RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

On a récemment évoqué les différents TPB reprenant de grandes sagas entre la période Byrne et la Mort de Superman. Avec l’édition de gros omnibus couvrant la période « triangle », on s’est interrogé sur les recueils disponibles.

Récemment, j’ai reparcouru Krisis of the Krimson Kryptonite, un TPB reprenant une histoire où Superman perd ses pouvoirs (mais pas la vie) sous l’effet d’une « Kryptonite kramoisie » que Mister Mxyzptlk a fournie à Lex Luthor. L’intrigue en soi est assez simple (alliance des méchants, faiblesse du héros, quête d’une solution), mais le contexte est intéressant.

D’une part, à cette époque, les séries Superman sont définitivement liées, déployant, depuis le départ de Byrne, des intrigues à rebondissements quasiment une fois par semaine (trois fois par mois, précisément, ce qui sera complété avec l’arrivée de la série Superman - The Man of Steel de Louise Simonson et Jon Bogdanove, puis de Superman - The Man of Tomorrow, trimestriel qui comblera les dernières semaines manquantes). Et les protagonistes flottent dans une ambiance très soapienne, à l’époque.

Pour tout dire, d’ailleurs, ça va pas fort. Pour personne. Perry White et son épouse viennent de perdre leur fils unique, la mère de Jimmy Olsen est hospitalisée et celle de Lois Lane ne va pas bien non plus. Cette dernière a entamé une liaison hésitante avec son collègue Clark Kent, qui projette de l’épouser mais ne s’est pas encore déclaré. Il règne une atmosphère un peu dépressive sur les séries. C’est pas rose.

C’est dans ce contexte que Superman est privé de ses pouvoirs. Les auteurs parviennent à tirer de belles scènes de cette faiblesse (mention spéciale à la scène du taxi, par Jerry Ordway), et l’on peut voir une forme d’ironie teintée de sensibilité à observer Lois trouver touchant un Clark affaibli, là où les versions précédentes de la journaliste reprochaient à son collègue justement d’être une mauviette.

Les auteurs parviennent à injecter un peu d’humour dans l’ensemble, notamment au fil des tentatives de Superman de recouvrer ses capacités, d’abord en recourant à une armure puis en faisant appel aux pouvoirs solaires de Starman, dont le scénariste Roger Stern écrit les aventures à cette époque, ce qui vaut au lecteur de découvrir un épisode de cette série.

L’histoire se résout grâce à une astuce : comme toujours, Mxyzptlk impose des règles pour la partie. En l’occurrence, le pouvoir de la Kryptonite cramoisie perdurera tant que Luthor ne dira rien à Superman. Mais le magnat étant ce qu’il est, il finit par s’en vanter. Et face à qui ? Face à Clark Kent.

Graphiquement, la période verse dans l’académisme, mais d’une grande qualité. Jurgens n’a pas encore trouvé son style massif, entre Kirby et Miller, qui fera merveille plus tard, Ordway anime ses personnages avec une véracité et une sensibilité palpables, et Gammill fournit des pages magnifiques (notamment la fin du conflit avec Mxyzptlk, qui nous laisse entendre que ce dernier fuit dans une dimension voisine, changeant de couleurs et affrontant un quatuor fantastique). Bob McLeod arrive dans l’équipe et lui aussi travaille dans cette optique réaliste.

Ce qui convient très bien d’ailleurs au dernier chapitre du recueil, qui nous dévoile le sort de Luthor, disparu dans l’accident de son avion expérimental. Pour le lecteur qui suit les aventures du protecteur de Metropolis et de son éternel ennemi, la suite est à trouver dans le recueil They Saved Luthor’s Brain, que nous avons déjà évoqué un peu plus haut.

Pour l’aspect soap, la saga est importante aussi. C’est en effet le moment où Clark déclare officiellement sa flamme à sa dulcinée. Que Jerry Ordway soit le metteur en scène de ce moment d’émotion ne le rend que meilleur. L’atmosphère s’allège un peu, avec une Lois qui retrouve force et confiance et une maman Olsen qui sort de son coma.

Enfin, il s’agit de la dernière grande saga avec l’arrivée du fameux triangle sur les couvertures. Superman #50, où le héros recouvre ses pouvoirs, est daté de décembre 1990. Superman #51, où il affronte le mystérieux Mister Z à l’occasion de nouvelles aventures, est daté de janvier 1991 et arbore un triangle marqué « 1991 / 1 ». Avec cette pratique, les titres Superman officialisent la structure de feuilleton, et ce pour la décennie à venir (et certains morceaux d’anthologie dans la carrière de Superman).

Jim

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