RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

Et vu comment DC réduit la voilure je crains que le TPB ne soit pas suivi d’autres.

En matière de rééditions ?

Jim

Oui. Hors Batman j’ai l’impression qu’il n’y a vraiment plus grand chose

Tiens, j’ai pas bien fait gaffe. Je zieuterai plus précisément.

Jim

Après avoir relu Flash: Terminal Velocity, j’ai attrapé le TPB suivant sur mes étagères, Flash: Dead Heat.

Flash_Dead_Heat_TPB

L’histoire se situe quelques mois plus tard, et couvre Flash #108 à 111 et Impulse #10 et 11. Le jeune héros a droit à sa propre série lancée dans la foulée de Terminal Velocity, et Dead Heat est le premier cross-over entre les deux bolides, servant à installer l’héritier aux côtés du tenant du titre.

Le cross-over est dominé par une partie graphique très agréable. Sur Flash, Oscar Jimenez a repris le poste de dessinateur à partir du #101 (même si les numéros 103 à 105 sont consacrés à une intrigue tournant autour du Mirror Master et sont dessinés par Roger Robinson et Ron Lim), dans un style évoquant Pacheco mais en un poil plus rond, et sur Impulse, c’est un Humberto Ramos encore un peu vert qui assure les aventures du jeune Bolide, introduisant des tics venus de l’animation ou des mangas (les grands pieds, notamment, qui seront longtemps sa marque de fabrique).

Tout commence par un gros problème dans la « Speed Force » : les différents Bolides qui y puisent voient soudain leurs pouvoirs disparaître. Pour certains, comme Jay Garrick, ça se résume à un vase qu’il n’est pas assez rapide pour rattraper, pour d’autres, comme Cassio, ça tourne à la tragédie. Le cas de ce dernier est intéressant puisqu’il s’agit d’un personnage aperçu dans les premiers numéros de la série, écrits par Mike Baron : cet ancien Bolide soviétique s’est reconverti en coursier de luxe et en fidèle du capitalisme et de ses vertus si longtemps anticipées.

La réapparition de ce personnages (déjà croisé chez Waid je crois) donne un peu le ton : « Dead Heat » va se charger de faire le point, voire de ranger les jouets. Notamment en définissant le statu quo de certains personnages (on y reviendra) et en précisant les changements liés à la fameuse Force Véloce qui, depuis presque une vingtaine d’épisodes, prend de plus en plus d’importance. Par exemple, dans Flash #108, on a la confirmation que, depuis sa connexion directe à cette dimension de la vitesse, Wally n’a plus besoin de surcompenser ses dépenses d’énergie en mangeant comme un ogre.

Après cette introduction, les choses accélèrent. Wally affronte des ninjas de la vitesse, puis retrouve Jay Garrick et Jesse Quick, qui le soupçonne (la dernière d’une manière plus agressive que le premier) de monopoliser la connexion à la « Speed Force ». Mais rapidement, les Bolides apprennent le nom du véritable responsable : un certain Savitar.

Dans le même épisode, les auteurs nous montrent que le nouvel ennemi détient déjà Max Mercury. Là encore, la saga se propose de faire le point sur le « Maître zen de la vitesse », mentor des autres Bolides, dont le passé a été un peu dévoilé dans « Terminal Velocity », mais qui reste encore énigmatique.

Les Bolides sont réunis dans le deuxième volet, Flash #109, où ils découvrent un journal dans lequel Max a consigné les informations autour de Savitar, un pilote connecté à la Force Véloce à l’occasion d’un vol d’essai et qui, depuis, cherche à retrouver ce qu’il pense être une manifestation divine. C’est d’ailleurs intéressant de constater que l’intrigue tourne autour de l’idée de la foi, de la conviction, de l’aveuglement et du fanatisme, autant de facettes diverses autour du thème de la religion.

Tandis que XS, Linda, Iris et Jay veillent sur Max hospitalisé, et que Wally a enrôlé Jesse dans une mission menée sur le repaire de Savitar, Bart Allen, privé de sa vitesse, se morfond, dans un Impulse #10 généreux en scènes humoristiques et décalées, mais aussi pleines d’émotion.

Dans le château de Savitar, Wally et Jesse découvrent la présence de Christina Alexandrova, autre personnage issu des périodes Baron et Messner-Loeb, précédemment inféodée à Vandal Savage, passée par les identités de Lady Savage et Lady Flash, et qui semble être aujourd’hui une sorte de Lady Savitar.

