STAR TREK V : L'ULTIME FRONTIÈRE (William Shatner)

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REALISATEUR

William Shatner

SCENARISTE

David Loughery, d’après une histoire de William Shatner et Harve Bennett et des personnages créés par Gene Roddenberry

DISTRIBUTION

William Shatner, Leonard Nimoy, DeForest Kelley, James Doohan, Nichelle Nichols, Walter Koenig, George Takei, Laurence Luckinbill, David Warner…

INFOS

Long métrage américain
Genre : science-fiction
Titre original : Star Trek V: The Final Frontier
Année de production : 1989

Pour l’écrivain et scénariste Harlan Ellison (Dangereuses Visions), Gene Roddenberry, le créateur de Star Trek, était, et je cite , « incapable d’aligner deux lignes correctes. La seule idée qu’il ait jamais eue et qu’il a voulu réutiliser à plusieurs reprises, c’est : L’Enterprise s’enfonce dans les profondeurs de l’espace, rencontre Dieu et Dieu se révèle être un fou, un enfant ou les deux ». J’ajoute qu’entre l’auteur et Roddenberry, ça n’a jamais été le grand amour et ce depuis les réécritures imposées à Contretemps/The City on the Edge of Forever (S1 E28), qui est toujours considéré par les fans de Star Trek comme l’un des meilleurs épisodes de la série classique.

Cette idée de « L’Enterprise rencontre Dieu » est en effet revenue sur le tapis pendant le long développement qui a mené au premier long métrage Star Trek en 1979. La Paramount l’a rejeté à l’époque, avant de la reconsidérer, mais avec tout de même quelques hésitations, la décennie suivante pour Star Trek V. Ce qui n’a pas été du goût de Gene Roddenberry qui a désapprouvé le script de William Shatner et sa représentation du « Tout-Puissant »…

William Shatner a accepté de participer à Star Trek IV : Retour sur Terre contre une augmentation de salaire et la promesse de réaliser l’épisode suivant en cas de succès. L’acteur commença même à travailler sur l’histoire pendant le tournage du numéro 4 avant d’avoir officiellement le feu vert (ce qui n’a pas tardé, vu que Star Trek IV est devenu l’un des plus gros succès de la saga). Shatner était en ce temps-là aussi fasciné qu’horrifié par le phénomène des télé-évangélistes, ces personnalités dont la parole est si forte qu’ils arrivent à convaincre leurs ouailles crédules que Dieu parle directement à travers eux et à s’enrichir par ce qui n’est au final que des faux messages. Le vulcain Sybok (qui partage un lien avec Spock) est donc inspiré par ces télé-évangélistes et par son aura et son pouvoir de persuasion, il parvient à rassembler une armée de fidèles et à mettre en branle un plan pour atteindre la planète Sha-ka-ree, située au centre de l’Univers, pour y trouver Dieu…mais pour cela, il lui faut un vaisseau…

Plusieurs éléments conservés dans le résultat final étaient déjà présents dans les premiers traitements de William Shatner, comme par exemple la permission au parc national de Yosemite (qui permet d’apprécier une nouvelle fois les liens d’amitié qui unissent Kirk, Spock et McCoy et leurs croustillants échanges) et l’enlèvement des représentants humain, klingon et romulien sur la soi-disant « Planète de la Paix Galactique », véritable paradis perdu qui permis à Shatner, cavalier émérite, de se faire plaisir et d’inclure des scènes d’action avec des chevaux. Mais vu la nature du sujet, la Paramount a exigé de retravailler le récit qui s’éloignait un peu trop de ce qui avait fonctionné dans les films précédents en s’avançant sur un terrain potentiellement sujet à controverse.

William Shatner est donc allé voir Harve Bennett, qui voulait en ce temps-là s’éloigner de Star Trek après la fatigue d’avoir produit et co-écrit trois longs métrages d’affilée. Bennett a tout de même accepté de procéder aux ajustements nécessaires avant que David Loughery ne mette en forme le scénario définitif. Cette expérience ne fut pas de tout repos, Shatner et Benett s’étant opposés sur de nombreux points pendant une production qui n’a pas manqué de problèmes, entre une grève des scénaristes qui en freiné le développement et des réductions de budgets qui ont rejailli sur la qualité des effets spéciaux à un point qu’il a fallu couper des scènes entières (comme le final dantesque prévu à l’origine par Shatner). Mais malgré ces soucis, Shatner ne s’est paraît-il jamais laissé déborder par la pression afin de maintenir une bonne ambiance sur le tournage. George Takei, alias Sulu, en a été impressionné, alors qu’il était au départ réticent à l’idée de tourner sous la direction d’un homme avec qui il ne s’est jamais entendu…

Star Trek V : L’Ultime Frontière est donc un long métrage partagé entre la vision de deux hommes, entre les thèmes de l’exploration de l’existence et de l’hypocrisie religieuse et l’action portée par les personnages (avec une pointe d’humour principalement dans le premier quart d’heure, mais aussi par l’intermédiaire de ce bon vieux Scotty). L’ensemble ne fonctionne pas complètement, mais il est loin d’être pour moi d’être un mauvais film, ce qui est l’opinion générale (et au moins, je ne me suis jamais ennuyé en le revoyant). Le personnage de Sybok présente des aspects intéressants et il est au coeur d’une scène qui est pour moi l’une des plus intenses de toute la série…

Pour recruter ses fidèles, Sybok (incarné par Laurence Luckinbill…à noter que la Paramount aurait aimé confier le rôle à Sean Connery) les confronte par le biais de ses pouvoirs télépathiques à leurs plus grandes douleurs afin qu’ils les affrontent pour aboutir à ce qui peut être une véritable épiphanie pour le sujet sondé. Sybok tente de rallier à sa cause le docteur McCoy en lui faisant revivre la mort de son père et Spock en le ramenant au jour de sa naissance et aux premiers mots terribles de son père Sarek. Kirk refuse car ses douleurs font partie de lui et il en a besoin pour avancer. Ces quelques minutes sont puissantes, bien jouées, bien réalisées, émotionnellement éprouvantes pour les trois héros. Sybok ne se présente pas comme un méchant (et il n’en est pas vraiment un), mais les méthodes qu’il utilise ici appuient sur un côté sombre qu’il n’hésite pas à mettre en avant pour accompli sa quête…et l’amitié de Kirk, Spock et McCoy est trop forte pour lui…il est donc dommage que le final ne soit pas à la hauteur de ce très beau moment…

Star Trek IV : Retour sur Terre a amené la série aux sommets du box-office U.S. Et selon le producteur Ralph Winter, Star Trek V : L’Ultime Frontière, après son échec critique et financier, a failli « tuer la franchise ». Pour la relancer, une préquelle remontant aux premières années de Kirk & Cie à l’Académie de Starfleet fut même un temps envisagée. Mais la Paramount a tout de même voulu un dernier film avec la distribution originale, afin de le sortir en 1991 à temps pour fêter le 25ème anniversaire de Star Trek

À suivre…

Star Trek V : L’Ultime Frontière a été adapté en comic-book par DC Comics, sous la forme d’un numéro spécial écrit par Peter David et dessiné par James W. Fry.

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encore une fois top Doc

Merci. Content que ce cycle plaise…d’ailleurs, je crois bien que cette fin d’année sera très « Star Trek » puisque j’ai aussi envie de revoir une sélection d’épisodes tirés des différentes séries et donc d’écrire quelques billets par la même occasion…

Très bonne idée !
La lecture des rétrospectives des différentes séries Star Trek sur ce site m’a également donné envie de revoir une pelletée d’épisodes.

Matt Ferguson :

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Colin Murdoch :