RETOUR VERS LE PASSÉ : Les petites histoires du grand écran

N°1 : ALIENS, LE RETOUR - L’autre Hicks

Certains réalisateurs aiment travailler régulièrement avec les mêmes acteurs. Martin Scorcese avait Robert De Niro et maintenant Leonardo Di Caprio, John Carpenter avait Kurt « Appelez-moi Snake » Russell, Robert Rodriguez a Danny Trejo, Christopher Nolan a dirigé (entre autres) Michael Caine dans 6 films…et j’en passe bien entendu.

Dans les années 80, James Cameron avait Michael Biehn. Le comédien a joué des rôles emblématiques dans les premiers films du metteur en scène : il est Kyle Reese dans Terminator (et dans un cameo de T2 qui finira coupé au montage dans la version ciné et qui est disponible dans le Director’s Cut que personnellement je n’ai pas vu), le caporal Hicks dans Aliens et le lieutenant Coffey dans Abyss.

Mais pour Aliens, ça a failli ne pas se faire, puisque le premier acteur engagé pour le rôle fut James Remar, devenu depuis un second rôle très actif du cinéma et de la télévision avec près de 150 rôles à son actif.

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Remar incarne Hicks pendant les premiers jours de tournage…avant de se faire virer. Les fameuses « différences créatives » sont évoquées, mais il s’est ensuite avéré que les problèmes de drogue de l’acteur ont sonné le glas de son engagement sur le film. Et c’est ainsi que Biehn fut appelé en renfort pour le remplacer.
Quelques plans tournés par Remar furent tout de même conservés au montage pour des micro-moments où on aperçoit Hicks de dos.

Retrouvez ci-dessous une série de photos de tournage d’époque qui dévoilent donc un caporal Hicks très différent de celui que nous connaissons :

*Être dans les marines, c’est comme des vacances à la ferme. Chaque repas est un banquet, chaque mission est une partie de plaisir, à chaque fin de mois on est millionnaire.
*

N°2 : LE SPIDER-MAN DE LA CANNON

Marvel est maintenant une puissance cinématographique, mais il fut un temps où ce n’était pas du tout le cas…et je parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.
Dans les années 70/80, les personnages Marvel étaient surtout représentés à la télévision, avec des résultats plus ou moins heureux. La plus célèbre adaptation de l’époque est toujours la série L’Incroyable Hulk avec Bill Bixby et Lou Ferrigno, qui a pris d’énormes libertés avec le matériel de base mais qui est restée ancrée dans l’inconscient collectif notamment par le biais des aussi répétitives que mythiques scènes de transformation (que j’attendais avec impatience étant gamin).
Il y eut aussi un pilote du Dr Strange qui n’a pas débouché sur une série (et que l’on peut encore trouver facilement sur YouTube…et il faut vraiment que je pense enfin à le regarder un de ces quatre) et des choses nettement plus cheap comme les téléfilms Captain America et le feuilleton Spider-Man.

Avant d’être porté à l’écran avec le succès que l’on sait par Columbia/Sony et Sam Raimi en 2002, l’Homme Araignée passa plus d’une dizaine d’années dans les limbes du development hell, avec des droits qui se sont baladés de Roger Corman à la MGM en passant par Carolco, 21st Century…et bien sûr la Cannon.

Comme souvent, ce fut d’abord Roger Corman qui acquit les droits cinématographiques de Spider-Man pour une bouchée de pain. Il ne les a pas gardés longtemps (heureusement, vu son nanardesque Fantastic Four, tourné mais jamais sorti sur grand écran) et le bébé fut refilé à la Cannon Films, les rois de la série B des années 80 (ah, ma jeunesse passée à regarder les American Ninja avec Michael Dudikoff, les Justiciers avec Charles Bronson et les plus mauvais films de Stallone…entre beaucoup d’autres choses), pour 5 ans avec option de retour des droits à Marvel si le film n’était pas réalisé avant 1990.

Tobe Hooper, le réalisateur du légendaire Massacre à la tronçonneuse, était sous contrat chez Cannon et fut désigné pour diriger Spider-Man, alors qu’il préparait la suite bien barrée de son chef d’oeuvre de 1974. Si Golan & Globus, les big boss du studio, avaient choisi un spécialiste de l’horreur, c’était surtout qu’ils n’y connaissaient rien aux comics : le premier script confié à Leslie Stevens (Au-delà du réel) voyait un Peter Parker transformé en araignée humaine monstrueuse (avec poils, huit bras et tout le toutim) par un savant fou à la Dr Moreau désireux de conquérir le monde avec son armée de mutants (!).
Et comme le duo israélien savait très bien vendre les concepts avant de les tourner, une affiche-teaser annonçait fièrement la production (voir ci-dessus).