À la fin de l’épisode, dans une évocation graphique à la fois héroïque et hiératique dont Oscar Jimenez commence à avoir le secret, les autres Bolides (qui viennent de récupérer leur vitesse grâce à une intervention de Jesse Quick) viennent prêter main-forte à Wally : une poignée de héros contre une armée de ninjas de la vitesse.

Le combat est inégal parce que, à chaque fois qu’ils en assomment un, les héros constatent que l’ennemi inconscient repasse sa vitesse aux autres : moins nombreux, les ninjas deviennent plus rapides. Problématique.

Pendant que ses amis luttent face aux troupes amassées par Savitar, Flash poursuit ce dernier. La course démarre à la dernière page d’Impulse #11 et constitue le cœur de l’intrigue de Flash #111, dernier chapitre de la saga.

En pleine possession de ses moyens, Oscar Jimenez n’hésite pas à multiplier les pleines ou doubles pages montrant les deux coureurs en plein effort, corps tendus et compositions exagérées. À mes yeux, Flash #111 reste longtemps la meilleure représentation des pouvoirs du héros, à la fois synthétique (son pouvoir ? il court vite !) et emblématique. Iconique, diraient les Américains. Jusqu’à aujourd’hui, et peut-être à part certaines courses comparables représentées par Rafa Sandoval durant la récente période Williamson, c’est sans doute l’un des épisodes les plus renversants, visuellement parlant, des aventures du Bolide.

L’épisode est constitué d’une longue course haletante où les récitatifs de Waid situent la géographie ambiante afin de donner un aperçu de la vitesse pratiquée par les deux adversaires.

Ils vont si vite que Wally est bientôt en mesure d’entraîner Savitar dans la « Speed Force », et de lui donner ce qu’il a toujours voulu, un nouvel accès à cette divinité tant désirée, dans un traitement visuel directement emprunté à son prédécesseur, Carlos Pacheco.

Bien entendu, les auteurs ont déjà pratiqué ces voyages, à la fois dimensionnels et spirituels. La fin de « Terminal Velocity » nous a appris que Wally revient en se guidant à l’aide des sentiments de Linda, et les dialogues ont rappelé tout cela. Par conséquent, les amis de Wally ainsi que les lecteurs s’attendent à le voir réapparaître, indemne. Sauf que…

Oui, « Dead Heat » se conclut sur un cliffhanger. Une surprise en dernière planche, qui annonce le prochain gros événement de la série, « Race Against Time », mais qui témoigne aussi de l’évolution éditoriale du titre. Et peut-être de l’industrie en général, en cette année 1996 qui voit l’assise de l’autre gros éditeur menacée, la bulle spéculative exploser et le rapport au lecteur changer. On a déjà évoqué un peu plus haut que la série variait ses formats, annonçant parfois des choses importantes dans des épisodes solo qui, de toute façon, permettent de traiter de sujets différents, de donner des émotions diverses, de s’intéresser aux personnages secondaires. Avec le passage d’une saga à l’autre, Waid et Augustyn affirment leur volonté d’accélérer, de ne jamais relâcher la pression, de ne jamais laisser souffler le lecteur. D’aller de surprise en surprise. Mais c’est peut-être aussi le signe d’une évolution au plus long terme, que nous pouvons identifier rétrospectivement, nous lecteurs de 2022, à savoir que chaque épisode doit être signifiant. Les récits stand-alone, aujourd’hui, sont souvent plus rares, les épisodes étant constitués de grands arcs qui se succèdent sans temps mort. Dans le cas qui nous intéresse, le passage de « Dead Heat » à « Race Against Time » laisse entrevoir l’évolution éditoriale de la série, les changements dans la manière d’aborder le métier. Les cross-overs inter-séries des années passées (ou les « events » marqués), à l’image de « Janus Directive » ou « Terminal Velocity », laissaient apparaître l’existence d’intrigue qui les traversaient, en plus du sujet central propre à l’événement éditorial lui-même. Avec « Dead Heat » et son immédiat successeur, les histoires sont contenues au sein du cross-over. Elles auront leurs conséquences et leurs répercussions, mais on voit que l’équipe éditoriale pense la construction des épisodes d’une manière qui a évolué par rapport à « Terminal Velocity », un an auparavant. Décidément, cette deuxième moitié des années 1990 contient en germe bien des changements.

Jim

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Dans Impulse #11, impliqué dans « Dead Heat » évoqué ci-dessus, Jesse Quick dérobe un rouleau dans l’impressionnante bibliothèque de Savitar. Ce subplot ne trouvera résolution qu’en 1997, soit l’année suivant celle de la publication du cross-over.

