MAGIC (Richard Attenborough)

REALISATEUR

Richard Attenborough

SCENARISTE

William Goldman, d’après son roman

DISTRIBUTION

Anthony Hopkins, Ann-Margret, Burgess Meredith, Ed Lauter…

INFOS

Long métrage américain
Genre : horreur
Année de production : 1978

Assistant d’un magicien vieillissant surnommé Merlin, Charles « Corky » Withers rate complètement sa chance de se produire seul devant un public à cause de sa nervosité. Son mentor malade lui conseille alors de trouver quelque chose qui lui permettrait de pimenter ses spectacles, d’en améliorer la magie. Un an plus tard, Corky fait salle comble. Il se présente maintenant sur scène avec une marionnette qu’il a appelé Fats. Le duo fonctionne à merveille : le magicien Corky est aussi timide que le pantin Fats est grossier et hilarant. Ben Greene, le manager de Corky, lui obtient un contrat juteux pour une émission à la télévision. Mais avant cela, Corky doit passer un bilan médical…ce qu’il refuse obstinément…

S’il n’est pas sans quelques longueurs, ce premier acte est intéressant. Le scénario ne s’attarde pas sur la façon dont Fats est devenu l’élément central du spectacle de Corky, ce qui renforce une certaine ambigüité dans le comportement de ce dernier. Dans le rôle de l’impresario, le vétéran Burgess Meredith (Rocky) livre une excellente prestation en homme d’affaires qui semble compatissant dans un premier temps mais qui ne se laisse surtout pas marcher sur les pieds. Et il ne va pas apprécier la décision de son poulain de tout plaquer pour se réfugier à la campagne…

Corky a refusé la visite chez le médecin car il se doute que quelque chose ne va pas. Fats prend trop d’importance dans sa vie personnelle et il se met à discuter un peu trop souvent avec celui qui est devenu son double sur scène (ce n’est pas pour rien que Fats lui ressemble, d’ailleurs). Corky sait qu’il a besoin de repos et décide de retourner dans sa région natale où il renoue avec son idylle de jeunesse (jouée par la belle Ann-Margret, vue notamment dans le Tommy de Ken Russell). Mais l’emprise qu’exerce Fats sur Corky va se faire de plus en plus forte…

Le réalisateur/acteur Richard Attenborough (qui avait accepté ce film de commande pour que son producteur accepte ensuite de financer Gandhi) prend son temps pour développer cette étrange relation et il le fait avec des effets aussi simples qu’efficaces, entretenant le trouble autour de la nature de Fats. Anthony Hopkins (déjà dirigé par Attenborough à deux reprises, dans Les Griffes du Lion et Un Pont trop loin) signe une composition toute en nuances, effacé dans un premier temps, exprimant la tristesse dans l’exploration de son passé sans perdre ce côté fiévreux pouvant le faire exploser à tout moment.

William Goldman (Princess Bride) a lui-même adapté son roman pour le grand écran. Il a repris la figure de la marionnette de ventriloque, devenue incontournable dans le récit d’épouvante depuis le classique de la Ealing Au Coeur de la Nuit, il y en a même eu une dans un épisode de La Quatrième Dimension. Avec son aspect inquiétant (accentué par le thème musical de Jerry Goldsmith qui l’accompagne), Fats a lui aussi donné des idées à d’autres auteurs, dont R.L. Stine pour son Slappy dans la série des Chair de Poule.

Pour sa seule incursion dans le genre, Richard Attenborough a concocté un très bon film d’horreur psychologique, amer et mélancolique, une plongée dans un esprit fracturé servie par une distribution inspirée.

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