Bien que Stan Lee laissait faire un peu tout et n’importe quoi avec les héros de la Maison des Idées (coucou Howard the Duck), ce traitement n’était pas de son goût et il insista donc pour que des changements soient opérés. Exit donc l’option dark et Tobe Hooper. Le script suivant renvoyait Peter à l’université, avec un Docteur Octavius en mentor qu’il finira par combattre. Les origines de Spidey et du Docteur Octopus étaient d’ailleurs liées dans cette version.
C’est un autre habitué du studio, Joseph Zito (Invasion USA avec Chuck Norris) qui hérite du projet, annoncé en pleine page dans Variety.

Pour le rôle-titre, de futures stars comme Tom Cruise et Charlie Sheen furent envisagées. Mais même si rien ne fut signé, c’est le cascadeur Scott Leva qui fut le plus longtemps associé au projet.
Dans les années 80, certaines couvertures de Marvel étaient illustrées par une photographie et Leva avait personnifié l’Homme-Araignée sur l’une d’entre elles (je ne sais pas si c’était monnaie courante, mais j’ai quelque part dans ma collection un numéro du Punisher avec une couverture-photo).

Il posa donc naturellement pour des images promotionnelles du studio.

La pré-production prit du temps, principalement à cause des multiples réécritures du scénario. Un court teaser fut tout de même tourné pour promouvoir le long métrage :

Et vous remarquerez que Steve Ditko, le co-créateur de Spidey, n’est évoqué à aucun moment sur les affiches et dans le teaser.

Superman 4 et Les Maîtres de l’Univers, deux productions plus onéreuses en tournage au même moment, mirent à mal les finances du studio (même si on peut quand même se demander où était passé le fric vu le résultat final de Superman 4). Cannon coupa donc le budget de Spider-Man en deux, ce qui provoqua le départ de Zito. Il fut remplacé par le bidouilleur Albert Pyun, le futur réalisateur du Captain America de 1990 (oui, ouch).

Finalement, après avoir dépensé plus d’un million de dollars sans résultats, Golan arrêta les frais mais sans abandonner totalement les droits puisqu’il parvient à les conserver jusqu’en 1992 via sa nouvelle boîte, 21st Century Film Corporation.
Ensuite, Carolco entra dans la danse ainsi qu’un certain James Cameron qui écrivit un traitement resté célèbre puisque l’un de ses éléments, la toile organique, se retrouvera dans la trilogie de Sam Raimi.
Mais ceci est une autre histoire…

*L’Araignée, l’Araignée, est un être bien singulier. Dans sa toile, il attend d’attraper les brigands. Attention ! Car l’Araignée est là…
*

Incroyable !!
Je ne connaissais pas ce projet-là. Je suis assez familier des détails concernant la version envisagée par Cameron, mais pas celle-ci.
Chapeau, Doc, comme d’hab’ !

Merci. :wink:
J’avais l’idée de cette chronique dans un coin de la tête depuis quelques mois, il fallait juste que je trouve le temps de mettre ça en forme. Maintenant que je suis lancé, je pense en poster 3 ou 4 par mois…

Tant mieux, tant mieux…

Merci Doc, c’est super intéressant de lire tout ça ! :smiley:

Oué vraiment un bon moment de… culture? xD

Vi, je ne savais pas si on pouvait réagir dans ce topic. Rien que le premier sujet est déjà intéressant. Alors quand tu mets des araignées dans l’autre …

Super chronique Doc !

N°3 : QUAND LE PREDATOR ETAIT AWARE !

Le chasseur extra-terrestre au look de homard rasta est l’un des monstres les plus emblématiques du cinéma de science-fiction. Mais on peut dire qu’il aura donné beaucoup de fil à retordre à son concepteur, le regretté Stan Winston.

Lorsque le tournage commence au Mexique en 1986, le Predator avait un design très différent de celui que nous connaissons. Ses créateurs ne croyaient d’ailleurs pas du tout à sa fonctionnalité dans un décor naturel.

Pour donner vie à l’alien, les producteurs avaient porté leur choix sur un jeune athlète fraîchement débarqué de sa Belgique natale, un certain Jean-Claude Van Damme. Le bonhomme avait déjà des rêves de grandeur et se voyait déployer toutes ses capacités physiques pour combattre l’une de ses idoles, Arnold Schwarzenegger, lors d’un combat au sommet. Mais sous cette carapace, cela allait se révéler bien difficile.

