PATLABOR 2 (Mamoru Oshii)

Patlabor 2

Réalisateur:
Mamoru Oshii

Compositeur:
Kenji Kawai

Synopsys:
Trois ans après les événements tragiques liés au projet Babylone et à l’Arche, un Labor des Nations Unies est détruit durant une opération de maintien de la paix en Asie du Sud-Est. Cet incident va être le déclencheur d’un plan machiavélique visant à incriminer les forces d’autodéfense japonaises et créer au Japon une panique à échelle nationale.

Les agents Gotô et Nagumo de l’unité spéciale 2 sont alors sollicités par un membre de la commission d’enquête spéciale de l’armée de Terre pour travailler sur l’affaire. Mais la situation va vite se corser lorsqu’ils apprennent que le cerveau de cette entreprise terroriste n’est autre que Yukihito Tsuge, l’ancien mentor et amant de Nagumo.

Nagumo sera-t-elle capable de faire face à cette réalité et de rester fidèle à son unité pour mettre fin au plan destructeur de Tsuge ?

Après avoir porté une première fois au cinéma la licence culte, Mamoru Oshii (Ghost in the Shell) nous livre une suite passionnante, servie par une réalisation irréprochable.

Bonus:
Bonus : 60 min • Documentaire • Teaser • Trailer

[size=200]LA BANDE ANNONCE DU FILM[/size]

Un exemple de suite supérieure à l’original : plus beau (les progrès de l’animation sont manifestes et les designs plus fins); mais aussi trèèèès complexe au niveau de l’intrigue, jusqu’à l’excès, mais le film y gangne un sous-texte politique complexe et touffu (rien d’étonnant chez Oshii).

Une première série d’O.A.V. (The Early Days)
Un premier film
Une série télévisée
Une deuxième série d’O.A.V. (The New files)

On pourrait croire qu’avec tout cela (et j’oublie le manga tiens), le collectif Headgear (composé de Masami Yuki, Yutaka Izubuchi, Kazunori Itō, Akemi Takada et Mamoru Oshii) aurait tout dit sur sa création, pourtant voila qu’en 1993 sort la pièce maitresse de cet univers.


Trois ans après les événements du premier film, le monde a donc bien changé. Au japon on assiste à une prolifération de grands chantier incluant l’utilisation de Labor et, par extension, la création d’unité mobile de surveillance à travers tout l’archipel. A l’inverse, la projet Babylon qui voyait l’extension de Tokyo sur la mer, étant terminé les Labors sont beaucoup moins nombreux et la SV2 n’a donc plus de raison d’exister. Ses membres sont donc disséminés un peu partout. Ota est devenu instructeur, Shinshi travaille aux affaires générale, Sakaki a pris sa retraite, Kanuka est reparti vivre à New-York. Noa et Asuma quand a eux travailllent sur la création de nouveau Labor pour la police. Seuls restent dans l’unité Shigeo Shiba et Hiromi Yamazaki à la maintenance et Kiichi Goto et Shinobu Nagumo au commandement d’une unité qui ne fait plus grand chose.

C’est dans cette atmosphère de fin que survient une explosion sur l’un des ponts de Tokyo. Premier événement d’une réaction en chaine de ce qui s’apparente à un coup d’Etat. Pourtant peu à peu, l’enquête de Goto (aidé en cela par le mystérieux Shigeki Arakawa) va mettre à jour une machination bien plus complexe orchestrée par de main de maitre par Yukihito Tsuge un ancien officier des Force terrestre d’autodéfense japonaise mais également ancien instructeur et amant de Shinobu Nagumo.

Démarré après la sortie du premier film, Patlabor 2 : The Movie devait être à l’origine l’adaptation du double épisode The SV2’s Longest Day (qu’on peut voir dans The Early Days) mais va être profondément remanié au fil du temps suite à une proposition d’Oshii (et si un acte terroriste était dissimulé sous la forme d’un coup d’Etat ?) et des événements bouleversants le monde tel que la chute du mur de Berlin mais aussi spécifiquement le japon. Ainsi en 1992, les forces japonaises d’autodéfense interviennent au Cambodge sous l’égide de l’ONU, contrevenant à l’article 9 de la constitution japonaise selon les opposants à cette intervention dont Kazunori Itō et Mamoru Oshii

La malléabilité de Patlabor permet alors au duo de s’éloigner drastiquement de la chronique quotidienne amusante pour traiter de front des problématiques géopolitiques et éthiques de façon la plus sérieuse qui soit (mais pas dénué de poésie). Ce d’autant que le film est envisagé pour être la dernière production sur cet univers.

Et de fait, Patlabor 2 est clairement le fleuron de la franchise. Un histoire redoutablement complexe et touffus servi par une animation incroyable. Que ce soit le travail sur les personnages (apparaissant clairement plus « adulte » et désireux de s’éloigner de leur image précédente comme l’avoue Noa), les décors (Bien éloigné de la mégalopole aux milles lumières, Tokyo semble ici éteinte et endormi telle une ancienne cité dont ont explorerait les vestiges) ou bien encore la musique (monumentale partition de Kenji Kawai), tout concourt à la création d’une œuvre unique dans lequel les auteurs vont développé leurs interrogations sur un pays en pleine mutation (nous sommes à la fin de la grande prospérité économique des années 80).

Encore plus que dans le précédent film, les O.A.V. ou la série télévisée, les Labors occupent une place secondaire (on pourrait même dire tertiaire) mais c’est également le cas de la plupart des personnages réguliers qu’au final nous voyons en début et fin du film. C’est bel et bien le Goto et Shinobu qui sont les protagonistes d’un film qui nous permet d’apercevoir toute leurs profondeurs et questionnements.

Sur la vulnérabilité du Japon, sa dépendance et sa neutralité. Que signifie la paix pour un pays ayant connu l’occupation et la destruction atomique ? Que signifie la paix pour des pays basant leurs économies sur la guerre ? Une paix immorale est-elle préférable à une guerre justifiée ? etc. De questions, Patlabor 2 va en poser et nous amener à y réfléchir tout en offrant un film magnifique. Probablement (et sans conteste à titre personnel) le meilleur de ses auteurs.

3 « J'aime »

Qui est signé Masami Yūki, d’ailleurs.

Tori.

Ca serait cool une réédition d’ailleurs même si j’y crois guère

Oui, ça permettrait d’en avoir la fin…

Tori.