé dans l’univers « Suggested For Mature Readers » de DC Comics.
Autrement dit, pour certains titres - dont la lecture nécessitait d’être plus mûr - et plus précisément les séries suivantes : Swamp Thing, Hellblazer, Green Arrow et The Question, Rich Veitch avait en projet d’écrire une histoire qui mettrait en scène les héros éponymes de ces séries dans une histoire (un crossover ?) où le King Hell dont je parlais supra aurait dû avoir sa place.

…. Si mettre en scène Jésus était osé, suggérer que Swamp Thing avait pu partager une eucharistie avec le Christ où celui-ci reçoit le « corps et le sang » de la Créature du marais, était un pari encore plus fou ! Surtout au pays de l’Oncle Sam.


*Après Rick Veitch, les scénaristes Jamie Delano et Neil Gaiman devaient, alternativement, prendre la suite avec des histoires de 3 ou quatre numéros chacun.
C’est finalement Doug Wheeler qui prendra la suite après un hiatus de 2 mois, en partie comblé par l’annual n°5.

** En fait Swamp Thing a développé sous l’égide du scénariste de Northampton la faculté de se déplacer à travers la planète grâce à son pouvoir de régénération

• On peut lire le scénario (en anglais) de Rick Veitcht, et voir les planches (au stade du cayonné) de Michael Zulli en allant sur le blog 20th Century Danny Boy (Pour en savoir +).

Dommage que cela n’ait pas abouti, surtout avec une intrigue aussi ambitieuse.
Vivement une réédition complète du run du barbu chez Urban (ça me donne envie de ressortir les deux volumes traduits par Alex).

J aimerais aussi que DC finisse la réédition des veitch…

Passionnant comme d’hab’, ce billet.

J’en étais resté à l’idée que la Créature, dans ce récit avorté, était simplement du bois dont on fait les croix, comme tu le rappelles. Du coup, j’avais du mal à comprendre ce qui gênait autant DC. Avec les détails que tu livres, on comprend beaucoup mieux…

Décidément les Big Two sont sacrément frileuses quand il s’agit de se frotter à Dieu (ou à ses héritiers directs) ; on se souvient, dans le genre, des velléités de rétractation de Stan Lee après que Dieu en personne était apparu dans une aventure de Doc Strange signée Englehart et Brunner (même si là, une fausse lettre, fameuse, a permis au tandem créatif d’échapper à ça).

Au vu des manifestations et dérives qu’avait créée à l’époque La Dernière Tentation du Christ, en 1988, je peux comprendre la frilosité des éditeurs (Veitch s’en va en 1989). Ce n’est guère courageux, mais niveau commercial et marketing, ça se comprend.
Merci pour le billet !

Oui ça a dû jouer, à l’époque, mais vu l’avancement du projet ne pas le proposer dans le Vertigo Resurrected par exemple, alors que Shoot a été publié, et que le contenu du scénario d’Ellis n’en est pas moins problématique aujourd’hui qu’hier, tend à me faire dire que ce n’est pas ça le problème.
Surtout que selon Veitch le projet était approuvé par Berger, et Giordano (mais qui devait se douter qu’il y aurait un problème).

Cela dit, après avoir lu ce numéro et maintenant que j’en sais plus sur ce que projetait le scénariste, je peux imaginer de mon côté une histoire. Un « projet avorté » comme exhausteur d’imaginaire, je dis merci DC. :wink:

Ah, passionnant ! je n’avais pas le détail de la façon dont l’affaire était remontée…

Ça me fait plaisir de voir « l’ermite du pays de la batellerie » revenir parmi nous d’une part, et d’autre part délivrer une si belle bulle : Ah, passionnant !.

Merci amigo (je suis touché) ; c’est le romancier qui parle j’espère ! :wink:


*****Ça me rappelle que si vous voulez des renseignements sur l’appel du « printemps 83 », Swamp Thing & Vertigo, plutôt que de faire « Le 22 à Asnières », l’ami Niko s’est fendu d’un billet brillant (Pour en savoir +) chez le spécialiste des cous size=85[/size] tordus Bruce Lit.

je suis un peu trop le nez dans le guidon, oui (j’ai deux articles pour Comics Sanctuary que je n’arrive pas à prendre le temps d’iconographier)

(et le romancier est à la bourre, d’une force…)

Ah bah merci ! Je n’arrivais pas à le retrouver !

