LOS ANGELES 2013 (John Carpenter)

V1

REALISATEUR

John Carpenter

SCENARISTES

John Carpenter, Debra Hill et Kurt Russell

DISTRIBUTION

Kurt Russell, Stacy Keach, Cliff Robertson, Georges Corraface, Steve Buscemi, Pam Grier, Peter Fonda, Valeria Golino, Bruce Campbell…

INFOS

Long métrage américain
Genre : action/science-fiction
Titre original : Escape from L.A.
Année de production : 1996

- Les États-Unis sont une nation de non-fumeurs. Pas de cigarettes, pas d’alcool, pas de drogues, pas de femmes. À moins bien sûr d’être marié. Pas d’armes, pas de langage grossier, pas de viande rouge…
- Une terre de liberté…

Sur ses 18 films, John Carpenter n’a réalisé qu’une seule suite. 15 ans séparent New York 1997 et Los Angeles 2013, mais les choses auraient pu être différentes car un scénario avait été écrit dans la deuxième moitié des années 80 alors que le projet avait atterri entre les mains de Dino De Laurentiis et de sa société de production. Ce script n’a pas été très bien accueilli par Big John, qui le trouvait trop « léger », trop « campy » (comme disent les américains) et l’idée a été abandonnée. Juste pour un temps, sur l’insistance de Kurt Russell qui a toujours voulu incarner à nouveau Snake Plissken, un de ses rôles préférés.

Kurt Russell était tellement impliqué dans le développement qu’il a co-produit le film et co-écrit le scénario (pour la seule et unique fois de sa carrière) avec Carpenter et la productrice Debra Hill. L’écriture fut compliquée jusqu’à ce que le trio ait l’idée de reprendre les grandes lignes de New York 1997 et de les transposer à Los Angeles en extrapolant à partir des événements réels qui ont secoué la Cité des Anges au début des années 90 (émeutes, tremblements de terre…).

Après le grand tremblement de Terre de l’an 2000, la ville de Los Angeles s’est détachée du continent. Un homme politique ultra-puritain a été élu président à vie et sa première mesure a été d’exiler tous les bannis de la société (criminels, révolutionnaires, homosexuels, athées…) sur l’île nouvellement créée. En 2013, la fille rebelle du président vole un mécanisme qui permet de prendre le contrôle d’un réseau de satellites émettant des impulsions électromagnétiques (ce qui permettrait de neutraliser toutes les sources d’énergie existantes) et le remet à Cuervo Jones, le leader du Sentier Lumineux et big boss de L.A. Pour éviter une catastrophe, le gouvernement envoie à L.A. leur dernier prisonnier, le légendaire Snake Plissken, avec un ultimatum…

Je trouve qu’il y a quelque chose de très « Hawksien » dans la façon dont a été pensée cette variation sur le même thème, ce qui n’est guère étonnant quand on sait ce que doit John Carpenter au cinéma de Howard Hawks (qui a lui aussi tourné plusieurs longs métrages qui partagent des points communs structurellement parlant). Et cela renvoie également à l’une des accroches de Los Angeles 2013, « plus les choses changent et plus elles restent les mêmes ». Les années passent et la situation ne fait que confirmer une fois pour toutes le dégoût que ressent Snake Plissken (vraiment, il m’est impossible d’imaginer un autre acteur que Kurt Russell dans la peau de Snake) envers les institutions en place. Le cynisme de l’anti-héros carpenterien atteint un niveau supérieur dans cette suite tardive.

J’apprécie toujours autant le ton de cette aventure, les personnages rencontrés tout au long du périple de Snake et certaines péripéties qui frisent l’absurde. La satire est savoureuse et servie par une très chouette distribution, de Stacy Keach qui remplace le Hauk de Lee Van Cleef à Pam Grier en chef de gang transgenre en passant par les apparitions de Peter Fonda et de Bruce Campbell, méconnaissable en chef d’une secte d’adeptes frappadingues de chirurgie esthétique. Et les dernières scènes font partie des meilleurs finals du cinoche de John Carpenter.

Ces qualités aident à faire oublier les quelques défauts (les petits problèmes de rythme, l’antagoniste assez fade…)…mais pas les visuels hélas totalement dégueulasses. Pourtant tourné pour 50 millions de dollars (et uniquement de nuit, ce qui s’est révélé assez éprouvant), Los Angeles 2013 est aussi laid qu’un épisode de Sharknado (je ne l’avais pas revu depuis très longtemps et les images de synthèse piquent vraiment les yeux).

John Carpenter et Kurt Russell auraient aimé poursuivre les aventures de Snake Plissken (plusieurs projets étaient à l’étude, dont une suite intitulée Escape from Earth et même un dessin animé), mais l’échec de Los Angeles 2013 en a décidé autrement.

La dernière tout particulièrement quand on sait qu’a l’époque Carpenter était malade et pensait avoir un cancer. Le film était dès lors une sorte de testament.

Attends qu’il y en ait un qui veuille en faire une série télé …

Il y a un projet de remake de New York 1997 qui traîne depuis plusieurs années et qui n’a pas encore abouti. Mais ça risque bien d’arriver un jour, hélas…

Bon courage pour le successeur.

Oserais-je le dire ? Je crois bien que je préfère cette échappée de L.A. à celle de N.Y. précédemment.

La raison tient à mon avis à ce que Carpenter déteste New York alors qu’il adore Los Angeles… et qui aime bien, châtie bien. Du coup, autant son New York de « 1997 » fait un décor post-apo qui me semble très générique (même s’il est bien maîtrisé, et que le film reste quand même plutôt une réussite, hein, me faites pas dire non plus ce que je n’ai pas dit), autant les pérégrinations de Plissken dans le Los Angeles de « 2013 » sonnent beaucoup plus juste, comme autant de satires qui tapent bien plus précisément : le Beverly Hills zombifié à force d’obsession de la chirurgie esthétique, les jeux du stade où l’on met littéralement à mort ceux qui ne marquent pas assez de « paniers », etc. … mais aussi l’obsession d’une certaine jeunesse pour une vision totalement creuse et falsifiée de la révolution avec un Che Guevara d’opérette.

Sans doute un des films les plus hargneux et nihilistes du Big John, qui tape ici de tous les côtés, droite et gauche, conservateurs et rebelles, puissants et marginaux, et finit par renvoyer tout le monde à l’âge de pierre (il m’apparaît brusquement que même si le traitement diffère largement, il y aurait peut-être un parallèle à tirer avec le Mars Attacks! de Burton sorti la même année, plus coloré et ouvertement cartoonesque mais pareillement adepte du jeu de massacre intégral).

On notera aussi que le film marque le retour sur le devant de la scène de Pam Grier, un an avant que QT ne l’impose avec Jackie Brown.

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Pam Grier qui était déjà dans Mars Attacks!