RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

Non approuvée par nemo, donc.

Je parlais des mecs :

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Ah bah si tu précises pas …
Bon le Sup, Summers … quand même.

On a fait plus glam

Mais j aime beaucoup, hein !

En vérifiant dans les TPB que j’ai, je constate que ces deux épisodes n’ont été repris dans aucun recueil. Il se peut cependant qu’il y ait eu d’autres publications plus complètes depuis mes achats.

Jim

D’après Grand Comics Database, le 660 et le 661 ne sont en effet dans aucun recueil (le 659, en revanche, est présent dans le TPB Superman: Redemption).

Tori.

Oui, je l’ai, celui-là, j’en causerai à l’occasion.

Jim

Après avoir abandonné le catalogue du Quatrième Monde au bout d’une petite quinzaine de livraison, l’éditeur DC, sous l’influence notamment de Jenette Kahn, décide de relancer les personnages, voyant un potentiel dans ce sous-univers. Mais bien entendu, le « King » est parti entre-temps chez Marvel et c’est donc à d’autres auteurs que la rédaction confie cette relance.

C’est à Gerry Conway, jeune scénariste qui s’était fait remarquer chez Marvel pour avoir tué Gwen Stacy et séparé les époux Richards, et qui avait tête très brièvement de fonctions éditoriales, que la reprise des New Gods est confiée. Les personnages reviennent d’abord dans 1st Issue Special #13, dernière livraison d’une série anthologique vouée à tester les nouveaux concepts. Les dessins sont signés Mike Vosburg et les dialogues Denny O’Neil, et c’est un euphémisme de dire que ce chapitre est confus : Conway alterne des scènes au présent et des flash-backs, rendant un peu foutraque le déroulement du récit, une quête durant laquelle Orion (dans son costume revu et mal corrigé) tente de retrouver son père Darkseid afin de lui régler son compte, chose à quoi il ne se résout pas.

L’épisode sert de tremplin à la nouvelle série, qui reprend au douzième numéro, retitré pour le coup « Return of the New Gods ». Al Milgrom se charge des couvertures dans un style kirbyen qui fonctionne assez bien. à l’intérieur, c’est un Don Newton encore un peu jeune qui assure l’illustration des planches. C’est très joli, mais pas toujours très souple en matière de narration.

Le principe de la série est le suivant : à la suite des révélations du 1st Issue Special #13, Orion et ses congénères apprennent que l’Équation d’Anti-Vie a été fragmentée en six parties dispersées dans l’esprit d’autant de Terriens. Il faut donc les retrouver et les protéger des assauts de Darkseid qui, bien entendu, lance ses troupes sur le même chemin.

Conway a le courage d’assembler l’ensemble des surhommes et de proposer des identités variées aux Terriens qu’ils entreprennent de protéger. Mais les épisodes de dix-sept pages, habituelles à l’époque, sont trop courts pour qu’il puisse les creuser en profondeur (même si certains sont hérités de la période Kirby).

Plus convainquant, le scénariste lance, dès la fin de son deuxième chapitre, l’idée que le héros, plongé dans l’action et la violence, devient de plus en plus semblable à son géniteur. Un postulat qu’il n’exploite pas à fond mais qui montre que Conway a compris les tensions charpentant l’univers créé par Kirby.

Malgré la présence de Paul Levitz à la supervision éditoriale (ne laissant pas Conway s’auto-surveiller, comme ce fut le cas pour le 1st Issue Special), la série demeure un peu bordélique pendant quelques numéros, avant de trouver son rythme à l’épisode 15, dessiné par Rich Buckler qui singe Neal Adams et John Buscema. L’épisode est marqué par la mort de Lonar, et par la montée des enjeux. Orion est tendu, de plus en plus belliqueux. Parallèlement, le thème de la transmission générationnelle constitue un fil rouge, le High-Father se consacrant à un jeune Néo-Dieux et d’autres figures juvéniles intervenant dans la série.

Le titre est plein d’idées (l’attaque de Bedlam est plutôt sympa) et commence à montrer son ambition quand les différents Terriens sont enlevés par les forces d’Apokolips en vue de reconstituer l’Équation d’Anti-Vie. Conway convoque des idées issues de séries voisines, notamment l’Infinity Man vu dans Forever People. Sa série se veut une suite de l’ensemble du Quatrième Monde, sans la démesure du maître.

Hélas, prise dans la tourmente de la « DC Implosion », la série s’arrête au dix-neuvième numéro, daté de juillet 1978. Le sommaire du recueil New Gods by Gerry Conway propose alors Super-Team Family #15 (là aussi, dernier numéro de la série) dans lequel les New Gods s’associent à Flash afin de résoudre un mystère spectaculaire : Orion grandit à la taille d’une planète, à l’image des dieux colossaux et enchaînés que nous a montrés Kirby dans ses épisodes.

Sous une magnifique couverture de Garcia-Lopez, Gerry Conway nous livre une histoire qui n’est pas sans évoquer, outre Gulliver, l’épisode de Fantastic Four dans lequel Johnny Storm va chercher l’anéantisseur ultime afin de résoudre le problème posé par la présence de Galactus.

