RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

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La publication d’Onslaught et de Heroes Reborn a été l’occasion pour Marvel de lancer de nouvelles séries (bien peu ont fonctionné : Thunderbolts a marché, Ka-Zar a eu un succès d’estime qui s’est effondré au départ des auteurs ayant lancé le titre…) et de mettre en avant des personnages et des marques moins connues.

C’est ainsi que Quicksilver, le bolide des Vengeurs et frère de la Sorcière Rouge, connu dans nos contrées en tant que Vif-Argent, a eu droit à sa série régulière (et sans doute sa première série tout court, me semble-t-il).

L’ensemble est compilé dans un TPB bien dodu, qui reprend les treize épisodes de la série régulière, ainsi que deux épisodes de Heroes for Hire (série réalisée par John Ostrander et Pascual Ferry) et l’Annual Heroes for Hire / Quicksilver de 1998, faisant partie du cross-over « Siege of Wundagore ».
La lecture de ce recueil est des plus agréables. C’est rapide, bourré d’action, c’est plutôt intéressant. La série est lancée par Tom Peyer, scénariste mésestimé et méconnu qui livre un bon travail, avec un postulat intéressant et une volonté de tirer plein de cartouches tout de suite, afin d’attirer le lecteur par des intrigues qui ne traînent pas. Il a raison, au demeurant.

Et le récit s’ouvre sur l’assaut mené par les Acolytes d’Exodus contre le Mont Wundagore, défendu par les Chevaliers du même nom. Quicksilver arrive en trombe mais à la fin de l’épisode, le High Evolutionary quitte la Terre et laisse le commandement de ses Chevaliers à Pietro, tandis que les Acolytes s’emparent du mont.

Personnellement, les Acolytes, Exodus, Fabian Cortez, c’est une flopée de vilains qui m’ont toujours semblé antipathiques et monobloc. Donc les voir débouler là-dedans ne me passionne guère, mais force est de constater que Peyer leur attribut un caractère dangereux et inévitable qui est bienvenu (et Ostrander par la suite parviendra même à leur donner un semblant de présence, ce qui n’est pas évident quand on y pense).

Bref.
Peyer reste six numéros, les deux derniers étant dialogues par Joe Edkin, dont personnellement je ne sais rien. D’après comicsvf, il aurait coécrit un one-shot de Spider-Man avec Roger Stern et un Annual de Wolverine avec Ostrander. Apparemment, il aurait également travaillé chez DC, son nom apparaissant au générique d’un Green Lantern Corp Quarterly et de quelques numéros de Scoobi-Doo. Je n’en sais pas plus. En tout cas, sur Quicksilver, il s’en sort plutôt bien. Les dialogues sonnent pas mal et surtout il utilise une astuce littéraire pour la voix off (en fait, ce sont des messages que Pietro enregistre à l’attention de son épouse Crystal…) qui tombe à point.

Après des intrigues mêlant notamment les Inhumans (et les Brumes Tératogènes d’iceux, comme quoi Peyer avait plus de quinze ans d’avance sur Charles Soule et la clique…), c’est Ostrander qui reprend le scénario, toujours avec Edkin aux dialogues. Et là, ça commence à barder. D’une part parce que les Vengeurs sont revenus (et Crystal aussi) et qu’Ostrander doit donc faire le point, et d’autre part parce que c’est Ivan Reis qui dessine son premier épisode, confrontation entre Quicksilver et le Black Knight. Reis ne s’est pas encore débarrassé de ses influences cartoony, mais ça pulse.

D’ordinaire, la série est dessinée par Derec Aucoin, depuis le quatrième épisode, et c’est très joli aussi. L’intrigue continue à dérouler la quête de l’Isotope E, qui permettrait au High Evolutionary de redevenir normal et aux Acolytes de tuer tous ceux qui ne sont pas des mutants purs (c’est dire comme leurs motivations sont cohérentes et limpides).

Le cross-over « Siege of Wundagore » réunissant Quicksilver et Heroes for Hire (avec donc un seul scénariste, Ostrander) est plutôt chouette, d’une part parce qu’il range un peu les jouets et met un terme à l’intrigue Exodus / Mont, et d’autre part parce qu’il balance plein d’idées cools. Mais il montre un peu les limites de l’encadrement éditorial : il y a beaucoup de personnages et parfois il n’est pas très clair de tout suivre, malgré la présence d’un seul scénariste, Ostrander, à la barre ; les raccords entre les épisodes sont un brin foireux (le costume de Cage n’est pas le même, les erreurs de couleurs sont nombreuses, les scotchages à coup de dialogues afin de rattraper les erreurs de dessin sont trop visibles…) ; enfin, il suffit à Ostrander d’écrire trois bulles de Bova pour que le bon travail d’Edkin soit relégué à l’arrière-plan : Ostrander écrit mieux les Chevaliers de Wundagore que lui.

Autre bon point, Ostrander profite de ce cross-over pour balancer une idée assez chouette, jamais reprise depuis à ma connaissance (et depuis Remender, ça devient impossible), selon laquelle les pouvoirs de vitesse seraient en quelque sorte une variation des pouvoirs magnétiques de son père. Et ça, c’est plutôt futé.

Si c’est un peu le foutoir sur les planches, a contrario, l’Annual, dernière partie de la rencontre, est construit sur un jeu d’alliances et de mésalliances, les parties en présence s’associant au gré des variations de pouvoir du High Evolutionary et des centres d’intérêts des groupes qui s’opposent. Et là, il est clair qu’Ostrander assure comme un malade, c’est enlevé, retors, roublard, et ça ne manque pas d’émotion.

Le TPB se conclut sur le dernier épisode de Quicksilver, écrit par Edkin seul et dessiné par Chris Renaud. C’est l’occasion pour le scénariste de faire le point sur son personnage. L’épisode se referme sur Crystal qui écoute les messages laissés par son époux. C’est plutôt bien vu, et ça donne un aspect cohérent à une série méconnue, à tort.

Car, en dépit des changements de dessinateurs et de l’encadrement éditorial un peu déficient, ça reste une lecture très agréable, où plein de bons dessinateurs viennent faire un tour, dans un style qui n’est pas encore celui de leur maturité, mais qui demeure agréable à l’œil.

Jim