RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

C’est clair que j’aimerais voir flex mentallo et la doom patrol en vf. Même si la doom patrol, quand on s’est tapé les invisibles, en vo, ça passe tout seul. J’aimerais surtout son animal man, parce qu’on en dit le plus grand bien…

« Doom Patrol » et « Animal Man » sont des immanquables tous les deux, je ne saurais jamais exprimer assez le bien que je pense de ces runs historiques (aussi important pour moi que « Miracleman » et « Swamp Thing » de Moore, à leur manière).
Néanmoins, j’insiste, il me semble que les parties graphiques un peu « datées » (surtout Animal Man) vont freiner une éventuelle publication française. C’est con, parce que pour moi Richard Case (sur Doom Patrol) a fait de l’excellent boulot (il fallait pouvoir illustrer les délires de Morrison en pleine découverte du dadaïsme et des champis !!)…

Puisqu’on est sur des vieilleries morrisonniennes, je suis tombé récemment sur le très étrange « Bible John : A Forensic Meditation ». Y’en a qui l’ont lu ? Si oui, je me demandais si ça vous avez fait le même effet qu’à moi (après lecture, je me suis senti…bizarre).

Alors All Star Superman, je n’ai pas (encore) lu, j’ai juste vu l’anime qui en a été tiré, et ça ouvre des perspectives intéressantes.
Pour les New X-Men, là, c’est un run que je n’ai pas du tout apprécié (je suis un des rares, mais j’assume), et même si ce n’est pas trop difficile d’accès (encore que si tu veux creuser un peu, le geek pur et dur trouve son bonheur), c’est au niveau de la narration et des idées que je n’ai pas suivi.
Pour le reste, je ne connais pas.

Ca a bien sa place ici je trouve ta remarque Jim. Qui ne contredit d’ailleurs pas ce que je dis (ça tombe bien, ça m’arrange :mrgreen: )

Je suis pour ma part totalement en désaccord avec l’hermétisme supposé de Morrison, qui est certes un auteur exigeant (il demande des efforts à ses lecteurs, c’est indéniable), mais abordable, pour peu qu’on ne se dise pas à l’avance « je vais rien piper c’est sûr »…

Exemple, sa JLA, soit le comics le plus immédiatement jouissif et fun que l’on puisse imaginer. Je crois que c’est là que Morrison étrenne une des caractéristiques de son écriture, la caractérisation par les scènes d’action, et pas par les scènes « soap ».
Si on ne connaît pas Flash et Green Lantern, à partir du premier épisode de son run, on a compris que ce sont des bleus qui ne peuvent pas se voir en peinture, et c’est bien suffisant pour comprendre la dynamique de leur tandem. Certes, les lecteurs plus chevronnés comprendront quant à eux que c’est un contre-pied volontaire à la relation classqiue Barry Allen / Hal Jordan, mais c’est un bonus en quelque sorte…
Pour les idées SF les plus barrés de Morrison, on trouve leurs équivalents chez Ellis et Moore, voire Milligan, je ne crois que cela soit source d’hermétisme…

D’accord pour cet exemple. Morrison jongle entre l’accessible et l’obscure. Il n’y a qu’a voir son run sur batman. Super lisible, sauf RIp qui est vraiment complexe dans sa narration. Les invisibles, the filth, the mystery play, sea guy sont des oeuvres plutot complexes, alors que We3, vinamarama, All star superman etc, sont vraiment ultra simples d’accès et en même temps très riche.

J’ajouterais dans le genre « accessible et pourtant passionnant » son Animal Man, qui jongle avec des idées vertigineuses (l’Ordre implicite qui sous-tend notre réalité (théorie de Bohr) comme image du scénario qui sous-tend une oeuvre de fiction, il fallait quand même le faire…) et reste pourant très accessible, et à un voyage temporel près, très linéaire.

C’est pas tellement sur les idées (casser le quatrième mur dans Animal Man…) ni sur les personnages (les jeunes versions de Flash et Green Lantern…) que je trouve Morrison parfois hermétique, mais sur sa narration, ses effets de style, la construction de ses récits.
Ses New X-Men, j’ai laissé tomber plusieurs fois en cours de route. Pareil pour ses Batman, il me semble même que ses JLA, j’ai abandonné plusieurs fois (et je ne parle pas de son Final Crisis, que j’ai lu cinq fois, qui me semble très mauvais, et qui joue inutilement la carte du non-dit…).

