THE CROW (Alex Proyas)

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REALISATEUR

Alex Proyas

SCENARISTES

David J. Show et John Shirley, d’après la bande dessinée de James O’Barr

DISTRIBUTION

Brandon Lee, Michael Wincott, Rochelle Davis, Ernie Hudson, Bai Ling, David Patrick Kelly, Tony Todd, Michael Massee…

INFOS

Long métrage américain
Genre : fantastique
Année de production : 1994

« Don’t look don’t look » the shadows breathe
Whispering me away from you
"Don’t wake at night to watch her sleep
You know that you will always lose
This trembling
Adored
Tousled bird mad girl"
But every night I burn
But every night I call your name
Every night I burn
Every night I fall again

Un corbeau surnaturel ramène l’âme des morts qui ont été injustement tués pour qu’ils puissent assouvir leur vengeance. Ce concept est né dans la tragédie, la perte de l’amour de jeunesse du scénariste et dessinateur James O’Barr, fauchée par un chauffard ivre. L’auteur a trouvé un exutoire dans la bande dessinée et sa première mini-série a été publiée à la fin des années 80 par le petit éditeur Caliber Comics. The Crow a par la suite été décliné sur plusieurs titres (publiés par différentes maisons d’édition) et différents personnages, mais le protagoniste le plus célèbre reste le premier, Eric (Eric Draven dans le long métrage d’Alex Proyas).

Je l’avoue, je ne connais pas bien le versant papier de la mythologie de The Crow. J’ai lu quelques mini-séries mais toujours pas celle par laquelle tout a commencé. D’après ce que j’ai compris, le nom de famille d’Eric n’est pas mentionné dans la bande dessinée et il n’y exerce pas le même métier. Mais son histoire est la même, son amour avec Shelly et leurs morts violentes aux mains des membres du gang de T-Bird (Top Dollar dans le film). Des changements ont bien entendu été apportés pour le passage à l’écran, mais d’après les articles que j’ai pu lire, le ton du comic-book a été conservé.

The Crow a vite intéressé les producteurs de cinéma, mais selon une anecdote rapportée par James O’Barr, les premiers exécutifs avaient dans l’idée d’en faire un film musical avec Michael Jackson (d’où un rire incontrôlé de O’Barr qui pensait que c’était une blague avant de se rendre compte que les bonhommes étaient sérieux). Le projet a pris la forme que l’on connaît avec l’arrivée du metteur en scène australien Alex Proyas puis de l’acteur Brandon Lee. The Crow est le premier film américain de Alex Proyas, mais pas son premier film tout court puisqu’il avait signé en 1989 le méconnu Spirits of the Air, Gremlins of the Cloud, un micro-budget réalisé après avoir quitté l’école. Proyas s’est ensuite fait la main sur de nombreux clips (Cock Robin, Fleetwood Mac, Sting, INXS…) avant d’être choisi pour The Crow.

La musique est un élément important de The Crow, de son atmosphère. Les chansons de Joy Division et The Cure (entre autres) ont accompagné James O’Barr lors de la création de la bande dessinée et c’est pour cela que Eric Draven est devenu un guitariste dans cette adaptation. Pour se rapprocher encore plus de l’oeuvre de O’Barr, Proyas voulait dans un premier temps tourner en noir et blanc, ce qu’il n’a pas pu concrétiser. L’esthétique du film a alors été travaillée selon une palette monochromatique ce qui confère à cette ville livrée aux gangs incontrôlables un aspect lugubre et désespéré. Certains effets n’ont pas résisté à l’épreuve du temps, mais The Crow est marqué par une imagerie saisissante qui n’a rien perdu de sa beauté macabre.

La distribution ne manque pas de tronches incroyables, de Michael Wincott en chef de gang en passant par le sympathique Ernie Hudson, Tony Todd, David Patrick Kelly ou encore Michael Massee. Et en tête d’affiche, Brandon Lee, présence magnétique et hantée, dont le destin a ajouté une autre dimension tragique à l’histoire qui entoure The Crow. Après quelques petites séries B d’action (Dans les griffes du Dragon Rouge, Rapid Fire…), le fils de Bruce Lee trouvait là le rôle de sa vie, une vie hélas écourtée par un accident fatal, à cause d’une arme à feu qui n’avait pas été correctement vérifiée.

Dans The Crow, la douleur de la perte et la vengeance s’expriment dans une explosion de violence…mais pas seulement. L’amour entre Eric et Shelly est le moteur du récit et la beauté de ce lien qui perdure au-delà de la mort est magnifié par une poignante scène finale, portée par la très belle musique de Graeme Revell…

« Just paint your face » the shadows smile
Slipping me away from you
"Oh it doesn’t matter how you hide
Find you if we’re wanting to
So slide back down and close your eyes
Sleep a while
You must be tired"
But every night I burn
Every night I call your name
Every night I burn
Every night I fall again
Every night I burn
Scream the animal scream
Every night I burn
Dream the crow black dream

1 « J'aime »

Un de mes films culte. Définitivement dans mon top 3.

J’irais pas jusque-là, mais c’est un sacré morceau de bravoure. Malgré plein de défauts, y a des morceaux d’anthologie, notamment la source sur les toits. C’est aussi un film qui prend le temps de finir son récit, qui n’est pas dans la conclusion précipitée, et ça, punaise, c’est bien.
Et puis, bon, Joy Division, quoi !
Sur la séquence de la course sur les toits, c’est même une reprise : « Dead Souls » revu et corrigé par Nine Inch Nails. Ça arrache !

Jim

Pour T-Bird et Top Dollar,le premier n’est-il pas un subordonné du second dans le film?

