Discutez de Sha
Les liens entre le scénariste Pat Mills, l’irrévérencieux co-créateur de Marshal Law, et du marché franco-belge sont étroits, l’auteur ayant signé quelques récits dans la langue de Molière.
C’est le cas de Sha, un triptyque publié par Soleil entre 1996 et 1998, une intégrale voyant le jour l’année suivante. L’ensemble est peint par Olivier Ledroit, dont on ne présente plus le travail à la forte personnalité, même si parfois sa narration est un peu épileptique.
L’action de Sha se situe dans un de ces « futurs qui déchantent », fait de voitures volantes et de pollution, de vie urbaine et de contrôle policier, bref, un monde à la Blade Runner, en pire. L’héroïne centrale est la réincarnation d’une sorcière morte sur le bûcher et bien décidée à se venger, non seulement de la descendance de ses bourreaux mais aussi d’un ordre social oppresseur.
On retrouve l’insolence du scénariste, qui voue une haine farouche à toute forme d’autorité, celle de la religion au premier chef. Les trois albums constituent une charge échevelée contre le pouvoir, religieux, économique, politique, militaire, fourrant tout cela dans un même sac. L’écriture est nerveuse, presque hystérique, disons punk, preuve que l’auteur n’a pas perdu de sa verve.
Un poil plus de lisibilité et de soin accordé à l’ordre de lecture aurait été le bienvenu, mais il est très agréable de voir Ledroit, débarrassé des fariboles juvéniles de Froideval, se mettre au service d’un récit qui, sans être original, jouit d’une énergie communicative.
Jim