Le récit est réalisé par Christopher Priest, Mike Collins et Tom Palmer, et on en a déjà parlé dans la discussion anniversaire consacrée à la Princesse Amazone. Signalons cependant que si l’épisode est supervisé par Paul Kupperberg, alors responsable éditorial de John Byrne sur Wonder Woman, il s’est appuyé sur la connaissance de Brian Augustyn et d’Alisande Morales (l’assistante de ce dernier), eux-mêmes ayant supervisé « Dead Heat ». Ce Wonder Woman + Jesse Quick #1 de 1997 est donc une sorte de suite à « Dead Heat », et mériterait, somme toute, d’être inclus dans une réédition.

Jim

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Allez, autre relecture : parce que même si je connais ces épisodes, même si j’ai ces TPB depuis une vingtaine d’années, je n’ai pas su résister au plaisir et à l’impatience de relire la suite. Donc : Race Against Time !

On a donc laissé la famille Flash en plein suspense tandis qu’apparaît un inconnu en lieu et place de Wally, lui-même en balade dans la « Speed Force » après avoir vaincu Savitar.

L’épisode 112 fait un léger bond en avant et nous présente John Fox, le Flash du 27e siècle (en réalité, John Fox est apparu dans Flash Special #1, en 1990, un numéro anthologique présentant les aventures du Bolide à plusieurs périodes, ce qui permet de croiser Jay Garrick ou Barry Allen : Mark Waid et Mike Parobeck racontent sa première aventure, ce qui fait que le retour du personnage dans Flash #112 est une sorte de clin d’œil du scénariste à ses débuts de carrière). Venu rendre visite à Wally, personnage historique, il a subi une avarie et se retrouve coincé dans le « présent », le temps de réparer. Et en l’absence du tenant du titre, il défend la ville, en l’occurrence face à Chillblaine, un vilain mineur, et frigorifique, déjà aperçu dans des épisodes précédents (on apprendra qu’il s’agit à chaque fois d’un individu différent qui reprend le costume).

L’épisode est réalisé par un nouveau venu dans la série, Anthony Castrillo, qui officie dans un style fortement inspiré par celui de John Byrne et teinté d’influences manga (les grands yeux qu’il colle aux personnages). Quant à John Fox, il est de toute évidence une référence à John Broome et Gardner Fox, deux scénaristes ayant contribué à façonner Flash et les autres héros du Silver Age. D’ailleurs, à la fin de la saga, on apprendra que son deuxième prénom est Robert, ce qui inclue Kanigher, lié aux origines de Barry Allen, dans l’hommage.

À la fin de l’épisode, on comprend, avec Linda, que John Fox sait la vérité : Wally West n’est pas censé revenir, d’après les livres d’histoire. Et la dernière séquence montre Flash perdu dans ce qui semble être un avenir étrange et un futur improbable, où il serait une sorte de dieu vivant.

À partir de Flash #113, les épisodes sont réalisés à quatre mains, Castrillo se chargeant des aventures de John Fox dans le présent tandis qu’Oscar Jimenez s’occupe du périple de Wally West dans l’avenir. On découvre à cette occasion que le héros s’est retrouvé au 64e siècle (une période qu’il a déjà visitée et où il a libéré l’humanité d’une intelligence robotique despotique), où il est devenu une idole. Wally tente maladroitement de dispenser la sagesse que l’on attend de lui, avant d’utiliser la vitesse disponible afin de repartir vers le passé.

Dans le présent, Linda et John enquêtent sur les visées de Chillblaine, et se dessine petit à petit l’idée qu’une catastrophe est sur le point d’avenir, un fléau bien connu du visiteur du futur. Un autre mystère s’ajoute à l’intrigue : Iris West a disparu. Au début, les personnages ne s’inquiètent pas car elle a l’habitude de s’absenter sans prévenir, mais les auteurs insistent assez sur la situation pour qu’on devine anguille sous roche.

Dans Flash #114, Wally se retrouve au 30e siècle, ère de la Légion des Super-Héros mais aussi des Tornado Twins, les enfants de Barry Allen. Un futur raciste et xénophobe comme on l’a parfois vu, notamment avec Geoff Johns (il faudrait que je relise les épisodes de Waid pour savoir s’il a repris cette idée lui-même). D’abord accueilli froidement, il finit par profiter de leur vitesse pour repartir dans le passé.