Je vais prendre l’exemple du triptyque de Batman & Robin que j’ai lu hier soir. C’est celui dessiné par Cameron Stewart (assez bien, d’ailleurs) où la Bat-équipe court après le cadavre de Bruce.
L’action commence par une planche où l’on voit Dick porter le cadavre de Bruce. Une pleine page d’intro sans texte. Remettons-nous dans la peau du lecteur de passage : Batman porte dans ses bras un Batman mort. Sans explication, sans accompagnement, sans rien. Et la scène est aussitôt abandonnée pour raconter une course-poursuite vaguement jamesbondesque à Londres. Donc aucune chance d’en savoir plus.
L’épisode continue avec une enquête dans une prison anglaise pour super-vilain, avec que des personnages nouveaux, puis la suite de l’enquête de Dick, qui retrouve Batwoman (là, je ne reviens pas sur les dialogues de la traduction : je ne suis pas sûr que les bulles soient dans l’autre, ni que le traducteur ait compris ce qu’il met « en français », mais bon…). On arrive à un puits de Lazare, qui est assez clairement expliqué, et Batman en sort. Cliffhanger.
C’est déjà un peu rude pour un lecteur de passage, mais ça va se compliquer. Le deuxième épisode commence par un flash-back. Qui n’est pas présenté comme un flash-back (pas de charte graphique différente, pas de récitatif pour situer…). La fin de flash-back fait la jonction avec l’action en cours. Ça va pour celui qui a lu l’épisode précédent (surtout si c’est quelques minutes avant), mais pour celui qui prendrait la série en cours pour la tester, bon courage. Je ne reviens pas sur la case où Alfred découvre que le corps de Bruce a disparu, et soupçonne Dick : on voit Alfred devant une porte sombre et on a droit à une bulle elliptique : très clair !
Et plein d’autres exemples : le départ de Dick se fait devant le garde vu un épisode avant, mais il est en chemise de nuit sous des couleurs forcées, on ne le reconnaît pas facilement. Les références aux corbeaux renvoient à la Tour de Londres (donc à la prison qui se cache dessous), mais si on ne connaît pas l’histoire des corbeaux, pas facile de faire le lien.
Et ainsi de suite…

Alors moi je veux bien que ce soit un grand stylisticien de la BD, tout ça. C’est assurément vrai, son travail sur la narration est évident. Mais s’il a une écriture elliptique, elle ne fonctionne pas dans tous les cas ni avec tous les dessinateurs. Avec Quitely, ça fonctionne super bien, parce qu’il sait dynamiser ces ellipses et passer plein d’infos dans des images calmes et savamment composées. Mais ça marche pas toujours.
À cette écriture elliptique, il faut rajouter sa volonté de ne pas utiliser de récitatifs, de narration off (bon, la BD américaine en a trop, alors c’est pas plus mal…), d’indications de temps et de lieu, voire d’onomatopées (dans un épisode précédent de Batman & Robin par Billy Tan, le récit s’ouvre sur Robin qui dit « tu entends ces détonations ? », afin d’assurer la transition avec la scène suivante, transition qui aurait été plus souple si le lettrage avait contenu des onomatopées de détonations, justement…).
Cette économie de moyens ne me semble pas pertinente, surtout dans un média comme le comic book et dans un genre comme le super-héros.

Quand on parle d’accessibilité (et c’est le sujet de la discussion ici), on parle de premier contact chez un lecteur néophyte, ou un lecteur de passage. Morrison n’utilise pas de récitatif de narrateur omniscient, il ne rédige que des dialogues secs tirés vers l’économie (donc pas de possibilité de marquer les personnages comme Slott le fait dans Amazing Spider-Man), ni de voix off. Bref, il prive pas mal les lecteurs d’outil d’approche.

Moi, je connais les super-héros, je connais les personnages, je connais les enjeux. Et régulièrement, au détour d’un article dans la presse ou d’une note sur internet, je comprends des choses que je n’ai pas comprises quand j’ai lu les BD. Fatalement, pour moi, il y a comme un problème. Et comme ça ne me fait ça qu’avec Morrison, je me dis que le problème ne vient pas de moi.

Jim

C’est intéressant de décortiquer un arc comme tu le fais… Tu fournis des exemples très clairs qui étayent ton propos.

Mais je pense qu’en tant qu’« über-lecteur » (mais c’est aussi valable pour moi qui lit des comics depuis plus de 25 ans), tu ne peux plus te rendre compte de ce qui accessible ou pas à un nouveau lecteur, parce que cette « virginité » si j’ose dire est perdue pour toi depuis belle lurette. Il serait intéressant de lire les avis de lecteurs nouveaux, et de voir si les comics actuels leur paraissent inaccessibles. Tu vas me répondre : encore faudrait-il qu’il y ait des nouveaux lecteurs. Et tu n’auras pas tort.

