RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

Tu as raison, je me mélange toujours, même quand c’est écrit en gros.
Hop, c’est corrigé.

Jim

En attendant le lancement de la Justice League Dark de Tynion, je me suis relu ce volume sorti il y a un peu plus d’un an. Ce TPB compile le one-shot Zatanna: Everyday Magic (2003) et les 16 numéros de la série régulière Zatanna (vol.2, 2010-2011), majoritairement écrits par Paul Dini — je reviendrai un peu plus loin sur ce « majoritairement » — avec aux crayons une pelletée de monde, Adam Beechen, Jamal Igle, Stéphane Roux, Chard Hardin, Jesus Saiz, Cliff Chiang, Rick Mays, Dustin Nguyen et Victor Ibáñez, sans oublier Adam Hughes pour les couvertures.

Bien qu’inégale, la série ressort quand même globalement du meilleur Dini. Publiée à peu près dans les mêmes eaux chronologiques que son run sur Detective Comics (qui faisait également la part belle à la jolie magicienne en bas résilles) ou son arc inaugural de Gotham City Sirens, cette série Zatanna un peu dans le même moule — succédant à une éphémère première mini-série en 4 épisodes de 1993, par Lee Mars et Esteban Maroto, dont on dira qu’elle n’a apparemment guère marqué les esprits — conjugue sur le mode « magique » quelques-uns des ingrédients préférés de l’auteur : mystère, humour, une louche de polar noir, un large zeste de sexy, une attention aux personnages secondaires « ordinaires » entourant le héros ou en l’occurrence l’héroïne, le tout avec un certain art pour intégrer les acquis de la continuité sans crouler sous celle-ci.

Le principe de la série, à la base, semble être de suivre la tournée de Zatanna se produisant sur différentes scènes de la Côte Ouest (un univers que Dini exploite d’autant mieux qu’il est marié à une magicienne professionnelle !), et de greffer des aventures en marge des représentations, tout en jouant sur les particularités des différents cadres. Ainsi l’arc à San Francisco convoque-t-il le passé ésotérico-hippie trouble de la ville, tandis que le clinquant de Las Vegas est le décor d’un affrontement avec Mammon, démon de l’avarice, et que la visite de Los Angeles renvoie à une réflexion sur Hollywood (et son « âge d’or »).

Le premier arc (#1-3) est à mon goût le meilleur, d’autant qu’il est servi au graphisme par un Stéphane Roux dont le trait n’est pas sans me rappeler un peu celui d’un J.H. Williams III. L’auteur et le dessinateur s’en sortent très bien pour arriver à louvoyer entre le glamour et l’horrifique, au fil d’une histoire qui introduit un méchant particulièrement réussi, Eldon Peck / Brother Night, sombre ex-gourou des seventies qui règne à présent sur le monde criminel magique ; l’arc introduit également Fuseli, un petit démon hantant les cauchemars dont le nom et l’apparence renvoient évidemment à un célèbre tableau, et l’inspecteur Dale Colton, un peu dépassé par tout ça.

zatanna1

Mon autre arc préféré de la série (#8-11) joue avec le thème de la phobie des marionnettes ; lui aussi bénéficie d’un très bon traitement graphique, en bonne assuré cette fois par Cliff Chiang ; il introduit en outre encore un autre très bon personnage, le Dr. Jana Bodie, une psy pour les personnages « mystiques » de l’univers DC dont le cabinet se trouve dans un autre plan d’existence et dont l’apparence change en fonction de qui vient la consulter.

Même si j’isole ces deux arcs comme les plus réussis, on peut dire que jusque-là la tenue du contenu du volume varie du très bon à l’excellent. Malheureusement, après ce #13, la série essuie un premier coup de semonce avec le retrait de Dini pour deux numéros, cédant sa place à Adam Beechen s’essayant au scénario (pour une histoire très euhh… bizarre sur la jeune Zatanna arrêtant des malfrats avec les « barbelés » de son appareil dentaire) puis Matthew Sturges (et c’est guère mieux).