Ici, Arvell Jones, dessinateur fort moyen (encré en l’occurrence par Romeo Tanghal qui a des accents palmeriens dans les épaisseurs de traits, les ombres et les graisses), livre des planches généreuses et de grandes images, mais le chapitre dispose d’une fin un peu précipitée qui sent bon l’accélération de dernière minute et le manque de place. Des soucis d’équilibre narratif pour une histoire assez anecdotique.

La conclusion de la saga lancée par Conway trouvera place dans Adventure Comics #459 et 460, une série anthologique ayant à l’époque pour vocation d’héberger les héros sans toit (on a déjà parlé des mésaventures d’Aquaman ou de Deadman dans ce titre).

Je n’ai pas tout le Quatrième Monde de Kirby en tête, loin s’en faut, mais il me semble bien que le King n’a jamais représenté l’Équation d’Anti-Vie, à part quelques mentions explicatives ici ou là (dans Forever People #5, l’un des personnages par du contrôle absolu sur un esprit). J’ai donc bien l’impression que le combat que les New Gods mènent contre l’Antagonist, incarnation de l’Équation et maître des foules hypnotisées qu’il lance contre les héros, constitue la première occurrence de cette « zombification » dont Grant Morrison a fait le sujet de certains épisodes de sa JLA et de sa Final Crisis. Mais je me trompe peut-être. En tout cas, ne connaissant pas ces épisodes de Conway, l’idée m’avait semblé nouvelle chez Morrison, preuve donc que ce n’est pas le cas.

La saga se conclut après ces deux chapitres, mais le sommaire propose deux nouvelles variations par Conway, signe que le scénariste est attaché à ces personnages. La première, c’est l’histoire qu’il consacre à Lightray dans DC Special Series #10, également intitulé « Secret Origins of Super-Heroes », qui propose également deux histoires dédiées à Doctor Fate et à Black Canary.

Sous une (encore) formidable couverture de Garcia-Lopez, Conway et Newton (qui a fait des progrès au fil des épisodes et fait montre ici d’un talent annonçant ses épisodes batmaniens) se penchent sur la jeunesse de Lightray, Metron et Orion. On se demande s’il était bien nécessaire de raconter l’enfance de ces héros quasi-divins, même si l’épisode est bien troussé et riche d’émotions et de péripéties.

La deuxième déclinaison prend la forme d’une trilogie dans la série Justice League of America. Les épisodes 183 à 185 racontent une énième rencontre entre la Ligue et la Société, dont les membres se retrouvent téléportés sur New Genesis. Ils y croisent Orion (dans son costume moche) et les autres Néo-Dieux.

Là encore, Conway est au scénario, aidé de Dick Dillin pour le premier chapitre. Les deux suivants marquent l’arrivée de George Pérez au dessin, qui marquera durablement la série par son énergie et son sens du détail.

Le récit, qui fait intervenir Darkseid et des vilains de Terre-2 dans une tentative de déplacer Apokolips, est l’occasion d’une visite guidée des planètes rivales inventées par Kirby. Les perspectives vertigineuses qu’apprécie Pérez sont un bel hommage à l’inventivité débridée et presque non-euclidienne de Kirby, et le dessinateur nous emmène dans les recoins de ce Quatrième Monde qui, cette fois pour de bon, trouve sa place dans l’univers DC.

Dans l’ensemble, ce recueil offre des lectures divertissantes, mais souffre de plusieurs écueils : d’une part, fatalement, des auteurs conventionnels, même talentueux, doivent se mesurer à un monument kirbyen, et l’obstacle est quasiment insurmontable, surtout juste après le maître. Ensuite, le catalogue DC a subi des avanies énormes, rendant la tâche de Conway, visiblement planifiée à long terme, difficile. Et ce tâtonnement ne trouvera sa voie qu’après quelques années, à la fin du recueil donc : Conway s’est montré opiniâtre, certes, mais les héros de Kirby ne commencent à reprendre des couleurs qu’en subissant le traitement des autres catalogues absorbés par DC, à savoir devenir un décor où s’agitent les vedettes. Ce New Gods by Gerry Conway rend bien compte de cette évolution.

Jim

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J’ai ramené le cinquième recueil des Suicide Squad d’Ostrander dans mon sac cette semaine, et je n’ai pas résisté au plaisir d’y replonger.

Les épisodes font donc suite au gros cross-over « The Janus Directive », qui a mobilisé plusieurs séries autour d’une intrigue d’espionnage, de guerre des agences et de conquête du monde et occupé le sommaire du quatrième tome.

Comme souvent dans la série, Ostrander profite du temps entre deux missions pour souffler un peu et faire le point sur ses personnages. Dans Suicide Squad #31, il utilise en l’occurrence le père Craemer, l’aumônier de Belle-Reve, pour jeter une lumière sur les différents protagonistes. Il lance aussi quelques pistes (les Loa, menace vaudou qui pointe) et pour poursuivre le sub-plot humoristique du lanceur de tartes à la crème, qui court sur la série depuis quelques épisodes. Comme souvent dans la série, il parvient à mélanger l’humour, le drame et la tension psychologique.

L’épisode suivant raconte une mission d’exfiltration en Iran. Amanda Waller assemble une équipe de choc afin d’aller secourir un agent. La fine mouche est un temps tentée d’aller liquider quelques dirigeants iraniens. Derrière la mission, c’est aussi l’équilibre entre les agences et la nouvelle place de Waller, fragilisée par les récents événements qui est remis en question.