Sinon c’est dommage de ne pas avoir ce type de récit en comics, ça aurait pu être un classique absolu…

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Silver Surfer: The Lost Adventure (Jean-Marc Lofficier/José Ladrönn)

Ce n’est pas un secret pour les fans de Norrin Radd (d’autant que Stan Lee n’hésite pas à l’admettre), le Surfeur d’Argent est à la base l’invention du seul Jack Kirby.
À partir d’un postulat ambitieux (« Fais-les affronter Dieu »), assez délicat à gérer et plutôt casse-gueule (il suffit de voir comment Englehart a été obligé de ruser, pour faire en sorte que la conclusion de sa saga avec Dr Strange, Mordo et Sise-Neg soit publiée), il n’en fallut pas davantage pour que l’imagination de Kirby aboutisse à Galactus, le dévoreur de mondes.

Lorsque Stan Lee découvre les pages du début de la célèbre « Galactus Trilogy » dans Fantastic Four #48, il est agréablement surpris par la présence inattendue de ce mystérieux surfeur argenté slalomant entre les météorites (une version confirmée plus tard par Roy Thomas, présent au moment de la découverte des planches par Lee).
Puisque le lectorat a répondu positivement à l’arrivée de ce nouveau personnage, le Surfer est donc réapparu à plusieurs reprises, grossissant ainsi les rangs des principaux alliés des FF (les Inhumains, la Panthère noire, Wyatt Wingfoot, Agatha Harkness, etc…).

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Lee ne tarde pas à s’amouracher du héraut déchu, et cela au détriment de la caractérisation initiale du Surfer, puisque la vision du personnage selon Lee ou Kirby a tendance à différer radicalement. Son créateur l’envisage comme un alien pur, innocent et colérique tandis que la version de Lee se veut plus messianique et humanisée (chez Kirby, rien n’indique que son existence puisse se résumer à autre chose qu’à servir Galactus, Zenn-La et Shalla-Bal étant après tout des apports ultérieurs de Lee), pour mieux développer sa facette de « pleureuse cosmique » (pour reprendre l’expression du propriétaire du gros chien noir :laughing:), si populaire en France du temps de Lug.

Après avoir offert au Surfer une première aventure solo dans un annual des FF (le back-up avec Quasimodo), et alors que Goodman et Lee peuvent enfin se permettre d’éditer à nouveau un nombre de titres plus conséquent à partir de 1968, l’ex-héraut de Galactus est fin prêt à voler de ses propres ailes. Pour Lee, le meilleur moyen de se le réapproprier consiste à supplanter la version d’origine et donc à l’éloigner du périmètre de Kirby, en exfiltrant le Surfer hors du titre de la « First Family ».

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Rien n’est trop beau pour la nouvelle coqueluche de Lee ; le prix et la pagination sont au-dessus de la moyenne, sur les premiers numéros, John Buscema donne le meilleur de lui-même avec certaines des planches les plus somptueuses de sa carrière, et Lee a tout le loisir de parachever le statut de paria tourmenté du Surfer, s’inscrivant dans le prolongement des autres outsiders mal-aimés de l’univers Marvel des années 60.

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Lee ne lésine pas sur l’ambition et les moyens, mais cela ne suffira pas pour autant à faire de la série un hit.
Au bout d’une quinzaine de numéros, il cherche à relancer le personnage dans une direction qui pourrait idéalement permettre à la série de trouver son public. Le titre ayant alors besoin d’une nouvelle impulsion créative, Lee fait appel à Kirby pour sauver les meubles (alors que celui-ci était sur le point de partir chez DC, comme l’indique la « Stan’s Soapbox » de ce numéro).

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À l’occasion de ce dernier virage, le Surfer mélancolique de Lee laisse place à la version plus furibarde de Kirby (la vision du créateur reprenant ainsi fugacement ses droits), amorçant la mue d’un personnage désormais enclin à se retourner contre l’humanité, après tout ce qu’elle lui a fait subir.
Ce changement d’approche n’ira finalement pas bien loin, puisque Goodman préfère arrêter les frais, celui-ci ayant décidé de stopper le titre avant même d’avoir eu accès aux chiffres de vente de ce dernier numéro décisif.
Une relance a été envisagée, en renommant la série « The Savage Silver Surfer » et en confiant la partie graphique à Herb Trimpe (l’encreur du dernier numéro), mais ce projet n’a pas abouti. Par la suite, la réapparition du Surfer dans les pages du titre solo de Namor permettra de révéler que l’ancien héraut de Galactus a finalement renoncé à sa croisade vengeresse (le conflit s’étant manifestement réglé en hors-champ, comme si cette intrigue avait été perçue comme encombrante, et donc enfouie sous le tapis en attendant que quelqu’un daigne l’exhumer).