Ceci dit, c’est marrant que tu prennes l’exemple de l’arc avec Stewart parce qu’il me semble qu’il est plutôt simple en termes d’accessibilité, à condition d’avoir lu Final Crisis, certes. Ou d’en connaître la conclusion…

Ceci dit il est de certaines techniques de narration « reader friendly » dont je ne déplore pas la perte, comme les répétitions de Claremont (et pourtant je l’aime d’amour ce run) sur les X-Men, où les pouvoirs des persos étaient rappelés tous les 2 épisodes…

Bizarrement, il y a une oeuvre de Morrisson que tu ne cites pas, c’est « All-Star Superman », qui est justement un miracle d’accessibilité. Et là où la stylisation superflue (selon toi) joue à fond, c’est dans les deux premières pages du numéro 1 (4 cases en tout et pour tout), qui résume à elles seules tout ce qu’il y a à savoir du perso…
Un bon exemple d’ellipse parfaite.

Ah ?

Pourtant si je suis assez d’accord avec toi Jim sur ton analyse des épisodes Morissoniens de Batman ( lesquels m’ont laissé assez froid ), je suis en complète opposition avec toi au sujet de son run sur New X-men que j’ai trouvé très accessible au tout venant: un visuel qui d’emblé pose les personnages et leur pouvoir sans avoir à les expliquer ( [size=85]cf le Fauve et son allure féline; quoiqu’il s’agit presque d’un contre-exemple puisque Morrison a pris le soin de l’expliquer par une mutation secondaire[/size] ), une trame narrative simple à suivre sans subplots irrésolus et encombrants, une utilisation habile de références qui ne nécessitent pas de connaître tout l’historique du marvelverse pour appréhender l’histoire ( [size=85]cf l’exemple du Phénix : le lecteur occasionnel n’a pas besoin de connaître son passé pour comprendre qu’il s’agit d’une puissance redoutable[/size] ).

J’ai même trouvé que ce run a été une occasion réussie de réactualiser et moderniser la série et de développer de nouveaux concepts ([size=85] le kick, les mutations secondaires, l’x-corporation, les mummudrai, la 3e espèce[/size] ) que le lecteur occasionnel tout comme le lecteur régulier peuvent appréhender de la même manière.

N’est-ce pas ainsi que l’on rend un comicbook à la fois intéressant et accessible ? Je ne vois pas trop en quoi pour le coup on pourrait reprocher à Morrison de pondre une histoire hermétique !

Sur son run sur New X-men du moins, là encore désolé Jim, je ne suis pas d’accord !

En contre-exemple parfait, il suffit de citer *New X-men *121 ( l’épisode muet « nuff said » ) pour contredire ce que tu exposes : sans philactères et rien qu’avec le brio de son story-telling, tout lecteur peut suivre le déroulement de l’action et saisir les tenants et aboutissants de l’épisode. Il est vrai que Quietly aide beaucoup en ce sens mais il y a fort à parier que le script de Morrison contenait les germes du résultat final.

Idem, je suis d’accord avec Jim, même si j’adore ce qu’il fait, ce n’est pas toujours évident. Par contre j’apporte ma pierre à l’édifice pour les new x-men parce qu’il s’agit de mon premier véritable départ dans le comics, par le passé j’ai lu des spiderman et des xmen, mais c’était sporadique, un de temps en temps, deux dans l’année, bref, négligeable. New xmen c’est, ma premiere lecture vo, mon premier comics régulier, et j’ai commencé avec « assault at weapon plus », en plein milieu du run (voir à la fin). J’ai pas tout pigé, mais ça m’a immédiatement accroché. Je pense que New xmen est un truc à part, c’est complexe, mais ultra lisible, vraiment à part dans la série. Ca se lit indépendamment du reste, mais ça intégre beaucoup d’éléments passés. Bref, c’est génial.

[size=200]INTERVIEW DU SCÉNARISTE GRANT MORRISON[/size]

Alors je viens de le lire et pour ceux qui ne supporte pas la technique elliptique de l’auteur cette mini série va être une torture.

Alors que dire : je n’ai strictement rien compris et J AI ADORE DE BOUT EN BOUT.

Il n’y a que Morrisson pour procurer des expérience de lecture aussi unique et selon moi aussi pleine, riche et gratifiante. Y a du Paul Auster qui jouxte du captain marvel dans cette BD et du bip bip le coyotte et des doors et… Je suis conquis.

Elle a été fait avant les invisibles? Parce que c’est vraiment frappant comme c’est une synthèse de la série. Flex anticipe même certains éléments de the filth, voire même de all star. c’est vraiment un concentré de la pensée de l’auteur. Son œuvre fractal ?

Après quelques autres lectures et relectures et rerelectures, je reviendrais dire ce qui m’a le plus emballé dans ce chef d’œuvre.