Puis Dini revient… et la série retrouve de sa superbe… et même un peu plus, puisqu’il semble parti pour boucler la boucle par rapport au début du run : il orchestre le come-back hautement flippant de Brother Night, lâche une révélation décisive sur l’inspecteur Colton, et nous fait même miroiter une implication du Spectre pour ce qui s’annonce comme un final forcément dantesque. Las, on n’aura… rien de tout ça puisque ce numéro marque aussi le dernier de Dini sur la série et que ces intrigues se voient purement et simplement abandonnées. :neutral_face:

Beechen signe un numéro gonflant, avec un cousin Zachary Zatara complètement hors style par rapport à son utilisation par Dini (très réussie) plus tôt dans la série dans l’arc à Vegas. Derek Frigols lui succède avec encore (comme pour le numéro par Sturges précédemment) le genre d’idée « géniale » dont on se dit qu’il y a probablement une bonne raison pour que tout le monde se soit retenu de l’exploiter auparavant, des persos mal écrits, des méchants qui auraient pu constituer une menace intéressante mais sortent un peu trop de nulle part pour être crédibles, et une fin hautement problématique où Zatanna provoque la mort sur le bûcher de ses adversaires et y assiste sourire aux lèvres. Seul le tout dernier numéro remonte le niveau, avec un Beechen un peu plus inspiré qu’auparavant au scénar, pour une intrigue tournant autour d’un camarade de classe de Klarion, et l’apport d’un Victor Ibáñez. Et accessoirement une dernière page qui relève du trollage de compétition, à destination du « public de DC » (Washington DC, dans le contexte, mais… dur de ne pas penser à autre chose !).

Il va sans dire que les New 52 passant par là juste après, on n’a plus jamais entendu parler de Brother Night (sauf, vérification faite, pour une brève apparition en dessin animé dans la série Justice League Action l’an dernier), de l’inspecteur Colton ou du Dr. Bodie.

Malgré cette fin en queue de poisson aussi regrettable que frustrante, ce TPB reste une lecture très recommandable pour toute la partie effectivement écrite par un Dini au mieux de sa forme et bien inspiré par le personnage — c’est-à-dire tout de même la majorité du volume.

J’ai déjà évoqué les deux premiers recueils de la collection de TPB reprenant la série Deathstroke des années 1990. Le personnage, vilain issu des pages de New Teen Titans, a durant une décennie, grâce à Marv Wolfman, acquis une popularité qui lui vaut d’avoir sa propre série (à une époque où le public et les éditeurs aiment bien les héros musclés et armés jusqu’aux dents.
C’est ici :

Là, je viens de lire le troisième. C’est très sympa. D’une part parce que Wolfman joue la carte des méchants, Slade étant pris dans une guerre entre Cheshire et The Brain. D’autre part parce que l’intrigue permet de nouer différents fils narratifs et, alors que la série approche de son vingtième épisode, de donner une grosse cohérence à l’ensemble. Rajoutons le fait que le scénariste développe des concepts (tiens, une antenne russe de Checkmate) et donne de l’épaisseur à certains de ses personnages (Mammoth, Roy Harper), et ça donne un truc sympa, solide, pas trop mal gratté (Steve Erwin fait bien son boulot, c’est pas nickel, mais c’est vivant).
Bref, un album sympa, pas renversant, mais carré, et représentatif du catalogue DC de l’époque, plein d’énergie et de sincérité.

Le TPB est complété par un serial publié dans Showcase, écrit par Mike Baron et dans lequel Deathstroke et Peacemaker affrontent Kobra. Pas mal, un peu court bien entendu, mais sympa, avec un Cary Nord débutant (et méconnaissable).
Notons que le chemin de fer de l’album connaît une erreur : une page est reproduite deux fois, ce qui multiplie les pages de ruptures afin de ne pas casser les doubles pages. Dommage, si les pages avaient été mieux comptées, ça aurait été plus agréable à lire.

Bientôt, j’entame le quatrième tome, cette fois-ci écrit par Steven Grant.

Jim

Je viens de finir le quatrième tome de la réédition de Deathstroke, version années 1990.
Cette fois-ci, les épisodes assemblés sont écrits par Steven Grant. C’est nettement plus testostéroné que Wolfman, plus orienté polar, plus vicieux et plus laconique. Les dialogues tournent parfois aux échanges de one-liners. Mais ça fonctionne carrément bien avec ce personnage.

