RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

En 1992, alors que la popularité du Punisher semble inébranlable, Marvel sort une nouvelle série, Punisher War Zone, et met les petits plats dans les grands.

Chuck Dixon commence à être connu. Quant au tandem John Romita Jr / Klaus Janson, c’est une valeur sûre. Le style massif que déploie le premier et les effets de matière et de lumière du second sont parfaits pour créer une ambiance de roman noir.

Qui plus est, la couverture entre dans la catégorie des couvertures à gadgets que l’époque adore. Il s’agit ici d’une « die-cut cover », c’est-à-dire une couverture au carton plus épais et prédécoupée, ici selon les contours des impacts de balle que l’on voit au-dessus des épaules de Frank Castle. Un sacré effet, à l’époque, et quelque chose de plus regardable et de moins agressif que les cinquièmes couleurs argentées ou dorées ou les effets hologrammes.

Le recueil compilant les six premiers numéros de cette nouvelle série (qui comprend plein de choses intéressantes, y compris les épisodes dessinés par John Buscema ou Joe Kubert ), paraît en 2002, sobrement intitulé Punisher War Zone. Moi qui ai vu passer ces épisodes mais qui n’avais pas les sous à l’époque, je me suis précipité dessus.

L’intrigue est simple : après le départ de Microchip, son assistant et soutien technologique, Frank Castle revient à des méthodes plus terre-à-terre. Et il décide d’infiltrer la mafia. Une idée que Dixon exploitera dans les épisodes réalisés avec John Buscema, et qui s’avérera aussi dangereuse que la première fois.

Le premier numéro regorge de moments forts : la filature de Micro, une scène de torture (surtout psychologique, et bien vicieuse) qui sera reprise dans l’un des longs métrages (j’ai la flemme de vérifier lequel), des grosses fusillades.

À la fin de ce premier volet, Frank Castle parvient à infiltrer le gang de Julius Carbone, sous le nom de Johnny Tower. Les ennuis commencent.

Notamment parce que Johnny Tower croise, dans le deuxième épisode, le chemin de Rosalie Carbone, la fille de Julius. Une bombe latine trimballant un look un brin vulgaire, mais immanquable.

Dixon s’amuse avec les codes des récits mafieux et des intrigues d’infiltration, et pousse l’idée très loin. Plutôt que d’attendre de grimper les échelons dans l’organisation de Carbone, Frank décide de prendre un raccourci… et séduit Rosalie dans le troisième épisode.

Bien entendu, les choses vont rapidement s’emballer, jusqu’à ce que le faux Johnny Tower soit démasqué et laissé pour mort.

Au fil du récit, Dixon consacre quelques séquences à Shotgun, un justicier armé jusqu’aux dents et créé par Romita Jr. Le personnage, qui affiche une coolitude un peu surjouée, ne sert pas à grand-chose mais dépanne Frank au moment le plus opportun.

La fin du récit conduit Frank sur l’île de Julius. Là encore, le scénariste pousse ses idées très loin, transformant le repaire de mafieux en base de méchants à la James Bond : on a même droit à une piscine pour requins. Le caractère outrancier de l’intrigue permet sans doute (en tout cas aux yeux d’un lecteur comme moi) de faire passer la pilule d’un monde entièrement peuplé de flingueurs.

Dixon a le sens de la formule. Ses voix fonctionnent très bien, avec un rythme laconique et saccadé du meilleur effet, une veine quasi millerienne.

Gros film d’action musclé, ce premier arc pose les bases d’une série qui se veut exagérée mais distrayante. Elle permet aussi de donner un rôle au long cours à Rosalie Carbone, qui fera plusieurs apparitions marquantes jusqu’à sa disparition dans la série d’Ostrander.

Jim

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