Mais l’épisode propose une résolution rapide. L’important n’est pas dans la mission, mais dans le regard que les autres agences portent sur Waller et sur l’escadron. Le chapitre se conclut par la capture de Big Barda par Lashina, qui désire retrouver sa place à la tête des Female Furies, récemment usurpée par Bernadeth. Les agissements mystérieux de Duchess, dans les chapitres précédents, orientent l’attention vers Apokolips. Dans Suicide Squad #33, Lashina fait mouvement et Vixen se retrouve, avec d’autres, emportée dans le royaume de Darkseid.

Bronze Tiger monte à son tour une équipe et trouve un moyen d’aller sur la planète lointaine, grâce à l’aide des Forever People.

L’épisode 35 est l’occasion d’un énorme baston apokoliptienne, qui oppose Amanda Waller à Granny Goodness. Le combat se poursuit sur le chapitre suivant, qui voit le groupe payer un prix faramineux. L’informaticienne Flo, qui tenait tant à participer à une mission sur le terrain, trouve la mort.

Graphiquement, John K. Snyder est associé depuis quelques épisodes à l’encreur Geoff Isherwood, et le résultat est surprenant, évoquant parfois un Walt Simonson première manière, plein d’angles, d’ombres et de hachures (une comparaison sans doute renforcée par la présence irrégulière de John Workman au lettrage).

Le retour de l’escadron sur Terre, amputé de plusieurs membres (Ostrander donne une plus grande présence à Doctor Light et parvient à lui offrir un destin à la fois grandiose et tragique), fragilise encore Waller. Les autres agences tentent de faire pression sur Ben Turner, tandis qu’Amanda s’occupe des Loa, ces gangs de trafiquants de drogue qui utilisent le vaudou afin de conquérir le pouvoir.

Le recueil se conclut sur Suicide Squad #39, un numéro choc puisque Waller organise l’exécution des Loa avant de libérer Deadshot, Poison Ivy et Ravan de leurs engagements et de se rendre aux forces de l’ordre. Elle finit incarcérée, signe apparent que les manœuvres des autres agences ont porté leurs fruits et qu’Amanda, en position de faiblesse depuis l’affaire Janus, est définitivement hors course. Bien entendu, il n’en est rien, mais la distribution de la série en différents tomes permet de refermer celui-ci sur un moment-clé de la série.

Si je connais pas trop mal la série pour l’avoir lue au milieu des années 1990 (bon, la mission sur Apokolips, je n’avais pas tous les chapitres), c’est toujours un plaisir de s’y replonger, car Ostrander a construit un casting de personnages larges et variés, que l’on apprécie de retrouver et pour lesquels on a un pincement au cœur quand ils viennent à disparaître.

Jim

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Comme je l’ai dit ailleurs, je me suis fait un petit plaisir de fan récemment en achetant Superman: The Exile and Other Stories Omnibus, un recueil de plus de neuf cents pages consacré à la période de l’Homme d’Acier suivant immédiatement le départ de John Byrne.

Je ne suis pas un fervent consommateur de ce genre de format, pour mille raisons, allant de l’inconfort relatif lié à une telle pagination (c’est super dans le train, sur la tablette dépliée devant le siège, c’est moins agréable dans le lit, mais j’ai un gros ventre qui permet de bien caler l’objet) au fait qu’il s’agit d’un format cher pour lecteur snob, assez aux antipodes des origines modestes et popu du genre, en passant bien entendu par le prix. Là, il se trouve que je l’ai trouvé dans une boutique d’occasion, ce qui a contribué à faire voler en éclat le dernier argument.

Grand amateur de Superman, et notamment de la période dite « post-Crisis » qui voit l’univers de l’Homme d’Acier être redéfini par quelques auteurs (dont John Byrne et Marv Wolfman au premier chef), j’ai accumulé au fil des ans pas mal de parutions anglophones, dont beaucoup de recueils, permettant d’avoir une vision assez synthétique du travail des auteurs, malgré quelques trous dans la collection. La saga dite « Exile » avait déjà fait l’objet d’un recueil en 1998, sous une couverture inédite de Jerry Ordway, et bien entendu, il est dans ma bibliothèque depuis longtemps. J’en connaissais le contenu, l’intrigue ainsi que les bases narratives, qui tirent leur prétexte de la dernière grande saga de Byrne, mais je n’avais jamais lu les épisodes intermédiaires. En complétant la série des Superman: Man of Steel en version softcover, j’ai pu, donc, lire la fin de Byrne, le départ de Wolfman, les épisodes co-écrits par Byrne et Ordway, mais je n’avais pas encore découvert les mois de passage de relais, qui correspondent à l’installation de nouveaux auteurs (Roger Stern et Kerry Gammill, par exemple) et à la mainmise définitive de Mike Carlin, qui construit alors un modèle éditorial peut-être pas inédit dans sa forme (après tout, quand les aventures de Batman étaient rédigées par Gerry Conway, ça y ressemblait beaucoup), mais en tout cas par son ampleur (deux séries puis trois et bientôt quatre).

