SUPERARGO CONTRE DIABOLIKUS (Nick Nostro)

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REALISATEUR

Nick Nostro

SCENARISTES

Mino Giarda & Jaime Jesús Balcázar

DISTRIBUTION

Giovanni Cianfriglia (Ken Wood), Gérard Tichy, Loredana Nusciak, Monica Randall…

INFOS

Long métrage italien/espagnol
Titre original : Superargo contro Diabolikus
Genre : action/aventures
Année de production : 1966

Ah, la glorieuse époque du nanar européen ! Jamais les derniers pour exploiter toutes les tendances, les bisseux ont tout naturellement exploité dans les sixties et les seventies tous les filons jusqu’à l’écoeurement…et en tentant parfois les mélanges les plus improbables.

Prenez l’agent 007, donnez-lui une force surhumaine (notamment une résistance aux balles, aux lames et au froid…mais pas à l’électricité), faites en un catcheur à la Santo et habillez-le d’une copie conforme (à l’exception du masque) du costume du Fantôme du Bengale (mais d’une teinte rouge qui fait mal aux yeux), et vous obtenez le puissant Superargo, aussi athlétique qu’incapable de nuance et d’intensité lorsqu’il débite son texte (c’est peut-être pour ça qu’il garde sa panoplie de catcheur en toute occasion, d’ailleurs).

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My name is Argo…Superargo…

Superargo fut le héros de deux longs métrages, dont le premier, Superargo contre Diabolikus, date de 1966. L’histoire est bien entendu sans queue ni tête. Catcheur invaincu (enfin, avec ses pouvoirs, rien d’étonnant…pouvoirs naturels d’ailleurs, il ne vient pas d’une autre planète) pique une déprime après avoir tué son dernier adversaire par accident. Pour le remettre sur pied, son pote de guerre le colonel Kinski décide de l’employer en tant qu’arme secrète du gouvernement afin de retrouver des matériaux radioactifs volés en pleine mer (ben oui, quoi de mieux qu’un catcheur pour mener l’enquête). Superargo va alors découvrir que l’auteur de ces vols est un certain Diabolikus (avec un nom pareil, pas étonnant qu’il soit devenu un méchant), décidé à mettre à bas l’économie mondiale avec sa machine atomique capable de transformer le plomb en or.

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Messieurs, nous pouvons le reconstruire. Nous en avons la possibilité technique…

Avec un scénario pareil, un traitement au second degré aurait été parfait…et aurait également évité de s’ennuyer un chouïa. Le réalisateur Nick Nostro, qui n’a que quelques productions de seconde zone à son actif, illustre les péripéries nanardesques de Superargo avec un sérieux confondant. Après un générique psychédélique et un premier acte mou du slip dans lequel notre grand gaillard rouge fait la démonstration de ses capacités aux autorités de son pays, Superargo se met en quête du diabolique Diabolikus (désolé) à bord d’une bagnole moins classe qu’une Aston Martin (et toujours en costume). Les rebondissements s’enchaînent au petit trot jusqu’à ce que le héros se retrouve prisonnier sur l’ïle du Maître du Monde en puissance. Dans la grande tradition du genre (ou alors, c’est parce qu’il a trop vu Goldfinger), Diabolikus torture Superargo avant de prendre 5 minutes pour lui révéler son plan et ira même jusqu’à menacer la petite amie de la montagne de muscles rouge. Monumentale erreur !

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Do you expect me to talk ?

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No, Mr Argo, I expect you to die !

Le sérieux naïf de l’affaire ne confère pas à l’ensemble un feeling « BD kitsch délirante » (à la Batman période Adam West) qui aurait été bienvenu et cela malgré le costume et les pouvoirs du personnage principal. Techniquement, le résultat n’est honnêtement pas déshonorant par rapport à d’autres séries B et Z de l’époque, mais Nostro n’arrive pas à insuffler le moindre rythme à l’entreprise. Et il n’est pas aidé par sa vedette.
Superargo est « interprété » par le cascadeur/acteur Giovanni Cianfriglia, plus connu sous le nom américain de Ken Wood (les pseudos aux accents U.S étaient fréquemment usités à l’époque). Engoncé dans sa panoplie d’un rouge flamboyant, Wood (c’est plus facile à écrire) parle d’un ton monocorde dans toutes les occasions et ne perd sa rigidité quasi-cadavérique que lorsqu’il balance des bourre-pifs aux méchants. Le fameux Diabolikus prend les traits de l’allemand Gerhard Johannes Alexander Tichy Wondzinski (pfffiou…) qui a quant à lui préféré prendre un pseuso français, Gérard Tichy, et qui a traîné sa carcasse sur tous les continents (on le retrouve notamment au générique des Charlots font l’Espagne…et de Docteur Jivago !). Tichy se révèle d’ailleurs meilleur acteur que Wood (ce qui n’est pas vraiment difficile en fait) et se régale à jouer un sous-méchant de James Bond délicieusement cliché. Entre petite amie fidèle du héros et assistante traitresse du vilain, les deux visages féminins arborent de jolies choucroutes très typées.

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Mais mais oui, l’école est finie…

Suite aux bonnes recettes de ce premier opus, Superargo reviendra en 1968 dans un second volet intitulé Superargo contre les Robots, également exploité en France sous le titre de…L’Invincible Superman.

Mais ceci est une autre histoire…enfin, peut-être…

Un billet très très drôle, merci Doc.
Je ne connais pas ça, et je suis pas sûr que cette lacune soit gravissime… Mais c’est fou comme ce type de productions est emblématique d’une période complètement folle du cinéma, où les scènes cinématographiques nationales s’ouvrent et deviennent perméables les unes aux autres, et où il y avait toujours un nabab pour financer des projets pourtant artistiquement foutus d’avance sur le papier.
L’acteur jouant le méchant a aussi bien pu traîner ses guêtres sur le plateau d’un « Charlots-flick » que sur celui de David Lean, ça aussi ça en dit long sur le « décloisonnement » du cinéma à l’époque…

Il est passé sur la défunte TV6 un dimanche soir, si j’ai bonne mémoire. Il y a eu une vague de super-héros dans les années 60 dont il fait partie. (Pour info, l’une des affiches française claironnait « distribué par les films Marbœuf », la classe !)