Dans le même temps, on apprend qu’Iris est retenue par Doctor Polaris et un mystérieux allié, qui attendent d’elle qu’elle leur dévoile quelques secrets liés à sa connaissance de l’histoire. On constate également que l’enquête rapproche Linda et John, la première s’appuyant sur le second afin de ne pas penser à l’absence de Wally.

Graphiquement, force est de constater que les planches de Jimenez l’emportent largement sur celles de Castrillo. Les choses changent dans Flash #115 où un autre dessinateur de la génération montante remplace Castrillo : Jim Cheung. À l’époque, il reprend quelques codes chers à Jim Lee tout en incluant une influence manga assez agréable.

Le scénario prend un tournant, également : le lecteur commence à saisir la raison pour laquelle Wally semble parfois hésiter à retrouver le prénom de Linda : celle-ci est l’ancre qui relie Wally à son présent, à son monde. Le point de repère, c’est l’amour. Or, justement, Linda est perdue et s’accroche aux sentiments que John éprouve pour elle. Cette révélation commence à apparaître alors que Wally est coincé au 27e siècle, la période de John Fox.

Et bien entendu, le baiser échangé entre Linda et John est le déclencheur de la catastrophe. Waid a déjà envoyé son héros plusieurs fois au loin, ce dernier parvenant à revenir grâce à l’amour de Linda, il était donc logique de tester ce qui arriverait si la situation était perturbée.

En toute logique, l’épisode suivant est consacré à Linda et John, qui remontent la piste du projet auquel sont associés Chillblaine, Doctor Polaris et Kadabra. Le baiser fatidique fait que Wally est absent de ce chapitre, entièrement dessiné par Oscar Jimenez.

Dans cet épisode, Linda, qui se remet de ses émotions, comprend son erreur et repousse John. La scène est accompagnée d’éclairs qui sont autant de promesses du retour de Wally, mais il ne revient pas : et Linda se retrouve congelée, véritable statue de glace.

Wally revient dans Flash #117, entièrement dessiné par Jim Cheung, dont on peut regretter qu’il ne soit pas resté plus longtemps sur la série tant sa proposition semble aller dans le sens désiré par l’équipe (qui vient de changer : Brian Augustyn a cédé la place à Paul Kupperberg au poste de responsable éditorial dans l’épisode précédent).

L’épisode est une véritable course contre la montre afin d’empêcher l’ère glaciaire projetée par les super-vilains, Wally libère Iris, mais hélas, Linda est toujours coincée dans sa gangue de glace. Le dernier chapitre de la saga, dans Flash #118, est dessiné par Sergio Cariello, dans un style à la fois intéressant et maladroit, mais avec des personnages agréables et expressifs.

Après avoir aidé John Fox à échapper à Speed Metal, une police robotique venue de son époque, Wally transfère sa vitesse à Linda qui dégèle, et le couple est réuni.

La série, à ce moment, même si elle connaît un beau pic d’intensité, manque de cohésion graphique. La saga est très chouette mais la valse des dessinateurs se fait sentir, plus que précédemment. Le nouveau responsable éditorial, Paul Kupperberg, résoudra le problème en faisant venir un nouvel illustrateur, Paul Ryan, dès Flash #119. C’est également lui qui invitera par la suite Grant Morrison et Mark Millar, à partir de Flash #130, pour quelques épisodes de haute volée et pleins d’imagination, assurant l’intérim pour Waid et Augustyn qui reviendra dans Flash #142. La série est toujours bien écrite mais la période, coincée entre « Terminal Velocity » et l’arrivée de Morrison et Millar, semble un peu oubliée, ce qui est dommage.

John Fox sera un peu oublié également, même s’il fera une brève apparition à la fin de la période Williamson, le scénariste s’inspirant fortement de la prestation de Waid afin de redonner à Flash son lustre d’antan, esquinté depuis les nioufiftitou. Quand à cette période, elle se caractérisera, rétrospectivement, par une énergie, une vitesse et un enthousiasme qu’on aimerait voir plus souvent dans les comics de super-héros. Et aussi, par un sourire optimiste.

Jim

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Et pendant ce temps là, le lecteur anglophobe attend … toujours.

Suite de Wonder Woman: The Last True Hero, le recueil Wonder Woman: Ares Rising continue la réédition des épisodes écrits par William Messner-Loebs.

L’action reprend alors que Diana, qui ne sait toujours pas en quoi Circé est liée à la disparition de Themyscira, n’a pas retrouvé de boulot et qu’un trafic d’armes de haute technologie fait des remous parmi les gangs rivaux.

