RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

Du coup, j’ai lu deux histoires de Ghost Rider écrites pas Ennis et peintes par Crain, celle qui se situe dans le passé western et la mini qui ouvre la série régulière des années 2000. Et au final, Ennis avait déjà avancé dans la direction exploitée par Aaron. Il n’en avait pas fait grand-chose (et d’ailleurs, il était encore plus dans une ambiance à la Spawn), mais c’était déjà présent.
C’est marrant, cependant, de constater que lorsqu’il fait une histoire dans le passé, il est toujours plus sérieux que celles qui se déroulent dans le présent. C’était déjà le cas pour Punisher ou pour Nick Fury.

Jim

Pour ceux qui l’auraient loupé à l’occasion de sa première réédition (dans la collection des essentials) : http://www.collectededitions.com/marvel/mm/killraven/killraven_mm01.html

Hellstorm et Druid de Ellis en Omnibus en juin!! avec les 2 1ers Satana de la collection strange tales jamais sortis alors que solicités…

Wouhou. Merci fred ca c’est une bonne nouvelle.

Ah bah Panini va pouvoir enfin les publier …

… chez Hachette

même pas…
Quand Marvel a récupéré les droits de Fu Manchu pour reediter MOKF je me suis dit qu en france hachette pourrait proposer la séries des 70’s… même pas… donc tu auras le son of satan des 70’s (de bonnes factures aussi ceci dit)

J’aurais ça où ?

Il y aura bientôt un album « Marvel Horror » dans la collection « noire » de Hachette…

Ah, merci ! Je n’avais pas compris la remarque de Fred … qui ne finit pas ses phrases !:wink:

J’ai récupéré récemment le TPB Avengers : Hawkeye (version souple du hardcover précédent), qui contient la mini-série de Gruenwald (qui avait fait l’objet d’un Récit Complet Marvel chez Lug au début des années 1980), ainsi que quelques bonus.

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On ne reviendra pas sur la qualité de cette mini, qui mettait le héros en selle, qui a sans doute fait découvrir l’archer à toute une génération de lecteur (ça a eu cet effet sur moi en tout cas) et qui propose en sus l’un des rares boulots de dessinateur par Gruenwald lui-même, qui s’en sort plutôt bien. C’est sympa, bien rythmé, ça pose énormément de choses qui porteront de nombreux fruits par la suite, bref, une chouette lecture.
Le recueil s’articule autour du couple : Hawkeye rencontre Mockingbird dans cette mini, et le sommaire complète avec différents épisodes qui sont comme autant de jalons dans la vie et la carrière des deux personnages. La parité, quoi.
Parmi les bonus, on comptera deux récits par Don Heck où l’archer est opposé à Iron Man, un épisode d’Avengers dessiné par Byrne, un Marvel Team-Up où Spidey rencontre Mockingbird, et surtout une histoire en noir et blanc, tirée de Marvel Super Action #1, et constituant sans doute la première aventure de Bobbi Morse en costume d’héroïne. Outre les pages intérieures de ce sommaire présentant aussi le Punisher et Dominic Fortune, elle apparaît également en quatrième de couverture, dans une illustration signée Howard Chaykin (et reproduite dans le recueil).

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C’est sans doute le récit le moins connu. Écrit par Mike Friedrich, dessiné par George Evans et Frank Springer, il présente les aventures d’une certaine… Huntress ! Et là, on comprend pourquoi elle a changé de nom, cette appellation rappelant sans doute trop une héroïne de DC (cela dit, la décision est sans doute rétroactive, puisque cette Huntress apparaît donc en janvier 1976, alors que son homonyme de DC, Helena Wayne, apparaît en novembre 1977).

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Bref, rien que pour ça, le recueil est intéressant d’un point de vue historique. Et puisque le reste est tout à fait consommable, c’est recommandé : si vous le trouvez à un prix intéressant, foncez !
Allez, pour le plaisir des yeux, je ne résiste pas à la tentation de vous montrer la couverture du Marvel Team-Up 95, cité plus haut, réalisée par Frank Miller et Bob McLeod.

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Jim

Ouais, elle est excellente cette mini. Moi aussi, elle m’a beaucoup marqué !

ça me dit quelque chose, ça. On n’a pas eu ça en VF également (un Spécial Origines par exemple) ?

Celui-là ?

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Quoique le numéro 57 semble plutôt être au sommaire de ce numéro de Strange (alors que dans Strange SO c’est plutôt le 56).

