SETON t.1-4 (Yoshiharu Imaizumi / Jirô Taniguchi)

La critique par Skeet est disponible sur le site!

Un message a été fusionné à un sujet existant : OBAKA-CHAN t.1-7 (Zakuri Sato)

Voici le troisième volet de la vie du naturaliste Ernest Thompson Seton.

Après deux volumes déjà passionnants, nous découvrons ici comment Seton a décidé de vivre son rêve en changeant complètement de vie.
Notre héro va se mettre en tête de trouver un cerf géant : le Sandhill Stag.
Il va aussi faire la connaissance d’un indien qui va beaucoup lui apprendre.

Ayant adoré les deux premiers tomes, j’ai logiquement adoré ce troisième volume de Seton. On rentre vraiment dans l’histoire et Seton nous donne vraiment une leçon d’humilité. Il nous prouve qu’on peut être heureux seulement grâce à ce que nous offre la nature.

Bien évidemment, tout n’est pas rose et Seton rencontrera des difficultés mais au final il en tirera toujours des leçons qui vont lui servir dans sa vie future.

Seton est une série qui fait l’apologie de la nature de manière simple mais terriblement efficace.
La finesse des dessins de Taniguchi sont parfaitement adaptés pour représenter tous les paysages et surtout les animaux.

Un véritable bonheur, à découvrir d’urgence pour ceux qui ne connaitraient pas encore !

Seton, c’est tout simple, fait parti des meilleures séries que j’ai pu lire…

Son Tome 1 est vraiment excellent (disons-le, un chef-d’oeuvre). Le tome 2 est un cran en-dessous. Le Tome 3 est entre le Tome 1 et le Tome 2 je dirais.

Franchement excellent.

Est-ce vraiment le dernier tome comme indiqué dans la fiche série? Est-ce que ça en a l’air après lecture?
Le site Kana semble indiquer que la série est encore en cours au Japon.

Chaque tome semble plus ou moins indépendant, donc difficile de répondre à cette question. Je vais me renseigner voir s’il y a un 4e tome en cours ou pas.

Sur le site de l’éditeur japonais, il n’y en a que 3 et vu que le 3ème est sorti en 2004…on peut penser que c’est bel et bien le dernier tome…quel dommage !

J’ai déniché les tomes 3 et 4. J’aime beaucoup Taniguchi, et depuis Blanco, je suis fan de ses talents de dessinateur animalier.

Pas encore lu, mais c’est vraiment très beau.

Jim

Quelqu’un saurait m’expliquer quel est l’intention éditoriale de la collection « Made In » ?

Jim

Fut un temps où le site de l’éditeur proposait le descriptif des collections mais je n’en retrouve pas la trace. Voici le description de manga news (peut-être issue de l’ancien site de Kana, ça y ressemble):

Je crois que c’est la mise en avant de mangas dont le dessin, et le sujet aussi sans doute, sortent des sentiers battus et sont susceptibles de rencontrer un lectorat un peu plus disparate, pas nécessairement uniquement amateur de manga.

Dans les faits, c’est devenu la collection qui accueille tous les auteurs qui ne sont pas japonais (tous les ouvrages venant de Chine, Taïwan ou Corée du Sud y sont regroupés) ainsi que l’œuvre de mangakas comme Taniguchi, Matsumoto (bien que Sunny n’y figure pas étrangement) ou Asano (pour sa première partie de carrière et ses œuvres courtes en dehors de ses séries Bonne nuit Pun pun et Dead Dead Demon Dedestruction) et d’autres à la marge, ainsi que quelques anthologies éparses.

Ah d’accord : au départ, la collection snob, qui s’élargit aux auteurs pas japonais pour couvrir plus large.
M’ouais m’ouais…

Merci pour ces explications, en tout cas.

Jim

Je ne dirais pas que la volonté éditoriale initiale à l’oeuvre derrière le lancement relevait d’un certain snobisme, mais procédait d’une réflexion légitime à cette époque sur la façon de publier certains mangas pour qu’ils puissent rencontrer au mieux le lectorat.