Revenons un instant à John Byrne. Ce dernier travaille sur le personnage de Superman depuis la période qui suit immédiatement la fin de Crisis on Infinite Earths et le départ à la retraite de Julius Schwartz, alors ponte chez DC et superviseur des récits supermaniens (son départ, par la force des choses, correspondra au fameux « Whatever Happened to the Man of Tomorrow » d’Alan Moore, dont les deux chapitres sont publiés sur Superman et Action Comics juste avant l’arrivée de Byrne et la réfection du héros). La série Man of Steel est sortie en 1986 sur un rythme bimensuel, Byrne enchaînant avec l’écriture et le dessin de la nouvelle série Superman (sur vingt-deux numéros) et d’Action Comics, reformaté selon la formule du « team-up » jusqu’au numéro 600 (la revue devenant alors hebdomadaire, avec un sommaire composé de plusieurs récits à suivre où Superman est réduit à un feuilleton de deux pages toutes les semaines). À bien y regarder, à lire les témoignages des auteurs de l’époque, l’apport de Byrne est bien moins imposant que ce qu’on pourrait croire. En effet, c’est à Marv Wolfman qu’on doit l’arrivée de Cat Grant (belle entorse blonde à la relation figée avec Lois Lane) et la recréation de Lex Luthor en homme d’affaires (une proposition qu’il avait formulée à Schwartz quelques années plus tôt, en même temps que son Brainiac robotique). C’est aussi à Jerry Ordway que l’on doit l’exploration des idées kirbyennes (présence récurrente de Morgan Edge, arrivée du Guardian, de Dubbilex, de Cadmus…). Que reste-t-il à Byrne ? Sans doute la partie smallvillienne : des parents Kent encore vivants (formidable idée qui permet d’ancrer le surhomme dans un univers profondément humain et modeste), l’absence de Superboy (thème qu’il revisitera avec Paul Levitz à l’occasion d’un cross-over où l’auteur règle ses comptes avec le personnage, non sans étaler une évidente nostalgie emprunte de sympathie), la réduction des isotopes de Kryptonite à la seule variante verte… C’est déjà pas mal, me direz-vous : sous l’impulsion de Byrne, le mythe supermanien a été nettoyé de nombreuses scories encombrantes, « streamlined », comme on le lit dans beaucoup de préfaces ornant les rééditions de cette période. L’auteur, qui a déjà marqué les lecteurs des Mutants et des Fantastiques, et qui était attendu au tournant lors de la reprise de Superman, ne restera donc que deux petites années, fournissant son lot d’idées et de visuels marquants. Que les fans soient convaincus ou non, force est de constater que sa présence a attiré l’attention et canalisé les lecteurs, les titres consacrés au héros de Metropolis crevant le plafond des ventes. Le succès commercial est au rendez-vous, et pourtant John Byrne annonce son départ.

Rétrospectivement, on peut imaginer que la nouvelle en surprend plus d’un, à commencer par l’équipe éditoriale. Ça se voit notamment à la lecture des premiers numéros de l’après-Byrne, et notamment l’excellent Superman #23, écrit par Roger Stern, dessiné par Mike Mignola et encré par P. Craig Russell, excusez du peu. L’épisode, excellemment troussé, a tout d’un fill-in : une histoire d’un seul tenant, qui met en scène des personnages évidents du folklore supermanien (ici Lois et Jimmy) pour une intrigue visiblement destinée à faire patienter. Néanmoins, à y regarder de plus près, l’épisode est annonciateur de la méthode Carlin et symptomatique du contraste qui se dessine entre les deux périodes.

Car Stern profite de ce premier récit sur une série régulière (il venait de rédiger un excellent Annual, illustré par Ron Frenz et impliquant la faune du Cadmus Project) pour donner une suite à l’épisode de Silver Banshee. Fidèle à sa réputation alliant finesse de caractérisation et compréhension des personnages et des concepts, Stern donne tout un bagage à la super-vilaine, parvenant dans la foulée à exploiter la faiblesse de Superman envers la magie et à glisser Batman dans l’intrigue. C’est riche, dense, prometteur. Et ça contraste avec les épisodes de Byrne qui, souvent, non contents d’être décompressés (surtout en comparaison de ce que Wolfman et Ordway livraient), se contentaient de survoler le sujet (c’est frappant avec les nouveaux super-vilains qu’il introduisait). En gros, voilà un fill-in qui reprend les idées de Byrne, mais les creuse, les développe, les rend meilleures.

Le départ de Byrne est-il précipité ? La bonne entente entre l’auteur et l’éditeur se serait-elle étiolée ? De l’extérieur, on peut éventuellement considérer que DC a fait une bonne affaire en recrutant Byrne, remettant grâce à sa popularité le personnage sur le devant de la scène. Y a-t-il une pression difficile à supporter ? Des tensions dans l’équipe ? On peut également avancer l’hypothèse voulant que Byrne a refusé, autant que faire se peut, les cross-overs (à quelques exceptions impliquant toujours des séries extérieures), et que l’orientation donnée par Carlin au catalogue supermanien, et déjà palpable durant la « Saga of Supergirl » qui court sur les trois titres, ait dissuadé l’auteur de persévérer ? Si l’on en croit les différents témoignages (dont la préface de Jerry Ordway pour ce recueil), Byrne aurait participé jusqu’à la dernière minute aux réunions éditoriales, et une grande partie du premier acte contenu dans cet Omnibus lui devrait beaucoup. J’imagine que la surprise a dû être assez considérable dans la rédaction, et sans doute totale chez les lecteurs. Mais Mike Carlin, en fin organisateur, parvient à rebondir sans problème, comme en témoigne la lecture de ces épisodes.