DeathstrokeTPB4

Le premier épisode est consacré aux retrouvailles avec la nouvelle Vigilante. Les deux suivants se penchent sur le monde des agences d’espionnages, peuplées de ronds-de-cuir qui se prennent pour des durs, et les deux suivants (dont le #25, un numéro double) s’intéressent au thème de la secte (ici mâtiné d’expérience sociologique et de trafic de drogue). C’est peut-être une faiblesse chez Grant, cette volonté de trop en mettre, mais au moins, on ne pourra pas lui reprocher de ne pas être généreux ou de faire traîner ses affaires.
Le souci de ces épisodes, c’est qu’ils sont nettement moins bien dessinés que le reste de la série. En comparaison, l’Annual (qui présente Gunfire), écrit par Len Wein et dessiné par Steve Erwin (avec un bataillon d’encreur) est d’une grâce inouïe.
Dommage, parce que les récits de Grant envoient du bois.
D’après ce que je sais, c’est le dernier en date de la réédition. J’espère qu’il y en aura d’autres, c’est une série qui, sans être ébouriffante, est plutôt agréable à lire.

Jim

En 1997, DC sortait un TPB intitulé Superman: Transformed, qui se voulait le premier des recueils de la période durant laquelle les pouvoirs du surhomme adoptent un comportement facétieux, le conduisant à revêtir une nouvelle tenue (destinée à les contenir) et un nouveau look qui fera parler de lui.

SupermanTransformed

Le TPB débutait à la sortie du gros cross-over de l’époque, Final Night, qui voyait l’extinction du soleil (et bientôt de la race humaine, angoisse…), un récit écrit par Karl Kesel et illustré par Stuart Immonen (et traduit chez Semic sous le titre polysémique « Extinction »). Les épisodes contenus permettaient de retrouver un Clark Kent considérablement affaibli (tirant ses pouvoirs du rayonnement de l’astre, il a souffert de l’éclipse durable raconté dans le cross-over), qui tente de retrouver ses super-capacités grâce à l’aide de la Légion des Super-Héros, tandis que Perry White affronte de son côté un cancer des poumons.

Le choix de ces épisodes permettait de bien présenter Superman et son environnement à une époque où ses titres, en quelque sorte, redémarraient. En plus, y avait plein de morceaux de Ron Frenz dedans, ce qui fait toujours plaisir.
Cette parution, à ma connaissance, ne sera suivie d’aucune autre (faut dire que sa couverture n’était pas des plus frappantes, jouant sur une approche graphique qui n’est peut-être pas aussi évocatrice que prévu), laissant cette période dans une sorte d’oubli, dans l’ombre d’autres récits de la période Carlin, The Death of Superman au premier rang de ceux-ci.

L’erreur est réparée aujourd’hui avec la parution du premier tome d’une collection intitulée Superman Blue, et reprenant cette période que beaucoup dédaignent, et que je trouve, pour ma part, particulièrement agréable.

SupermanBlue-TPB

Le sommaire débute un peu après celui de Transformed, et continue largement après la fin de ce dernier. Le choix s’explique par le fait que le premier épisode concerné montre de quelle manière les pouvoirs de Clark déconnent (il devient immatériel de manière aléatoire, il fait court-circuiter le grille-pain…), ce qui permet d’embrayer directement sur les tracas dû à cette métamorphose, en passant par-dessus les quelques explications et pistes fournies par les épisodes précédents.

Ce qui me conduit à conseiller aux propriétaires de Transformed de ne pas le refourguer s’ils prennent le premier tome de Blue. En plus, une erreur d’impression s’étant glissée dans Transformed, on y trouve un auto-collant qui permet de coller le contenu de deux bulles vides, petite erreur qui rend collector ce volume.

Bref.
Donc, Blue commence quand les pouvoirs de Superman le trahissent. Alors que la menace de Metallo se fait plus pesante que jamais, le héros recourt aux bons conseils du professeur Hamilton, qui lui concocte, avec l’aide de la Comtesse, la compagne de Luthor à l’époque, un nouveau costume chargé de canaliser sa charge électrique.

Superman%20v2%20123

Les intrigues, d’ailleurs, permettent de brancher les différents personnages sur les déboires du héros, et de faire évoluer le schéma actantiel : les adversaires apportent des solutions (non sans garder en vue leurs intérêts propres) tandis que les alliés voient comment tirer les marrons du feu et finissent par trahir. À la métamorphose du héros s’associe un changement de perspective concernant tous les personnages, dont les rapports changent, la transformation servant de déclencheur (auquel s’ajoute la maladie de Perry, le carriérisme de Jimmy, la curiosité scientifique mal placée de Hamilton…). Bref, l’ensemble de la série est bousculé.