Les choses se compliquent pour Van Damme lorsqu’il doit enfiler un ridicule costume de couleur rouge, utilisé par le département effets spéciaux afin d’incruster le Predator dans la jungle lorsqu’il passe en mode camouflage.

À l’époque, le belge ne maîtrisait pas encore vraiment l’anglais et ne comprenant pas le concept, pense qu’il s’agit là de la vraie combinaison du Predator ! Ses nombreuses plaintes (le costume inconfortable, la chaleur, le fait qu’il ne soit finalement qu’un « simple » cascadeur) font qu’il sera remplacé par l’imposant Kevin Peter Hall, qui venait d’incarner le sympathique Harry dans Bigfoot et les Henderson. Jean-Claude Van Damme ne sera pas perdant puisqu’il passera vite à Bloodsport, l’un des premiers films d’action qui feront de lui une star.

Après ce début de production troublé (ce qui sera la marque de fabrique d’un tournage très difficile), Stan Winston va revoir sa copie, et avec les suggestions d’un certain James Cameron, finira par créer le look définitif du Prédateur extra-terrestre.

Dans cette vidéo mise en ligne il y a quelques mois, le responsable des effets spéciaux Steve Johnson revenait avec beaucoup d’humour sur les débuts troublés du Predator et sur leur expérience de travail avec Jean-Claude Van Damme. On peut y voir des extraits du tournage et ce fameux costume rouge en action (en V.O.) :

T’as pas une gueule de porte-bonheur !

Jean-Claude Van Damme… J’adore ce type, sacré personnage il est fout mais j’adore XD
Doc elle commence plutôt bien cette chronique c’est super intéressant toutes ces anecdotes. Je crois que je vais m’abonner ! x)
(C’est combien ?)

Excellent, comme d’habitude.

Il y a un monde quelque part où Prédator est un Jean-Claude Van Damme insectoïde qui clame devant un Schwarzy ahuri que « Si on enlevait l’air du ciel, tous les oiseaux tomberaient par terre. Et les avions aussi. En même temps l’air tu peux pas le toucher. Ça existe et ça existe pas. Ça nourrit l’homme sans qu’il ait faim. It’s magic. L’air c’est beau en même temps tu peux pas le voir, c’est doux et tu peux pas le toucher. L’air c’est un peu comme mon cerveau… »

Et là, j’ai eu en tête un Vartan-seijin (ce sont des adversaires récurents d’Ultraman) avec des dreadlocks…
Une illustration de Vartan-seijin (souvent transcrit Bartan ou Baltan, mais je pense que le nom est un hommage à Sylvie Vartan (comme Gavan, le nom japonais d’X-Or est en fait la transcription de Jean Gabin, ou Char Aznable, dans Gundam, provient de Charles Aznavour)) :

Tori.

:laughing:
Très fort, Jack…et tu m’en apprends de belles, Tori (Char Aznable ^^) !
Ouais pour moi, le Predator a toujours eu une tronche de crustacé pas frais avec des dreadlocks…mais quelle dégaine d’enfer ! :wink:

N°4 : NOM DE ZEUS !

Rien de tel qu’un bon casting. Quand l’alchimie fonctionne à l’écran, c’est juste magique. Dans la trilogie Retour vers le Futur, Michael J.Fox et Christopher Lloyd ont cette complicité évidente et leurs scènes et dialogues sont devenus cultissimes.
Impossible d’imaginer d’autres acteurs à leur place (en même temps vu mon avatar, je suis très partial). Mais ça a bien failli arriver.

Pour le rôle de Doc Brown, c’est l’excellent John Lithgow qui fut d’abord envisagé avant que les producteurs ne trouvent la perle rare en la personne de Christopher Lloyd.
Pour Marty McFly, Michael J.Fox fut le premier choix des auteurs. Mais le gros problème était que le comédien, qui adorait le scénario et le personnage, était à l’époque la star de la sitcom Sacrée Famille (7 saisons entre 1982 et 1989). Les dates de tournage de la série et du film allaient donc poser un gros problème.

La production se tourna alors vers son second choix, Eric Stoltz (Pulp Fiction, Killing Zoe…).

Le jeune Eric Stoltz enchaînait alors les rôles à la télévision, mais c’est surtout son interprétation dans l’un de ses premiers films sur grand écran, Mask de Peter Bogdanovitch, qui emporta l’adhésion.