Au moment où commence cet Omnibus (donc des épisodes datés d’octobre et novembre 1988), quelle est la situation ? Action Comics a donc changé de formule, adoptant le rythme hebdomadaire et s’excluant du vaste chantier narratif lancé par Carlin. Il reste donc Superman, écrit par Roger Stern bientôt rejoint par Kerry Gammill (très bonne recrue dont le style rappelle tantôt John Buscema tantôt John Byrne lui-même) et Adventures of Superman, repris en main par Jerry Ordway, qui avait déjà tâté de l’écriture de manière non officielle un peu plus tôt. À ce sujet, Ordway, dans sa préface, raconte comment Carlin l’a encouragé et encadré, lui conseillant une astuce simple : si la bulle est plus longue que deux lignes tapées à la machine, alors il faut soit couper, soit reformuler, soit découper en deux bulles séparées. Fort de ces informations et du soutien de l’équipe éditoriale, Ordway commence à développer des histoires souvent situées à un niveau humain (il s’intéresse beaucoup à Jimmy Olsen, par exemple), mais il saura bien vite rédiger des aventures nettement plus fantastiques.

Et Superman, où en est-il ? La période Byrne s’est conclue sur l’exploration de l’univers de poche découvert lors du cross-over avec Legion of Super-Heroes. Le héros y croise un Luthor gentil, une Supergirl née dans laboratoire et un Général Zod alternatif qu’il finit par condamner en l’exposant aux radiations de la Kryptonite verte. C’est donc un héros hanté par ses actions que Mike Carlin récupère au départ de John Byrne.

Trouvant refuge à Metropolis, dans ses activités de journaliste, le héros tente de reprendre le cours de sa vie. Mais justement, la vie le rattrape. Son métier lui devient de plus en plus difficile, il ne sait à qui se confier et différents personnages font leur retour. C’est ainsi qu’on voit revenir Brainiac, qui avait déjà fait un tour de piste quelques épisodes plus tôt, et qui est, en réalité, une combinaison de l’esprit de l’extraterrestre vert bien connu et du corps de Milton Fine, un hypnotiseur de foire. Autre personnage à revenir, le Gangbuster. Le mystère est plus grand, car les lecteurs savent qu’il s’agit de José Delgado, intérêt sentimental momentané de Lois Lane et citoyen engagé, qui s’est précédemment lancé dans une activité de justicier avant d’être blessé et cloué sur une chaise roulante. Ordway se hâte de lever le voile, expliquant que Delgado profite d’un projet expérimental financé par LexCorp et bénéficie d’un implant lui permettant de remarcher. À mesure que l’on peut constater les progrès de José, on lit également les interventions de plus en plus fréquentes du Gangbuster. Plus fréquentes, et plus violentes, au point que Superman se met en demeure de trouver le justicier et d’avoir une ferme discussion avec lui.

De son côté, Roger Stern continue à prendre ses marques. Dans Superman #24, avec Kerry Gammill, il fait le point sur le docteur Kitty Faulkner, alias Rampage, et le docteur Moyers, le savant fou local. Mais si l’épisode donne le change, le scénariste en profite pour rappeler que Luthor continue à comploter, ce qu’il confirme dans l’épisode suivant où le magnat s’acoquine au nouveau Brainiac.

Ce Superman #25 est sans doute le réel début de Stern. Maîtrisant les ressorts et les subtilités de cet univers sur lequel il est la recrue la plus récente, il décrit une alliance de vilains qui constituera un subplot pour l’année à venir, tout en mettant en scène la fragilité psychologique du héros. Sous l’assaut mental de Brainiac, Clark a des hallucinations qui matérialisent sa crainte de perdre le contrôle et le renvoie à la condamnation qu’il a exercée sur le Zod alternatif et ses deux acolytes. En gros, ce sont les bases pour l’ensemble du recueil.

Dans Superman #27, un épisode lié au cross-over Invasion, le héros affronte une escouade de Thanagariens tandis que le Gangbuster lutte contre un gangster maîtrisant le vaudou, qui a pris l’Homme d’Acier pour cible. Quelques indices savamment dispensés, mais aussi habilement grimés, laisse entrevoir le pot au rose, mais l’action est au rendez-vous.

Ordway, de son côté, remet sur le devant Morgan Edge, clairement associé à Apokolips via Intergang. Le magnat corrompu engage Cat Grant afin qu’elle présente une émission télévisée, et tente de la séduire. Là encore, le scénariste installe une intrigue au long cours, à la tonalité sérieuse. Mais les titres supervisés par Mike Carlin ne manquent pas d’humour. Les apparitions du Gangbuster, par exemple, sont souvent accompagnées de commentaires renvoyant çà et là à des personnages de la concurrence, à l’occasion d’expression qui leur sont associées. Autre gag récurrent, les scènes de taxi, assez nombreuses dès qu’il s’agit de montrer le déplacement de personnages civils sans pouvoir, sont constamment facturées « six cinquante ». Les scénaristes s’en amusent, offrant un jeu de thème et variation au fil des épisodes (ce qui donnera plus tard un gag en couverture d’Action Comics #650, pas contenu dans ce recueil mais dont je ne résiste pas au plaisir de vous montrer l’image ci-dessous). Cette ambiance et ces clins d’œil à répétition créent une complicité évidente avec les lecteurs.

