RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

J’ai relu il y a quelques jours la mini-série Jonah Hex: Shadows West, la plus courte du recueil. Je l’avais en fascicule et elle s’est retrouvée sur une pile de choses dépareillées, à portée de main pour une lecture détente (je sais pas pourquoi, mais je me fais une cure de Lansdale / Truman, en ce moment : je viens de me lire Dead Folks, chez Avatar, par exemple…).
Bref.
Hé bien c’est toujours aussi chouette, Jonah Hex par ces deux-là.

L’histoire commence par une scène de tribunal qui renvoie directement au juge Roy Bean (vous savez, celui dans Lucky Luke), mâtiné un brin du juge Parker. Déluge de mauvais esprit, de mauvais goût et de mauvaises fusillades (le carnage dans la rue…), cette scène d’intro place l’ambiance. On est dans de la parodie grinçante et ricanante, pas vraiment loin de l’aire de jeu dans laquelle s’ébat bien souvent Garth Ennis.
L’ensemble est envahi de one-liners qui font mouche, le tout écrit dans un argot elliptique qui demande un peu d’attention.
Là-dessus, Jonah Hex, désabusé comme jamais, croise le chemin d’un nain as du pistolet, qu’il accompagne jusqu’au cirque où il travaille. L’éternel justicier itinérant s’installe donc au pays des jongleurs, des acrobates et des bêtes de foire, même pas convaincu lui-même que ce soit une bonne idée.
Le portrait du patron du cirque, Buffalo Will, est saisissant : aventurier raté, frustré et jaloux, il tente de grapiller des miettes de gloire en vivant dans l’ombre de son presque homonyme, nettement plus célèbre que lui, mais pas vraiment moins imposteur. Will est un complexé trouillard, qui envoie ses hommes (et femmes), belle galerie de clichés de l’ouest (la flingueuse, le benêt…) au feu pour son compte.
C’est dans ce décor (banal à pleurer ?) que Hex rencontre une indienne, qui sert de repos du guerrier aux hommes de la troupe. Il décide de quitter cette foire aux monstres et propose à la femme de venir avec lui, accompagnée de son enfant, une sorte de… bébé ours.
S’ensuivent des poursuites, des fusillades, des bons mots, de la cruauté, des remarques qui fusent, des instants d’émotion et des fulgurances de fantastique que même le héros ne comprend pas.
Méchant, acide, sadique, drôle et teinté de surnaturel, c’est une mini-série qui se lit rapidement, qui fait bien rire, et qui écorne sérieusement l’image de l’ouest. « Shadows West », c’est un peu aussi « Shadows of the West », tant la description de ces contrées sauvages lentement grignotées par la civilisation (dans ce qu’elle a de pire : le divertissement comme monstration de l’anormalité) en vient à dire que l’ouest n’est plus que l’ombre de lui-même. Les indiens portent des lunettes et changent de nom, les cow-boys sont des clowns, la culture indienne est violée… Portrait à l’acide.
Amusant, mais triste.
Signalons l’équipe éditoriale de l’époque. Stuart Moore, futur scénariste (pas dégueu d’ailleurs), et son assistant Cliff Chiang, futur dessinateur.

Jim