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Rails - Édition intégrale
Date de parution : 20/02/2019 / ISBN : 978-2-413-01135-4
- Scénariste : CHAUVEL David
- Illustrateur : SIMON Fred
- Coloriste : FINDAKLY Brigitte, SIMON Jean-Luc
- Série : RAILS
- Collection : ENCRAGES, LONG METRAGE, NEOPOLIS
Résumé
Si Transperceneige se jouait dans une Amérique complaisamment ségrégationniste, vous n’auriez qu’une vague idée de ce qu’est ce récit postapocalyptique, dont la fin va en surprendre plus d’un.
Aux États-Unis dans un futur proche. Chargé d’infiltrer le gang Noir des Jaguars écumant le pays à bord de trains blindés, Wolfe Pearse, le flic métis, doit choisir son camp : police et milice raciste contre bandes de pirates dont l’extermination est devenue l’enjeu d’une lutte sans fin pour le pouvoir. Un féroce jeu d’alliances et de trahisons commence. Cette intégrale réunit les quatre tomes de la série.
Contrairement à ce que je croyais avant de m’être plongé dans mon intégrale, Rails ne se situe pas dans un univers post-apocalyptique, mais plutôt dans un monde alternatif, uchronique, où l’Amérique est ségrégationniste et où les Noirs se sont constitués en gangs qui ont pris possession de trains fortifiés roulant et semant la dévastation sur des voies qu’ils contrôlent.
Dans ce monde, le héros, Wolfe Pearse, infiltre l’un de ces gangs pour le compte de la police. Mais peu à peu, il se prend au jeu, se reconnaissant dans le code violent de cette communauté. Sa hiérarchie semble le considérer comme un pion sacrifiable, et il n’a qu’un seul allié, Clift (qui évoquera aux lecteurs de comics soit le Sam de Spawn soit le Bullock de Batman), qui n’apprécie guère l’ambiance raciste de la société.
À la fin du premier tome, Wolfe est démasqué par le chef des Jaguars, et laissé pour mort, après une confrontation musclée avec la police qui laisse un véritable champ de bataille jonché de morts.
Ce premier tome livre les informations à grande vitesse, et propose une intrigue simple mais percutante. Fred Simon travaille quant à lui dans un style qui n’est pas sans évoquer la ligne claire hergéenne ou le style atome qui caractérise le Franquin de Spirou ou la carrière de Tillieux. Avec une grosse couche de modernité par-dessus, et un souci du détail qui ne le ferai pas pâlir devant Geoff Darrow (ses vues de villes sont vertigineuses).
Jim
Dans le deuxième tome, nous retrouvons Wolfe Pearse, toujours vivant, sauvé in extremis par Dread, le mécanicien du train des Jaguars. Ensemble, ils remontent la voie ferrée, et finissent par croiser le chemin d’un autre convoi, cette fois-ci dirigé par Sœur-Mère.
En ville, les politiciens, tous racistes, complotent contre les gangs de brigands noirs. On pourrait croire que leur haine commune permet de les fédérer, mais il n’en est rien, et les auteurs nous donnent à suivre les différentes conspirations au sein des Blancs. Wolfe, Dread et leurs nouveaux alliés sont attaqués par un convoi de la Garde Blanche, et doivent se réfugier dans la montagne. Ils découvrent alors une cité isolée, but du voyage de Dread…
Fred Simon continue à étonner ses lecteurs grâce à des décors impressionnants, tant d’ailleurs dans la peinture des villes, dans la description des wagons et des locomotives, ou dans la représentation des décors que traversent les convois.
Jim
Une intégrale ? Tiens, pourquoi pas. Le pitch m’intéresse.
(tu suis Chauvel à la trace, on dirait)
J’ai beaucoup lu ses polars, c’est par ça que j’ai commencé. Et j’ai quelques bouquins sur mes étagères que j’ai pas encore lus. C’est l’occasion.
Jim
Plutôt pas mal comme série, par contre même si 'est sortit en intégrale, c’est sortit il y a un petit moment déjà. Faudra pas hésiter à commander.
Le troisième tome marque la bataille entre les Noirs rebelles et les Blancs dictatoriaux autour de la ville que les premiers ont construite. Ceux-ci espèrent pouvoir faire pression sur le gouvernement blanc afin d’obtenir la reconnaissance d’un État noir indépendant, mais bien entendu les autorités ne l’entendent pas de cette oreille.
Le récit s’articule autour de l’assaut et, au final, de la défaite des rebelles. Parallèlement, le lecteur peut suivre les différentes manœuvres politiques chez les Blancs, et notamment la montée en puissance d’un parti politique suprémaciste, avec toutes les magouilles qui accompagnent ce genre de manœuvres.
Fred Simon déploie des trésors d’énergie dans la peinture de la violence et des combats, qui contrastent d’ailleurs avec son style rond et finalement classique. Ses personnages sont tendus et crispés, et ses décors demeurent impressionnants.
Jim
Conclusion du cycle, le quatrième tome est l’occasion des règlements de comptes, mais aussi d’une vision assez sombre de la société.
Tout commence sur l’attentat contre le Président. Cela précipite la tenue d’élections prématurées, où les conservateurs avancent leurs pions. Dans le même temps, Wolfe Pearse est désormais retenu prisonnier par les hommes de la Garde Blanche, dirigée par Matthew Davis, un ancien policier qui tente de tirer son épingle du jeu politique. Mais au moment où les élections tournent en faveur des conservateurs, ses anciens alliés se retournent contre lui, sentant bien qu’il s’apprête à faire de même. Le conflit entre Davis et ses nouveaux ennemis, dans un train lancé à grande vitesse, profite à Wolfe qui parvient à s’évader.
Les derniers personnages en lice se retrouvent dans un paysage de neige et règlent leurs comptes. Wolfe, lui-même métis, décide de retourner dans le monde des Blancs, qu’il connaît, laissant derrière lui Matty la Sœur-Mère et d’autres alliés de fortune, ainsi que le lecteur emporté par l’amertume d’une conclusion assez désespérée, la lutte pour la liberté n’ayant laissé que des ruines.
Graphiquement, si Fred Simon fait toujours des merveilles, certaines planches, vers la fin de l’album, laissent penser qu’il était un peu pressé par le temps, ne détaillant pas autant ses décors et utilisant des cadrages propices à aller vite. À ce titre, les pages enneigées l’aident sans doute.
Jim
En parlant d’intégrale, la mienne est en noir & blanc, dans la collection « Encrages », un petit format proche du TPB.
Cette collection a été remplie par des rééditions (Nuit Noire ou Les Enragés de Chauvel, L’As de pique de Corbeyran et Guérineau…), mais aussi des créations (Flag de Chauvel et Le Saëc, La Théorie du Chaos de Pierre Schelle…).
Personnellement, j’aime beaucoup : ça prend moins de place, c’est pas suffisamment petit pour être illisible, et ça permet de redécouvrir le dessin sans la couleur, ce qui est souvent un plaisir.
Jim
Logique, pour cette série qui parle de noirs et blancs…
Tori.
l’intégrale actuel est en couleur.