Je me rends compte que ça fait presque un an que j’ai évoqué le troisième tome de la réédition en poche des Superman Adventures de Mark Millar, projetant de commenter le quatrième volume et remettant toujours à plus tard. Réparons cette erreur.
Donc, toujours dans cette formule poche de « graphic novels for kids! », le sommaire s’ouvre sur un épisode dans lequel Millar, encore accompagné par le dessinateur Aluir Amancio et l’encreur Terry Austin, oppose l’Homme d’Acier au Toyman, un vilain que le dessin animé était parvenu à rendre effrayant tout en revenant aux sources, à savoir un criminel transformant des jouets en armes.
Ici, le scénariste s’ingénie à opposer son héros à ce qui le définit traditionnellement, à savoir des balles ou une locomotive, entre autres moments réussis.
Là encore, une astuce jouant sur le thème du double et de l’identité secrète : en plein combat, Superman revêt le costume civil de Clark Kent, ce qui déroute la programmation du dragon robot qu’il affronte.
La livraison suivante joue sur un ressort narratif assez classique, mais toujours efficace : une journée dans la vie de Superman. Et quelle journée : braquage de banque, femme enceinte coincée dans la circulation, détournement d’avion, livraison d’organe pour greffe, mine inondée, exécution d’un innocent en prison (ce qui renoue avec les fondamentaux du héros), station spatiale en péril…
L’enjeu, en fait, est posé en ouverture du récit : un gamin cherche son chien perdu, et espère que Superman pourra l’aider. Ses parents tentent de lui faire comprendre que le surhomme a des choses plus importantes à gérer que les animaux égarés, mais la fin du chapitre viendra les contredire.
Écriture impeccable, super dense, à l’opposé des récits décompressés qu’il a contribué à populariser au début des années 2000.
S’il s’est éloigné un instant de son thème du double, consacrant cet épisode au héros costumé au détriment de son alter ego, Millar y revient dès le chapitre suivant, qui s’ouvre sur une vision étonnante : Clark Kent en braqueur de banque.
En réalité, il s’agit d’un ennemi déjà aperçu dans ses épisodes, Multi-Face, capable d’endosser l’identité de n’importe qui. Et Superman l’avait déjà vaincu en jouant sur les identités. L’affaire se résout à l’occasion d’une scène dans laquelle Lois Lane démontre qu’il ne faut pas l’agacer.
Mark Millar conclut sa prestation sur un nouvel épisode mettant en scène Mister Mxyzptlk, un personnage qui, à l’image du Toyman, conserve un côté un peu ridicule et pour lequel le scénariste livre l’une des meilleures interprétations en date.
L’épisode, bien sûr, est très rapide et propose son lot de rebondissements. L’amorce est simple : le Parasite parvient à dérober les pouvoirs de l’agaçant nabot, transformant le monde en lieu de folie (certains personnages deviennent des surhommes, au passage : Lois Lane est changée en version féminine de Darkseid tandis que Jimmy Olsen est transformé en Brainiac rouquin). Millar parvient à nouveau à jouer sur le thème du double, puisque Superman est confronté à une statue à son effigie, animée par le pouvoir récent du Parasite.
Le scénariste parvient même à ménager une solution : quand le Parasite perd le contrôle et que Mxyzptlk revient enquiquiner Superman, ce dernier trouve une astuce pour le renvoyer d’où il vient. Un scénario frénétique et très bien pensé qui montre une fois de plus que le scénariste avait plus de copieuses notes sur le personnage et son univers.
Le sommaire du recueil se conclut avec l’épisode 39, qu’on a déjà évoqué il y a quelques années. Récit écrit par Evan Dorkin et Sarah Dyer et illustré par Bret Blevins, il met en scène la Supergirl version cartoon et traite du passé kryptonien du héros.
Une chouette aventure qui ne dénote guère dans les sommaires de cette petite collection, qui démontre s’il en était besoin qu’il n’y a pas besoin de faire un récit sombre pour rendre les super-héros intéressants.
Jim