Comédie dramatique/biographie
Long métrage américain/britannique
Réalisé par Richard Attenborough
Scénarisé par William Boyd, William Goldman, David Robinson, Diana Hawkins, d’après les livres « My Autobiography » de Charles Chaplin et « Chaplin: His Life and Art » de David Robinson
Avec Robert Downey Jr, Anthony Hopkins, Geraldine Chaplin, Dan Aykroyd, Kevin Kline, Paul Rhys, Moira Kelly, Milla Jovovich, Diane Lane, David Duchovny, Kevin Dunn, Marisa Tomei, James Woods…
Année de production : 1992
Acteur et réalisateur (il a notamment signé les films Un pont trop loin, Magic, Gandhi et Chorus Line), le britannique Richard Attenborough s’est porté acquéreur des droits cinématographiques de la biographie de Charles Chaplin en 1988. Il aurait d’abord voulu en faire une mini-série pour la télévision dans le but de pouvoir se montrer plus complet dans l’évocation de la vie de Chaplin. Mais Universal, le premier studio impliqué, voulait un long métrage. Les exécutifs avaient même des noms en tête pour jouer le génie du muet, Robin Williams et Billy Crystal. Mais quand Richard Attenborough a imposé Robert Downey Jr, Universal s’est retiré du projet et la production a été stoppée le temps de trouver un nouveau producteur, qui s’est révélé être Mario Kassar (Rambo, Total Recall, L’Echelle de Jacob…).
Même s’il a travaillé régulièrement dans les années 80, sous la direction de John Hughes, John Sayles, Michael Apted ou encore son père Downey Sr, figure du cinéma indépendant, Robert Downey Jr n’était pas encore un « grand nom » au début des années 90. Le report du tournage lui a permis de se lancer dans le genre de choses qu’il n’avait encore jamais fait jusque là, une préparation intense de plusieurs mois pour devenir Chaplin. Et le résultat est bluffant. Le futur interprète d’Iron Man est excellent dans l’expression des différentes facettes de Chaplin et sa maîtrise corporelle dans l’art du pantomime fait de lui un Charlot savoureux. J’ai juste une petite réserve sur les scènes des dernières années de la vie de Chaplin, à cause d’un maquillage épais et pas toujours convaincant.
La distribution est de qualité. Anthony Hopkins, qui avait déjà collaboré plusieurs fois avec Attenborough, interprète le biographe de Chaplin, l’un des rares personnages inventés. Dan Aykroyd est très bon en Mack Sennett, roi de la comédie du muet qui donna sa première chance à Chaplin. David Duchovy (juste avant de devenir Fox Mulder) joue le fidèle cameraman de Chaplin. Kevin Kline apporte son énergie bondissante à la grande star du cinéma d’aventures Douglas Fairbanks. Et de Moira Kelly à Diane Lane en passant par Milla Jovovich et Penelope Ann Miller, les femmes de la vie de Charles Chaplin sont bien représentées. Geraldine Chaplin incarne sa grand-mère Hannah Chaplin et il se dit qu’elle fut impressionnée par ses scènes avec Robert Downey Jr tant la ressemblance était troublante.
Chaplin n’échappe pas aux défauts de nombreux biopics, comme des raccourcis presque inévitables quand on veut résumer une vie et une carrière en un peu plus de deux heures (Richard Attenborough aurait voulu un peu plus mais il a du se résoudre à des coupes car son producteur ne voulait pas que le film dépasse les 150 minutes). La reconstitution est soignée et si la mise en scène est souvent un peu trop académique, Attenborough a ses moments de grâce, de poésie et de magie, comme lorsque Chaplin imagine une version fantasmée de sa découverte du costume du vagabond. Et le réalisateur livre aussi un bel hommage au muet avec le très amusant montage de la scène du sauvetage des bobines du magnifique The Kid, au centre d’un conflit entre Chaplin et sa première femme Mildred Harris suite à leur divorce.
Sorti fin 1992, Chaplin fut un échec au box-office. Robert Downey Jr n’a reçu que des compliments (mérités) pour son interprétation mais à de rares exceptions (comme le Tueurs Nés de Oliver Stone), il a ensuite enchaîné les flops et il faisait plus parler de lui pour ses addictions que pour son jeu d’acteur. Une décennie chaotique avant la renaissance des années 2000…