REALISATEUR
Nicholas Meyer
SCENARISTES
Nicholas Meyer et Denny Martin Flinn, d’après une histoire de Leonard Nimoy, Lawrence Konner et Mark Rosenthal et les personnages créés par Gene Roddenberry
DISTRIBUTION
William Shatner, Leonard Nimoy, DeForest Kelley, James Doohan, Nichelle Nichols, Walter Koenig, George Takei, Christopher Plummer, Kim Cattrall, David Warner…
INFOS
Long métrage américain
Genre : science-fiction
Titre original : Star Trek VI: The Undiscovered Country
Année de production : 1991
Qui voudrait porter ces fardeaux, grogner et suer sous une vie accablante, si la crainte de quelque chose après la mort, de cette région inexplorée, d’où nul voyageur ne revient, ne troublait la volonté, et ne nous faisait supporter les maux que nous avons par peur de nous lancer dans ceux que nous ne connaissons pas? (Hamlet, Acte III, Scène I).
L’échec de Star Trek v : L’Ultime Frontière a laissé planer des doutes sur la meilleure façon de continuer la saga au cinéma. Il n’était alors pas encore temps pour l’équipe de Star Trek : La Nouvelle Génération de faire le saut sur grand écran (au moment de la sortie du volet dirigé par William Shatner, la série menée par Patrick Stewart était en pleine diffusion de sa troisième saison) et le producteur et scénariste Harve Bennett s’est dit qu’il était temps de revisiter une idée que Ralph Winter, l’autre producteur associé à cette première phase des films Star Trek, avait eu lors de la phase de développement du numéro 4 (au cas où William Shatner n’aurait pas accepté de reprendre le rôle du capitaine Kirk) : une préquelle qui ramènerait le spectateur à la rencontre de Kirk, Spock et des autres futurs membres de l’équipage de l’Enterprise à l’Académie de Starfleet, présenté comme une sorte de « Top Gun de l’espace ».
Le développement fut assez avancé pour pour produire un premier jet du scénario ainsi que des dessins conceptuels, mais face aux réactions négatives de la distribution, des fans et de Gene Roddenberry, la Paramount décida d’abandonner ce projet en particulier. Après quatre films d’affilée, Harve Bennett décida alors qu’il était temps pour lui de quitter la franchise. Pendant cette période, Walter « Chekov » Koenig a même proposé un pitch aux accents très « Aliens », mais ce n’était évidemment pas ce que voulait le big boss du studio qui a finalement demandé à Leonard Nimoy de trouver l’intrigue parfaite pour ce qui deviendrait le « chant du cygne » de l’équipage classique de l’Enterprise. La date de sortie était déjà officialisée, l’année 1991 marquant le 25ème anniversaire de Star Trek.
Après avoir joué avec la possibilité d’organiser une rencontre entre Kirk et le capitaine Picard (une situation qui servira de base au long métrage suivant, Star Trek Generations), Leonard Nimoy a rencontré Nicholas Meyer, réalisateur et co-scénariste de Star Trek II : La Colère de Khan et co-scénariste de Star Trek IV : Retour sur Terre (bref, le responsable de mes Star Trek préférés, ceux avec un chiffre pair). Meyer n’avait au départ pas d’idées pour le numéro 6…jusqu’à ce que Nimoy lui dise « et si le Mur de Berlin était tombé dans l’espace ? ». Les Klingons et la Fédération des Planètes Unies ayant toujours été au centre d’une allégorie de la Guerre Froide, ce parallèle avec le climat politique de l’époque allait nourrir le récit.
L’action de Star Trek VI se déroule environ 6 ans après les événements du film précédent. L’heure de la retraite approche, mais pas pour tous nos héros puisque Hikaru Sulu a, après toutes ces années, gravi les échelons pour devenir le capitaine de l’Excelsior. Lors d’une de ses missions, l’Excelsior assiste à l’explosion de Praxis, une lune minière qui était un véritable centre stratégique de l’Empire Klingon qui s’en retrouve affaibli. Les Klingons ne peuvent alors plus se permettre une guerre qui dure depuis près de 70 ans et le chancelier Gorkon (nom formé à partir de Gorbatchev et Lincoln) entame alors les premières discussions pour un processus de paix avec la Fédération.
Sur la recommandation de Spock, l’Enterprise est désignée pour escorter le vaisseau de Gorkon jusqu’à la planète où l’accord de paix doit être signé. Dans un premier temps, on ne peut pas dire que Kirk accueille la nouvelle avec enthousiasme, ce qui est compréhensible. Cela donne notamment lieu à un échange intéressant où Kirk lâche un « laissez-les mourir » à propos du sort des Klingons. Réaction tout ce qu’il y a de plus humaine (il dit à un moment qu’il n’a jamais pardonné aux Klingons la mort de son fils, faisant alors rejaillir sur tout un peuple les actes de quelques-uns)…qui n’a pas été bien accueillie par tous les fans (mais pas que) qui s’attendait à mieux de la part de Kirk. Ce qui n’est pas faux, mais j’apprécie l’intensité de cette discussion entre les deux amis (et il faut rappeler que Shatner a immédiatement suivi cette réplique par un geste de regret, qui a été coupé au montage par Nicholas Meyer).
Après un repas tendu entre les délégations, qui illustre bien le fait qu’il sera difficile de faire évoluer les mentalités, le vaisseau amiral de Gorkon est touché par des torpilles apparemment tirées par l’Enterprise et le chancelier est abattu. Le général Chang et la fille de Gorkon accusent Kirk qu’ils envoient en prison avec le docteur McCoy. Spock n’a alors que quelques jours pour enquêter sur ce complot et sauver ses deux amis…
Porté par une excellente distribution et des dialogues savoureux aux références bien placées (j’aime beaucoup le général klingon féru de Shakespeare incarné par Christopher Plummer et la remarque de Spock sur son ancêtre…mais pas que celles-là car le scénario en est truffé), Star Trek VI : Terre Inconnue mêle thriller conspirationniste et film de prison dans l’espace pour un résultat qui monte bien en puissance et qui est très efficacement réalisé par un Nicholas Meyer qui a su tirer le meilleur d’un budget modeste (son film a coûté moins cher que celui de William Shatner). Le propos est passionnant, le suspense est prenant et s’il y a des moments souvent très sombres (comme celui partagé entre Spock et Valeris), les scénaristes n’ont pas oublié de ménager quelques sympathiques pointes d’humour.
Et le long métrage de Nicholas Meyer a offert aussi une belle porte de sortie pour le tout premier équipage de Star Trek, avec cette superbe idée des signatures des acteurs qui apparaissent sur un fond étoilé et un beau thème musical. Mais s’ils ne sont par la suite jamais réapparus en tant que groupe, ce n’était pas encore tout à fait la fin pour certains d’entre eux…et je ne parle pas de Star Trek XII : So very tired…
taH pagh taHbe’. DaH mu’tlheghvam vIqelnIS.