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Quelques années plus tard, le trio Lee/Kirby/Sinnott a fini par se réunir pour la dernière fois en 1978, à l’occasion d’une histoire à part du Silver Surfer sur le plan de la continuité, pas vraiment conçue comme un prolongement de sa première série régulière, mais plutôt comme une relecture de la première arrivée sur Terre du dévoreur de mondes et de son héraut, mais sans les FF pour les contrecarrer. Ce graphic novel paru chez Fireside a en réalité été pensé comme une sorte de prêt-à-adapter, en vue d’un projet d’adaptation produit par Lee Kramer, et délesté de ses références à l’Univers Marvel pour une question de droits cinématographiques.

Ce projet d’opéra rock restera lui aussi inachevé (le Doc l’avait déjà évoqué dans la rubrique les petites histoires du grand écran). Au cours des années suivantes, le King se reconvertira dans le domaine de l’animation avant d’entamer son bras de fer juridique avec Marvel au cours de années 80, et Stan Lee ne s ‘occupera plus du Surfer que de façon épisodique (un one-shot avec John Byrne par-ci, une collaboration avec Moebius par-là), avant de laisser peu à peu les rênes de son personnage fétiche à d’autres scénaristes (Englehart, Starlin, etc…).

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Pour savoir ce qui a bien pu arriver après ce fatidique numéro 18, il a ensuite fallut attendre jusqu’à la fin des années 90 pour avoir enfin droit à un élément de réponse (dans le cadre d’un épisode de la série Webspinners: Tales of Spider-Man).

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Cette volonté de donner une suite à la série initiale n’est en aucun cas unique (le projet avorté Silver Surfer: Year Zero de Morrison et Quitely devait se conformer également à la même démarche), puisque durant la même période (vers 1997/1998), Lofficier et Ladrönn avaient concocté un projet semblable, rien de moins qu’un graphic novel de 64 pages, et dont l’objectif était de débuter directement là où le numéro 18 de Lee/Kirby s’était arrêté.

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L’avancée du projet semblait être en bonne voie puisque le scénario était achevé et les quatre premières planches ont même été colorisées, mais un désaccord sur le plan contractuel a eu raison de son aboutissement.

Au cours de cette aventure, le Surfer devait faire équipe avec le Docteur Strange (celui de la fin des années 60, reconnaissable à son masque bleu) et Iron Man (l’occasion pour l’équipe créative d’utiliser le design visible sur une illustration de Moebius) pour sauver une Terre alternative de la menace que constitue Overlord (dont la première et unique apparition remonte au sixième numéro de la première série du Surfer).

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Cette Terre, dénuée de super-héros, n’est autre que celle qui a précédemment été utilisée à deux reprises, la première fois dans le cadre du graphic novel de Lee et Kirby sur le Surfer, et la seconde fois à l’occasion du Silver Surfer: Parable de Lee et Moebius (publié à la fin des années 80).
Le Surfer de cette Terre (« Earth-M ») a été réduit en esclavage après l’assassinat de son maître par Overlord (ce pauvre Norrin alternatif, appelé à se sacrifier héroïquement, devait même se retrouver doté d’ implants cybernétiques, le faisant ressembler aux Borgs de Star Trek).
Pour contrer cette menace, les humains ont fondé la résistance, avec à sa tête Irena Candel (la sorcière suprême de cette Terre), la fille d’Elyna (aperçue dans le récit de Lee & Moebius).
Comme prévu à la base, l’'intrigue revient également sur l’échauffourée entre le chauve argenté, le SHIELD et tête-de-fer, au cours duquel le sacrifice d’un certain Bill Butler/Vanadium a poussé le Surfer à renoncer à sa revanche envers l’humanité.