Tiens, un truc marrant : en anglais, « crow » désigne plutôt la corneille que le corbeau (pour lequel on utilise « raven »)… Mais pour le film, ce sont des grands corbeaux qui sont utilisés : ils sont plus grands et plus impressionnants.

Tori.

C’est bien ça. C’était l’inverse dans le comic, si j’ai bien compris…

Ouais, film marquant. En tout cas, ils nous avaient bien marqué, avec mon frangin. Je me rends compte que je l’ai vu assez tôt après sa sortie (bon, tôt, pour moi, à l’époque, c’était moins de deux ans)

Je l’ai vu en salles. Quelle claque.

Jim

Pas que pour toi. L’acteur Michael Masse qui joue Funboy est celui qui pressa la détente et tua par accident Brandon Lee. L’acteur n’a de ce fait jamais vu le film, et déclarait peu de temps avant sa mort avoir toujours des cauchemars de cet instant.

Une des scènes les plus marquantes du films est quand Brandon Lee se transforme en The Crow sur fond de Cure. Eh bien ce n’est pas lui puisqu’il était décédé, c’est une doublure avec ajout du visage par dessus le tout en numérique.

Ouais, ouais, je la connais l’histoire. ça avait fait assez de bruits à l’époque.

Je trouve le film bourré de défauts — clipesque à mort sur la forme, très limité sur le fond, sans parler de sa moralité un tantinet douteuse. Eric est une pure incarnation de la pulsion de vengeance, sans guère plus de détails pour le définir (j’ignorais l’origine de l’inspiration de son créateur, mais je ne peux pas dire que j’en sois autrement surpris) ; les méchants, des caricatures over-the-top (faut qu’ça crame, faut qu’ça crame), sont stupides, violents et sadiques parce qu’ils sont méchants, stupides, violents et sadiques ; le scénario se limite à nous montrer le « gentil » prendre sa revanche en massacrant tous les méchants pour la raison que … « l’amour est éternel ». Ah oui.

Malgré tous ces reproches, il se dégage du film une poésie macabre et une force visuelle auxquelles je ne prétendrais pas rester insensible, et qui font que je ne peux m’empêcher d’y revenir de temps en temps. Le maquillage du perso, la fenêtre ronde éclatée, les dessins en lignes de feu, autant d’éléments qui marquent la rétine, et puis surtout cet univers d’une noirceur absolue, archétypale, traversé par un perso qui justement n’est qu’ « une force qui va », comme dirait le père Victor — c’est là que le côté très « limité » que je décrivais ci-dessus se transforme en force.

Et force, aussi, est de constater que Proyas parvient de ce point de vue à un équilibre… complètement foiré dans le film suivant (celui avec Vincent Pérez, Mia Kirshner et Iggy Pop), et on me pardonnera de ne pas avoir tenté ceux qui ont été pondus encore après. On pourrait évoquer aussi la série télé avec Mark Dacascos, pas indigne, loin s’en faut, proposant même quelques expansions intéressantes à la mythologie de l’ensemble, mais forcément un peu plus… « gentillette », disons, afin de pouvoir servir un récit plus long.

Tout ceci posé, je dois dire que quand je repense au film, la première image qui me vient à l’esprit n’est pas une des innombrables scènes d’action ou même un des éléments plus « caractéristiques » que je listais plus haut — mais, immanquablement, cette brève séquence où un Eric Draven / Brandon Lee encore plus entre la vie et la mort que jamais, titube dans une ruelle embrumée, et croise avec un regard émerveillé une bande de gamins déguisés pour Halloween. Un petit moment de grâce en suspension entre le bruit et la fureur qui dominent le restent du métrage.

Entièrement d’accord.

Et je rajouterai que, pour moi, c’est en gros l’un des deux seuls bons films d’Alex Proyas, l’autre prétendant étant Dark City (saboté en VF par une voix off qui explique tout), ce dernier ne reposant que sur l’ambiance et l’implication de ses acteurs. I, Robot est une ânerie sans nom avec un scénario inepte, des paraboles à la lourdeur de plomb et des acteurs mauvais comme tout, Predictions parvient à passer à côté de son sujet et à distiller un message bancal, et je ne parlerai pas de Gods of Egypt.
The Crow est à Proyas ce que Highlander est à Russell Mulcahy : une erreur étincelante dans un parcours médiocre.

Jim

Et pourtant c’est son premier film. Mais je suis d’accord sur le fait qu’hormis Dark city, ces autres films sont d’une pauvreté et d’une nullité affligeante.

Pas qu’en VF, cette voix off est également présente en VO. Au grand désespoir de Proyas qui avait des envies de meurtre après s’être fait imposé ce choix…
J’aime beaucoup « The Crow », mais c’est vrai que le film n’est pas sans défauts. Il n’en reste pas moins que c’est un jalon important dans la mise en place de « l’esthétique années 90 », au même titre qu’un « Seven » mais pour des raisons différentes.

Tout à fait — mais je trouve Dark City plus uniment réussi.

Le second.

The Crow est le premier film américain de Alex Proyas, mais pas son premier film tout court puisqu’il avait signé en 1989 le méconnu Spirits of the Air, Gremlins of the Cloud , un micro-budget réalisé après avoir quitté l’école.

je pensais que c’était un court et non un long métrage. après un film à micro budget et un film à 23 millions de dollars c’est pas la même non plus.

Spirits dure 90 mn. Après, j’ai l’impression que ses films australiens ne sont pas très connus. ll en a réalisé un autre dont peu de monde parle, la comédie dramatique Garage Days tournée entre Dark City et I, Robot.

Et il paraît pourtant que c’est pas si mal, dans le genre « comédie musicale/rock n’roll » (le film raconte les premiers pas d’un groupe de rock basé à Sydney)…

Brent Schoonover :

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