Je suis en train de relire les quatre TPB disponibles reprenant les épisodes de Pérez sur Wonder Woman (en tout cas, les quatre TPB que j’ai, ça ne couvre pas toute la prestation, seulement les deux premières années. Pour rappel, voici les titres : Gods ans Mortals, Challenge of the Gods, Beauty and the Beasts et Destiny Calling), et bien entendu, je trouve ça très bien.
Je ne reviens pas sur les qualités narratives : bonne gestion de la mythologie, alternance bienvenue entre le monde des dieux et les menaces terrestres, remise au goût du jour de méchantes telles que la Cheetah ou la Silver Swan…
C’est dense, touffu, généreux, avec une caractérisation très réussie (les Kapatelis mère et fille sont vraiment sympathiques), ça en donne énormément pour son argent, et Pérez est alors en pleine possession de ses moyens).
Mais je profite de l’occasion pour évoquer un truc qui me semble abordé assez peu souvent, au sujet de l’auteur : sa capacité à caractériser des personnages qui soient visuellement bien différenciés.
Dans une industrie où en général les dessinateurs représentent les personnages, surtout féminins, tels des gravures de mode, Pérez parvient à donner des personnalités graphiques bien tranchées. C’est un véritable festival. Il parvient à marquer l’âge ou l’ingratitude physique de l’adolescence, il crée des trognes improbables et pourtant séduisantes en rompant avec les canons de la beauté : Barbara Minerva avec son nez trop long et ses joues creuses, ou Myndi Mayer et son visage d’œuf, deux femmes qui ne sont pas démunies question séduction. De même, des personnages tels qu’Etta Candy sont redéfinis et se trouvent aux antipodes de l’héroïne, ce qui n’empêche pas qu’ils soient attirants (demandez à Steve Trevor).
C’est une dimension qu’on oublie souvent dans le travail de Pérez, qu’on évoque en général en parlant de son sens du détail, de ses compositions complexes, de la richesse de ses planches (ça sert d’ailleurs de critique aux détracteurs, qui reprochent le caractère étouffant des pages). Mais on oublie trop souvent de noter à quel point il caractérise avec soin ses personnages, parvenant à maintenir des physionomies fortes d’une case ou d’une page à l’autre.
Un soin accordé aux protagonistes qui méritait d’être relevé.
Jim