La collection a été créée il y a presque vingt ans, à une époque où le marché du manga était très différent: en recherchant des infos sur Made In, je suis tombé sur un article d’Actuabd de 2004 qui parle des premiers titres de la collection et dont le rédacteur se demandait très sérieusement pourquoi l’éditeur ne faisait pas comme Casterman qui proposait les œuvres de Taniguchi en sens de lecture occidental, parce qu’imposer un sens de lecture original qui n’est pas le sien à un public occidental n’avait pas de sens et que l’inversion des planches ne changeait rien à l’intégrité des séries sauf pour les intégristes du manga (sic). Ce qui en dit long sur plusieurs points, notamment que le travail initié par Casterman sur Taniguchi via la mise en avant spécifique de ses œuvres au travers de la collection Écritures de Frédéric Boilet (dans une logique différente de ce qui avait été fait sur les premières versions du Chien Blanco et du Trou bleu d’Hoshino par ex) a permis de toucher et sensibiliser un public plus large, lecteur de bande dessinée franco-belge en partie réticent à la lecture de mangas.

En 2004, les séries libellées seinen en étaient à leurs balbutiements, en tout cas en termes de volumes de séries publiées dans un marché dominé par les succès écrasant des shonen publiés par les gros éditeurs. Les rééditions type perfect n’existent pas et les éditeurs tentent de sortir des séries différentes sans savoir ce qui est susceptible de fonctionner, occasionnant parfois des arrêts inopinés avant la fin (Panini a longtemps eu une réputation exécrable en tant qu’éditeur en particulier pour cette raison, et ils ont opéré un redressement spectaculaire dans leur gestion éditoriale depuis quelques années). 2004, c’est l’année où Ahmed Agne avec son associée va créer sa maison d’édition Ki-oon dont la volonté est d’aller dénicher des séries seinen qui représentent tout un pan du manga encore balbutiant chez nous et dans lequel les éditeurs historiques ne s’investissent pas complètement. Le jeune éditeur y voit alors une opportunité éditoriale à saisir avec d’une part tout un pan des catalogues japonais à défricher, et d’autre part une volonté d’apporter un surcroît de professionalisation, notamment dans le soin apporté aux traductions et au suivi éditorial dans la gestion d’un catalogue manga (je schématise mais c’est ce qu’il expliquait en interview il y a quelques années). Et c’est l’exploitation du seinen par divers éditeurs qui permettra de toucher différents publics dans le lectorat manga (celui vieillissant qui a connu les premières publications dans les années 1990 entre autres) et conduira à un premier boom dans le secteur vers la fin des années 2000 si je ne me trompe pas (je résume à gros traits).

Dans ce contexte, et avant que les éditeurs historiques comme Kana ne publient massivement du seinen, il n’était pas absurde en 2004 de lancer une collection différente dans un format particulier pour y accueillir des œuvres qui sortaient visuellement du courant mainstream de ce qui était publié, aussi bien pour se détacher de la masse de nouveautés que pour attirer un public potentiel qui n’aurait pas denié ouvrir un manga classique. L’ajout au catalogue de titres d’autres pays ne se fera qu’au fur et à mesure des années, parce qu’il y a aussi le fait qu’une partie du lectorat manga classique s’intéresse difficilement à ce qui est non japonais. Et commencer la publication de Matsumoto chez Kana avec Number 5, qui représentait un tournant stylistique prononcé dans la carrière de l’auteur, investissant un univers de sf où l’influence de Moebius éclatait dans le trait et le decorum déployé (c’est un auteur qui s’est passionné pour la bd franco-belge à la faveur de voyages en France, ce qui a profondément impacté son travail), ça faisait sens de le faire dans une collection étudiée qui a proposé une édition très qualitative (cf la description dans l’article d’actuabd), bien plus que la réédition intégrale parue récemment. Inconsciemment, je pense que c’est cette édition travaillée qui a en partie piquer mon intérêt pour le travail de Matsumoto (en plus d’un article du magazine pavillon rouge publié par Delcourt à ce moment) à une époque où je n’étais pas encore sensible aux précédents travaux de l’auteur publiés chez Tonkam. J’ai beaucoup tourné autour de Number 5 quand la librairie Bulle était installée dans le vieux Mans avant de sauter le pas.

Et rétrospectivement, certains éditeurs développeront par la suite leur propre collection avec un format dédié pour mettre en valeur certains titres, dont Ki-oon pour la publication de mangas de Tsuruta par ex et plus récemment Pika avec leur collection Graphic (pour la publication de séries de Taniguchi, de rééditions comme Dragon Head ou certains travaux de Kon Satoshi).