Enfin, des séries, puisque nous sommes en pleine ère Carlin (de plus en plus ma préférée dans l’histoire du héros), et que les différents titres sont connectés dans une vaste intrigue qui prouve son efficacité, pour peu que l’on aime le feuilleton. La dimension soap du récit fonctionne à plein. Et le récit est particulièrement bien servi : Immonen apporte son style réaliste, Ryan et Eaton donne de l’énergie classique aux péripéties, et Bogdanove et Frenz développent une fibre plus cartoony, plus marrante. C’est bourré d’énergie, ça bouge tout le temps, les personnages sont attachants, les luttes internes au sein de la rédaction du Daily Planet sont nourries par des caractères qui sont complexes et pas manichéens, bref les aventures héroïques sont aussi agréables à suivre que les déboires à échelle humaine.

Ainsi que Dan Jurgens le rappelle dans sa postface, à cette période, l’équipe créatrice cherchait à donner aux aventures de Superman un ton un peu plus léger. C’est effectivement le cas, il y a un côté insouciant, exagéré, qui n’enlève rien aux drames humains et aux enjeux héroïques. Cette période de changement de pouvoirs poussera assez loin le bouchon, notamment quand le Superman Bleu et électrique sera dédoublé, et que deux héros, l’un bleu l’autre rouge (en hommage à une vieille histoire) parcourront Metropolis dans un jeu constant de quiproquos et de portes qui claquent dans une évocation savoureuse des meilleurs ressorts du vaudeville (et quand c’est Frenz qui dessine, je vous dis pas).

RonFrenz-SupermanElectric

Mais ça, ce sera pour un autre volume. En attendant, je suis dans la relecture de ce premier, dont je ne connaissais pas tout le contenu, puisqu’il me manque quelques épisodes par ci par là. Et je savoure cette redécouverte, qui correspond à ce qui est pour moi une excellente recette de divertissement : de l’action, de l’émotion, beaucoup de sourire et des personnages attachants.

Jim

Man-Bat a longtemps fait partie du petit monde de Batman de manière périphérique, tout en bénéficiant de l’attention de grands auteurs. Créé par Frank Robbins et Neal Adams, il a droit à une trilogie magnifique (à redécouvrir chez Urban dans les deux tomes Batman la légende : Neal Adams), puis à des épisodes formidables dessinés par Michael Golden (et, de mémoire, publiés dans Batman Family). Il hante les ruelles sombres de Gotham depuis le début des années 1970, mais il me semble que ses premières aventures en solo datent de 1995, à l’occasion d’un récit en prestige format par Jamie Delano et John Bolton, suivi de près, en 1996, par une mini-série par Chuck Dixon et Flint Henry.

ManBat-Cover1

Cette dernière mini-série fait partie des choses que je cherche à compléter depuis longtemps, puisque je n’ai pas encore réussi à compléter le tout, qui ne fait que trois épisodes pourtant. J’ai déjà dit que j’aimais beaucoup l’écriture de Dixon, sorte de tourbillon d’énergie testostéronée couplée à une caractérisation toujours habile. Quant à Flint Henry, j’aime beaucoup depuis ses épisodes à la fin de la série Grimjack chez First. Ensemble, les deux lascars ont signé une excellente série de flic interdimensionnel, Lawdog, sous le label « Heavy Hitters » chez Epic / Marvel (l’ensemble du catalogue « Heavy Hitters » mériterait des rééditions, voilà un bon paquet de mini-séries passées relativement inaperçues et qui pourtant prodiguent leur quota de lecture agréable).

ManBat-Cover2

L’expression « pire dessinateur du monde » a déjà été employée avec affection pour des gens qui dessinent tout de travers mais parviennent à un résultat fascinant, et John McCrea a déjà été affublé de ce titre, je l’ai entendu. Flint Henry pourrait le revendiquer aussi. Chez lui, tout est grumeleux, organique, parturient, dégoulinant, comme maladif. Ses planches débordent de détails souvent inutiles et entassés pour le simple plaisir du défi graphique. Les cadrages sont tordus, les personnages affichent des yeux exorbités aux milieux de visages tuméfiés et les corps se tordent en tout sens. Bref, c’est le dessinateur parfait pour une histoire de monstre. D’autant qu’il est servi par l’encrage riche en ombres d’Eduardo Barreto dans les pages intérieures, et celui, limpide, de Kevin Nowlan sur les couvertures.