Il n’y a vraiment aucune chances pour que ce soit traduit chez Urban alors? Parce qu’entre ce que je lis ici et ce que je lis dans le bouquin sur morrison, j’ai franchement envie de lire flex mentallo, mais en VF!!!

Rien n’est impossible à ce stade : il y a dans l’équipe d’Urban un morrisonien convaincu et militant. (et des traducteurs qui font du lobbying)

Sachez qu’il y a des acheteurs passionnés, aussi.

Je le subodore aussi.
Mais je me dis justement que si moi, lecteur avide depuis plus de 31 ans, je suis paumé dans le récit, qu’est-ce que ce doit être pour un lecteur nouveau ?
A contrario, ledit lecteur nouveau représente un territoire vierge (pour rester dans ta métaphore) pour qui les changements de codes (j’ai pas parlé de suppression…) chez Morrison sont un code comme un autre. Donc effectivement, il peut être plus réceptif que moi.

Jim

Ouais, enfin en même temps, il a Quitely, pour cet épisode. C’est-à-dire un storytelling hors pair, capable de faire passer toutes les ellipses du monde, tous les non-dits… Cet épisode aurait été un ratage complet avec quelqu’un genre Van Sciver, par exemple.
De plus, c’est un épisode « exercice de style », donc là, l’idée, c’est précisément de tout faire passer par le dessin. Alors outre qu’il a une histoire d’un seul tenant dessinée par un graphiste qui a l’habitude de travailler avec lui, il trouve en face de lui un lecteur qui est prédisposé à recevoir cet exercice de style, puisque c’est le but du jeu de ce mois-ci.
La donne est quand même un peu différente.

Jim

C’est clair que Quitely et Morrison c’est l’assurance de rendre lisible l’incompréhensible. Moi qui suis par exemple, totalement étranger au monde de superman (si on excepte les films), j’ai pris un pied monstre à apprécier toutes les références contenues dans All star, l’histoire est tellement bien racontée, tellement riche… Quitely a un sens de la mise en page qui force le respect.

Tant qu’on est sur morrison/quitely, urban prévoit une ressortie de earth 2? Peut etre dans un hypothétique volume complétant son run sur la JLA lancé par panini?

[size=150]BOOSTER GOLD : PAST IMPERFECT[/size]

J’ai découvert ce personnage assez tardivement et je me suis récemment penché sur les TPB le concernant en commençant par Vanishing Point.
Past Imperfect est une lecture vraiment agréable pour plusieurs raisons.
Le pitch est simple, Booster et Rip Hunter découvrent le retour de Maxwell Lord suite à Blackest Night seulement tous les héros ont oublié qui il est. Il n’existe plus officiellement. Comment Booster peut il prévenir les actions de son ancien coéquipier Max si personne ne se souvient qu’il est à même de manipuler l’esprit des autres ? Booster va donc partir à la recherche de preuves ce qui sert de prétexte à de nombreuses péripéties dans les lignes temporelles.
Un voyage où il croisera ses équipiers de la JLI de l’époque, Martian Manhunter, Blue Beetle, Barda, Mr. Miracle, où il sera confronté au « presque-mais-pas-tout-fait-livre-de-la-destinée » et à de nombreux ennemis.
Gros plaisir de lecture car tout repose sur le fun, des situations coquasses, des dialogues drôles mais aussi poignants quand le duo Booster/Beetle se réunit à nouveau.

C’est atemporel et du coup, on ne se retrouve pas empêtré dans la continuité DC, chaque intervenant est présenté, chaque époque est résumée, et ce, de façon suffisamment rapide pour ne pas alourdir le récit. On y voit aussi la famille Gold s’épanouir et c’est réellement amusant de voir comment Jurgens gère les problèmes et facilités qu’offrent les voyages temporels.

Parmi les vieilleries qui me font de l’œil à longueur de journée, j’ai craqué hier pour Superman : the Secrets of the Fortress of Solitude, un recueil d’histoires venues de différentes périodes comme DC sait en publier régulièrement. Outre un Annual qui rassemble des talents comme Ordway ou Mignola (bien avant Hellboy) et un récit assez chouette par Schultz et Manhke (leur run était formidable), le gros morceau, c’est un épisode spécial écrit par Roy Thomas, dessiné par Ross Andru et encré par Roméo Tanghal, et qui fait également la couverture de ce recueil. J’avais lu cet épisode en VF il y a bien longtemps, de mémoire dans un album Sagédition grand format. J’avais complètement oublié que Roy Thomas, l’archiviste, en était le scénariste. Et ça va être un plaisir à redécouvrir, cette histoire-là.

Jim