J’ai ramené le cinquième recueil des Suicide Squad d’Ostrander dans mon sac cette semaine, et je n’ai pas résisté au plaisir d’y replonger.
Les épisodes font donc suite au gros cross-over « The Janus Directive », qui a mobilisé plusieurs séries autour d’une intrigue d’espionnage, de guerre des agences et de conquête du monde et occupé le sommaire du quatrième tome.
Comme souvent dans la série, Ostrander profite du temps entre deux missions pour souffler un peu et faire le point sur ses personnages. Dans Suicide Squad #31, il utilise en l’occurrence le père Craemer, l’aumônier de Belle-Reve, pour jeter une lumière sur les différents protagonistes. Il lance aussi quelques pistes (les Loa, menace vaudou qui pointe) et pour poursuivre le sub-plot humoristique du lanceur de tartes à la crème, qui court sur la série depuis quelques épisodes. Comme souvent dans la série, il parvient à mélanger l’humour, le drame et la tension psychologique.
L’épisode suivant raconte une mission d’exfiltration en Iran. Amanda Waller assemble une équipe de choc afin d’aller secourir un agent. La fine mouche est un temps tentée d’aller liquider quelques dirigeants iraniens. Derrière la mission, c’est aussi l’équilibre entre les agences et la nouvelle place de Waller, fragilisée par les récents événements qui est remis en question.
Mais l’épisode propose une résolution rapide. L’important n’est pas dans la mission, mais dans le regard que les autres agences portent sur Waller et sur l’escadron. Le chapitre se conclut par la capture de Big Barda par Lashina, qui désire retrouver sa place à la tête des Female Furies, récemment usurpée par Bernadeth. Les agissements mystérieux de Duchess, dans les chapitres précédents, orientent l’attention vers Apokolips. Dans Suicide Squad #33, Lashina fait mouvement et Vixen se retrouve, avec d’autres, emportée dans le royaume de Darkseid.
Bronze Tiger monte à son tour une équipe et trouve un moyen d’aller sur la planète lointaine, grâce à l’aide des Forever People.
L’épisode 35 est l’occasion d’un énorme baston apokoliptienne, qui oppose Amanda Waller à Granny Goodness. Le combat se poursuit sur le chapitre suivant, qui voit le groupe payer un prix faramineux. L’informaticienne Flo, qui tenait tant à participer à une mission sur le terrain, trouve la mort.
Graphiquement, John K. Snyder est associé depuis quelques épisodes à l’encreur Geoff Isherwood, et le résultat est surprenant, évoquant parfois un Walt Simonson première manière, plein d’angles, d’ombres et de hachures (une comparaison sans doute renforcée par la présence irrégulière de John Workman au lettrage).
Le retour de l’escadron sur Terre, amputé de plusieurs membres (Ostrander donne une plus grande présence à Doctor Light et parvient à lui offrir un destin à la fois grandiose et tragique), fragilise encore Waller. Les autres agences tentent de faire pression sur Ben Turner, tandis qu’Amanda s’occupe des Loa, ces gangs de trafiquants de drogue qui utilisent le vaudou afin de conquérir le pouvoir.
Le recueil se conclut sur Suicide Squad #39, un numéro choc puisque Waller organise l’exécution des Loa avant de libérer Deadshot, Poison Ivy et Ravan de leurs engagements et de se rendre aux forces de l’ordre. Elle finit incarcérée, signe apparent que les manœuvres des autres agences ont porté leurs fruits et qu’Amanda, en position de faiblesse depuis l’affaire Janus, est définitivement hors course. Bien entendu, il n’en est rien, mais la distribution de la série en différents tomes permet de refermer celui-ci sur un moment-clé de la série.
Si je connais pas trop mal la série pour l’avoir lue au milieu des années 1990 (bon, la mission sur Apokolips, je n’avais pas tous les chapitres), c’est toujours un plaisir de s’y replonger, car Ostrander a construit un casting de personnages larges et variés, que l’on apprécie de retrouver et pour lesquels on a un pincement au cœur quand ils viennent à disparaître.
Jim