Des armes telles qu’un pistolet générateur de trou noir, utilisé dans Wonder Woman #77, épisode à la fin duquel on apprend que ce trafic est entretenu par un certain Ares Buchanan, qui s’auto-proclame « dieu de la guerre ».

Les fils rouges de la nouvelle situation se dessinent. Outre les armes, Diana et ses lecteurs assistent à une recrudescence de surhommes en tous genres, qui sèment le trouble. Ainsi de Mayfly, une tueuse à super-vitesse que Wonder Woman affronte avec Flash (l’autre héros dont Messner-Loebs écrit les aventures à cette époque).

Le scénariste en profite pour évoquer Etta Candy, qui essaie des robes de mariages, et les problèmes de celle-ci : suivant un régime drastique, la jeune femme tombe dans les pommes, ce qui n’est pas du goût de l’héroïne et permet à Messner-Loebs d’évoquer la tyrannie de l’apparence. C’est un peu survolé, un peu caricatural, mais ça donne quelques pages sensibles.

En parallèle, le récit nous présente un nouveau personnage, une juriste arriviste qui loue une chambre auprès de la même logeuse que Diana. Cette femme, Donna Milton, est très tôt présentée comme une méchante, ce qui donne au lecteur une longueur d’avance sur l’héroïne. Wonder Woman #80 lui est consacré, et l’on apprend qu’elle est acoquinée, de très près, à Ari Buchanan. L’épisode est illustré par Steve Carr et Deryl Skelton, et l’absence de Lee Moder se fait cruellement sentir.

Blessée à la suite de son combat contre Mayfly, Wonder Woman découvre qu’elle a du mal à voler. Mais elle enquête cependant auprès de la mafia afin d’en savoir plus sur la circulation d’armes novatrices. À la fin de l’épisode, Donna Milton, qui vient d’aider Diana à récupérer des fonds grâce à une procédure en dédommagements assez musclée face à Maxwell Lord, songe à sa future trahison…

… qui est confirmée dans l’épisode 82, consacré aux origines d’Aristotle Buchanan, un homme insignifiant en qui le dieu Arès a insufflé un peu de son énergie (Zeus ayant interdit aux autres divinités d’intervenir sur Terre, à la fin de la période Pérez me semble-t-il). Le récit éclaire également l’alliance entre Buchanan et le White Magician, personnage un brin oublié depuis quelques épisodes et représentatif du caractère parfois décousu des scénarios de Messner-Loebs.

Wonder Woman #83 détaille cette fois le parcours de Donna Milton et sa lente et méticuleuse trahison (ce qui donne l’impression que Messner-Loebs a besoin de raconter les trucs qu’il a passés sous silence par l’ellipse séparant les numéros 81 et 82). On y a confirmation qu’elle est enceinte, fruit de sa liaison avec Buchanan dans laquelle elle s’est lancée afin, espère-t-elle, de donner naissance à un demi-dieu. La nouvelle n’impressionne pas le trafiquant d’armes qui lui tire dessus. Mourante, elle actionne un détonateur à trou noir qui emporte tout le monde…

Dans l’épisode suivant, Donna accouche de son enfant avec l’aide de Diana. Le dessin est assuré par Massengil, avec Parks, McClellan et Garzon à l’encrage, et c’est sans doute le plus laid de toute la prestation de Messner-Loebs, et donc du recueil. Dommage, car potentiellement c’était celui qui aurait dû se charger de la plus grande émotion, puisque les ennemies se réconcilient autour d’une naissance. Signalons d’ailleurs que Wonder Woman, série de femme s’il en est, n’aborde pas souvent le thème de la maternité, et c’est ici tout au mérite du scénariste.

C’est ici également que le White Magician fait son grand retour. Il a simulé sa mort et reprend contact avec la pègre, maintenant que Buchanan a disparu. La discussion avec le chef de gang Sazia tourne mal, et le sorcier le tue sous les yeux de la jeune épouse du mafieux.

De son côté, Wonder Woman pense que la disparition de Buchanan mettra un terme aux guerres souterraines secouant Boston, mais une nouvelle invasion d’êtres à super-pouvoirs menace les habitants, et surtout ses propres amis : il s’agit de représailles évidentes. Wonder Woman #85 est le premier épisode dessiné par Mike Deodato, qui propose des dessins dynamiques et sexys et beaucoup d’action. C’est sans doute le plus bel épisode du recueil, à la fin duquel Julia Kapatelis est grièvement blessée.