Ah ouais, quand même !!!

À part que tout le monde est gaucher et ce genre de choses, je n’ai jamais trouvé que c’était une hérésie, personnellement. Et même aujourd’hui, alors que je lis beaucoup plus de mangas dans le sens d’origine (et même si je me plante parfois dans l’ordre de lecture, mais tellement moins qu’avant), je continue à penser que ça donne un résultat bâtard : les planches dans le sens oriental, mais les bulles dans le sens occidental, ça a quand même quelque chose de foireux.

C’est vrai que ça semble loin, mais effectivement, 2004, c’est encore très proche de la première grosse vague manga.
Et ouais, je n’avais pas tellement pris conscience à quel point le marché était alors dominé par le shonen. Ce qui peut expliquer, un peu, le regard du public et de la critique sur la production japonaise.
Intéressant.

En filigrane, ça sous-entendrait que la collection « Made In » est un peu obsolète ?

C’est moi, ça !!!

Merci pour toutes ces explications : je suis un peu paumé dans les collections (en général, je m’en fous un peu, et là aussi, mais j’aime bien savoir ce qui se cache derrière telle ou telle décision éditoriale, même si je n’en fais qu’à ma tête ensuite) et dans l’historique éditorial du manga en France (j’ai une vision assez claire des années 1990, que j’ai vécues, mais ensuite, je suis bien flou, et ce genre de commentaires me donne du contexte, ce que j’apprécie grandement).

Jim

L’inversion des planches revient à modifier leur sens au niveau du travail de découpage et de composition tel qu’il a été mené par l’auteur pour la lecture. Ça ne me paraît pas anodin, d’autant qu’il y a sans doute des cas où les retouches peuvent être plus importantes.

Balbutiement, c’est sans doute exagéré comme terme pour qualifier la situation d’alors. Le seinen était quand même présent à un certain niveau chez les éditeurs historiques même si ce n’était pas encore largement répandu comme maintenant; Monster, Planetes et 20th century boys étaient en cours de parution chez Kana et Panini si je ne me trompe pas, Tonkam publiait des titres comme Stratèges un peu avant (réédité cette année chez Dupuis-Vega), etc…

Mais ça n’était pas un enjeu économique majeur dans un marché dominé par le shonen chez les gros éditeurs historiques affiliés aux grands groupes d’édition comme Kana ou Glenat, ce qui est encore le cas aujourd’hui, mais le seinen s’est néanmoins développé avec l’apparition de nouveaux éditeurs indépendants. J’ai principalement Ki-oon en tête (arrivé en 2003 plutôt que 2004), parce que son parcours fait qu’il s’est principalement orienté sur du seinen les premières années quand l’éditeur n’avait pas accès aux catalogues des gros éditeurs japonais et devait faire ses preuves (et que le créneau du shonen était trusté par les éditeurs historiques qui avaient accès aux catalogues des plus gros éditeurs japonais). Maintenant, c’est sans doute le plus gros éditeur indépendant du marché français: ils publient également des grosses licenses shonen comme My hero academia et Jujutsu Kaisen, tout en continuant sur le seinen avec parfois des gros lancements comme Frieren (120000 exemplaires mis en place pour le 1er volume), ils font aussi de la création de titres en direct avec certains auteurs japonais, etc…

Pour un autre parcours atypique d’éditeur indépendant comme le lézard noir, on peut se référer aux entretiens de Stephane Duval qui revient sur son étonnante trajectoire (il n’est devenu éditeur à plein temps que 15 ans après ses débuts dans l’édition). L’entretien date de quelques années et son catalogue s’est encore considérablement étoffé depuis, avec le travail de fond mené sur plusieurs auteurs contemporains comme Higashimura Akiko, Nishimura Tsuchika ou Shinzo Keigo. L’éditeur a même inauguré cette année sa nouvelle collection de mangas au format classique avec deux titres.

Kana ayant développé différents formats dans ses collections classiques, comme la réédition de Monster en Deluxe et des premières publications directement issues de versions deluxe/perfect/whatever japonaises comme Yawara, Master Keaton, Levius, etc… ça pourrait laisser penser que Made In n’est plus forcément l’écrin idéal pour certains titres, même Matsumoto ayant vu sa dernière série Sunny publiée sous le label Big Kana à l’édition qualitativement identique à celle du Samouraï bambou publié sous Made In (ce que je ne m’explique pas d’ailleurs, Sunny étant un titre largement autobiographique revenant sur les années d’enfance de l’auteur lorsqu’il était placé en orphelinat par sa mère).