ManBat-Cover3

Le recueil Tales of the Man-Bat reprend la mini-série de 1996, accompagnée de son chapitre d’introduction publié dans Showcase '94 (et dont j’ignorais même l’existence. Le sommaire est complété par une autre mini-série, datant de 2006, écrite par Bruce Jones et illustré par Mike Huddleston, qui hésite entre s’inspirer de Michael Avon Oeming et pomper Mike Mignola. L’ensemble offre un tout assez cohérent, sous une belle couverture de Michael Golden, datant apparemment de la période, dans les années 1990, où il signait beaucoup de couvertures pour les séries consacrées à Batman.

TalesOfTheManBat-Cover

La première mini voit le retour de Man-Bat à Gotham, alors qu’un assassin s’en prend à des généticiens et laissent des indices qui le désignent comme coupable évident. L’homme chauve-souris est pris en chasse par un flic aussi demeuré que surarmé. Bullock et Montoya, deux personnages qu’affectionne Dixon, mènent l’enquête. Dans le second épisode, Man-Bat est secouru par Killer Croc, qui le soigne dans les égouts, ce qui permet à Henry de dessiner deux monstres. L’ensemble se lit très vite, Dixon recourant à une voix off faites de one-liners cinglants et retranscrivant à merveille l’intelligence réduite et confuse de Langstrom sous sa forme monstrueuse.

ManBat-Showcase-p1

ManBat-Showcase-p2

ManBat-Showcase-p3

Selon moi, la mini-série de Dixon et Henry est le meilleur morceau du recueil. Celle de Jones et Huddleston est loin d’être désagréable, mais elle a sans doute le tort de vouloir tasser trop de choses dans ses six épisodes, l’intrigue tournant autour de Black Mask mais également de Hush, ce qui fait peut-être un méchant de trop, et relègue le personnage titre au rang de faire valoir.

Le recueil, au final, donne surtout l’envie de retrouver le personnage. Et là, immanquablement, je repense à ses apparitions sous le crayon de Golden, des pages qui devraient être rééditées.

Jim

Je cite pas tous, mais tu m’as donné super envie sur une période qui me tentait bien en plus.

Moi, j’aime beaucoup : c’est divertissant, c’est dynamique, c’est juste ce qu’il faut de farfelu, bref, c’est du bon comic. Selon moi.
Et puis je soutiens : parce que bon, j’avais acheté Transformed, et j’étais resté sur ma faim. Du coup, j’ai pas envie que ça se reproduise, j’ai envie qu’ils aillent au bout de ce cycle. Donc je soutiens, je vante, je promeus.

Jim

Ce ne sont pas les épisodes qui paraissaient au tout début de la reprise de DC par Semic ?

Non : les épisodes chez Semic, c’est le début du règne d’Eddie Berganza, avec l’arrivée de Jeph Loeb, notamment (ce qu’Urban a plus ou moins repris dans des hors-série il y a genre deux ans). C’est vers 2000.
Là, on est encore en pleine période Mike Carlin, environ quatre ans avant (Final Night, c’est 1996).
Superman, c’est pas comme Batman : c’est moins populaire, donc il y a encore des années entières qui sont inédites.

Jim

Tiens, c’est bizarre, j’étais persuadé d’avoir vu des couvertures avec ce Superman électrique …

Il y en a eu…pour la JLA de Grant Morrison dans Strange

strange-comics-volume-329-kiosque-v1-suite-1989-1998-88471

Ah voilà … c’est dingue comment ils m’ont marqué, ces Sup Blue et Sup Red …

Dans JLA, il n’est apparu qu’en bleu.
Mais l’idée de base, elle provient d’une histoire du Silver Age, qui elle-même a été redéclinée dans les années 1970.

Toutes les explications sont là :

Et c’est peut-être l’une de ces versions que tu as lue chez Sagédition. Peut-être la version de Rozakis et Kupperberg.

CollectionSupermanEtBatman-BleuRouge

Jim

En tout cas que ce soit sur Sup’ ou sur Man-Bat, dans des genres très différents, je confirme qu’une fois de plus tes deux descriptions de ces volumes font envie.

Ça me rappelle un peu Kelley Jones.

Pas faux, Kelley Jones, voilà encore un dessinateur avec plein de faiblesses et qui compense par un style trempé, mais dense et généreux.

Jim

À plusieurs reprises, à l’occasion de différentes conversations, j’avais manifesté ma surprise qu’il n’y ait pas de TPB consacré aux boulots de Michael Golden dans l’univers de Batman.
Apparemment, ça va arriver bientôt, en juin prochain, si j’en crois notre vendeuse amazone préférée.