C’est un certain Jeff Parker qui illustre les deux épisodes suivants. Le futur scénariste officie dans un style qui évoque un peu Steve Rude ou John Calimee, avec les maladresses de la jeunesse mais une évidente volonté de bien faire.

Le récit raconte comment des surhommes qui sont autant de commentaires moqueurs envers la mode du moment (des cyborgs surdimensionnés avec des costumes à poches, quoi…) frappent les amis et alliés de la princesse amazone, et comment celle-ci harcèle les sphères criminelles en retour. C’est là qu’intervient la veuve de Sazia, qui échange une information sur le White Magician, permettant à Diana de libérer Vanessa Kapatelis, contre une trêve. La résolution de cette intrigue semble un peu précipitée. Et c’est d’autant plus palpable que les deux épisodes suivants, écrits par Christopher Priest et illustrés par John Ross (et inclus dans ce recueil également) reviennent à un mystère laissé de côté depuis une dizaine d’épisodes : le sort de Themyscira et le devenir de Circé.

À la lecture de ce TPB, on remarquera que les différents éléments présents dans les épisodes de Deodato, qui avaient eu droit à des rééditions bien avant ceux-ci, ont été installés par Messner-Loebs. Parfois maladroitement, parfois avec un suivi discutable, parfois en donnant l’impression que les idées venaient au fil de l’écriture, mais là. Je sens que je vais reparcourir les chapitres dessinés par Deodato en profitant de ce que je connais désormais du reste de cette prestation.

Le recueil comprend enfin un one-shot assez sympathique, mais sans aucun rapport, et plaqué dans le sommaire sans plus de ménagement que l’Annual dans le premier tome. Il s’agit d’un récit intégré à la collection « Retroactive » qui proposait de retrouver des auteurs des années 1970, 1980 et 1990 et de les associer aux personnages qu’ils ont marqués. Voici donc DC Retroactive 1990s: Wonder Woman, dans lequel Etta Candy confie à Wonder Woman un groupe de jeunes filles qu’elle doit former. L’histoire est légère et amusante, confrontant Diana à ses propres critères sur l’éducation, et amenant la petite troupe de filles à se comporter en dignes héritières qui sauve un club de garçons. Sans prétention, le numéro a le mérite de réunir William Messner-Loebs et Lee Moder, dont le style est devenu plus anguleux.

Il manque à ce recueil un peu d’éditorial, ce qui aurait sans doute compenser le caractère sec et elliptique de l’écriture de Messner-Loebs, qui a une fâcheuse tendance à livrer en retard des informations essentielles. Cela nuit souvent à nourrir les cliffhangers et surtout les sub-plots, un défaut que l’on peut retrouver dans ses Flash ou ses Thor.

Jim

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hez DC, nous avons le droit de temps à autre à quelques rééditions de facsimilés. Cette semaine c’était au tour du fameux Superman 75 (que je n’avais jamais lu) et du Détective Comics 27!

J’en reviens à l’épisode sur le combat titanesque entre Supes et Doomsday. Un récit formé de page incroyables illustrant les coups puissants des deux géants devant le Daily Planet. Une case, une page de coup dans la gueule jusqu’à la fin connue de tous.

Magnifique!!

Marvel aussi fait du facsimilé en ai encore vu passer sur Unlimited

Marvel n’existe qu’au ciné pour moi.

C est sur que c est mieux que l inverse lais d etoute facon tu y perd…
Le cinéma c est familial… en tout cas celui-là et familial c est pas pareil que « pour les enfants ».
Pour les enfants, on se force souvent à mettre du second degré pour les adultes… familial, en général, on lisse beaucoup (films de superheros) ou completement (les comédies)

Je suis un des rares a bien aimer Thor 4 mais si c est ta vision de Gorr ou Jane foster en Thor… tu loupes tellement de truc par rapport à Aaron…

Tu n’es pas pas seul. :wink:

J’ai quand même lu les Hulk de Al « Patrick » Ewing. :wink:
Je peux faire une autre exception avec Aaron. :wink:

Ah lui, je l’ai acheté en boutique, à l’époque. Une époque où je n’avais pas beaucoup de sous, car j’étais étudiant, donc les achats étaient bien sélectifs.

Oui, et ce qui est fort (mais on ne s’en aperçoit pas toujours tout de suite, en tout cas moi, je ne l’ai pas vu à la première lecture), c’est que les planches s’agrandissent à mesure qu’on avance, et que la marge se réduit petit à petit, jusqu’à ce que les images soient montées en débord, à la coupe (et jusqu’à ce qu’on ait une image dépliante, tant justement les pages deviennent trop petites pour les visuels).