Mais Made In a encore sa pertinence pour accueillir des auteurs d’autres contrées ou mettre en avant des mangakas au travail plus en marge par rapport aux collections courantes de l’éditeur, comme c’est le cas par ex de Kouno Fumiyo qui fait son retour dans le catalogue de l’éditeur avec deux nouvelles éditions à la fin de ce mois.

Globalement, le nouveau boom survenu dans le marché du manga ces deux-trois dernières années a vu l’émergence de nouveaux éditeurs et une recrudescence rapide des formats agrandis et collections plus onéreuses: Mangetsu avec sa collection unifiée cartonnée dédiée au travail d’Ito Junji, Panini et Glenat avec leur gamme de rééditions perfect (Eden, 20th century boys, Banana Fish, Evangelion, Sanctuary et bientôt Mars), Revival qui se positionne sur le créneau du patrimoine en édition grand format cartonné dans le sillage de Cornelius et Isan, Akata qui a inauguré sa collection Héritages avec le classique shojo très attendu depuis des années d’Hagio Moto (Le clan des Poe), Pika avec la mise sur pied de sa collection Graphic qui commence a être bien garnie avec Hoshino, Taniguchi et d’autres et de sa collection masterpiece pour la publication de Racaille blues, Delcourt qui veut augmenter la rentabilité du nouveau titre d’un auteur au succès confidentiel en sortant une édition onéreuse à 20 euros pièce pour des volumes à pagination standard, etc…

Dans ce contexte, la collection Made In de Kana a encore sa raison d’être pour peu qu’elle soit pourvue en nouveaux titres adaptés aux objectifs de la collection; ce qui est encore le cas pour l’instant contrairement à la collection Sensei dédiée au patrimoine de l’éditeur qui vivote avec de rares actualités (l’anthologie Lupin III dernièrement, pas sûr qu’il y ait eu du nouveau depuis).

J’ai suivi l’évolution en fonction de mes intérêts et revenus, mais j’ai quand même raté des choses: je regrette de ne pas avoir suivi le label Sakka lors des années qui ont suivi sa création où un certain nombre d’auteurs et d’autrices publiés alors m’auraient intéressés avec quelques one-shots et séries courtes (comme celles d’Higarashi Daisuke).

Ça, c’est un truc que j’ai du mal à comprendre. Le sens de lecture et la composition, c’est lié. Si tu passes d’un sens qui te guide de haut / droite à bas / gauche, à un sens qui te guide de haut / gauche à bas / droite, et que le boulot est bien fait par les auteurs, y a rien à modifier. La difficulté se situe dans la perception du lecteur (genre moi dont l’œil suit constamment une diagonale apprise dans l’enfance, et qu’il faut que je force à suivre une autre diagonale).

Peut-être, mais sans doute pas faux : la vague à laquelle, par exemple, appartiennent les titres publiés par Manga Player ou J’Ai Lu, c’est la deuxième moitié des années 1990, peu ou prou. Quand on connaît l’inertie du monde de l’édition (entre le moment où l’on monte une collection avec son identité éditoriale et sa charte graphique et celui où l’on peut faire un bilan d’exploitation, il peut se passer des mois, voire des années), on se rend compte que 2004, ça reste quand même très proche. Il s’est passé plus de temps entre la création de la collection « Made In » et aujourd’hui qu’entre l’arrivée des mangas en France et la création de la collection.

Voilà.
Et on peut facilement imaginer qu’une partie des lecteurs voire une frange de la critique (qui à l’époque s’exprimait surtout par écrit, l’internet n’était pas aussi développé et les communautés de fans sans doute moins sonores) ait pu généraliser une opinion en fonction de ce prisme : leur appréhension du shonen est devenue leur appréhension des mangas dans leur ensemble (et pour peu qu’elle soit négative…).
Je vais peut-être trop vite aux conclusions, mais j’ai l’impression que c’est dans la période que tu décris, celle de l’arrivée récurrente du seinen, et notamment celle de l’installation de Taniguchi dans le paysage, que la perception générale a connu une évolution méliorative. Sur le ton « ah bah ouais, mais c’est pas comme les autres mangas, quoi… ».

