RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

Le TPB Peggy Carter, Agent of S.H.I.E.L.D., qui n’intéressera sans doute pas les complétistes puisqu’il ne contient que du matériel déjà repris ici et là, propose une approche disons biographique de la célèbre baroudeuse dont notre héros patriote préféré est épris.

Sorti en 2014 afin de surfer sur la série télévisée où la ravissante actrice Hayley Atwell incarne le rôle titre, le recueil commence sur un one-shot écrit par Kathryn Immonen et illustré par Ramon Pérez.

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Ce récit, je l’ai en VF et dans un TPB VO. Je l’aime bien, même si je trouve le rythme un peu mou. La vision de Cap, fournie par Immonen, est assez étonnante, puisqu’on a un personnage enjoué et parfois un peu benêt, dragueur mais naïf face aux figures féminines qu’il croise dans le récit. Il découvre une autre réalité du combat, et de la vie en général, et s’il affiche un dehors souriant, il est un peu dépassé et plus à l’aise sur le front. Mais j’avoue que j’aime bien ce côté un peu neuneu, qui me semble assez rafraîchissant, d’autant que le récit se situe durant la Seconde Guerre mondiale.

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Le reste du sommaire est composé d’épisodes où Cap, revenu de sa congélation, se morfond dans le souvenir de son passé perdu. Tales of Suspense #77 est dessiné par John Romita Sr sur des découpages de Kirby, et le style du premier injecte l’élégance des romance comics dès qu’une scène nostalgique se présente.

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Peggy y apparaît soit dans des flash-backs, soit à l’occasion de planches où le héros regarde un portrait jauni, la larme à l’œil. C’est aussi le signe que Marvel, et Stan Lee le premier, ne savent pas quoi faire du personnage, dont la série semble coincée au temps du conflit mondial. Les épisodes paraissent en pleine Guerre Froide, et visiblement l’éditeur semble gêné de cette figure patriotique qui fonctionne bien au sein des Vengeurs, mais semble datée dans son propre titre. Ce qui correspond bien au personnage, cela dit. Mais rappelons que Stan Lee (avec Romita déjà) avait tenté de faire revenir le personnage dans les années cinquante, et que ça n’avait pas marché. On peut imaginer qu’il se méfie d’un personnage dont le costume est à ce point marqué, échaudé qu’il est d’avoir tenté d’animer, durant la décennie précédente, une figure patriotique connotée. Cantonner le personnage à sa période de gloire permet de nourrir les histoires (le feuilleton a même, pendant un temps, abrité des sagas inédites situées dans les années quarante, c’est dire comme ils marchaient sur des œufs).

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Plus intéressants sont les épisodes d’Englehart, reproduits dans le sommaire. Situés à la toute fin de la prestation remarquable du scénariste, ils sont illustrés par Frank Robbins (avec l’aide de Sal Buscema), John Warner se chargeant de boucler l’intrigue (le départ d’Englehart s’étant fait de manière houleuse.
Peggy y apparaît, vieillissante. C’est Englehart qui l’a ramenée dans la série par l’entremise de Sharon Carter (qui était à l’époque la jeune sœur de la combattante, avant de devenir la nièce puis la petite-nièce, glissement du temps oblige). Si les apparitions de Peggy sont intéressantes à ce moment, c’est qu’Englehart a bien insisté pour montrer que les anciens amants ont continué à vivre. Cap est désormais attiré par Sharon mais surtout, Peggy, elle, vit une idylle avec Gabe Jones, ancien membre des Howling Commandos de Nick Fury. Et là, le scénariste frappe double : non seulement il montre qu’une femme d’âge mûre a droit à une vie amoureuse, mais en plus elle éprouve des sentiments pour un homme de couleur. Rappelons que les épisodes datent de 1975, et nous comprendrons leur caractère novateur.

Jim