Mais alors que les journées de tournage s’enchaînent, le réalisateur Robert Zemeckis et le scénariste Bob Gale se rendent compte que quelque chose ne va pas. Rien à voir avec le talent de Eric Stoltz, mais sa performance ne colle pas du tout avec le Marty McFly qu’ils avaient imaginé. Stoltz le joue de façon intense, dramatique, sans ressort comique, sans l’énergie débordante que Michael J.Fox apportera au rôle. Il manque quelque chose au duo Marty/Doc Brown.
Après 5 semaines de tournage et une quarantaine de minutes d’images jugées insatisfaisantes, le couperet tombe et Zemeckis annonce la mauvaise nouvelle à Eric Stoltz. Avec l’appui du producteur Steven Spielberg, Zemeckis et Gale retournent vers leur premier choix et arrivent cette fois à convaincre Gary David Goldberg, le responsable de la série Sacrée Famille. Les horaires de tournage de Michael J.Fox seront aménagés pour qu’il puisse travailler à la fois sur le film et sur la série, ce qui annonce pour le comédien des semaines chargées puisqu’il lui faudra d’abord retourner toutes les scènes de Eric Stoltz.

Mais le résultat en vaudra la peine. Retour vers le futur deviendra le plus gros succès de l’année 1985 et l’un de ces films qui se revoie en boucle avec le même plaisir communicatif.

Ci-dessous, un extrait des bonus de l’édition Blu-Ray de la trilogie, qui dévoile un aperçu du Marty McFly de Eric Stoltz :

La route ? Là où on va, on n’a pas besoin…de route !

N°5 : LE SILVER ROCKER & BRIGITTE NIELSEN VOIT VERT

Après le Spider-Man de la Cannon, retour sur deux projets ciné avortés estampillés Marvel Comics.

LE SILVER ROCKER

Au début des années 80, Marvel et le producteur Lee Kramer ont tenté de mettre sur pied un long métrage consacré au Surfer d’Argent. Grand fan du personnage, Kramer avait en tête un film « de la même portée que 2001 : L’Odyssée de l’espace »…mais avec une bande-son rock’n’roll ! Le producteur avait déjà en tête le thème de la Sentinelle de l’Espace, « une fanfare composée d’une centaine de guitares électriques ». Paul McCartney avait d’ailleurs été approché pour composer la musique de cet opéra rock.

On parlera même de Olivia Newton-John (Grease), à l’époque petite amie de Kramer, pour le premier rôle féminin.

Shalla-Bal is the one that I want…oh, oh, oh, honey…

Doublé par Flash « ah-ah-savior of the universe » Gordon, le projet tombera finalement à l’eau, en partie du à l’échec public et critique cinglant du précédent film musical produit par Kramer, Xanadu (déjà avec Olivia Newton-John…népotisme, quand tu nous tiens). Et pour la petite histoire, Xanadu sera adapté en BD par Marvel.

Reste ce concept-art dévoilé sur le net il y a quelques années :

BRIGITTE NIELSEN VOIT VERT

Au début des années 90, Miss Hulk, la cousine du Titan Vert, fut au centre de deux projets d’adaptation, à la télévision et au cinéma. La série télé aurait vu Bill Bixby reprendre le rôle de David Banner (après avoir expliqué qu’il avait mis en scène sa mort dans le téléfilm La Mort de L’Incroyable Hulk). Le pilote reprenait à peu près les origines comics de la belle verte (la transfusion sanguine), sauf que Jen Walters et Banner n’étaient pas cousins…et que Miss Hulk aurait pu être de couleur dorée ! Peu convaincu, le studio arrêtera vite les frais.

L’adaptation ciné avait été confiée au réalisateur/scénariste Larry Cohen, auteur de quelques sympathiques séries B comme Le Monstre est vivant, Meurtres sous contrôle et L’Ambulance. L’Ambulance marqua d’ailleurs l’une des toutes premières apparitions au cinéma de Stan Lee, dans le rôle…d’un éditeur de comics !

Pressentie pour incarner Jennifer Walters/Miss Hulk, Brigitte Nielsen posa pour une série de photos promotionnelles. L’ex-Madame Stallone, aussi sculpturale que piètre actrice, personnifia cinq ans plus tôt Red Sonja dans le chouette nanar Kalidor, la légende du Talisman, aux côtés de Arnold Schwarzenegger.

Sans qu’une raison officielle ait été communiquée, le projet fut abandonné. Miss Hulk attend donc toujours de prendre vie sur grand écran et de rejoindre le Marvel Cinématique Universe (et non, je ne compte pas les versions XXX).

Oh, le concept-art de Silver Surfer ! Ça fait rêver.

Ca m’a fait marrer perso xD

On dirait du savon.

Ou « Doc Manhattan goes in Hawaï »