Tiens, j’ai un tee-shirt à l’effigie de cette série. Que je n’ai jamais lu. J’aurai l’air malin quand on me posera des questions dessus !

Ah punaise !

Intéressant.

Tu l’associes à la crise sanitaire ?

D’ailleurs, tiens : j’ai entendu à la radio quelques billets sur le tassement des ventes de mangas. Bien sûr, comme c’est un gros pan du monde de l’édition, ça donne une tonalité inquiète, mais tu en penses quoi ? Ce ne serait pas un tassement conjoncturel, logique et finalement passager ?

Qui n’est pas sans charme. Moi-même, je suis assez client des rééditions en plus grand, d’une part parce que certains dessinateurs et certains styles y gagnent, d’autre part parce que, esthétiquement, c’est chouette (les Lone Wolf and Cub, ils sont classe !!!). Et puis la reprise en intégrale finit de fournir au larron que je suis une belle occasion, au lieu de courir les librairies et les bouquineries. Et j’imagine que je ne suis pas le seul.

Et qui ne sont plus commercialisés, c’est ça ?

Jim

Je me base sur le travail de défrichage et d’analyse de Xavier Guilbert (commissaire d’exposition manga à Angoulême, contributeur au magazine Atom Manga, créateur du site du9 qui analyse les tendances en bande dessinée depuis de nombreuses années sans se contenter de données chiffrées prises à l’instant T) et sur ce Billet qui date de l’été 2022 (étant à l’étranger sans accès à google ni twitter, je ne peux pas accéder à ses analyses plus récentes qu’il fait sur twitter).

C’est donc un peu « vieux » et ne traite pas encore de la baisse des ventes observées en 2023 mais il y a plusieurs points pertinents toujours valables à mon sens pour l’analyse du marché manga:

  • le premier, c’est que le marché manga était en croissance constante en termes de ventes depuis déjà plusieurs années avant la pandémie
  • le deuxième, c’est que 2021 et 2022 (année pour laquelle au final le manga a encore connue une année faste et que le marché de la bd en général s’est quasiment maintenu au niveau de 2021, à reconfirmer avec les données chiffrées de Gfk) sont des pics records jamais vus auparavant sur le marché du manga en termes de ventes
  • ces records sont exceptionnels et impliquent implicitement que le marché devait fléchir et baisser pour revenir à une situation « normale » (ce qui était laissé en suspens à la fin de l’article puisqu’on y était pas encore à ce moment), le tout étant de déterminer à quoi ça correspond (sur quels critères de comparaisons et sur quelles années peut-on raisonnablement se baser pour cette analyse?)

Je reviens au plus fort de 2021 avec cet article de Jérôme Lachasse, qui prenait le poul directement auprès de plusieurs éditeurs sur les ventes records de cette année et essayait d’apporter des éléments de réponse pour expliquer cet emballement. Plusieurs éléments intéressants également :

  • si les ventes les plus spectaculaires concernent évidemment le shonen (aussi bien pour les nouveautés que pour des titres de fond de catalogue), tous les secteurs du manga et de nombreux éditeurs (que ce soit les gros où des indépendants comme Akata, Le lézard noir et des nouveaux comme Mangetsu) ont bénéficié de la dynamique à différents niveaux
  • il y a un renouvellement du lectorat et une segmentation qui bénéficie aux différents types de mangas (dans des proportions différentes évidemment, les jeunes lecteurs recrutés massivement via le shonen ne vont sans doute pas se plonger de la même façon sur d’autres segments dans l’immédiat); on voit que les éditeurs sont confiants dans le fait qu’il va rester captif et sans doute être amené à diversifier ses lectures, ce qui s’était déjà produit par le passé pour le développement du seinen, et à la différence que le marché est maintenant bien plus dynamique et diversifié dans ce qu’il propose que dans les années 2000 (plus d’éditeurs positionnés sur différents créneaux, des formats plus nombreux en conséquence, des politiques de rééditions porteuses en nombre, etc…)
  • ce qui m’avait étonné la première fois que j’ai vu certains de ces chiffres, c’est les excellentes performances des rééditions type perfect comme 20th century boys (dont c’est quand même la 2ème réédition en grand format), la réédition de Banana Fish qui vend plus que celle d’Eden (qui a certainement bénéficié de l’adaptation animée dispo sur netflix mais on parle d’un shojo qui revient de très loin dans le fond du catalogue Panini)
  • et puis il y a des résultats intéressants, sur du patrimoine inédit chez des tous petits éditeurs comme Naban qui avait écoulé rapidement le 1er tirage de 4000 exemplaires puis relancé une réimpression du shojo de sf des années 70 Destination Terra de Takemiya Keiko ou encore des phénomènes de ventes comme La cantine de minuit au Lézard noir (qui a également bénéficié d’une adaptation en série sur Netflix), dont je ne me souviens plus du chiffre exact mais de mémoire ça dépasse largement les 100000 exemplaires écoulés pour l’ensemble des volumes dont le prix unitaire est de 18euros (et le dessin du manga est très atypique)