Les auteurs, donc, s’intéressent de près à tous leurs personnages, accordant une grande importance aux protagonistes sans pouvoirs. On reconnaît là une caractéristique qui a quand même pas mal changé depuis trente ans, les titres de super-héros délaissant souvent les personnages civils au profit des héros multicolores (allant parfois jusqu’à super-héroïser un peu tout le monde), même si certaines séries semblent un peu avoir fait machine arrière ces derniers temps.

Mais l’équipe prend tout de même le temps de développer un petit microcosme de super-êtres divers, dont la faune du Cadmus Project, appréciée par Ordway et aussi, visiblement, par Stern. C’est ainsi que le Guardian occupe une place de plus en plus grande dans les épisodes. Et tandis que Superman est appelé à l’autre bout du monde parfois (car l’Invasion a toujours cours) et semble dépassé par les événements et écrasé par la fatigue (Gammill dépeint un Clark mal rasé, à la paupière lourde et au dos voûté), c’est ce héros jaune et bleu qui se met en devoir d’arrêter le Gangbuster.

La confrontation prend place dans Superman #27 et Adventures of Superman #450, lieu de la révélation finale. En réalité, ce nouveau Gangbuster n’est en rien José Delgado, lui-même prisonnier du projet d’implant et manipulé par Luthor. Il s’agissait d’une fausse piste organisée par l’équipe d’auteurs afin de détourner l’attention. En fait, Superman, déprimé, attaqué par Brainiac, en crise de confiance, a développé une deuxième personnalité et pris l’identité de Gangbuster, raison pour laquelle Superman n’était jamais en mesure de retrouver le justicier.

Prenant conscience de cela en même temps que les lecteurs le découvrent, Clark estime qu’il est trop fragile et, par conséquent, trop dangereux. Il décide de quitter la Terre, faisant ses adieux à ses parents au Kansas, organisant la livraison a posteriori de différents articles au Planet par la poste, empruntant un respirateur prototype au Professeur Hamilton (qui prend lui aussi une place de plus en plus grande dans les séries). L’épisode se conclut sur son départ : « Good-bye Smallville. Good-bye Earth. »

La dernière page, d’ailleurs, se veut une référence à une place célèbre du Man of Steel de Byrne. Comme une sorte de retour aux sources, d’hommage à l’inspiration initiale. D’hommage à Byrne sans doute aussi, que les crédits citent comme initiateur de l’intrigue.

Fin du premier acte, et après la « Breakdown » débute « Exile », qui avait donc connu une réédition, mais sous une forme tronquée. En effet, pendant que Superman est dans l’espace, utilisant un appareil de téléportation dans l’espoir de trouver une planète susceptible de l’accueillir, Luthor mène une OPA sur les S.T.A.R. Labs visant à en racheter un laboratoire précis, et Mister Mxyzptlk déboule à Metropolis, mécontent de ne pas y trouver son ennemi de toujours. Autant de péripéties qui ne sont pas reprises dans la première édition.

L’épopée spatiale débute dans Superman #28, sous une couverture de Kerry Gammill en hommage explicite (et explicité) à Jim Steranko.

Dans ce premier chapitre, Stern prend le soin de rappeler la culpabilité qui hante le héros. Il parvient à mettre en scène plusieurs sauts dans l’espace, tout en trouvant encore de la place pour ramener Amanda McCoy, ancienne employée de Luthor persuadée que Clark Kent est Superman. Selon la méthode Carlin, les subplots menant à des intrigues résolues laissent la place à de nouveaux indices, et ce personnage, ainsi que le détective qu’elle engage, auront une importance plus ou moins grande par la suite (le détective, abattu à la fin de l’épisode par les tueurs d’Intergang qui cherchent Clark, nourrira à son corps défendant une partie des intrigues liées aux personnages terriens).

Cette errance spatiale connaîtra quelques grands moments. Dans Adventures of Superman #451, Ordway montre comment Superman s’est téléporté dans un univers peuplé de squelettes, qui est en fait l’estomac d’un être colossal, dont l’auteur aura l’intelligence de ne nous montrer ni la démesure ni l’apparence, laissant tout cela à notre imagination.

Dans Superman #29 et Adventures of Superman #452, Dan Jurgens, qui fait son entrée officielle dans l’équipe avant de s’installer un peu plus tard, donne suite au récit qu’il avait raconté avec Jim Starlin dans un Annual précédent, et montre un Superman résolvant le conflit par la parole plus que par les poings.

(Signalons d’ailleurs que la couverture introduisant ce diptyque est une référence au légendaire Action Comics #300, présenté ci-dessous.)

Dans Superman #30, Roger Stern raconte comment le héros, trouvant enfin une planète accueillante, tente d’y faire pousser des semailles avant de céder devant le déchaînement d’un éco-système incontrôlable. L’épisode a le double avantage de rappeler les origines paysannes de Superman et de montrer qu’il demeure encore fragile et colérique.

À l’issue de cet épisode, Superman, privé de respirateur et incapable de se téléporter, flotte dans l’espace avant d’être recueilli par des forces inconnues, dans Adventures of Superman #453. Dans le même épisode, Ordway fait avancer le sort de trois autres personnages, sur Terre : le professeur Hamilton aide José Delgado à s’extirper de l’armure dans laquelle Luthor l’a emprisonné, et surtout, il fait vivre un tournant à Matrix.