Le projet de Lofficier visait ainsi à constituer une sorte de synthèse, en reliant diverses histoires éparses (« The Ultimate Cosmic Experience » et « Parable », les numéros 6 et 18 de la première série de 1968) par le biais d’un team-up entre le Surfer et Strange, annonciateur de leur future association au sein de l’équipe des Défenseurs.
Ladrönn a par la suite eu l’occasion de s’occuper des Inhumains, ceux-là même qui avaient affronté le Surfer dans ce fameux numéro 18 (le nexus et dénominateur commun de tous ces projets avortés).

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Panel 1:
The windswept expanses of the Himalaya Mountains.
CAPTION: ONCE UPON A TIME, IN THE EAST…
CAPTION: …The FAR EAST…
MEDUSA(OFF): They’re moving away.

Panel 2:
A single line of figures are trekking through the snow. The scene is being seen through some kind of magnifying scope.
MEDUSA(OFF): MAXIMUS has fled. The GREAT REFUGE is SAFE!
KARNAK(OFF): How do we know these are not his ALLIES?

Panel 3:
The observers are revealed: MEDUSA and KARNAK (watching through a scope rifle) of the INHUMANS.
KARNAK: Maybe we should TAKE CARE of them…
KARNAK: It would be CHILD’S PLAY for me to cause an AVALANCHE…

Panel 4:
PULL BACK to a WIDER ANGLE.
MEDUSA: NO! It would give us away!
MEDUSA: Besides, these are DIFFERENT somehow. They do NOT seek INHUMANS…
MEDUSA: I feel they’re HUNTING ANOTHER PREY…

Panel 5:
BLACK BOLT makes an imperious gesture, ordering the others back. Behind him, we SEE LOCKJAW.
MEDUSA: BLACK BOLT agrees.
MEDUSA: He orders us to return to the GREAT REFUGE!

Panel 6:
The INHUMANS teleport away.
[NO COPY]

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Panel 1:
LARGER PANEL. ESTABLISHING SHOT of the mysterious mountaineers. They are: a bald, germanic, villainous figure, clearly in charge of the expedition. His name is DRACO. He is looking through a pair of binoculars. Behind him is a human LACKEY. They are accompanied by a squad of sophisticated DOOMBOTS.
CAPTION: ONCE UPON A TIME, IN A NOT TOO FAR DISTANT PAST…
DOOMBOT: I- DETECT- TARGET’S- SIGNATURE- ENERGY- PULSE. TARGET- MUST- BE- CLOSE.
[Note to Letterer: DOOMBOTS speak in robotic style, with dashes between words.]
LACKEY: MEIN GOTT! He’s found us first!
DRACO: I don’t think so…

Panel 2:
The hunters approach a ledge. A DOOMBOT offers a sophisticated gun to DRACO.
DRACO: The WEAPON! QUICK!

Panel 3:
The fearful LACKEY attempts to raise an objection.
LACKEY: But what if the WEAPON fails, Herr DRACO…
DRACO: The MASTER’S weapons NEVER fail, you impudent fool!

Panel 4:
They cautiously advance through the snow towards the ledge.
DRACO: You’re lucky the MASTER is not here.
DRACO: He’d kill you on the spot for your INSOLENCE!

Panel 5:
Same, WIDER.
DRACO: I am FAR TOO MERCIFUL…

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Panel 1:
The SILVER SURFER, holding his board, reflecting upon his fate. He looks angry. Reference: SILVER SURFER # 18, page 18. The scene is seen through a scope.
CAP(SURFER): “Too long have I displayed RESTRAINT! TOO LONG have I refused to flaunt my POWER!
CAP(SURFER): "But NOW my very SOUL is aflame with burning RAGE!”

Panel 2:
DRACO is adjusting the SURFER in his sights. Behind him the LACKEY fumbles.
DRACO: Now, SILENCE!
DRACO: I must concentrate on the TARGET!

Panel 3:
CLOSE-UP on the LACKEY fumbling with his gun.
LACKEY: Jawohl, Herr Draco… I, er…
GUN(SPFX): click

Panel 4:
The LACKEY’s gun accidentally goes off just as DRACO fires.
LACKEY’S GUN (small SPFX):BAM
DRACO’S GUN (big SPFX): ZZTAK!