Ça commence avec une marge normale :

Puis elle se réduit :

Jusqu’à disparaître :

Mais l’image continue à grandir, au point de devenir double page :

Ou triple page dépliante, poussant cette fois les limites mêmes du support :

Il y a un évident commentaire « méta » dans cet épisode légendaire, que la forme autant que le fond rendent exceptionnel (ce qui permet au passage à DC de rappeler à la concurrence qu’ils savent faire des « objets » : la page dépliante, ça renvoie à Ronin #6, qui était à l’époque, en 1983-1984, une série choc à la fois par son contenu et sa forme). Et le commentaire se retrouve d’ailleurs dans le récit, avec notamment un gros plan sur un appareil photo et des regards, qui témoignent du caractère « bigger than life » de l’événement retranscrit, impossible à piéger sur pellicule :

Et ce jeu de surcadrage (assez millerien, mais on sait que Jurgens a pris beaucoup au Miller première manière) se retrouve aussi dans l’émouvante page consacrée aux Kent, avec la télé, image dans l’image, image qui dépasse ses propres limites :

Il y a quelque chose d’extraordinaire dans cet épisode, qui dit énormément alors qu’il ne s’agit que d’une baston épique réalisée pour le plaisir des yeux et le goût du spectacle et des grandes images du dessinateur.

Jim

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Oh oui, Jim. C’est double double page finale…

Et le reste…

C’est rigolo, cette histoire de marges, car en effet, on (« moi ») a l’impression de rentrer dans la case avec cet effet d’être voisin de Jimmy Olsen qui tient son appareil photo de bout en bout de l’épisode. Effet réussi!

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jamais remarqué…
Jurgens je trouve ca sympa au dessin… apres au scenar ca peut se lire de facon sympa mais j ai jamais rien lu de significatif …
Autant a world witout superman pose quelques questions interessantes autant la mort, le reign et le retour… les questions sont déjà noyées dans des « effets » (scenaristiques) tellement commerciaux…

Certes dans un morceau d Obispo (en tout cas au début) y a toujours un truc qui te fait dire qu il a été fan de Marquis de sade et de cette periode mais c est tellement noyé dans la variet’ …que bon ca reste un truc que tu te dis mais qui te pousse pas à ecouter…

Je t’avoue que je crois ne m’en être aperçu qu’à l’occasion de l’édition Semic de La Mort de Superman, dans l’édition Semic de 2002.

Et ce pour une raison techniquement toute bête : DC avait envoyé des films d’impression (c’était avant la généralisation des fichiers informatiques), mais pas découpés, c’est-à-dire qu’on recevait de grandes planches de plastiques, dans des cartons plats, qu’il fallait ensuite découper afin d’assembler les quatre films couleurs (cyan, magenta, jaune et noir) correspondant à chacune des pages de l’album, à l’aide d’un massicot. Je me chargeais de cette tâche, puisque c’était mon album (les deux éditeurs US qui fournissaient encore des films, à savoir DC et Dark Horse, j’en étais responsable).
Et donc, en assemblant les pages par jeux de quatre films, j’ai constaté que l’image s’agrandissait et se rapprochait des hirondelles, ces marquages d’angle qui représentent la ligne de coupe effectuée lors du façonnage de l’album, une fois les pages imprimées. Au début, j’ai cru à un défaut, j’ai donc vérifié dans l’épisode. C’était en 2002 (sans doute au printemps, car je crois que l’album est sorti l’été, ou vers la rentrée), soit plus d’onze ans après mon achat.

Incidemment, c’est pour la même raison, à savoir la livraison de films et non de fichiers informatiques, que cette édition dispose d’une autre colorisation sur la couverture, signée des Frères Peru. Car on a récupéré les différentes couvertures US (celle du TPB et celles des épisodes) en films, donc avec des difficultés techniques sans bornes pour adapter en français (en gros, il faut gratter l’encre sur les quatre films, recomposer un bloc (souvent un rectangle vide, c’est plus simple) afin de placer des textes, etc etc, c’est long, compliqué, techniquement risqué et ça donne un résultat guère satisfaisant).

On a d’abord écarté la couverture du premier TPB, par Bogdanove et Janke, sans doute parce qu’elle était trop explicite et saignante, je pense, et on a privilégié la couverture de Superman #75, qui permettait de virer facilement les éléments situés sur fond noir et de recréer sans trop de difficultés les matières situées derrière les logos effacés.

