REALISATEUR
David Carson
SCENARISTES
Ronald D. Moore et Brannon Braga, d’après une histoire de Rick Berman, Ronald D. Moore et Brannon Braga
DISTRIBUTION
Patrick Stewart, Brent Spiner, Jonathan Frakes, Marina Sirtis, Michael Dorn, LeVar Burton, Gates McFadden, Malcolm McDowell, William Shatner, Whoopi Goldberg, James Doohan, Walter Koenig…
INFOS
Long métrage américain
Genre : science-fiction
Année de production : 1994
L’année 1991 a marqué le 25ème anniversaire de Star Trek. Ce fut également l’année de la disparition du créateur de cet univers, Gene Roddenberry, décédé quelques jours seulement après avoir vu Star Trek VI : Terre Inconnue. La santé déclinante de Gene Roddenberry l’avait progressivement écarté de ses responsabilités sur la nouvelle série Star Trek : The Next Generation lancée en 1987 et c’est Rick Berman qui a ensuite chapeauté le développement de Star Trek sur le petit écran, en co-créant Star Trek : Deep Space Nine en 1993, Star Trek : Voyager en 1995 et Star Trek : Enterprise en 2001. Berman a également été le principal producteur des quatre longs métrages consacrés à la suite des aventures de l’équipage de La Nouvelle Génération, de Star Trek : Generations en 1994 à Star Trek : Nemesis en 2002.
Après Star Trek VI, la Paramount a donc décidé qu’il était temps pour les personnages de Star Trek : La Nouvelle Génération de faire le saut sur grand écran. Rick Berman et ses collaborateurs Ronald D. Moore et Brannon Braga ont commencé le travail sur le scénario pendant la production de la sixième et avant-dernière saison de TNG et le tournage du long métrage a débuté juste quelques jours après la fin de celui du tout dernier épisode en deux parties de la série, Toutes les choses….
Comme son titre l’indique, Star Trek : Generations a été conçu dès le début comme un « passage de flambeau » entre l’équipage de James T. Kirk et celui de Jean-Luc Picard. La Paramount voulait que la distribution de la série classique apparaisse dans un prologue permettant d’établir l’événement qui amènerait le retour de Kirk dans le dernier acte, alors que huit décennies sépare les deux périodes. Au final, Kirk est simplement entouré de Pavel Chekov et Montgomery Scott dans ces premières minutes. Leonard Nimoy avait quelques soucis avec le script et pour lui, les quelques répliques de Spock auraient très bien être attribuées à un autre acteur sans que personne ne fasse la différence. Elles ont donc été données à Scotty, ce qui montre qu’il n’avait pas tort (tout en causant un petit problème de continuité avec l’apparition de Scotty dans un épisode de TNG…mais j’y reviendrais à l’occasion d’une autre chronique). DeForest Kelley n’était pas le seul acteur à penser que le précédent film représentait un adieu approprié pour les personnages qu’ils incarnaient depuis 25 ans, et comme sa santé fragile ne lui permettait pas de revenir (il fut le premier à rejoindre les étoiles, en 1999), ses lignes de dialogues ont été données, avec quelques modifications, à Chekov.
Je le trouve d’ailleurs assez réussi, ce prologue. Maintenant à la retraite, les officiers Kirk, Scott et Chekov sont invités pour le vol inaugural de l’Enterprise NCC-1701-B. Une sortie officielle qui ne va pas se passer comme prévu puisque le nouvel Enterprise commandé par un capitaine inexpérimenté reçoit un appel de détresse de deux vaisseaux El-Auriens pris au piège d’un mystérieux ruban d’énergie. Star Trek VI a démontré que le monde était en train de changer…dans Generations, Kirk se débat encore avec les conséquences de ces changements, avec le fait qu’il a perdu son but et qu’il ne peut plus faire une différence dans le futur de la galaxie. Mais ce n’est pas dans la nature de James T. Kirk d’être sur le banc de touche (ce qui donne lieu à une intéressante dynamique entre la légende vivante et le jeune capitaine). Hélas, l’opération de sauvetage tourne mal : seules 47 personnes sont sauvées (dont Soran, un scientifique incarné par le prolifique Malcolm McDowell et une certaine Guinan, jouée par Whoopi Goldberg, qui deviendra la barmaid de l’Enterprise-D, les El-Auriens étant dotés d’une longue espérance de vie).
L’Enterprise-B parvient difficilement à échapper à l’attraction du ruban…mais sans le capitaine Kirk, porté disparu et donc considéré comme mort au combat…
La suite est moins convaincante. Star Trek : Generations a beaucoup de mal à ne pas ressembler à autre chose qu’un long épisode de luxe de la série télévisée. Le réalisateur choisi, David Carson, est d’ailleurs un téléaste accompli qui faisait là ses débuts sur grand écran. Carson connaissait bien la franchise Star Trek puisqu’il avait réalisé plusieurs épisodes de La Nouvelle Génération et de Deep Space Nine, une expérience qui a compté dans le choix du studio qui souhaitait un tournage rapide et sans dépassement de budget (ce qui fut le cas). Malgré des passages un peu trop statiques, le metteur en scène britannique a globalement fait du bon travail (il y a quelques plans visuellement accrocheurs, comme celui de la photo ci-dessus; des scènes de bataille et de destructions peu nombreuses mais plutôt efficaces et l’atmosphère dans la dimension du Nexus)…tout en reconnaissant qu’on est tout de même très, très loin de l’ampleur et de l’intensité du film suivant, Star Trek : Premier Contact…
Qu’est ce que le Nexus ? Une autre dimension dont le ruban énergétique apparu 78 ans plus tôt constitue l’entrée. Un monde hors du temps, où tout ceux qui y pénètrent se voient offrir une existence non-linéaire et utopique. Fascinant, comme dirait Spock…
Soran était un homme bon, qui a perdu sa famille après l’attaque des Borgs. Son bref contact avec le Nexus lui a donné un aperçu de son propre paradis. Et il est prêt à tout pour y retourner, jusqu’à détruire un soleil pour infléchir la course du Nexus. Bon, je ne détaillerais pas le plan de Soran pour parvenir à ses fins, car cette partie est joliment décousue. Le récit se perd aussi dans des sous-intrigues qui n’apportent rien à l’ensemble, comme l’exploration des émotions humaines par Data (qui est souvent ennuyeux)…
Le film ronronne gentiment pendant son deuxième tiers, avant de rebondir lors de la rencontre attendue entre les deux capitaines. Jean-Luc Picard retrouve Kirk dans le Nexus et compte-tenu de la nature même de cette dimension, l’ancien capitaine de l’Enterprise est piégé dans une absence de temps. Mais là où le temps n’existe plus, il n’y a plus de sensation de danger. Perdu dans un fantasme, Kirk se rend compte que le Nexus n’a rien à lui offrir et que sa raison d’être a toujours été de faire une différence, d’être le héros…ce qu’il sera, une toute dernière fois…
La première aventure cinématographique de l’équipe de Star Trek : The Next Generation reste donc une expérience mitigée, sympathique (parce qu’il y a pas mal de scènes qui me plaisent) et frustrante à la fois (parce que le tout est moins que la somme de ses parties) . Jonathan Frakes, alias Will Riker, a ensuite relevé le niveau avec son très réussi Star Trek : Premier Contact sorti en 1996.