Straddling Panels 4 & 5:
CAP(SURFER): “In a world of MADNESS, I tried to practice reason, but all I won was HATRED – and everlasting STRIFE!
CAP(SURFER): ”!?!“

Panel 5:
DRACO is berating the LACKEY for his clumsiness.
DRACO: FOOL! Because of you, I MISSED! The MASTER will have
your head!
LACKEY: I’m SORRY, Herr DRACO! I didn’t mean to…

Panel 6:
One of the DOOMBOTS reports what he sees on a portable scanner to DRACO.
DOOMBOT: THE- TARGET- IS- MOVING.

Panel 7:
DRACO issues instructions to the DOOMBOTS. The LACKEY points towards off-panel.
DRACO: QUICK! Lock onto his energy signature! Scan for…
LACKEY: TOO LATE!

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PAGE 4
Panel 1:
The SILVER SURFER bursts onto the scene, sending the men spinning into the snow.
SURFER: HUMANS AGAIN! Infamous race that thinks only of DEATH and DESTRUCTION!
SURFER: Will I NEVER be FREE of your INSANE VIOLENCE?

Panel 2:
CLOSE-UP on DRACO instructing the DOOMBOTS to fire.
DRACO: SHOOT HIM!

Panel 3:
The DOOMBOTS let out a volley of electric fire.
[NO COPY.]

Panel 4:
The SURFER easily avoids the fire.
[NO COPY.]

Panel 5:
The LACKEY observes the scene in dismay.
LACKEY: He’s TOO FAST! I knew this would happen! We’re LOST NOW!

Panel 6:
CLOSE-UP on the SURFER’s face, expressing his rage.
SURFER: So I’ll have DONE with REASON, and with LOVE, or MERCY!
SURFER(CONT): To YOU, they are only WORDS – to be uttered and IGNORED!

Panel 7:
WIDE ANGLE of the SURFER shooting cosmic bolts at the DOOMBOTS, blowing up chunks of ice, scatterring them like pins.
SURFER: Since a fiendish fate has TRAPPED me here, with a hostile RACE on this nightmare WORLD…
SURFER(CONT): I’ll FORGET my heritage – BLOT OUT my space-born ETHIC!
SPFX: BTOM!

Panel 8:
CLOSE-UP on DRACO, trying to grab hold of the gun that he shot before and which is now lying in the snow not too far away.
DRACO: I’ve… got… only… ONE CHANCE…

Sources :

http://bdzoom.com

http://www.marvunapp.com
http://jackkirbycomics.blogspot.fr

Je ne connaissais pas du tout ce projet. Très intéressant !

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Dans la grande tradition des Projets Avortés, on peut trouver sur le site imgur quelques concepts arts de ce qu’aurait dû être le quatrième volet de la saga vidéo-ludique Star Wars Battlefront.

En y regardant de plus près, il s’agit d’une sorte de gros « Et si… » à la sauce Star Wars où les axes du bien et du mal son complètement inversés. Le joueur aurait pu/du se demander ce qui se serait passé si l’Empereur Vador avait réhabilité l’Empire tandis que ces deux bâtards, les garnements Dark Luke Skywalker et Dark Leia, tentent de lui piquer le pouvoir (pure conjecture).

On comprend qu’une telle entreprise n’a pas séduit Disney/Lucasfilm a une époque où le groupe réunifie la franchise à travers une nouvelle collection de films (Le Réveil de la Force, Les derniers Jedi).

En plus, Dark Obi-Wan et Dark Windu valent le coup d’œil.

Je vous laisse découvrir.

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Un Mirrorverse,en somme.

J’adore.

Je veux un crossover avec le CSA, Negaduck, Star Trek et Tranformers.
Et Blotman et Rodent.

Le vieux Dark Obi-Wan est excellent !

Sur son compte LinkedIn, Jerome Moore montre une planche d’une mini-série Aquaman qui n’a jamais été publiée. Celle-ci devait succéder à celle de Craig Hamilton, et paraître en 1987. Mais pour diverses raisons, elle n’a pas vu le jour.