Même si le marché subit une décrue importante cette année, l’intérêt porté à l’ensemble des segments du manga par un lectorat qui se renouvelle et se repartit en différentes tranches d’âge me semble très positif. Et dans l’attente de voir si Xavier Guilbert a fait une analyse des résultats du premier semestre 2023, on peut néanmoins voir les chiffres de GFK, et un point m’interpelle : si par rapport au premier trimestre 2022, les ventes de bd sont en baisse, il est précisé néanmoins que les performances restent plus que doubles par rapport aux références de 2019. Quelle est la part dédié au manga? Et si la baisse importante du segment bd est due en grande partie à la baisse des ventes de manga (qui était le segment qui a fait des ventes record les deux années précédentes), avoir un fléchissement et un retour à un niveau stabilisé qui serait bien au-dessus de celui de 2019 serait a priori positif dans une perspective globale (pour un segment manga qui était déjà en augmentation constante depuis plusieurs années). ça nécessite une analyse plus poussée mais se baser uniquement sur la baisse importante par rapport à deux années hors normes n’est clairement pas suffisant pour en tirer une conclusion pessimiste, à confirmer/infirmer avec plus d’éléments d’ici la fin du mois.

Tant que le rapport qualité/prix est là, ça me va aussi. Je ne fais pas les Lone wolf and cub parce que je n’ai pas la place actuellement malheureusement, mais des rééditions type Eden, Planetes et bientôt Mars et L’habitant de l’infini avec des paginations doubles sans que le format soit trop démesuré sont les bienvenues, c’est clair.

Oui, sans doute en grande partie hormis quelques exceptions; Sakka n’est plus l’éditeur qu’il était dans ces années là (ligne éditoriale différente et volume de sorties moindre j’ai l’impression). Et je découvre qu’ils ont publié des auteurs à ce moment là qui reviennent chez d’autres éditeurs actuellement avec d’autres titres, ce qui me pousserait naturellement à m’intéresser aux anciens pour peu qu’on puisse les trouver.

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Oui, tu dis ça mieux que moi et avec plus de détails, mais en gros, pas d’inquiétude à avoir.

Moi, j’ai des morceaux en comics version First, d’autres en comics version Dark Horse, et sans doute des morceaux en français, donc j’ai repris. En plus, les ruptures de stock des premiers numéros m’a incité à continuer. Ça effraie le malade atteint de collectionnite en moi !

Oh, j’avais commencé, je vais peut-être m’évertuer à trouver les tomes qui me manquent ! J’ai le premier tiers. Ah, quel dilemme.

Merci pour toutes ces précisions.

Bon, en attendant, j’ai attaqué mon tome 3 de Seton (parfaitement accessible pour qui, comme moi, n’a pas lu les deux précédents) et c’est vachement bien.

Jim

Pas de regret à avoir, ça va devenir une édition de référence, notamment parce que Panini utilise le matériel de planches qu’ils scannent à partir de volumes et nettoient eux-mêmes. Sans compter que qualitativement, c’est du très bon boulot à tout niveau cette édition, rien à redire.

J’ai laissé passer pas mal de Taniguchi, dont Seton qui fait partie des titres que je rattraperais bien.

L’habitant de l’infini, je n’ai que les deux premiers volumes, pris quand j’étais étudiant. Pas continué sur le moment à cause de la longueur de la série et de l’investissement que ça représentait. Mais avec une édition double, c’est le moment de s’y remettre.

Le truc étonnant, c’est que je commence par le tome 3, et j’ai l’impression que ça pourrait être un tome 1, quoi : totalement « reader friendly ».

Jim