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Ouias, c’et à celui-ci que je devais penser, oui !
Après, j’ai aussi les deux premières intégrales d’Iron Man, donc ça doit peut être y être !

Je viens de finir le TPB Black Panther : Panther’s Quest, un recueil compilant le grand feuilleton publié dans Marvel Comics Presents #13 à 37, ce qui nous renvoie à la fin des années 1980.
Et c’est passionnant.

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Alors pour résumer : MCP (comme on l’appelait à l’époque) était une série anthologie sortant tous les quinze jours et proposant quatre segments de huit pages chacun (sauf exception notables, on y reviendra). L’idée étant que le magazine puisse servir de tremplin pour certaines séries (le cas le plus notable fut Wolverine, bien sûr) mais aussi de vitrine pour un catalogue de personnages méconnus (ce qui permet de maintenir l’intérêt et de renouveler les copyright, aussi, discrètement).

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Black Panther y fait son retour à l’instigation de Michael Higgins, qui devait être l’editor de la série et qui rassemblait des auteurs afin de l’enrichir. C’est ainsi qu’il contacte Don McGregor, initialement en vue de lui faire écrire une nouvelle aventure de Killraven. Au fil des discussions, ils embraient sur une nouvelle aventure de Black Panther (ces deux personnages étant les héros qu’il a animés, et de façon convaincante, dans les années 1970). Higgins quitte le projet avant le premier numéro, et c’est Kavanagh qui devient l’editor, encadrant McGregor et soutenant ses efforts. Pour dire, la série comporte vingt-cinq épisodes, chose rare dans toute l’histoire du magazine, qui comporte 175 numéros.

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McGregor profite de l’occasion pour raconter une histoire qu’il avait en tête depuis longtemps, celle de la mère du héros. Il avait constaté qu’on parlait souvent du roi T’Chaka, mais par de la mère du héros. Il lance donc ce dernier en quête de celle-ci, mais l’action se passe en Afrique du Sud. Rappelons pour les plus jeunes que ce pays pratiquait, à l’époque, l’apartheid, une ségrégation violente établie depuis 1948 et interdisant les mariages inter-raciaux, entre autres (j’insiste davantage sur ce point que sur les bidonvilles, par exemple, parce que ça a son importance dans l’intrigue).

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L’intrigue prend l’allure d’une course-poursuite avec éléments, indices et preuves à la clé. Le rythme de parution, à raison de huit pages par chapitre, crée une dynamique particulière, avec l’impression qu’il ne se passe pas grand-chose, malgré l’étonnante densité du récit. Cette densité s’explique en partie par la logorrhée de McGregor, connu pour être un auteur bavard. Je dirais surtout qu’il est très littéraire, ses pavés de textes arborant un style voire une musique toute particulière. Il crée d’ailleurs des effets étonnants en alternant les gros textes et les petits one-liners, au point que je me demande si McGregor, qui officiait déjà quand Frank Miller n’était encore que lecteur, n’a pas eu une influence sur ce dernier. Cela dit, on peut également estimer que l’aîné a observé l’écriture du cadet (Dark Knight Returns est passé par là entre-temps), tant certaines approches ont des similitudes.
Les textes de McGregor lui permettent notamment de donner de la profondeur à tous les personnages secondaires, fort nombreux, qu’il s’agisse d’hommes de main, de politiciens influents, d’habitants des townships, d’enfants des rues… L’effet consiste à leur donner de l’épaisseur, une voix, une pensée, et donc de casser le manichéisme : une histoire de super-héros s’y prête, et une intrigue en Afrique du Sud aurait pu favoriser une grande caricature, et justement McGregor évite ça en développant les pensées qui animent les intervenants : même les gros salauds sont plus complexes qu’on pourrait le croire. Et l’aspect littéraire de sa narration y est pour beaucoup.

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La mise en place est donc assez longue, mais jamais lente ni molle. En plus, cela favorise la plongée du lecteur, durablement immergé dans les ghettos, la poussière et le racisme, au point que cela en devient étouffant. Et je parie que l’effet est voulu.
Quant au dessin, il est assuré par Gene Colan, qui est à l’époque en fin de carrière, après des passages remarqués sur Daredevil ou Batman. Vieux complice de McGregor (ensemble, ils ont fait Nathaniel Dusk et Raggamuffins, deux projets éblouissants que je conseille vivement), il est en phase avec son scénariste. Il livre des planches dynamiques, presque « premier jet », comme il le fait depuis quelques années, où le trait est plus suggestif qu’autre chose. Mais certaines séquences, jouant sur les silences, sont proprement eisneriennes. Les pages d’ouverture, où le titre du chapitre s’inscrit dans les décors, empruntent également beaucoup à Eisner.