Legends of the Dark Knight: Michael Golden
Hardcover – June 4, 2019
by Michael Golden (Illustrator)

Rarely seen stories of Batman illustrated by comics artist Michael Golden are reprinted for the first time.

The 1970s stories starring Batman featuring the slick artwork of Michael Golden are collected for the first time, including appearances by the Demon and Man-Bat. Golden is renowned for his design skills and unique interpretation of Batman and other heroes, as seen in these early stories, written by well-known comics writers including Dennis O’Neil, Gerry Conway and Mike W. Barr.

Collects shis collects stories from Batman Family #15-20, Batman #295, #303, DC Special Series #15, Detective Comics #482, Batman Special #1, Batman: Gotham Knights #22. It also collects the covers from Detective Comics #625-626, 628-631, 633, 644-646, Batman #484-485, Showcase '93, Nightwing #66-77 & #129-130 and the Man-Bat entry from Who’s Who in the DC Universe #12.

Michael Golden is an American comic book artist and writer best known for his work on Marvel Comics’ The Micronauts, as well as his co-creation of Bucky O’Hare and the X-Men’s Rogue.

Golden entered the comics industry in late 1977, working on such DC Comics titles as Mister Miracle and Batman Family. In 1978 he collaborated with Bill Mantlo on Marvel’s Micronauts which he illustrated for the series’ first 12 issues. He drew a number of Marvel series throughout the 1970s and 1980s, including Doctor Strange, Howard the Duck and Marvel Fanfare. Golden drew covers for the licensed series G.I. Joe: A Real American Hero, Rom, U.S. 1, and The Saga of Crystar. In the early 1990s Golden was an editor for DC Comics, and later in the decade served as senior art director for Marvel Comics. In the 2000s he drew covers for DC Comics’ Nightwing, Superman: The Man of Steel, and Vigilante. Despite his considerable amount of work in comics, Golden has stated that he still finds advertising and commercial design work to be more fulfilling than comics, because « it’s something different each time. »

Series: Legends of the Dark Knight: Michael Golden
Hardcover: 248 pages
Publisher: DC Comics (June 4, 2019)
Language: English
ISBN-10: 1401289614
ISBN-13: 978-1401289614

Pour l’heure, visiblement, il n’y a pas encore de covers, mais l’entrée consacrée au recueil propose une reprise d’une de ses couvertures des années 1990. Que voici.

Jim

SX323_BO1%2C204%2C203%2C200 SX319_BO1%2C204%2C203%2C200

Ces TPB estampillés vol.2 et 3, et sortis respectivement en 2016 et 2017, présentent les 21 premiers numéros de la série régulière Birds of Prey, scénarisé par leur créateur Chuck Dixon, ainsi que deux numéros de crossover avec le Nightwing du même scénariste. Le « volume 1 » collectait en fait les divers one-shots et mini-séries, tous signés Dixon également, ayant précédé le lancement en mode ongoing , et qui avaient été précédemment publiés en deux TPB séparés. On est ici en revanche sinon dans de « l’inédit » stricto sensu, du moins dans des choses qui n’avaient jamais été reprises. En effet, si l’on excepte quelques numéros épars, liés à des grands évènements comme Bruce Wayne: Murderer? / Fugitive, la mise en recueil de la série régulière ne s’est effectuée qu’à partir du #56 qui a marqué l’arrivée au scénario de Gail Simone, restée par la suite la grande prêtresse du titre. C’est donc un manque assez important qu’il s’agit de combler.

Dans ces deux volumes, qui nous amènent justement à un cap important de ce point de vue, on suit essentiellement encore un tandem, composé d’une part de Barbara Gordon / Oracle et d’autre part de Dinah Lance / Black Canary, alors que l’identité de la première reste un mystère pour la seconde : les deux ne communiquent que par une oreillette. Cela crée une dynamique intéressante entre les deux personnages d’autant qu’à la différence de statut – à distance / isolée ou sur le terrain / impliquée – s’ajoute une forte différence de caractères : autant Barbara, ne serait-ce que par la force des choses, est dans le contrôle et la retenue, autant son « agent », Dinah est impétueuse, passionnée, « ouverte », et prompte à foncer la tête la première, que ce soit dans une confrontation ou dans un flirt.