Qui ça ? Matrix est le nom que la Supergirl alternative, apparue dans les derniers épisodes de Byrne, a adopté. Cette jeune femme (quoique son assignation sexuelle soit sujette à discussion), traumatisée mais sauvée de son univers disparu, a été confiée aux Kent. Le personnage affiche des capacités empathiques et doit tout réapprendre. Saisissant sans bien comprendre le chagrin du couple qui a vu le fils adoptif s’exiler dans l’espace, Matrix tente de compenser cette émotion négative en prenant l’apparence de Clark. C’est le début d’une autre sous-intrigue qui proposera des rebondissements et des quiproquos amusants, surtout quand Jimmy Olsen rencontrera, dans les rues de Metropolis, un Clark décalé qu’il pense amnésique.

Pendant que Matrix se fait maladroitement passer pour Clark Kent et que Luthor mène son OPA contre S.T.A.R. Labs, Superman est recueilli par des marchands d’esclaves spatiaux et se retrouve gladiateur sur le Warworld de Mongul.

C’est un Superman affaibli et confronté à une faune extraterrestre bariolé qui doit apprendre à survivre dans l’arène, sans tuer. Affirmant ce principe inflexible, le héros trouve enfin l’élément déclencheur lui permettant de surmonter sa culpabilité. Le lecteur prend alors pleinement conscience que les séries mènent une vaste analyse du personnage, proposant une définition au long cours qui, au passage, offre divertissement et enjeux conséquents.

Le récit prend un tournant décisif dans Action Comics Annual #2, qui porte la signature d’auteurs séduisants, de Curt Swan à Mike Mignola en passant par George Pérez (qui rejoint la rédaction). Superman y rencontre un extraterrestre que personne ne pensait trouver là, le Cleric, qui a déjà fréquenté Krypton, quelques millénaires plus tôt, et qui a milité pour les droits des clones (ça ne vous dit rien ? Lisez World of Krypton, de Byrne et Mignola !). Les discussions entre Superman et le Cleric permettent d’éclairer certains aspects de la société kryptonienne, détaillant pourquoi cette grande civilisation n’a jamais conquis l’espace. Et le Cleric confie au héros un objet aux capacités incommensurables, l’Eradicator, qui a prolongé sa vie jusque-là. Ce faisant, il espère que le souvenir de Krypton perdurera, puis s’étiole et meurt.

On notera que l’intrigue récemment menée par Philip Kennedy Johnson dans les titres Superman et présentant le héros dans une situation comparable, ployant sous les chaînes et devant se battre dans l’arène, emprunte beaucoup à « Exile ». Non seulement on a la situation centrale, avec la révolte menée par un héros torse nu, mais on trouve des péripéties secondaires comparables : la rencontre avec des extraterrestres amenant leur lot de révélations, la présence d’un artefact au pouvoir considérable… La grosse différence, outre que le récit supervisé par Carlin est dense et généreux là où son remake est plutôt décompressé, c’est que Carlin, justement, se servira de cette intrigue comme d’un tremplin pour de nouvelles péripéties, toujours selon la méthode visant à renouveler les intrigues résolues.

On remarquera également que l’inclusion de cet Annual dans l’intrigue générale annonce le retour de la série Action Comics dans le plan éditorial. En effet, la version Action Comics Weekly touche à sa fin avec le numéro #642, et l’épisode suivant est l’occasion de marquer le retour de Superman sur Terre, le héros ayant fait la paix avec ses fantômes ainsi que son passé. C’est d’ailleurs sur ce chapitre que se conclut le premier recueil, celui de 1998.

Là encore, on relèvera que la couverture est une référence, en l’occurrence à Superman #1, en 1939. Et pour le retour du héros dans son titre historique, l’équipe éditorial s’offre les services de George Pérez, soutenu par l’excellent encreur Brett Breeding.

Les séries Superman, à cette époque, constituent un vaste feuilleton sans fin. Par conséquent, quand le héros revient à Metropolis, il intervient dans des intrigues qui ont débuté sans lui (Lois menacée par Intergang…). C’est le signe que la méthode Carlin est désormais bien implantée.

Dans cette période, les auteurs se chargent de mener certaines intrigues à leur terme (à l’exemple de Matrix, dans des moments aussi astucieux que touchants où la créature se prend réellement pour Clark…), d’en faire avancer d’autres (Brainiac, qui commence à reprendre la main sur Luthor…) et d’en bouleverser certaines (la crise cardiaque de Morgan Edge, qui amènera à faire intervenir le personnage de son père, qui aura son importance par la suite…). Certains épisodes, à l’exemple de Superman #34, sont consacrés à des personnages secondaires (ici Maggie Sawyer). De la même manière, Superman #36 remet sur le devant Morgan Edge et le Prankster.

Mais parmi les nouvelles intrigues, Carlin et ses auteurs développent celle de l’Eradicator, cet engin aux capacités imprécises et sans doute infinies, réceptacle de la culture et de la technologie kryptoniennes, dont on a appris entre les lignes que sa fonction consiste à préserver cet héritage. L’objet, dont Superman tentera, en vain, de se débarrasser, exercera une influence variée sur son entourage.

Dans The Adventures of Superman #458, Jimmy Olsen devient élastique, référence directe aux métamorphoses variées que le personnage avait connues dans sa série pendant des années. Hamilton expliquera ensuite au héros que cette transformation a été enclenchée par l’Eradicator.

