RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

En 1997, DC sortait un TPB intitulé Superman: Transformed, qui se voulait le premier des recueils de la période durant laquelle les pouvoirs du surhomme adoptent un comportement facétieux, le conduisant à revêtir une nouvelle tenue (destinée à les contenir) et un nouveau look qui fera parler de lui.

SupermanTransformed

Le TPB débutait à la sortie du gros cross-over de l’époque, Final Night, qui voyait l’extinction du soleil (et bientôt de la race humaine, angoisse…), un récit écrit par Karl Kesel et illustré par Stuart Immonen (et traduit chez Semic sous le titre polysémique « Extinction »). Les épisodes contenus permettaient de retrouver un Clark Kent considérablement affaibli (tirant ses pouvoirs du rayonnement de l’astre, il a souffert de l’éclipse durable raconté dans le cross-over), qui tente de retrouver ses super-capacités grâce à l’aide de la Légion des Super-Héros, tandis que Perry White affronte de son côté un cancer des poumons.

Le choix de ces épisodes permettait de bien présenter Superman et son environnement à une époque où ses titres, en quelque sorte, redémarraient. En plus, y avait plein de morceaux de Ron Frenz dedans, ce qui fait toujours plaisir.
Cette parution, à ma connaissance, ne sera suivie d’aucune autre (faut dire que sa couverture n’était pas des plus frappantes, jouant sur une approche graphique qui n’est peut-être pas aussi évocatrice que prévu), laissant cette période dans une sorte d’oubli, dans l’ombre d’autres récits de la période Carlin, The Death of Superman au premier rang de ceux-ci.

L’erreur est réparée aujourd’hui avec la parution du premier tome d’une collection intitulée Superman Blue, et reprenant cette période que beaucoup dédaignent, et que je trouve, pour ma part, particulièrement agréable.

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Le sommaire débute un peu après celui de Transformed, et continue largement après la fin de ce dernier. Le choix s’explique par le fait que le premier épisode concerné montre de quelle manière les pouvoirs de Clark déconnent (il devient immatériel de manière aléatoire, il fait court-circuiter le grille-pain…), ce qui permet d’embrayer directement sur les tracas dû à cette métamorphose, en passant par-dessus les quelques explications et pistes fournies par les épisodes précédents.

Ce qui me conduit à conseiller aux propriétaires de Transformed de ne pas le refourguer s’ils prennent le premier tome de Blue. En plus, une erreur d’impression s’étant glissée dans Transformed, on y trouve un auto-collant qui permet de coller le contenu de deux bulles vides, petite erreur qui rend collector ce volume.

Bref.
Donc, Blue commence quand les pouvoirs de Superman le trahissent. Alors que la menace de Metallo se fait plus pesante que jamais, le héros recourt aux bons conseils du professeur Hamilton, qui lui concocte, avec l’aide de la Comtesse, la compagne de Luthor à l’époque, un nouveau costume chargé de canaliser sa charge électrique.

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Les intrigues, d’ailleurs, permettent de brancher les différents personnages sur les déboires du héros, et de faire évoluer le schéma actantiel : les adversaires apportent des solutions (non sans garder en vue leurs intérêts propres) tandis que les alliés voient comment tirer les marrons du feu et finissent par trahir. À la métamorphose du héros s’associe un changement de perspective concernant tous les personnages, dont les rapports changent, la transformation servant de déclencheur (auquel s’ajoute la maladie de Perry, le carriérisme de Jimmy, la curiosité scientifique mal placée de Hamilton…). Bref, l’ensemble de la série est bousculé.

Enfin, des séries, puisque nous sommes en pleine ère Carlin (de plus en plus ma préférée dans l’histoire du héros), et que les différents titres sont connectés dans une vaste intrigue qui prouve son efficacité, pour peu que l’on aime le feuilleton. La dimension soap du récit fonctionne à plein. Et le récit est particulièrement bien servi : Immonen apporte son style réaliste, Ryan et Eaton donne de l’énergie classique aux péripéties, et Bogdanove et Frenz développent une fibre plus cartoony, plus marrante. C’est bourré d’énergie, ça bouge tout le temps, les personnages sont attachants, les luttes internes au sein de la rédaction du Daily Planet sont nourries par des caractères qui sont complexes et pas manichéens, bref les aventures héroïques sont aussi agréables à suivre que les déboires à échelle humaine.

Ainsi que Dan Jurgens le rappelle dans sa postface, à cette période, l’équipe créatrice cherchait à donner aux aventures de Superman un ton un peu plus léger. C’est effectivement le cas, il y a un côté insouciant, exagéré, qui n’enlève rien aux drames humains et aux enjeux héroïques. Cette période de changement de pouvoirs poussera assez loin le bouchon, notamment quand le Superman Bleu et électrique sera dédoublé, et que deux héros, l’un bleu l’autre rouge (en hommage à une vieille histoire) parcourront Metropolis dans un jeu constant de quiproquos et de portes qui claquent dans une évocation savoureuse des meilleurs ressorts du vaudeville (et quand c’est Frenz qui dessine, je vous dis pas).

RonFrenz-SupermanElectric

Mais ça, ce sera pour un autre volume. En attendant, je suis dans la relecture de ce premier, dont je ne connaissais pas tout le contenu, puisqu’il me manque quelques épisodes par ci par là. Et je savoure cette redécouverte, qui correspond à ce qui est pour moi une excellente recette de divertissement : de l’action, de l’émotion, beaucoup de sourire et des personnages attachants.

Jim