SOLDIER (Paul W.S. Anderson)

Science-fiction/action
Long métrage américain
Réalisé par Paul W.S. Anderson
Scénarisé par David Webb Peoples
Avec Kurt Russell, Connie Nielsen, Jason Scott Lee, Jason Isaacs, Sean Pertwee, Gary Busey, Michael Chiklis…
Année de production : 1998

Soldier est sorti en 1998 mais sa genèse remonte à 1982. Son scénariste, David Webb Peoples, était l’un des auteurs de Blade Runner et il a imaginé son histoire à partir d’une idée non retenue pour le long métrage de Ridley Scott, une scène qui montrait des réplicants abandonnés et laissés pour morts sur une colonie spatiale éloignée. Dans la version finale, le personnage principal est le sergent Todd, une machine de guerre dénuée de sentiments, endoctrinée dès son plus jeune âge pour devenir le militaire parfait, jusqu’au jour où il est déclaré obsolète face à l’arrivée d’une nouvelle génération de soldats biogénétiques.

David Webb Peoples a écrit Soldier en 1983, un scénario qui avait intéressé Ted Kotcheff et Sylvester Stallone (c’était juste après le premier Rambo) et même Clint Eastwood avant que ces noms quittent le projet. Soldier est alors entré dans les limbes du development hell et il en est ressorti une dizaine d’années plus tard grâce à Paul W.S. Anderson, qui venait de réaliser son deuxième long métrage, Mortal Kombat. Avec Kurt Russell en tête d’affiche, la production était lancée…mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu…

L’acteur a en effet insisté pour avoir plus de temps pour obtenir la masse musculaire nécessaire pour le rôle. Le tournage a donc été repoussé de plusieurs mois, ce qui a permis à Paul W.S. Anderson de tourner entretemps ce qui reste son meilleur film, Event Horizon - Le Vaisseau de l’Au-delà. Une fois de retour sur Soldier, les équipes ont découvert qu’un ouragan avait ravagé les décors naturels sélectionnés. La solution de repli a donc été de tout relocaliser en studio après quelques réécritures, changeant complètement l’aspect visuel initialement voulu.

Paul W.S. Anderson et David Webb Peoples avaient envisagé un western spatial, à la L’Homme des Vallées Perdues (une référence qui demeure dans le résultat final, par la relation entre le soldat et l’enfant), mais les limitations des décors intérieurs donnent une atmosphère presque « claustrophobique », celle de cette communauté oubliée de tous et établie sur une planète poubelle. Rejeté par le système qui a fait de lui ce qu’il est (dans une scène d’introduction qui donne toutes les informations de manière rapide et dynamique), Todd va devoir réapprendre à se sociabiliser…

Les articles de l’époque ont souvent insisté sur le fait que le personnage joué par Kurt Russell est un homme de peu de mots (c’est le cas de le dire) et c’est un aspect important car tout passe par les regards et le langage corporel d’un homme qui n’a jamais eu l’habitude d’être aussi proche avec les gens (dont la belle Connie Nielsen). Ce développement est parfois un peu survolé (il y a même un montage musical caractéristique qui me fait dire que le studio a demandé à ce que le film ne dépasse pas les 90 minutes) mais l’acteur est convaincant en monolithe qui laisse son armure se fissurer au fur et à mesure.

Les adversaires de Todd sont certes caricaturaux mais Jason Isaacs et Gary Busey livrent des performances solides et Jason Scott Lee assure la présence physique du climax musclé du percutant et explosif dernier acte. David Webb Peoples a pensé Soldier comme une déclinaison de Blade Runner…pour lui les deux films prennent place dans le même univers : même si c’est difficile à voir, des véhicules du classique de 1982 se cachent dans les ruines de la planète poubelle et Todd a participé à des batailles dans des lieux bien connus des Réplicants, l’Epaule d’Orion et la Porte de Tannhaüser.

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