JeromeMoore-UnpublishedAquaman

DC Comics Page Art, Unpublished, AQUAMAN 2 MINISERIES -

This 1987 project was aborted due to numerous production problems. I was hired to replace the great Craig Hamilton, artist of the previous (and wildly successful) miniseries. I was asked to incorporate the pages he managed to complete into my own, while also trying to adhere to his style as closely as possible. It was a tough challenge, but too cool to pass up. This particular page was one of those where I was on my own, with no more Hamilton pages to lean on, except as a style guide. In the scene depicted, Makaira, an Atlantean noblewoman and member of the royal court, enters the private chambers of young Garth (also known as the first Aqualad) to find him despondent over his deceased girlfriend, Tula. It was Craig’s idea to always have a string of tiny fish trailing around Makaira’s head, sometimes behaving in ways that reflect her mood. I liked this idea, and eagerly looked forward to adopting it. My editor had told me that artist Kevin Nowlan was slated to ink my pencils on this project. It would’ve been quite interesting to have seen the result of our collaboration.

Les crayonnés sont déjà magnifiques, et en plus, il explique que Kevin Nowlan aurait dû l’encrer, ce qui laisse rêveur quant au résultat final.

Je conseille de consulter le compte de cet illustrateur qui bosse désormais dans les dessins animés, la pub et le merchandising : ses planches de comics sont splendides !

Jim

Le genre de planches dont on n’a aucune envie de voir le résultat après colorisation.

Tori.

J’ai découvert récemment l’existence d’un projet avorté concernant les Fantastic Four. Si j’en crois l’index placé au début de cette discussion, il n’a pas encore été évoqué ici, donc je me permets une petite notule.

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Daté de juin 1988, Marvel Age Annual #4 évoque la sortie imminente de Fantastic Four: Fathers and Sons, un récit écrit par Danny Fingeroth et illustré par Mark Bright, supposé devenir le premier « graphic novel » consacré au célèbre quatuor. D’après les propos du scénariste, l’histoire tournait autour des relations père/fils entre Reed et Franklin Richards, mais aussi entre l’ordinateur Quasimodo et son créateur, le Mad Thinker.
Rapidement, Mark Bright est débordé de boulot et se retire du projet. Il est remplacé par Al Milgrom, qui finalise quelques pages, en entame certaines autres, mais ne va pas jusqu’au bout du projet, qui finit par être abandonné. Les raisons, je ne les connais pas, mais le magazine Back Issue évoque le sujet dans son numéro 46, apparemment.

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Pour ma part, j’aime bien Mark Bright, même si je ne suis pas en extase devant son travail. En revanche, je me méfie un peu plus de Danny Fingeroth, dont la production ne m’a jamais laissé de souvenir impérissable. Ce qui m’intéressait le plus dans l’affaire, c’est la perspective de revoir Quasimodo sous un angle qui me semble à la fois novateur et intéressant.
L’affaire est évoquée, dans la langue de Mark Twain, ici :

Et pourquoi je me suis mis à chercher ça ?
Parce qu’en fait, je viens de lire The Ultron Imperative, un one-shot des Vengeurs supervisé par Kurt Busiek, sorti vers la fin de sa période sur le titre, et agrémenté de quelques bonus. Parmi lesquels une image, en couleurs, représentant le groupe dessiné par Jim Cheung (dans son style « post-Image » des débuts).

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Dans les crédits renvoyant à cette page, les gens de Marvel ont écrit qu’il s’agit de la couverture destinée au « Avengers - The Legend aborted project ». Notre ami internet s’avère avare d’information sur ce projet avorté. L’encreur Cam Smith a cependant posté la même image en noir et blanc (sur des sites de vente notamment), mais sans plus d’indication.
Mais je suis sûr que quelqu’un en sait davantage.

(Ah, au fait, en cherchant un peu, je suis également tombé sur une illustration pleine page de Carlos Pacheco, encrée par Cam Smith aussi et représentant Thor. La page est annotée « Thor Legend ». La composition et l’allure du personnage me disent quelque chose, mais Pacheco bâtissait beaucoup de pages de cette manière (je repense à la couverture d’un one-shot dans la période « Heroes Reborn », notamment), au point qu’il est possible que ce soit une pin-up destinée à une compilation quelconque. Ou bien « legend » aurait été un titre générique pour un recueil d’illustrations ou de réinterprétations des personnages ? Quelqu’un reconnaît cette image ? Au pire, ça fait du bien aux yeux !)
:wink:

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Jim

Pourquoi un style post-image pour Cheung ? Je dirais son style premier passage Marvel, avant son passage chez crossgen.

La planche de Thor par Pacheco me dit quelque chose en tout cas elle est classe ca fait du bien de voir du beau Pacheco.