Dernier épisode de l’Omnibus, Adventures of Superman #460 montre que l’Eradicator est susceptible de recréer des bâtiments kryptoniens sur Terre et de contrôler l’esprit de Terriens. D’ailleurs, l’épisode se conclut avec le retour de Clark au Daily Planet, laissant entendre que les actions de l’objet, désormais indépendant, sont incontrôlables.

Cet épatant recueil, complètement immersif par sa corpulence et par ses intrigues au long cours, se conclut sur l’annonce de développements à venir. On les connaît : Clark contrôlé par l’Eradicator, Brainiac reprenant l’offensive… Mike Carlin et ses équipes ont ainsi, entre octobre 1988 et octobre 1989, posé les bases de nombreuses intrigues à venir, jusqu’à « Death of Superman » qui aura lieu trois ans plus tard. Avec deux, puis trois séries (et bientôt quatre avec le lancement de Superman - Man of Steel), la rédaction a suffisamment de place pour développer des thèmes intéressants, explorer les différents aspects du mythe et raconter des aventures trépidantes. Le talent des équipes réunies par Carlin consiste aussi à enrichir la mythologie sans réellement revenir aux choses les plus nostalgiques des versions passées. Il y a une volonté de proposer du neuf tout en préservant ce « sense of wonder » qui définissait les comics jadis. Enfin, Carlin joue à fond la carte du feuilleton. Construisant des plans à long terme, laissant s’exprimer ses auteurs et fixant des buts et des étapes régulières à la rédaction, il pousse le système très loin. Des scénaristes du calibre de Roger Stern savent mener des intrigues au long cours (ce dernier l’a prouvé avec sa saga autour de Vision dans Avengers chez Marvel), et DC sait organiser des intrigues réparties sur plusieurs séries, à l’exemple de ce qui a été fait entre Batman et Detective Comics du temps de Conway ou Moench. Mais là, Carlin mène un exercice plus ambitieux, sur davantage de séries, entamant une décennie d’aventures. Ce qu’il met en place dans « Exile » connaîtra des répercussions au moins jusqu’à « Death », voire au-delà. Un exercice assez unique dans l’histoire des super-héros, et qui me fait attendre avec impatience l’éventuelle publication d’autres Omnibus qui me permettraient de compléter mes lectures.

Jim

3 « J'aime »

Tres complet.

Merci

J’ai adoré.
Ça m’a tenu dix jours (à raison d’un épisode, ou quatre, par soirée, ça tient longtemps), j’ai découvert le premier tiers, et savouré les deux autres (entre les trucs pas mis dans l’ancien TPB et les numéros qui me manquent dans le troisième tiers, je découvrais aussi plein de choses), et j’ai été complètement immergé et emporté par le flot narratif, la structure.

Jim

J’ai trouvé ça un peu court

Hehe

On reconnaît les lecteurs exigeants.

Jim

J espère que les chronicles iront jusque là et plus.

J’espère aussi.
Je l’ai dit souvent, j’aime beaucoup le travail effectué par Carlin sur Superman et par O’Neil sur Batman. Ils ont, chacun à leur manière, trouvé le moyen de laisser les auteurs s’exprimer (O’Neil laissait reposer les cross-overs de temps en temps, ce qui permettaient par exemple à des tandems genre Moench / Jones de faire leur truc…) tout en construisant des continuités fortes et des récits d’ampleur.

Là, ce qui m’a épaté, c’est de me plonger dans un récit qui me donnait l’impression que je lisais des années d’aventures. Alors qu’en fait, tout ça a été publié sur un an. Dingue.
Et j’en reviens à ce qu’on disait, à propos d’autres trucs, sur le caractère « bavard » : il y a beaucoup de bulles, certes, mais jamais de pavés, jamais de pages surchargées. La règle des « bulles à deux lignes » que j’ai évoquée plus haut (et dont parlait Ordway) semble efficace, mais en tout cas, ça rend les pages abordables, et les épisodes denses et généreux. C’est pas la décompression actuelle, quoi.

Jim

Oui. Bonne periode dont je n ai connu que les gros évent et même pas tous.

Le superman électrique, comment etait ce ?

La meilleure partie de Sup je suppose.

Alors ça, j’ai vraiment bien aimé. Parce que les mecs décident d’en traiter une partie sur un ton un peu comédie, un peu vaudeville, avec des portes qui claquent, des quiproquos, tout ça.
La période est en deux temps : en premier lieu, ses pouvoirs changent et il devient électrique (il y a eu un recueil, numéroté 1, sans suite, ce qui veut dire qu’en Amérique aussi, il a du mal à se vendre). Donc des intrigues classiques sur l’apprentissage des pouvoirs, tout ça. Et puis, à un moment, ça déconne et il est dédoublé : Superman Bleu et Superman Rouge. Ils reprennent à cette occasion une intrigue qui avait été traitée durant l’Âge d’Or puis dans les années 1970. Et là, c’est bien délirant : il y a un Clark qui sort par une porte et un Clark qui rentre par une autre, si je peux dire (et ce n’est pas une métaphore sexuelle). C’est marrant comme tout.
En revanche, là encore, j’ai des trous dans la collection et je ne suis pas sûr de savoir comment ça s’est résolu.

Jim