On a par conséquent choisi de scanner le film noir de la couverture, afin de procéder au nettoyage que j’ai expliqué, et on a passé l’ensemble aux Frères Peru qui ont fourni une nouvelle colo.
(On notera, au passage, que la couleur joue sur le flou, en bas à droite, et que les textes sont écrits en gros, afin de « masquer » en partie les zones reconstruites.)

Aujourd’hui, les éditeurs américains ont numérisé une bonne partie de leur fonds (faut bien : là-bas aussi, les imprimeurs sont passés au tout numérique et rares sont les entreprises à encore savoir gérer des films), et ils en profitent pour créer du matos supplémentaire : La Mort de Superman version Urban dispose d’un environnement éditorial mille fois plus riche que celui qu’on a développé (mais si mes souvenirs sont bons, on a une préface inédite, je crois, faut que j’aille vérifier).

Jim

Sur Superman ? Ou en général ? Parce que moi, j’aimais bien sa proposition sur Spider-Man, et sa longue prestation sur Thor me semble très agréable, et assez sympa dans son ensemble.

Après, pour moi, c’est un auteur sympa, du point de vue du dessin comme du scénario : il sait faire, il raconte des trucs classiques mais il sait rythmer ses épisodes, donner de l’émotion, faire tomber les révélations au bon moment, et mettre en scène de l’action. Si je ne suis que rarement emballé, je ne suis jamais déçu. Comme Sal Buscema ou Ron Frenz, sauf que Jurgens est auteur complet.

On en a déjà parlé ici, mais personnellement, j’aime bien. Je trouve que les grosses machines éditoriales de DC se tiennent bien mieux, à cette époque, que les propositions équivalentes chez Marvel. La présence d’une équipe éditoriale stable qui encadre des équipes de créateurs fixes, ça aide. On sent bien, pour La Mort de Superman ou pour Knightfall, par exemple, la présence respective d’un Mike Carlin ou d’un Denny O’Neil, qui savent tenir leurs troupes et avancer vers un but commun. On aime ou pas, mais c’est solide, ça se relit trente ans plus tard et ça tient encore.
J’aime bien l’ironie de glisser dans l’univers souriant et boy-scout de Superman les signes distinctifs de l’époque (les cyborgs, les gros flingues…), j’y vois une ironie mordante, en mode « vous aimez ça ? on va vous en donner, et vous pourrez lire un truc bien, pour une fois ».
Au-delà de l’aspect pochade du truc, j’apprécie beaucoup la science des auteurs et des responsables éditoriaux consistant à déployer des idées, à rebondir sur des péripéties, à jouer la carte du feuilleton : la mort, l’absence, les faux retours, le vrai retour, le combat, les conséquences. Ça ne me semble pas forcé, tout coule naturellement.
Ce qui n’empêche pas les moments d’émotion. Les retrouvailles de Lois et des Kent, dans la période que tu décris, est vraiment formidable (du Jurgens), mais plus tard, la crise cardiaque de Jonathan et le combat dans l’après-vie, c’est assez palpitant, à mon sens. Et très bien servi par Grummett. Et en plus, ils se paient le luxe de connecter tout ça à la continuité, dimension que j’apprécie beaucoup.
Tout cela est intelligemment troussé, et Carlin a la finesse de confier à chacune des équipes un personnage qui l’intéresse, qui correspond à ses idées et qui, donc, devient une motivation de plus. Chaque série a alors une personnalité, un ton, quelque chose qui la singularise sans pour autant ruiner l’équilibre de l’ensemble.
Rajoutons enfin la dimension épique : les décors sont grandioses, les bastons sont puissantes, les enjeux sont cosmiques.
Vraiment, pour moi une réussite du mainstream des années 1990.

Jim

1 « J'aime »

Je n aime pas son spiderman sauf graphiquement. On sent qu il a pas envie (ce qu il dire apres)… le cast est mauvais, les adversaires pareil (il commence avec ses adversaires « internet » qu il renouvelera sur Cap)

Cap et Thor ont des moments interessants mais est ce que je les classe dans les meilleurs? non… ca reste des run agréable mais justement pas significatif
Le peu que j ai lu sur superman, JLA etait déjà inferieur pour moi.

Mais bon je trouve que Superman et Batman justement c est pour moi le pire plutot avec les cross mutants des gros trucs…
Déjà Batman souffre toujours d integrer les séries annexes… et les partie catwoman ou Azrael sont souvent de purs pretextes (pas loin de l effet ciel rouge) et font passer les events mutants pour des comics d avant garde ou d auteurs (et déjà…)