THE APPOINTMENT (Lindsey C. Vickers)

Horreur
Long métrage britannique
Ecrit et réalisé par Lindsey C. Vickers
Avec Edward Woodward, Jane Merrow, Samantha Weysom…
Année de production : 1982

Le britannique Lindsey C. Vickers a débuté sa carrière en tant qu’assistant réalisateur, notamment sur plusieurs productions Hammer comme Une Messe pour Dracula, Les Horreurs de Frankenstein, La Soif du Vampire ou encore La Momie Sanglante. Son passage derrière la caméra a ensuite été de courte durée puisqu’il n’a réalisé qu’un court-métrage (The Lake en 1978) et un long, The Appointment. À l’origine, le projet devait être un téléfilm faisant partie d’une série télévisée au format anthologique avant que l’apport d’un financier dirige les ambitions de Vickers et ses producteurs vers le grand écran.

Mais The Appointment n’a pas pu trouver de distributeur. Le long métrage a donc atterri directement dans les rayons des vidéo-clubs et a eu droit à une poignée de diffusions sur la télé anglaise dans les années 80 avant de sombrer dans l’oubli…jusqu’à une redécouverte assez récente. La filmographie de Lindsey C. Vickers est ensuite éparse, avec juste deux ou trois productions dans les années 80 dont une adaptation de Percy Bysshe Shelley avec une Tilda Swinton débutante.

The Appointment est un film à l’atmosphère trouble, au croisement du drame familial et de l’horreur psychologique. Certains spécialistes le rapprochent de la folk-horror, ce qui peut s’expliquer par le fait que l’on y retrouve des éléments typiques de ce sous-genre tels que l’isolement, le pouvoir de la nature, les démonstrations de forces inexpliquées qui y sont liées. Dans ce cadre précis, la scène d’introduction est saisissante, en mettant en parallèle une voix-off rationnelle, détaillant cliniquement la disparition d’une adolescente, et l’événement dramatique en question, irrationnel et (très) surprenant (j’avoue que j’en ai sursauté dans mon fauteuil).

La suite s’attarde sur un moment à priori banal de la vie d’une famille. Ian (incarné par Edward Woodward, le policier de The Wicker Man) annonce à sa fille qu’il ne pourra pas assister à son récital car il doit partir en urgence pour un rendez-vous professionnel (d’où le titre original). Joanne ne prend pas très bien cette nouvelle et elle presse son père de changer d’avis, ce à quoi il ne peut se résoudre. Une tension s’installe, la fille se conduisant de manière excessive et possessive envers son père, dans une sorte de manifestation du complexe d’Electre qui agace visiblement la mère.

Le surnaturel s’installe complètement à partir d’une nuit qui semble ne jamais finir. Le réalisateur brouille les frontières entre le réel et l’onirique, perturbant ainsi les personnages principaux et instaurant une ambiance mystérieuse et anxiogène qui ne quittera pas l’écran jusqu’à la dernière minute. Le voyage du père se dirige alors vers une issue inéluctable, entretenue par la bande-son, le montage presque hypnotique avec des inserts efficacement amenés et des visuels accrocheurs et symboliques (la présence des inquiétants trois chiens, avec une très bonne idée pour les intégrer dans la dernière partie).

Pendant plus d’une heure, Lindsey C. Vickers joue sur l’attente et des manifestations intrigantes qui se passeront d’explications jusqu’au bout (ce qui est mieux comme ça à mon avis). Il n’y a donc pas vraiment d’action à proprement parler…à une exception près, une scène-choc de quelques minutes intense et plutôt impressionnante pour une production à tout petit budget.

1 « J'aime »

Il a eu droit à une sortie au cinéma il y a quelques mois il me semble, suis encore plus dégouté de l’avoir ratée…

Oui, Photonik en avait parlé dans son émission à cette occasion. Le film est dispo en ce moment sur Ciné +.

Bien ce qu’il me semblait que je l’avais entendu à cette occasion x) .

Oui, c’est bien mieux comme ça, en effet. Je pense qu’un dénouement plus « explicatif » aurait gâté l’atmosphère incroyable de ce film très tendu (les séquences nocturnes très malaisantes) et aurait empêché le spectateur d’échafauder ses propres théories (car le film donne suffisamment de biscuits pour le faire).
Quelle maîtrise dans la mise en scène !! Le climax « routier » que tu évoques est en effet proprement stupéfiant, à la fois dans l’idée et dans l’exécution…

Oh oui, moi aussi… Sacré moment de frousse, rajouté au dernier moment (improvisé sur le plateau, même, si je me rappelle bien) pour essayer d’appâter les fans d’horreur plus frontale que ce que le film ne propose au bout du compte.

1 « J'aime »