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Colan est l’un des rares exemples de dessinateurs qui, au fil des ans, a réussi à s’émanciper des règles de dessin académique sans perdre en lisibilité et en dynamisme. J’en connais peu capables d’un tel exploit dans le mainstream : Kirby, bien entendu, Miller aussi, et Mignola dans une certaine mesure. Chez Colan, tout est faux : les ombres sont mal placés, les perspectives sont tordues et faussées, les anatomies sont difformes. Et pourtant, tout fonctionne, tout est lisible, tout sert l’histoire. Il jette à la poubelle les règles du « bon » dessin et fournit une prestation différente, libérée. Sur la série, il est aidé par Tom Palmer, alors en pleine forme, et qui multiplie les effets de flous (au point que parfois, on se demande si ce n’est pas Klaus Janson à l’encrage). L’ensemble est étourdissant, conférant une sensation de vertige.

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Le TPB reprend aussi toutes les couvertures des épisodes concernés (images doubles) ainsi que deux illustrations venues de Marvel Fanfare, dont celle dessinée par Bill Reinhold, un illustrateur mésestimé que j’aime beaucoup, et dont le travail a été repris en couverture du TPB.

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Bref, formidable initiative de la part de Marvel de reprendre en un seul volume ce qui reste comme un des moments forts de MCP (avec le Weapon X de Barry Smith…). Un récit à ne pas manquer, qui provoquera sans doute de belles expériences, visuelles et littéraires.

Jim

PS 1 : McGregor ayant besoin de dix pages sur un épisode, il a demandé à Kavanagh de lui laisser écrire une histoire de six pages sur le personnage choisi par l’editor. Ça donnera un récit muet (étonnamment de la part d’un auteur aussi bavard) consacré à Namor et dessiné par un Jim Lee débutant, une petite fable triste consacrée à la pollution et assez chouette à regarder.
PS 2 : pour les curieux, voici une adresse où découvrir les deux premiers chapitres :
http://4thletter.net/2008/02/black-history-month-22-panthers-quest/

Merci pour le retour, ça donne vachement envie (j’ai cru comprendre que le Mallrat était moins dithyrambique concernant cet arc, alors que pourtant il ne tarit pas d’éloges à propos du run de McGregor sur « Jungle Action »…).

Maintenant il ne manque plus qu’une réédition de la mini-série méconnue du début des 90’s (sans Colan mais avec Dwayne Turner) pour compléter la « trilogie » informelle de McGregor (Panther’s Rage, Panther’s Quest, et Panther’s Prey, voire également l’histoire courte Panther’s Heart, présente au sommaire d’un annual récent ; une sorte d’échauffement pour Acuña avant son arrivée sur la série régulière actuelle de Coates, doublé d’un bel épilogue au premier cycle du scénariste sur le personnage).

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Je n’en ai que deux parties sur quatre, et ouais, j’aimerais bien la compléter, effectivement.

Jim

Rooooh, du Colan ! ça va sortir en VF, ça, un de ces 4 !

C’est fait pour.

Il arrive au Mallrat d’être grognon, hein !
Après, en soi, il n’a pas tort : c’est long effectivement, mais je trouve que ça participe à ce sentiment d’étouffement et d’emprisonnement qui va si bien avec l’évocation des townships. On a l’impression que le héros ne va jamais s’en sortir, même au sens géographique du terme. C’est vraiment une expérience particulière, aux antipodes des trucs décompressés d’aujourd’hui, mais également assez loin d’autres prestations de McGregor. Et du coup, je trouve ça formidable qu’il y ait une telle personnalité. Moi, ça m’a emporté.

J’espère : ça mérite une redécouverte. Mais bon, pour ceux qui lisent l’anglais, c’est un truc à voir.

Jim

J ai les MCP que j ai lu il y a moins de 10 ans et j ai trouvé ca chiant. L idee est bonne mais c est long… long… long… et Colan n est déjà plus tout a fait colan…

Bon apres j ai lu panther 's prey il y a 1 ou 2 ans et le seul souvenir que j en ai est que c est illisible et moche.

Je vous l’avais dit : « grognon ».

Jim