Birds%20of%20Prey%20001%20(1999)%20(digital-Empire)%20012

Au-delà des caractères bien travaillés, il est je pense inutile de revenir sur le talent de Dixon pour développer des ambiances ; on soulignera également des constructions bien fichues sur la longueur, avec un goût pour l’introduction « à la périphérie » d’éléments qui vont ensuite prendre de l’importance. Dixon réutilise ainsi, par exemple, le personnage de Blockbuster, par ailleurs déjà solidement fixé comme l’un des méchants importants de la série Nightwing, d’abord de façon marginale et comme un gag, mais il y revient régulièrement jusqu’à en faire la force motrice du crossover Birds of Prey / Nightwing : The Hunt for Oracle qui conclut le deuxième TPB sur ce qui est sans doute la séquence la plus haletante de ce début de run.

Là où le bât blesse, en ce qui me concerne au moins, c’est par un autre aspect de la personnalité de Dixon, que j’ai rarement remarqué aussi nettement exprimé, dans les œuvres que j’ai lues de lui en tout cas : ses tendances très… droitières, qui lui valent aujourd’hui de jouer les idiots utiles du ComicsGate.

Si les premiers arcs présentent un peu de variété, on s’aperçoit vite, en effet, que l’essentiel de la série, pour ce qu’on peut en voir dans ces deux volumes (et qui s’inscrit en bonne part dans la continuité de ce qui se trouvait dans le précédant, je pense au one-shot inaugural et à celui intitulé « Revolution » à Santa Prisca) tourne autour d’un postulat d’autant plus répétitif qu’il est traité, pour le coup, avec une grande pauvreté : les missions de Dinah l’envoient faire la tournée des pays imaginaires de l’univers DC — Rheelasia, Qurac, Koroscova, Markova, Bulgravia, Transbelvia… —, où, en nette opposition à l’exaltation des valeurs (et glorieuses forces armées) américaines ne se trouvent que misère, corruption, oppression, crime, violence, amoralité et populations arriérées. Dixon nous refait même le coup du Joker promu ambassadeur d’un pays du Moyen Orient… tandis qu’à un autre moment, un détour de l’intrigue en direction d’Apokolips nous vaut une scène toute droit sortie de Starship Troopers … le second degré en moins !

BirdsOfPreyGoStarshipTroopers

Disons que je garderai un meilleur souvenir de l’épisode où Nightwing emmène Barbara au cirque, et lui « offre » l’occasion de retrouver un peu de ses sensations perdues de Batgirl le temps de quelques voltiges en trapèzes, que de ce genre de délires et clichés bas du front (national).

Un dernier petit regret concernant cette fois l’édition proprement dite, l’absence de tout paratexte, même minimal, qui aurait pu expliquer quelques petites transitions un peu surprenantes du fait du contexte éditorial. D’un numéro à l’autre le personnage de Power Girl se trouve par exemple transformé dans son physique, son costume, sa psychologie et même apparemment la source de ses pouvoirs… là, j’ai beau avoir cherché, je n’ai pas compris ! La transition au sein du crossover The Hunt for Oracle est aussi un peu chaotique du fait d’un numéro de Nightwing non repris qui assurait la liaison ; la reprise intégrale de ce numéro n’était sans doute pas nécessaire, mais quelques lignes n’auraient pas nui d’un petit résumé de l’évolution de la situation pour le personnage.

Manhunter_00

Je suis en train de me replonger dans la série Manhunter de Marc Andeyko, une série intempestive à laquelle un éditeur francophone aurait intérêt à s’intéresser. Andreyko, qui n’a que rarement trouvé grâce aux yeux des participants les plus assidus de ce forum, réalise sûrement ici sa meilleure prestation de scénariste.

Son héroïne, Kate Spencer, qui bien que procureur fédéral ne jurerait pas dans la flopée de personnages inventés par Stan Lee* au début des sixties, endosse le costume du Manhunter, dans un Los Angeles aux couleurs chaudes (de Steve Buccelato) et aux personnages interlopes dessinés principalement par un Jesus Saiz en très grande forme.

Deux tpb au compteur pour l’instant en ce qui me concerne, et un sans faute pour ces 14 numéros haletants [Pour en savoir +].


*Stan Lee à qui je rend hommage, garantie sans selfie !, sur mon blog, dans l’article que je consacre à la série.

(À suivre …)

Ah ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
En VF, il est rare, mais j’ai plutôt bien aimé ses Sam & Twitch et son Torso.
Et je n’ai pas mauvais souvenirs de son Supernaturals